Nous sommes tous des cannibales !

 cannibalis universalis

Nous sommes une espèce cannibale. On dit souvent du cannibalisme qu’il n’est qu’un fantasme d’explorateur en mal d’exotisme, au pire une légende de colon destinée à animaliser les « primitifs ». Il est pourtant constitutif du fonctionnement de nos sociétés. De la messe dominicale au monde de l’entreprise, de la science-fiction survivaliste de « The Road » à l’icône vampirique pré-pubère de « Twilight », la marque de l’anthropophagie est partout. Et elle l’a toujours été. Mais la nouvelle tendance est à positiver l’idée de dévorer, voire de se laisser dévorer par l’autre… Pour accroitre sa puissance, pour transgresser, pour se dépasser ou pour s’en sortir. Une pratique en vogue, au moins dans son acception symbolique, qui la rend plus acceptable.

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Préparez vous un happy end au Salon de la mort !

Vingt-deux heures trente, le 31 mars dernier. “Allons-y, débranchez, c’est terminé”, dis-je avec les dents serrées. Je marche, souffle court et poings crispés, dans le couloir de sortie du service de réanimation de l’hôpital de la Pitié Salpetrière. Un long “twiiiiiiiiit” caractéristique retentit derrière moi. Mon père vient officiellement de mourir, après six long mois d’agonie. Je viens pour ma part de basculer dans une tourmente jusqu’à lors ignorée : l’onéreux maelström administratif de la déclaration de décès et de l’organisation d’obsèques.

John Martin, 1825

Malgré la fin évidente, nous ne nous étions pas préparés, absorbés par l’accompagnement aux derniers instants. Mon père était italien, ce qui n’a fait que compliquer les choses. Il a fallut découvrir “sur le vif”, étouffer tout de suite la douleur, et trouver des fonds importants -plusieurs milliers d’euros- pour ainsi dire du jour au lendemain. Pour éviter ces déconvenues au moment les plus difficiles, 4 millions de Français ont désormais choisi de prévoir le grand départ de leur vivant. Cela donne matière au développement exponentiel du secteur funéraire, puisque 50% de la population devrait avoir souscrit un contrat prévoyance d’ici 2050. La mort est un commerce comme les autres, un marché florissant, avec un chiffre d’affaire annuel de 1.2 milliard d’euros et elle tiendra d’ailleurs son propre salon en avril 2011.

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Mais qui est le lapin tueur des Monty-Python ?

Le sorcier – « Ce lapin n’est pas comme les autres, il est plus sournois cruel et irascible que n’importe quel rongeur. Il atteint sa victime à 100 toises, c’est un tueur. Il ne fera qu’une bouchée de vous. Ses dents sont acérées, il bondit ! ». Moi aussi j’ai toujours bien ri. Le célèbre monstre des Monty-Python est probablement l’un des plus féroces et des plus grotesques de l’histoire du cinéma. J’ai toujours bien ri, jusqu’à hier en tout cas, quand un ami inquiet me montre une réalisation d’un taxidermiste allemand qui connait un grand succès auprès de certains de ses collègues de travail. Crocs pointus, cornes et ailes de canard, on appelle cette chimère le Wolpertinger.

 wolpertinger 1 Lire la suite…

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Peut-on acheter un crâne (ou des restes) humain(s) sur Internet ?

Tout à commencé au lycée, en classe de sciences naturelles. Il se tenait là, au moins aussi vieux que la prof, toujours debout avec un sourire édenté. Son job ? Squelette anatomique. On l’appelait Oskar, et je le trouvais fascinant. Puis avec la fac, vint le crâne de Yorick le bouffon, avec lequel joue Hamlet. Après quelques cours d’histoire de l’art, j’appréciais la discrète symbolique subversive de la tête de mort, souvent cachée dans le coin des portraits et des natures mortes des grands maîtres de la peinture classique.

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Nous aurions dû cryogéniser Claude Lévi-Strauss 

Lorsque Lazare Ponticelli est décédé mon cœur s’est déchiré. Quelle perte ! Le dernier témoin de la grande boucherie, le plus vieux des poilus. Ces tout petits yeux humides qui avaient vu le bleu-horizon, le brun-gadoue, le vert-de-gris et le rouge-sang. Cette bouche tordue par les rides qui ne pourra plus raconter, cette mémoire perdue. Un million et demi de cadavres forment un piédestal qui l’a élevé au dessus du rang de simple français. Il était l’œil du fond des âges, redoutable et nécessaire. Il portait une charge symbolique, historique, et donc identitaire, très forte pour notre culture. Pour les générations à venir, il aurait fallu le cryogéniser. Il en va de même pour Claude Lévi-Strauss.

alcor-dewar Lire la suite…

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Il a testé pour vous : aide-boucher dans un abattoir de Cholet

Faire n’importe quoi pour de l’argent, cela n’arrive pas qu’aux autres. Le chasseur d’étrange vous propose de débuter une petite série consacrée à ces boulots alimentaires difficiles, que vous vous seriez bien passé d’essayer : les pires métiers du monde. N’hésitez donc pas à me faire part de vos expériences et suggestions. Pour entrer en matière voici l’expérience difficile et incroyable d’un job en abattoir, par mon estimé collègue Benoît Puichaud. Pour que vous puissiez manger des hamburgers, des milliers de gens passent héroïquement des vies de travail à l’image de ce récit.

LOCAL D'ABATTAGE DE MEINIER Lire la suite…

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