Vous avez trucidé des zombies à la tronçonneuse pendant cinq heures sur votre console vidéo tout en écoutant en boucle le dernier tube hard rock intitulé “Explose ton voisin” ? Dans ce cas, ne sortez pas tout de suite faire vos courses au supermarché du coin. Vous risquez fort de transformer votre chariot en rouleau compresseur sur la petite grand-mère qui – ARGHHH !!! – cherche ses pièces à la caisse depuis trois minutes pour payer sa salade, parce qu’elle ne s’est toujours pas habituée aux euros. C’est prouvé depuis de nombreuses années, l’exposition à des médias violents (jeux, vidéos, chansons) augmente l’agressivité. Mais l’inverse est-il vrai ? Ecouter une jolie chanson romantique incite-t-il à l’amour ?
C’est ce qu’a voulu tester une équipe de psychologues français dans une étude aussi astucieuse qu’amusante, parue dans le numéro de juillet de la revue Psychology of Music. Nicolas Guéguen (dont Slate.fr a déjà parlé lorsqu’il a montré que le succès d’une auto-stoppeuse était directement relié à la grosseur de sa poitrine…), Céline Jacob et Lubomir Lamy ont mis sur pied une vraie petite machination, comme c’est souvent le cas en psychologie, pour que les cobayes ne se doutent pas une minute de ce que l’on mesurait réellement.
Le scénario était le suivant. Plusieurs dizaines d’étudiantes en sciences sociales ou sciences du management, dont une enquête préliminaire s’était assuré qu’elles n’avaient pas de petit ami, étaient recrutées pour un sondage-produit. Chacune devait goûter deux sortes de cookies en compagnie d’un étudiant et discuter avec lui des qualités des biscuits en présence d’une sondeuse. Un sondage très banal en apparence. Mais, lorsqu’elle se présentaient, l’étudiant en question (en réalité un complice choisi pour son physique avantageux) n’était pas encore arrivé. On invitait donc la jeune femme à patienter trois minutes dans une salle d’attente, laps de temps pendant lequel une chanson était diffusée. Soit Je l’aime à mourir, de Francis Cabrel, sélectionnée par un panel féminin pour les pensées et sentiments amoureux qu’elle suscite, soit L’heure du thé, de Vincent Delerm, retenue par le même panel pour sa neutralité de ton. A la fin de la chanson, l’étudiant arrivait et on pouvait goûter les cookies. Au bout de quelques minutes, la sondeuse faisait une pause et laissait en tête-à-tête la fille et le garçon.
Celui-ci jouait alors un petit sketch, toujours le même. D’abord un grand sourire puis deux phrases : “Je m’appelle Antoine, je te trouve très jolie et je me demandais si tu me donnerais ton numéro de téléphone. Je t’appellerai plus tard et nous pourrions prendre un verre la semaine prochaine.” Puis silence, regard charmeur et re-sourire. Si la jeune femme acceptait, Casanova-pour-la-science notait son numéro. S’il se prenait un râteau, il répondait : “Dommage. Mais bon, pas de problème.” Et re-re-sourire. A ce moment-là, la sondeuse revenait… et dévoilait le pot-aux-roses à l’étudiante.
Aucune n’a jamais fait le rapprochement entre la chanson écoutée et le jeu de séduction. Et les résultats ? Quand la chanson de Francis Cabrel était diffusée, plus de la moitié des demoiselles a accepté (23 sur 44, soit 52,2 %) de donner son numéro de téléphone et l’invitation à boire un verre y afférente. Lorsque c’était le titre de Vincent Delerm, un bon quart seulement de ces jeunes personnes s’est laissé enjôler (12 sur 43, soit 27,9 %). Quel tue-l’amour ce Delerm…
Pour les chercheurs, la différence – quasiment du simple au double – est significative et la musique adoucit vraiment les cœurs. “Ecouter les paroles d’une chanson romantique, par comparaison avec des paroles neutres, augmente la probabilité d’accepter, quelques minutes plus tard, une demande de rendez-vous galant, écrivent en conclusion les auteurs de l’étude. Cet effet confirme l’impact comportemental d’une exposition à un contenu médiatique. Cependant, il le confirme dans un nouveau registre comportemental qui n’avait pas été testé auparavant, étant donné que les recherches précédentes s’est surtout concentrées sur l’effet des médias violents sur les comportements, pensées et sentiments violents ou agressifs.” Cela dit, Nicolas Guéguen et Céline Jacob devaient s’attendre à ce résultat car, en 2009, avec deux autres collègues, ils avaient noté que les hommes dépensaient plus d’argent chez le fleuriste lorsqu’une chanson d’amour y était diffusée… Il faudrait aussi calculer l’impact des violonistes de restaurants sur la consommation de champagne. Et on ne saurait trop suggérer aux clubs de rencontres, agences matrimoniales et autres organisateurs de speed datings d’investir dans la sono et quelques CD romantiques.
