Zlatan, pire que Nasri?

Zlatan en France, ce sont tous les défauts de M’Vila, Nasri, Ménez et Ben Arfa réunis en un seul homme. Avec toutefois une qualité en plus. Être un gagneur.

Sonnez cors et trompettes, Zlatan Ibrahimovic arrive ! Chantons ses louanges et bénissons l’argent qatari ! L’arrivée du géant suédois est, en effet, une très bonne nouvelle. Voilà un joueur qui va nous régaler sur le terrain, en conf’ de presse et en dehors du terrain de moments d’anthologie. Pas sûr pour autant qu’il réconcilie la France avec l’image du foot. Zlatan possède tous les défauts reprochés à certains joueurs de l’équipe de France.

1- Zlatan est un mercenaire. La carrière d’Ibrahimovic est un mouvement perpétuel. L’attaquant n’a jamais passé plus de 3 ans dans un club… Ses transferts défraient souvent la chronique. Il a été échangé par l’Inter au Barça contre Eto’o + 45 millions d’euros. Son arrivée au PSG marque certainement l’apogée de sa carrière en termes de salaire – 14 millions à l’année. Seule une personne fait mieux dans le monde… Eto’o !

2- Zlatan est nonchalant. Oui, Ibra a mis un magnifique but contre la France lors du dernier Euro. Mais on oublie qu’il a passé les deux autres matchs à marcher. C’est comme cela. Zlatan est doué. Zlatan choisit ses matchs. Zlatan n’a parfois pas envie de défendre. Zlatan préfère frapper fort de loin que faire une passe. Un mec qui peut faire gagner son équipe sans avoir fait une bonne passe. Horrible. Zebina, son ancien coéquipier à la Juve craint même que Zlatan «s’ennuie» en Ligue 1.

3- Zlatan a le melon. «J’aime humilier mon adversaire, ça fait parti de ma conception du jeu.» L’ancien joueur de Milan, de l’Inter, de la Juve et du Barça ne conçoit pas vraiment le foot comme un sport collectif. Il gagne les matchs et son équipe les perd. Néné, Pastore et Ménez vont devoir se mettre au service du géant au catogan sous peine de subir le même interrogatoire que ses anciens coéquipiers de l’Ajax: «Moi je suis Zlatan, mais vous vous êtes qui, putain?» Une attitude qui lui joue peut-être des tours. L’Inter et le Barça ont attendu son départ pour gagner la Ligue des champions.

4- Zlatan est violent. Dans un monde d’égo comme celui des footeux, il y a forcément des frictions. Dans ces cas-là, Ibra ne se défile pas. Il fait face et file des coups de pied, en bon amateur de taekwondo. Il va peut-être faire un concours d’expulsion avec Sissoko et Motta ? Ah oui, les parents de Zlatan viennent des Balkans. Juste pour info.

Mais, car il y a un mais.

5- Zlatan gagne. Finalement, les écarts de conduit, voire la terreur qu’il peut inspirer chez ses coéquipiers, restent, chez Ibra, de gentilles anecdotes. Elles ne prennent pas l’ampleur des petites polémiques qui touchent nos footeux sous la tunique nationale. Pourquoi? Parce que Zlatan gagne. Le mec a été champion avec tous ses clubs depuis 10 ans. Excusez du peu. On le sait, on pardonne tout aux gagnants, regardez les réactions suite au coup de boule de Zidane. Finalement, voilà peut être le message que Z fera passer à Ménez. «Si tu veux pas qu’on te fasse chier, gagne. Personne n’emmerde les vainqueurs.»

Olivier Monod

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C Photo REUTERS/Alessandro Garofalo

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Le PSG va-t-il tuer la Ligue 1 ?

