Tu seras seigneur de guerre mon fils

“Si ce n’est pas toi, c’est donc ton frère”… Tous les jeunes mâles nés après 1975 l’ont connu de près ou de loin, ont moqué les adeptes, envié les collectionneurs, rejoint le cercle fermé des joueurs. Dans la cour d’école, le profane appelle ces petites figurines de métal à peindre “les Warhammer”, sans trop savoir de quoi il s’agit. Pour une partie des adultes c’est une survivance des soldats de plomb, un passe-temps guindé qui rassure la famille et garde l’ado à la maison. Les rares personnes à ne pas connaître sont souvent rattrapées une fois parent, par les demandes de leurs gamins. Quand les dits parents ne sont pas déjà joueurs eux-mêmes… Et pourtant c’est cher, c’est long, c’est violent, salissant, ça prend de la place, ça demande des efforts de mémoire et de fair-play… A tel point que la constance de ce succès reste un mystère. Pour en parler, il n’y a que les connaisseurs qui vaillent, place donc à un joueur et amoureux de la figurine depuis plus de 15 ans…

 

Battle chaos

Rue Lejemptel, Vincennes, à quelques jours de Nöel 2010. Madame «X» est une personne convenable, la mamie type : une respectable dame de soixante-treize ans. Comme chaque année, elle trottine vers une boutique au nom enchanteur : le Bois rieur. Armée d’une liste où figurent les vœux de sa chère petite tête blonde (appelons-le Kevin), elle franchit le seuil de la boutique jeu.

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Les prisons sont dans la merde

La prison c’est un no man’s land, suspendu entre la civilisation et l’enfer de Dante. Les détenus comme les gardiens qui le peuplent composent leurs quotidiens là où la société, le nez pincé, rejete ce qu’elle n’assume pas. Eric Moine nous offre une plongée dans le giron de la merde.

prison merde cellule

Dans sa guerre avec l’administration pénitentiaire, un détenu utilise depuis peu une arme dévastatrice : les excréments. Lire la suite…

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Petite virée dans un « Puticlub » de la frontière espagnole

Chauffeurs routiers, VRP, ou vacanciers Français du sud-ouest… Certains villages de la frontière espagnole sur les Pyrénées s’apparentent pour eux à la légendaire « île des plaisirs » de Pinocchio, où les enfants livrés à leurs fantasmes se transforment en ânes… Un no man’s land fabuleux, plein de tentations, de lumières colorées, à 20 minutes de Perpignan. Un espace entièrement dévolu à la délectation des insatiables, avec tout ce qui est ailleurs plus cher ou interdit.

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Du village de la Jonquera, on dit souvent que c’est le bordel de l’Europe, tant pour sa situation géographique charnière et la variété des plaques minéralogiques que l’on y croise, que pour sa législation libérales en matière de prostitution. Un coup d’œil sur les bâtiments leur donne des airs d’un Las Vegas de pacotille (!), si on excepte le relief montagneux en arrière plan. Une quinzaine de magasins-hangars cubiques, striés de néons fluorescents, se suivent en enfilade le long de la nationale, la route de tous les commerces. C’est aussi le paradis des poids lourds, stationnés par centaines, en rangs bien serrés sur les parkings interminables.

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Bettencourt : à quoi ressemble (de très loin) un pied à terre de milliardaire ?

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Gardes à vue, démentis et confidences rebondissantes font oublier l’information sociologique déterminante que rappelle l’affaire Bettencourt. La preuve est faite s’il en était besoin: les Hauts-de-Seine sont devenus le nouveau Versailles, un cœur géographique du pouvoir; l’office central de distribution des enveloppes Kraft. C’est là que se nouent les drames de «la France d’après la rupture», que se répètent les prestations «décomplexées» des jongleurs financiers. L’œil averti ou le paparazzi bien caché peut observer ces hommes de pouvoir et autres contribuables d’exception, évoluer dans leur habitat usuel. Petite exploration aux abords de la rue des milliardaires.

