Les prisons sont dans la merde

La prison c’est un no man’s land, suspendu entre la civilisation et l’enfer de Dante. Les détenus comme les gardiens qui le peuplent composent leurs quotidiens là où la société, le nez pincé, rejete ce qu’elle n’assume pas. Eric Moine nous offre une plongée dans le giron de la merde.

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Dans sa guerre avec l’administration pénitentiaire, un détenu utilise depuis peu une arme dévastatrice : les excréments. Lire la suite…

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La voiture, le sexe et les femmes : sexualités mécaniques et mécanique du sexe

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Dans le cliché du fantasme de l’adepte de tuning, belle voiture et belle compagnie vont de paire. Si longtemps on a acheté la voiture pour inviter ces dames à danser (« achètes la caisse, tu feras tomber la belle »), ces dames sont peu à peu devenues des faire-valoir décoratifs dans les publicités automobiles (il reste qu’une caisse que met en valeur la belle). Mais depuis quelques années émerge un phénomène surprenant : « plus que la gonzesse, tu aimeras la caisse ». Sous des atours de mordus des beaux moteurs, ils s’appellent fétichistes du revving, cranking ou du pedal pumping. Les plus extrêmes sont les mécaphiles et se revendiquent de “l’objectùm-sexualité. Ils se sont détournés de la chair pour s’exciter de la seule mécanique.

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Pont Saint-Esprit, 1951 : la petite hallu dans la prairie ?

 
Jérome Bosch. La passion de Saint-Antoine
Jérome Bosch. La passion de Saint-Antoine

  Petite n’est pas le mot. Tout commence comme une indigestion, un poids sur l’estomac anesthésié. Une pulsation de chaleur, ni agréable, ni vraiment dérangeante, envahit peu à peu tout l’appareil digestif. On transpire à mesure qu’une première sensation d’euphorie gagne l’esprit. Ça va et ça vient; on reste conscient mais on ne contrôle pas. Les ombres se creusent à l’extrême. La perspective s’aplatit totalement. Les couleurs se font de plus en plus vives, à mesure qu’elles perdent leurs nuances. La lumière bave, comme sur une photo surexposée. D’un seul coup, la périphérie du champ visuel commence à se déformer. Les courbes se tordent, tout ce qui coule, tout ce qui brille, prend une forme fascinante. Le temps se distord tout comme le son. Le reste relève de l’expérience intime et échappe donc à toute description représentative. Cependant les vétérans du LSD et de ses dérivés s’accordent sur un point : ce que la pensée torturée par la drogue conçoit, l’œil le matérialise presque instantanément. Avec une surdose, les objets bougent, chimères et animaux peuplent le délire sur plusieurs jours, lorsque ce ne sont pas des flammes. S’en suit un infernal rodéo intérieur pour tenir fermement les rennes du mental…

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Que pense le tapin du racolage actif de l’UMP ?

On ne finira pas de s’en étonner : des membres de l’UMP, à défaut de viser juste, envoient depuis quelque mois des signaux répétés en direction des filles joies. C’est pourtant Nicolas Sarkozy lui-même qui a porté l’offensive en 2003, avec l’invention du délit de racolage passif (article L50 de la loi de sécurité intérieure). Après la surprenante sortie de Christine Boutin sur les maisons closes, c’est au tour de la députée Chantal Brunel, porte parole de l’UMP, d’avoir déposé (en vain) un amendement visant à abroger l’article en question, dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes. Alors qu’approche la journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle prévue ce jeudi, le bilan est jugé catastrophique par à peu près tout le monde, de la Brigade de répression du proxénétisme jusqu’aux abolitionnistes du Nid. Au Syndicat du travail sexuel (Strass), consulté par la députée UMP, les prostitué(e)s ne se font pas d’illusions. Mais tant pis pour la loi, un an tout juste après sa création, c’est une victoire pour l’organisation de sexworkers.

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Sexe, Valentin(e)s et Picture Show: le «Rocky Horror» n’est pas mort !