C’est entendu: les arrivées de Thiago Silva et de Zlatan Ibrahimovic au Paris Saint-Germain font passer le club de la capitale dans la cour des grands. Mieux, ce double transfert chiffré à quasiment 70 millions d’euros va tirer toute la Ligue 1 vers l’excellence. Voilà la petite musique que souhaitent nous faire entendre les dirigeants parisiens et la plupart des observateurs du foot français. En réalité, la potion qatarie semble bien trop forte pour notre Ligue 1. Au point de la tuer ?

30+11+42+20 = 103. En millions d’euros, c’est le montant total des transferts réalisés jusqu’à présent par le PSG (hors bonus). Soit la somme que le président du PSG, Nasser el-Khelaifi, s’est dit prêt à dépenser chaque été pendant cinq ans pour construire une équipe compétitive afin d’ambiancer la Ligue 1. Et encore, à en croire les gazettes, l’addition pourrait encore grimper puisque le bigot Kaka pourrait débarquer dans les prochains jours. Face à cette somme déraisonnable, un autre chiffre, qui fait peine à voir: 25. Soit, en millions d’euros, l’ensemble des emplettes réalisées par les 19 autres clubs de l’élite. Quand on sait que Lille compte pour près de la moitié de ce total avec les achats de Marvin Martin et Salomon Kalou, il y a de quoi se poser des questions sur le supposé rôle de “locomotive” joué par le PSG.

D’autant que le club managé par Leonardo a la fâcheuse tendance à recruter ses ouailles en Italie. Sur les quelque 200 millions d’euros lâchés depuis un an, 175 sont partis dans la Botte. Silvio est content, les agents aussi, mais les présidents de Ligue 1, eux, tirent la gueule. Seul Loïc Féry, le Lorientais, Seuls les présidents de Lorient, Saint-Etienne et Valenciennes ont eu la chance de voir le gros chéquier du PSG, en refourguant respectivement Gameiro, Matuidi et Bisevac. N’allez pas croire qu’on n’aime pas le foot italien, mais le manque d’imagination de Leonardo commence à devenir douteux. Surtout, on peut faire une observation : le PSG ne compte pas reproduire le schéma de Lyon dans les années 2000, qui se renouvelait tous les ans en achetant les meilleurs joueurs de ses adversaires, parfois à prix d’or. Non, le club parisien vise du très haut de gamme. Pire, il semble assez décidé à ne pas renforcer le reste de la Ligue 1 en lui cédant ses joueurs peu utilisés. Chantôme comme Sakho pourraient ainsi squatter le banc du Parc des Princes l’an prochain, au lieu de s’ébrouer dans le Rhône. Une perte de talents assez malvenue pour notre championnat, et qui risque de dégoûter la concurrence.

Soyons clairs: actuellement, le PSG joue 10 catégories au-dessus des autres. Vous me direz que cela n’est pas gage de triomphe sportif à la fin de la saison. Pourquoi pas. Mais Zlatan et Thiago Silva réunis, c’est un niveau qui commence à sembler inaccessible. Prenons l’autre curiosité du mercato parisien, le jeune Italien Marco Verratti. Un gamin de 19 ans, qui n’a pas joué un seul match en élite italienne. Le PSG va pourtant craquer 11 millions d’euros (plus 4 millions de bonus) pour celui qu’on présente comme le nouveau Pirlo. Pendant ce temps-là, Lille et Lyon s’écharpent pour attirer dans leur effectif le Troyen Djibril Sidibé, pinaillant sur l’indemnité demandée par le club aubois, 2 millions d’euros. Les Gones, encore eux, galèrent pour recruter le Dijonnais Benjamin Corgnet, dont le club vient d’être relégué en Ligue 2. Ne parlons pas de l’OM, qui, plombé par sa masse salariale, n’a pour l’instant réussi à faire venir que Florian Raspentino, dont le CV de footballeur pro se résume à une saison en deuxième division avec Nantes. Quant au Losc, qu’on présente comme l’outsider le plus sérieux pour la saison prochaine, il a dû prendre la moitié de l’indemnité de transfert d’Eden Hazard (40 millions d’euros) pour équilibrer ses comptes 2011-2012.

