La France qualifiée, mais quelle France?

J’ai p’tet encore une idée bloquée dans l’oreille.

On va à l’Euro! On va à l’Euro… Bizarrement cette qualification n’entraîne pas particulièrement d’euphorie chez les supporters français. Elle est plutôt l’occasion de dresser un bilan de la première année du nouveau sélectionneur. La France a montré de nombreux visages durant cette compétition et peu de certitudes s’imposent.

Ouf! La France se qualifie après un mach minimaliste contre la Bosnie. Un partout, balle au centre, merci au revoir. Les Bleus iront donc à l’Euro sans que Laurent Blanc ne soit plus avancé sur son équipe-type, son capitaine ou même son système de jeu…

Ces deux derniers matchs sont en soi représentatifs. Une partie aboutie contre l’Albanie en 4-4-2 et avec deux habituels remplaçants en attaque (Rémy et Gomis). Une confrontation poussive contre la Bosnie en 4-2-3-1, malgré les retours de mecs supposés importants comme Abidal et Evra. Lolo-la-touillette doit se poser pas mal de questions.

La charnière. Sur son but, Dzeko remet en cause tout le bien qu’on peut penser d’Adil Rami. Un petit contrôle orienté et l’ancien Lillois est dans le vent. OK, toute l’équipe s’était relâchée sur ce coup franc… Mais Rami, c’est l’homme fort de Lolo en défense centrale. La diva milanaise Mexès ayant un certain passif avec les blessures, la paire  Mexès-Rami, la préférée du sélectionneur, risque de ne pas pouvoir être alignée souvent. A la place on va trouver le Abidal “pour dépanner” un match sur deux, Kaboul, sympa mais limité, ou les jeunots Sakho et Koscielny. Réjouissante perspective.

Arrière droit. Au nom du groupe, de la jeunesse et de la continuité, Blanc a installé Sagna à ce poste. En deux matchs, Debuchy et Reveillère ont fait mieux que le londonien pendant toute la campagne de qualif’. Reste à savoir si le sélectionneur va ouvrir les yeux.

Milieu def. Quand Blanc a repris l’équipe de France, il a beaucoup misé sur un homme. Un mec souvent titulaire et capitaine au début du mandat du champion du monde 98: Alou Diarra. Malheureusement, il n’a été bon que pendant 18 mois dans sa carrière. Une fois la période de grâce bordelaise finie, Alou est retourné à son vrai niveau. Le niveau d’un mec non conservé par le Bayern dans ses jeunes années et barré par Toulalan à Lyon et en équipe de France… Dommage, il paraît que c’est un vrai leader de groupe.

Milieu offensif. Abondance de biens peut nuire. Le match contre l’Albanie l’a prouvé, Nasri peut briller avec des mecs de devoir autour de lui. Avec Gomis pour fixer, Rémy pour prendre la profondeur et Debuchy et Malouda pour débouler dans les ailes, Samir s’éclate. La conclusion pourrait certainement être la même pour Ribéry ou Ménez. Ces gars-là aiment toucher la balle et provoquer. C’est beaucoup plus efficace quand le reste de l’équipe est en mouvement, propose des solutions et ouvre des brèches. Cependant, les trois ensemble, ils se regardent dribbler les uns les autres et rechignent à faire des appels qui ont peu de chance d’être servis… Choix cornélien en perspective.

Le système. Lolo trouve le 4-4-2 obsolète dans le foot moderne et se veut plutôt un apôtre du 4-2-3-1. Manque de pot, son équipe a mieux joué en Bosnie en 4-3-3, contre l’Albanie en 4-4-2 que lors du dernier match contre la Bosnie en 4-2-3-1. Chienne de vie.

Le capitanat. A défaut d’avoir trouvé un système de jeu sur le terrain, les Bleus auront peut-être retrouvé une vie de groupe? Que nenni. Pourtant choyés par leur coach, aucun de ces messieurs n’a cru bon de s’imposer (même un petit peu). Lolo a fait confiance au même groupe pendant tout les éliminatoires, se privant ainsi de mecs “en forme du moment” (Debuchy, Gomis), allant même jusqu’à convoquer régulièrement Hoarau pour mettre tous les autres en confiance! Rien n’y fait. Il a fallu pour les derniers matchs – les plus importants – demander à Lloris de prendre en main le groupe. Un peu comme une élection de délégué au collège, quand toute la classe se tourne vers l’intello binoclard.

Les certitudes. Car il y en a! L’axe Lloris, M’Vila, Benzema se dégage dans cette équipe. Nasri, Martin et Rémy semblent à deux doigts d’intégrer les titulaires. Malouda, Sagna, Hoarau, Diarra ont déçu. On va attendre avant de juger Ménez, Cabaye, Gomis, Ribéry. On aimerait bien (re)voir Mathieu, Toulalan, Valbuena, Diaby, Cissé.

Olivier Monod

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