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Tous ceux qui vivent en ménage depuis longtemps le savent : l’amour vieillissant nécessite des brisures ponctuelles de la routine et du conventionnel affectif. Autour de moi, rares sont ceux qui comme au premier jour, s’enivrent encore au 14 février de la niaiserie rose-bonbon des emballages de « Mon chéri », du romantisme surfait de la gondole vénitienne, du fumet artificiel d’un bouquet de fleurs surgelées. Peut-être parce qu’avec l’âge, ça devient de la mauvaise foi, ça sonne comme un jour d’excuses pour le délaissement, tout le reste du temps. Mais hélas, chaque Saint-Valentin tombe comme un couperet sur le couple, comme une obligation impersonnelle d’aimer tout de suite et de le montrer concrètement. Alors tant qu’à sacrifier au rite, autant revenir aux sources : optez pour une célébration des lupercales inattendue avec une séance de cinéma « inoubliablement » sexy au Rocky Horror Picture Show*.

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Les pires métiers du monde : plongée dans l’univers des petits dealers de cité

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Cette photo est illustrative, ce n'est pas un dealer

Je clopine aussi vite que possible, entravé par ma lourde caméra, son pied et le reste des accessoires. Je ressens un déplacement d’air brutal à l’arrière de ma tête. C’est une large barre de métal qui vient de manquer mon crâne de quelques centimètres. « Je vais t’apprendre à courir », braille celui qui a tenté de me frapper. Rougeot dès le matin à coup de mauvaise piquette, la peau criblée par les grumeaux d’une vie d’excès, on l’appelle Gilles dans la cité. Il est instable et comme pas mal d’autres ici, il déteste les journalistes. Cela fait pourtant plusieurs semaines que je viens me montrer, m’annoncer auprès des jeunes du quartier par le truchement d’un « fixeur » local, pour préparer mon reportage. Ainsi s’achève, au bout de 30 minutes, le premier tournage de mon enquête de 10 jours, immergé dans l’univers d’une bande de petits dealers d’une cité de Créteil (94).


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envoyé par MarcdeBoni. – L’info video en direct.

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Venez ! Venez donc voir mes phénomènes de foire !

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(Photo: Erwin Olaf)

 Paris, un soir pluvieux d’octobre. Je traîne mes guêtres aux abords de la place Clichy, en quête d’un cabaret pour abriter ce début de soirée. Les yeux encore embués par les néons roses de Pigalle, j’approche de la rue Biot. Une catin défraîchie me propose le paradis, contre quelques euros, en caressant sa poitrine laiteuse. Je me détourne, allume une clope. Une grande et plantureuse femme engoncée dans sa robe noire attire mon attention. Braillant sous un chapeau haut de forme, il semble qu’elle tance un amant insistant, sous le porche la vieille salle de l’Européen. Au dessus de la scène brillent les lettres jaunies qui annoncent le spectacle du moment : « Le Maxi Monster Music Show ». Elle se retourne. Une généreuse barbe noire de jais encadre son visage aux yeux perçants. Un large sourire blanc barre la masse frisée. « Entrez, entrez donc ! Venez voir le cabaret monstrueux ! Sensationnel ! Sa femme tatouée, son fakir illuminé, son zombie hermaphrodite, son homme fort briseur de chaînes, le valet microcéphale, et bien d’autres curiosités ! ». Hypnotisé par la force de son regard, je cède, un peu honteux de me laisser aller à cette impérieuse incitation au voyeurisme…

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Trouve-t-on des punks, des skinheads et des gothiques dans les catacombes de Paris ?

Paris, XIVème arrondissement, tard dans la nuit. Nous marchons à bonne allure. Seul le claquement de nos cuissardes sur les étraves de la voie de chemin de fer abandonnée vient troubler la quiétude qui règne sur «la petite ceinture». Une image de ruines post-apocalyptique se dégage de la friche urbaine que l’on devine entre les touffes de végétation sauvage. Elle se développent sur les vestiges d’une ancienne station. Quelques détritus insolites, jetés sur les voies rouillent en silence. Nous sommes proches de l’entrée des fameuses catacombes de Paris. La gueule béante et noire d’un tunnel s’ouvre bientôt devant nous. Loin, tout au fond, de petits points de lumière font danser des ombres tordues sur la voûte. Il n’y a qu’une voie, il faudra les croiser. L’estomac noué, la marche se poursuit. Qui sait, combien de dangereux personnages attendent dans l’obscurité pour fondre sur nous, insouciants visiteurs ?

 

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