L’arrivée du Z arrive quelques années trop tôt

Il ne s’agit pas jeter la pierre aux concurrents du PSG , en les qualifiant de pisse-froids ou de radins. Eux vivent dans l’économie réelle. Après des années de gestion dispendieuse, où l’on était capable de verser 18 millions d’euros pour recruter André-Pierre Gignac et de lui octroyer un salaire de 320 000 euros par mois, on semble revenu à un poil plus de raison. L’Europe est en crise, et le foot aussi. Avant d’arriver à la situation de nombreux clubs espagnols, incapables de payer leurs salaires et forcés de vivre à crédit (avant de mourir ?), le foot français peut réagir. C’est le sens des cures d’austérité impulsées dans de nombreux clubs, qui ont aussi dû se rendre compte que payer des joueurs très moyens au-delà du million annuel, ça méritait bien une taxation à 75%.

Le PSG, lui, vit bien loin de ces contingences très matérielles. Tout à sa diplomatie du ballon rond, le Qatar lâche son pognon sans compter. Car au-delà des indemnités de transfert, le PSG arrose allègrement ses employés. Trois ans de contrat pour Zlatan, à hauteur de 14 millions annuels nets d’impôts pour le joueur, c’est une somme bien plus importante à verser pour le club (89 millions d’euros selon l’excellent Jérôme Lefilliâtre, ancien de ce blog). Au total, résume lemonde.fr, la masse salariale brute du PSG pour la saison 2012-1013 équivaudrait aux budgets des clubs de Nancy et Dijon l’an passé.

A dire vrai, l’arrivée du Z tombe quelques années trop tôt. La Ligue 1 n’est pas structurée pour porter un club à la fois de très haut niveau et sain économiquement. L’incapacité de Lyon à passer le cap de l’excellence européenne l’a cruellement démontré. La France n’est pas un pays de foot. La plupart des stades font encore 20 000 places, la vente de produits dérivés n’est pas folle. Certes, on essaye de rattraper le coup en prévision de l’Euro 2016, en construisant de nouvelles enceintes et en relançant l’équipe nationale. Mais pour le moment, le chantier bat de l’aile. Les stades peinent à sortir de terre, la sélection a réussi à creuser encore un peu le fossé qui l’écarte du public.

En Angleterre, Manchester City a trouvé du répondant quand il a commencé à investir massivement : Manchester United et Arsenal, notamment, sont structurés économiquement pour faire face. Les adversaires “naturels” du PSG, l’OL et l’OM, sont au fond d’un gouffre économique, Montpellier joue avec une équipe d’enfants, et Lille fait du sous Lyon du début des années 2000. En achetant Ibrahimovic et Thiago Silva, le PSG investit indépendemment de son environnement immédiat. Les dirigeants parisiens répondront que les stars attireront un nouveau public et provoqueront l’enthousiasme des foules. Pour nous, c’est surtout la crainte de “tuer” tout l’intérêt sportif du championnat dans les cinq prochaines années, de dégoûter la concurrence, et d’assurer un lot quotidien de polémiques sur le mode “David contre Goliath”. En gros, Zlatan et Thiago Silva jouant à Marcel Picot devant des habitués d’un Nancy-Valenciennes, c’est faire jouer les Whites Stripes en première partie de Justin Bieber dans la salle polyvalente d’Angers.

Olivier Monod et Sidney Maréval

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Photo Reuters / Alessandro Garofalo

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Deschamps, double face

On a tous quelque chose de Jean-Luc Mélenchon

Didier Deschamps prend la tête des Bleus. Le monde du foot français se félicite de cette nomination et loue la culture de la gagne du bonhomme ainsi que ses qualités de meneur d’hommes. PDPS joue, comme toujours,  les mauvais coucheurs, et rappelle à tous les côtés sombres de la Dèche.

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