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J’ai vu la France se noyer à Draguignan

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Un homme hagard montre son écran de iPhone. Il a filmé ses pieds dans l’eau qui monte à une vitesse incroyable. Nous sommes au crépuscule du mardi 15 juin dernier. Il commente pour sa femme, incrédule, «regarde chérie, c’est le déluge!». L’eau boueuse est maintenant aux genoux. Le plan s’élargit un peu, une masse sombre traverse soudainement le cadre. C’est un corps de vieille femme emporté par le courant; l’une des 25 personnes qui perdront la vie cette nuit-là. Nous ne sommes pas au Bangladesh, mais à Draguignan, sous-préfecture du Var.

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Les envies de Maria Beatty, reine érotique du SM lesbien

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Première cinéaste à avoir filmé des relations sadomasochistes saphiques, l’américaine Maria Beatty est probablement la réalisatrice de porno lesbien la plus connue. Avec une vie peu commune (soumise dans un donjon new-yorkais, quatre années passées au Chelsea hôtel, quelques histoire de fantômes…), cette amatrice « d’érotisme noir » manie le porno-artistique en bâtisseuse d’identité, artisane perfectionniste d’une culture de l’image proprement lesbienne. De quoi séduire le chasseur d’étrange. Mais pour cette virée “girls only”, évidemment, mieux vaut céder la plume l’espace d’un post à l’excellente et experte Marie Kirschen, mademoiselle loyale des nuits lesbiennes de l’hexagone pour le site Têtue.com…  

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Pont Saint-Esprit, 1951 : la petite hallu dans la prairie ?

 
Jérome Bosch. La passion de Saint-Antoine
Jérome Bosch. La passion de Saint-Antoine

  Petite n’est pas le mot. Tout commence comme une indigestion, un poids sur l’estomac anesthésié. Une pulsation de chaleur, ni agréable, ni vraiment dérangeante, envahit peu à peu tout l’appareil digestif. On transpire à mesure qu’une première sensation d’euphorie gagne l’esprit. Ça va et ça vient; on reste conscient mais on ne contrôle pas. Les ombres se creusent à l’extrême. La perspective s’aplatit totalement. Les couleurs se font de plus en plus vives, à mesure qu’elles perdent leurs nuances. La lumière bave, comme sur une photo surexposée. D’un seul coup, la périphérie du champ visuel commence à se déformer. Les courbes se tordent, tout ce qui coule, tout ce qui brille, prend une forme fascinante. Le temps se distord tout comme le son. Le reste relève de l’expérience intime et échappe donc à toute description représentative. Cependant les vétérans du LSD et de ses dérivés s’accordent sur un point : ce que la pensée torturée par la drogue conçoit, l’œil le matérialise presque instantanément. Avec une surdose, les objets bougent, chimères et animaux peuplent le délire sur plusieurs jours, lorsque ce ne sont pas des flammes. S’en suit un infernal rodéo intérieur pour tenir fermement les rennes du mental…

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Les pires métiers du monde : plongée dans l’univers des petits dealers de cité

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Cette photo est illustrative, ce n'est pas un dealer

Je clopine aussi vite que possible, entravé par ma lourde caméra, son pied et le reste des accessoires. Je ressens un déplacement d’air brutal à l’arrière de ma tête. C’est une large barre de métal qui vient de manquer mon crâne de quelques centimètres. « Je vais t’apprendre à courir », braille celui qui a tenté de me frapper. Rougeot dès le matin à coup de mauvaise piquette, la peau criblée par les grumeaux d’une vie d’excès, on l’appelle Gilles dans la cité. Il est instable et comme pas mal d’autres ici, il déteste les journalistes. Cela fait pourtant plusieurs semaines que je viens me montrer, m’annoncer auprès des jeunes du quartier par le truchement d’un « fixeur » local, pour préparer mon reportage. Ainsi s’achève, au bout de 30 minutes, le premier tournage de mon enquête de 10 jours, immergé dans l’univers d’une bande de petits dealers d’une cité de Créteil (94).