Un dernier point. Francis Cabrel lui-même n’avait-il pas le pressentiment de ce phénomène quand il écrivait, précisément dans Je l’aime à mourir, “Pour monter dans sa grotte / Cachée sous les toits / Je dois clouer des notes / A mes sabots de bois” ?
Pierre Barthélémy
“C’est prouvé depuis de nombreuses années, l’exposition à des médias violents (jeux, vidéos, chansons) augmente l’agressivité.”
Article intéressant, mais je dois rectifier quelque-chose : l’affirmation que j’ai cité est fausse. C’est ce que veulent bien croire une partie de la population et des média. LEs études scientifiques sérieuse sont très loin d’être catégorique ou même d’aller dans ce sens.
Une étude portant sur les jeux vidéos violents a même prouvé qu’au contraire ils baissaient le degré d’activité des adolescent les pratiquant.
Quand à la télé, son impact sur la violence est beaucoup plus pernicieux que ça; il ne dépendrait pas des émissions offertes au publiques, mais à la passivité engendré pendant les loisir enfantins. La forte corrélation entre survenue de la télé comme média de masse et hausse de la criminalité 15-20 ans plus tard* est impressionnante dans tous les pays étudié.
* (le chiffre est plus précis, terriblement systématique; c’est moi qui ne me souviens pas)
@Joel : Plusieurs études confirment ce que j’ai dit sur le lien médias violents-agressivité, à commencer par celle que j’ai citée en référence. Alors, plutôt d’affirmer que c’est faux, expliquez, références à l’appui, qu’il y a un débat. Après, on pourra discuter de manière constructive.
Plusieurs études le disent, et d’autres disent le contraire.
La tendance naturelle de penser ainsi (dés l’apparition du cinéma), surtout si cela devient la pensée dominante relayée par la presse, ce qui est le cas, se retrouve donc naturellement dans les études des scientifiques.
Car bien que cherchant à rester neutre et objectifs, les scientifiques n’en demeurent pas moins des hommes. Il en va donc de même pour les études que ceux-ci écrivent.
De fait, la méta-méthode consistant à regarder de précédentes études, agréger les infos de celles-ci pour en tirer des conclusions va amplifier ce phénomène inconscient… Le résultat sera au final beaucoup moins fiable qu’une étude directe dont le protocole expérimental est détaillé dans l’étude elle même.
Et maintenant quelques liens trouvé en quelques minutes :
http://www.pcinpact.com/actu/news/48591-jeux-video-violence-etude-chercheurs.htm
http://www.itespresso.fr/les-jeux-video-ninciteraient-pas-a-la-violence-bien-au-contraire-21739.html
http://www.courrierinternational.com/chronique/2007/04/17/violence-et-jeux-video-une-association-a-ne-pas-diaboliser
http://www.ecrans.fr/Jeux-video-Des-enfants-plus,3933.html
http://www.scienceshumaines.com/index.php?lg=fr&id_dossier_web=64&id_article=13537
Dans ce dernier, qui pourtant affiche clairement le penchant de l’auteur à penser autrement, j’aime beaucoup cette citation du psychosociologue Luc Bastide :” l’honnêteté scientifique consisterait à dire que l’on n’en sait rien, que l’on ne peut rien prouver”.
Et je n’ai pas retrouvé toutes les études que je cherchais, car elles sont noyées par une multitude d’articles de la pensée dominante pas ou peu étayées.
De la même manière, vous trouverez énormément d’articles pour vous dire que les rotweiler sont des chiens dangereux. La réalité des statistiques c’est que les chiens qui mordent le plus sont les caniches et les labradors… sachant que ne peuvent être comptabilisé que les morsures suffisamment grave pour avoir nécessité un traitement médical.
Bref, la pensée médiatique n’est pas scientifique, même si certains scientifiques en profitent pour attirer l’attention.
C’est demandé gentimment:
http://www.ps3gen.fr/violence-jeux-videos-violents-texas-university-etude-michael-stora-actualite-11897.html
qui montre que c’est faux mais qui veut préciser
http://www.courrierinternational.com/chronique/2007/04/17/violence-et-jeux-video-une-association-a-ne-pas-diaboliser
qui montre que seuls les enfants prédisposés à la violence sont plus agressifs et que les enfants hyper-actifs ont vu leur niveau d’agressivité diminuer
http://www.generation-nt.com/etude-jeux-video-recherche-magazine-scientifique-psychology-crime-and-law-jeunes-instables-violence-actualite-23685.html
la même chose en plus détaillé
Bonne journée
@vous deux, sauf le respect que je dois à chacun d’entre vous, il me semble que vous parlez de choses différentes.
Le premier soutient qu’ingurgiter du contenu violent excite clairement sur le moment; d’expérience et sans étude, j’y souscris.
Le second soutient que “subir” un contenu violent régulièrement n’a pas particulièrement tendance à rendre généralement agressif ou violent l’individu en question; et là aussi, j’y souscris.
comme quoi, la socio c’est pointilleux. Si maintenant j’ai compris de travers, avant de vous bastonner relisez votre papier, y aurait vraisemblablement un truc mal écrit.
