Comment la France ira en finale

“D’abord, la boule de gauche, toujours”

De l’Anglo-Saxon, du Slave, du Scandinave. L’équipe de France aura droit à un menu varié mais pas trop copieux pour le premier tour de l’Euro. Entre Kiev et Donetsk, on croisera Zlatan, Chevtchenko et des Anglais qui viendront sûrement sans leurs WAGS.

Platini, Zidane, Giresse. Les petits cœurs des supporters des Bleus ont saigné en regardant trois des meilleurs joueurs de l’histoire assister au tirage au sort de l’Euro 2012 à Kiev. De quoi nous ramener vers des époques où les autres nations européennes ne faisaient pas les fières à l’idée de jouer la France. Tout ça, c’est fini, la place des Bleus de Blanc, c’est bien dans le chapeau 4, ce qui n’est pas forcément une mauvaise chose.

Restait à connaître par qui la France allait se faire manger en juin sur les pelouses est-européennes. Dans le meilleur des cas, on attendait tous un groupe avec l’Espagne, l’Allemagne et le Portugal, histoire au moins de voir des buts et du football… Pas de bol, sous le regard bonhomme du sympathique président-empoisonneur Viktor Ianoukovitch et de Sergeï Bubka, les Bleus ont eu une chance assez remarquable, qui ferait passer une non-qualif’ pour les quarts pour un échec pathétique. L’Angleterre, la Suède et donc l’Ukraine nous attendent. Et c’est ainsi que nous irons jusqu’en finale. Briefing rapide.

Groupe A: Pologne, Russie, Grèce, République tchèque

Les polaks n’ont battu aucune des quinze autres équipes qualifiées depuis des lustres. Et Perquis et Obraniak ne parlent pas polonais. Mais, bon, le tirage au sort a été sympatoche avec eux, et les co-organisateurs verront peut-être le deuxième tour. La République Tchèque, après un coup de mou, revient pas mal, même si elle n’a plus les stars de la fin des années 90. Quand l’une des valeurs sûres s’appelle Jaroslav Plašil, on sait que cela ne fait pas péter les compteurs de YouTube…

Maquiller ses comptes publics est une chose, en faire de même avec le foot à coups de 1-0 dégueulasses en est une autre. Les Grecs ont volé l’Euro 2004, et depuis, tout le monde considère que la crise qui les touche est bien méritée. Toutefois, ils sont toujours là et ils joueront même en ouverture contre la Pologne, à moins que l’Allemagne exige leur exclusion de l’Euro, un peu comme la Serbie en 92.

La Russie complète le groupe des maréchaux, des colonels etc… où on est presque entre nostalgiques du Pacte de Varsovie. «Le groupe des pipes», a déclaré un commentateur sur RMC. On ne lui donnera pas totalement tort, même s’il oublie qu’il y a quatre ans, la Russie était la hype de l’Euro suissautrichien, avec Arshavin, Zhirkov etc. Les gars sont encore là et ne se fatiguent pas trop en club.

Qualifiés: Pologne (qui humilie la Russie, revanche de WWII) et Grèce.

Groupe B: Pays-Bas, Allemagne, Portugal, Danemark

Le groupe de la mort, vous le lirez partout. Mais aussi des rigoristes avec un poil de porto dedans. En ce moment même, le fado le plus triste possible retentit dans les rues de Lisbonne. Ils ont bien compris qu’ils ne passeraient pas la phase des groupes. Prends ça, orgueil de Cristiano Ronaldo. Face à deux des favoris de l’Euro, on ne voit pas comment ils peuvent faire. Le Danemark lui aussi devrait faire de la figuration avec une petite capacité à surprendre qu’on lui connait bien. Les Pays-Bas devront faire attention à ne pas être trop confiants quand même (on sait déjà que les Oranje se feront sortir plus tard aux penalties).

Qualifiés: Allemagne, Pays-Bas.

Groupe C: Espagne, Italie, Croatie, Irlande

Il est pas dégueu ce groupe. Assez intéressant, avec logiquement, une Espagne au-dessus du lot. La Croatie et l’Irlande se sont qualifiées aux barrages, sans trop de problèmes et devraient se tirer la bourre. L’Italie, on n’a pas envie d’y croire, parce que naturellement elle nous saoule, mais on sait qu’elle sera là jusqu’au bout. La nouvelle génération a pris enfin ses marques, et Balotelli, s’il ne rend pas marteau son entraîneur, pourra s’amuser avant d’être exclu contre l’Espagne pour un coup de boule sur Busquets. A Balotelli, l’Europe reconnaissante.

Qualifiés: Espagne, Irlande (parce que les Français leur doivent au moins de les soutenir cette fois).

Groupe D: Ukraine, Angleterre, Suède, France

“Les Bleus ont eu la boule chaude”, entend-on sur Eurosport. Ils attraperont peut-être la chaude-pisse aussi, et Lolo Blanc devra garder Ribéry à l’oeil. Ok, on arrête. On aura donc droit à un Chevtchenko en fin de vie sportive (35 ans et demi) et rien que pour ça, il faut dire merci à l’Ukraine, car on l’aime bien le blond de Kiev. Avec ça, le melon de Zlatan et ses copains suédois. La Suède est toujours sympathique avec son joli maillot jaune et bleu, et elle fait un très bon troisième de poule.

Évidemment, ce que tout le monde attend avec la bave aux lèvres, c’est le premier match, le 11 juin, contre l’Angleterre. Encore une occaz de faire plaisir au monde entier en tapant du rosbeef. Terry, Rooney, Lampard et Gerrad auront d’ici là l’occasion de déclencher une soixantaine de scandales, et Joe Hart, la hype actuelle en Angleterre prouvera qu’il ne vaut pas mieux qu’un Robert Green ou qu’un David James…  Patience, on ressortira Jeanne d’Arc, Fachoda, Dunkerque et la sauce à la menthe en temps utile.

Si la France termine première de son groupe, (avec deux victoires et un nul contre la Suède), elle affrontera le deuxième du Groupe C, (l’Italie, l’Irlande), et, à nouveau, on veut croire que c’est faisable (oui, oui la revanche de la main de Henry, tout ça). Les choses sérieuses commenceront en demi-finale, contre sans doute le premier du groupe B. Si c’est l’Allemagne, cela pourrait faire un joli affrontement à Varsovie. Tout l’amour de Marie Walewska ne sera peut-être pas alors suffisant pour passer.

Qualifiés: France, Angleterre.

Le planning des Bleus

11 juin France- Angleterre à Donetsk
15 juin France-Ukraine à Donetsk
19 juin France-Suède à Kiev

Clément Noël et François Mazet

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Photo: REUTERS/Gleb Garanich