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envoyé par MarcdeBoni. – L’info video en direct.

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Cast-Offs: la télé réalité donne des leçons à coup de Freak Show

Imaginez, une île paradisiaque comme celle de Koh Lanta. Une pirogue brave la houle, avec à son bord un candidat à la forte carrure. Il toise fièrement le rivage de ce qui sera bientôt son enfer… Près du bord, un rameur le hisse sur ses épaules, le traîne jusqu’au sable pour le décharger comme un sac de pierres.

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Nous sommes eux, ils sont nous. Soyez fiers d’être des zombies !

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Chaque époque a ses monstres tutélaires, qui incarnent dans l’imaginaire collectif des références de valeurs négatives. Ils représentent en quelque sorte l’identité d’une époque, du moins son versant immoral.

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Il a testé pour vous : aide-boucher dans un abattoir de Cholet

Faire n’importe quoi pour de l’argent, cela n’arrive pas qu’aux autres. Le chasseur d’étrange vous propose de débuter une petite série consacrée à ces boulots alimentaires difficiles, que vous vous seriez bien passé d’essayer : les pires métiers du monde. N’hésitez donc pas à me faire part de vos expériences et suggestions. Pour entrer en matière voici l’expérience difficile et incroyable d’un job en abattoir, par mon estimé collègue Benoît Puichaud. Pour que vous puissiez manger des hamburgers, des milliers de gens passent héroïquement des vies de travail à l’image de ce récit.

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Venez ! Venez donc voir mes phénomènes de foire !

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(Photo: Erwin Olaf)

 Paris, un soir pluvieux d’octobre. Je traîne mes guêtres aux abords de la place Clichy, en quête d’un cabaret pour abriter ce début de soirée. Les yeux encore embués par les néons roses de Pigalle, j’approche de la rue Biot. Une catin défraîchie me propose le paradis, contre quelques euros, en caressant sa poitrine laiteuse. Je me détourne, allume une clope. Une grande et plantureuse femme engoncée dans sa robe noire attire mon attention. Braillant sous un chapeau haut de forme, il semble qu’elle tance un amant insistant, sous le porche la vieille salle de l’Européen. Au dessus de la scène brillent les lettres jaunies qui annoncent le spectacle du moment : « Le Maxi Monster Music Show ». Elle se retourne. Une généreuse barbe noire de jais encadre son visage aux yeux perçants. Un large sourire blanc barre la masse frisée. « Entrez, entrez donc ! Venez voir le cabaret monstrueux ! Sensationnel ! Sa femme tatouée, son fakir illuminé, son zombie hermaphrodite, son homme fort briseur de chaînes, le valet microcéphale, et bien d’autres curiosités ! ». Hypnotisé par la force de son regard, je cède, un peu honteux de me laisser aller à cette impérieuse incitation au voyeurisme…

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Trouve-t-on des punks, des skinheads et des gothiques dans les catacombes de Paris ?

Paris, XIVème arrondissement, tard dans la nuit. Nous marchons à bonne allure. Seul le claquement de nos cuissardes sur les étraves de la voie de chemin de fer abandonnée vient troubler la quiétude qui règne sur «la petite ceinture». Une image de ruines post-apocalyptique se dégage de la friche urbaine que l’on devine entre les touffes de végétation sauvage. Elle se développent sur les vestiges d’une ancienne station. Quelques détritus insolites, jetés sur les voies rouillent en silence. Nous sommes proches de l’entrée des fameuses catacombes de Paris. La gueule béante et noire d’un tunnel s’ouvre bientôt devant nous. Loin, tout au fond, de petits points de lumière font danser des ombres tordues sur la voûte. Il n’y a qu’une voie, il faudra les croiser. L’estomac noué, la marche se poursuit. Qui sait, combien de dangereux personnages attendent dans l’obscurité pour fondre sur nous, insouciants visiteurs ?

 

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