Bon article 😉
Je ne trouve pas la chanson de Delerm “l’heure du thé” neutre comme l’affirment les chercheurs. Elle parle d’amour, d’une (ré)union à l’air banal mais empreinte de tendresse.
Les chercheurs auraient dû prendre en compte la popularité des chansons proposée. En effet, celle de Delerm n’est pas ultra connue contrairement à celle de cabrel dont tout le monde connaît plus ou moins les paroles..Enfin, écouter les paroles d’une chanson qu’on ne connaît pas dans un contexte d’attente n’est pas évident…Méthodologie à revoir…
@Cédric et Joel : OK pour les références mais ce ne sont pas des articles scientifiques. Je ne referai pas le débat sur la différence entre articles de presse et articles scientifique, il a eu lieu dans deux autres billets et c’était particulièrement pénible.
Par ailleurs, comme le dit Jean, nous ne parlons pas exactement de la même chose puisqu’il ne s’agit pas d’enfants. Et je n’entrerai pas dans le débat sur les enfants “prédisposés” à la violence, ce n’est pas du tout le sujet de mon papier.
@Pimkie : je n’ai pas décrit dans le détail la méthodologie de l’étude. En fait, l'”Heure du thé” a été sélectionnée pour sa neutralité par un panel indépendant de jeunes femmes du même âge et faisant les mêmes études que celles qui ont été testées. Ce justement pour ne pas qu’on avance les arguments très justes que vous soulevez. Ce ne sont pas les chercheurs qui ont choisi les chansons !
Merci P.B pour votre réponse. Il faudrait alors peut-être préciser le sens de “neutre”, les deux chansons sélectionnées parlant d’amour. Et c’est précisément ce qui me gêne dans la méthodo. Dans ce cas, on a l’impression de comparer une chanson “à l’eau de rose” * (Cabrel) et une autre moins mièvre (Delerm). Je pense qu’il aurait mieux valu prendre une chanson parlant d’autre chose que d’amour et une chanson romantique pour pouvoir comparer l’effet de la chanson d’amour sur une tentative de drague.
De plus je maintiens l’effet “chanson populaire” dans cette étude. Qui connaît “l’heure du thé” de Delerm hormis les fan?
Bonne journée
* c’est bien entendu mon avis perso…
@Pimkie : c’est vrai que le sens du mot neutre n’est pas particulièrement spécifié dans l’étude. Je pense quand même qu’il a dû être expliqué au panel de jeunes femmes qui ont sélectionné les chansons. Pour ce qui est de la popularité de Delerm, je ne m’avancerai pas trop mais, encore une fois, je ne suis pas représentatif de la population étudiante féminine de 18-20 ans…
Je suis tout à fait d’accord que le fait de retrouver des sensations “connus” à une influence différente que de se retrouver perdu au milieu de nul part avec des sensations “hostiles”.
Mais dire que c’est la chanson d’amour qui provoque ce comportement, c’est limité l’analyse à une portion non généralisable de la réalité. Avez vous tenu compte de la période physiologique de ces dames, de leur affinité avec Delerm ou Cabrel? Avez vous fait le même teste sur des bilingues francophone ayant moins subit à des Médias moins franchisé ? Avez vous tester ce fait sur un panel de femme d’age et donc d’influence musical diffèrent?
La généralisation est pour moi abusive et devrait être accompagné de définition précise, du cadre auquel elle s’applique,
Ici, Les scientifiques sont aussi des cobayes car leur conclusion a des chance d’avoir été pousser par une volonté de communication des résultats dans un soucie de production de contenu pour les lecteurs ou autre comme un soucie de reconnaissance. Pourquoi conclure sans avoir tenter de prouver le contraire de cette conclusion et échoué?
Dans les jours de solitudes, de tristesses et même quand les problèmes nous tourmentent, la musique y a pas mieux qui peut nous consoler, nous donner la force d’avancer et elle prend la place du vide dans le coeur. Oui! la musique adoucit les coeurs, c’est mon ptit coin de paradis……..
“C’est prouvé depuis de nombreuses années l’exposition à des médias violents (jeux.. )”.
J’ai plutôt l’esprit scientifique à défaut d’être littéraire, et quand le mot prouvé est prononcé je me méfie toujours de la phrase qui suit.
Et connaissant particulièrement le monde des jeux-video, ce débat est très mais alors très loin d’être prouvé, les récentes études prouvent même le contraire.
Il y a “de nombreuse années” le jeuxvideo était le diable en personne, donc laissez moi douter de cette preuve. Ce média est jeune il n’est pas encore arrivé à maturité donc évitons les jugements précipités , mais il peut offrir de très belle expérience violente ou non comme ico, red dead redemption, heavy rain ou flower… Je m’excuse de l’orthographe, j’essaye de travailler ça.
@Style : ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. Tous les jeux vidéo n’augmentent pas l’agressivité. Les auteurs ciblent explicitement les jeux vidéo violents et pas “Pouce Pouce sauve le zoo”…
[…] La musique adoucit les moeurs. […]