Ce n’est pas le PSG qu’il faut dissoudre…

… ce sont les éditos de Christophe Barbier. Ou “Comment dire n’importe quoi avec une écharpe rouge autour du cou”.

LucarelliAvatarLa vidéo nous avait échappé. La semaine dernière, Christophe Barbier, ci-devant éditorialiste de l’Express, a, comme à son habitude, posté son édito vidéo quotidien sur Dailymotion. Un rendez-vous qu’on essaie pourtant de ne pas manquer, car c’est très souvent l’occasion de rire de la prose aléatoire de Christophe, de son inamovible écharpe rouge façon Mitterrand et de son air habité lorsqu’il dispense sa lumière au monde. Christophe Barbier a un avis sur tout et surtout un avis pas forcément inspiré. On avait déjà applaudi le dérapage sur les obèses. Alors imaginez quand, la semaine dernière, Christophe Barbier a décidé de nous parler du PSG…

Plus précisément, Christophe va nous parler des “violences qui émaillent maintenant quasi-systématiquement les matches du PSG“. Pas de chiffres ni de remise en contexte pour appuyer ses propos : Christophe Barbier est éditorialiste, pas journaliste. Et puis on peut lui faire confiance, il doit savoir de quoi il parle après tout. Je suis sûr qu’il va même régulièrement au Parc… Bref, Christophe Barbier a la solution, là où tant d’autres ont échoué à la trouver. “Il faut dissoudre le Paris Saint-Germain“, tonne-t-il, et de reprendre, le ton martial, “il faut qu’un club soit radié“.

L’idée est, évidemment, complètement absurde. Supprimer la structure du club, tel qu’il existe, pour la remplacer par un autre club ne changera rien au problème des supporters violents. Ils agiteront simplement un autre drapeau, d’autres couleurs, mais continueront à se distribuer des gnons. Les gens qui s’y connaissent un peu plus que Christophe, tel ce responsable d’une association de supporters parisiens, plaident eux pour des “interdictions de stade à vie“, ciblées, qui évitent de jeter le bébé avec l’eau du bain.

Le Stade de France, cette soucoupe froide

Mais Christophe Barbier est prévenant, il veut, entre autres, “respecter” “les supporters et tous les Parisiens qui sont en droit d’avoir un club dont ils puissent être fiers“. Pour cela, rien de tel que de re-fonder un nouveau club, et, en la matière, Christophe ne manque pas d’idées foireuses. La première d’entre-elles, bien sûr, c’est de vouloir voir évoluer cette nouvelle équipe au Stade de France, qui est tout sauf un stade de clubs. Là où le Parc est un chaudron bouillonnant, ramassé sur lui même, le Stade de France est une élégante soucoupe froide. Un stade aérien où les chants se perdent dans les cieux au lieu de redescendre sur le terrain.

Et puis, ne soyons pas dupes : hormis pour les quelques grands chocs de L1 (et encore), le PSG serait bien en peine de remplir les 80 000 places du Stade de France. “Mieux vaut être premier dans ce village que le second à Rome” aurait dit Jules César en passant dans un bled. Mieux vaut jouer dans un stade de 50 000 places plein que dans un stade de 80 000 à moitié vide.

Surtout,  le SDF, c’est ce stade bon enfant qui accueille les matches bon enfant du Stade Français et le public bon enfant de l’Equipe de France de football. Et où Christophe Barbier rêverait de voir évoluer un PSG bon-enfant. Tout l’inverse de ce qui fait (encore un peu) le charme du PSG, avec ses fumigènes, ses chants outranciers, son ambiance de feu. D’ailleurs, l’éditorialiste de l’Express ne cache pas son modèle et cite notamment l’Angleterre. L’Angleterre, où les grands clubs ont expulsé peu à peu le public populaire de leurs stades en pratiquant des tarifs prohibitifs. Peut-être que depuis on n’a plus peur d’emmener ses enfants voir jouer Chelsea ou Arsenal (si on appartient aux élites qui peuvent se le permettre). Mais on s’ennuie sûrement plus en tribunes…

Christophe Barbier en appelle à un Grand Paris Football Club, qui ferait table rase du passé du PSG. Là encore, grosse erreur. A l’heure où le football est de plus en plus une marchandise, un des rares suppléments d’âme des clubs, c’est justement leur histoire, qu’elle soit glorieuse ou non. Le PSG est un club jeune, qui fête ses 40 ans cette année, et qui a pourtant déjà su se construire une légende. Elle est faite de loses monumentales, mais aussi de succès, notamment en coupe d’Europe. Effacer cette histoire pour reconstruire à partir de rien n’a tout simplement aucun sens, et c’est la preuve, une fois de plus, que Barbier ne sait pas de quoi il parle.

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Lilian Murati

6 commentaires pour “Ce n’est pas le PSG qu’il faut dissoudre…”

  1. Tout est dit.
    Marre de ces gens “éclairés” (éditorialistes, politiques, etc) qui croient pouvoir donner leur avis, ou mieux proposer des solutions, sur un problème qu’ils ne connaissent pas, sur un milieu qu’ils n’ont jamais côtoyé de près ou de loin! Le foot doit surement être considéré comme un sujet “mineur” et “simpliste” par ces “éclairés” qui pensent pouvoir le comprendre aussi vite qu’un supporter de l’OM descend son Ricard au zinc.
    Le problème c’est que ces gens sont aussi ceux qui nous gouvernent… D’où des décisions absurdes voire contre-productives : dissolution des Boulogne Boys par exemple et j’en passe.

  2. Oui, tout est dit et bien dit.

    Comme je l’évoquais récemment dans un billet perso, ce qui me chagrine est aussi de rapprocher les mouvements ultras des actes de hooliganismes et d’ériger ce fameux modèle anglais comme référence.

    L’un des soucis du Parc n’est-il pas d’ailleurs la dissolution des Boulogne Boys qui a laisse la place aux indépendants ?

    Le modèle anglais, comme vous l’évoquez via l’expulsion des classes populaires, a-t-il pour autant “fait le ménage” (pour reprendre ce terme décidément bien à la mode) comme il est de bon ton de le clamer dans les médias ? Je crois qu’il est abusif de le penser (voir West Ham – Millwall d’aout dernier par exemple).

  3. Qui connait Christophe Barbier?

  4. […] le Paris Saint-Germain armé d’une sublime écharpe rouge il y a quelques jours. Au passage, un lien vers le très bon résumé de Plat du Pied au sujet de cette vidéo. 19h54 : Nous sommes à la […]

  5. Pas besoin de dissoudre le PSG : il va finir par aller tout seul dans le mur comme un grand.
    La solution : un deuxième club à Paris, un bon gros Racing, une bonne grosse rivalité qui tire les deux rivaux vers le haut. Histoire qu’il y ait un peu d’émulation. Histoire que le clivage soit entre supporters de deux clubs différents, et non pas du même club…
    Parce que là, quand même, si on en arrive à des prises de positions de l’ordre de la dissolution du PSG, c’est que ce club a vraiment poussé le bouchon… Même les comentateurs de Canal ils commencent à moins être pour le PSG.

  6. coMmentateurs – autant pour moi.
    J’en profite pour ajouter une chose : l’augmentation du prix des abonnements et places (l’idée du président du “club de la capitale”) n’est pas franchement plus lumineuse… Régler les problèmes en par une discrimination économique, c’est quand même pas mal, ça.

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