Le partage de la valeur ajoutée, un débat perpétuel

Bizzare, Raymond Soubie aurait, selon un témoin, enterré le débat sur le partage de la valeur ajoutée, devant des journalistes, quand le Président de la République le relançait avec les syndicats et les représentants du patronat. Nicolas Sarkozy a, en effet, une nouvelle fois demandé aux organisations syndicales et au Medef d’entamer des discussions sur le partage des richesses dans les entreprises Les Echos (15/02/2010). Il y a un an, il avait avancé l’idée d’une division en 3 tiers, avec un tiers pour les salariés, un tiers, pour le capital et un tiers pour les investissements. A la fin du mois de janvier, lors de son débat avec des Français, sur TF1, il avait encore réaffirmé sa volonté de voir ce chantier avancer.

Deux rapports officiels préconisent de ne rien faire.
En février 2009, le Président de la République a demandé au directeur général de l’Insee, Jean-Philippe Cotis, un rapport sur le partage de la richesse des entreprises. Le statisticien avait considéré la valeur ajouté qui se partage en 2/3 pour les salariés, 1/3 pour le capital pour les entreprises non financières. Un quart des entreprises consacrant 89% aux salariés, un quart n’accordant que 44% aux salariés. Personne, ne propose de ramener la part de la valeur ajouté consacrée au travail de 2/3 à 1/3. Jean-Philippe Cotis va donc chercher un autre “partage”, celui des profits “après impôts et charges d’intérêt et autres transferts”. Cette fois 7% va dans la poche des salariés des grandes entreprises, via l’intéressement et la participation, 57% permet de financer les investissements futurs et 36% va aux détenteurs du capital. Là encore, le partage en trois tiers ne paraît pertinent à aucun acteur. Le rapport Cotis est remis à Nicolas Sarkozy le 13 mai suivant. Il semble ne pas avoir été lu.

“Le partage de la valeur ajouté, sera les 35 heures de la droite.”
François Fillon tente lui aussi de trouver une solution et demande un rapport au Conseil d’analyse économique (CAE) présidé par Christian de Boissieu. L’intitulé est plus large, “Le partage des fruits de la croissance en France”, le sujet ne change pas. Conclusion très, très diplomatique : “Il apparaît aussi que certaines interventions sur la répartition de la valeur ajoutée et des profits pourraient entraîner des chocs négatifs sur les marchés d’actions, des phénomènes de délocalisation d’activités et une augmentation du chômage. Traduction: bousculer l’équilibre c’est prendre le risque de faire fuir les investisseurs, d’encourager les délocalisations et d’accroître le chômage! Perfides les économistes notent que: “Le débat actuel sur le partage de la valeur ajoutée est analogue à celui sur le partage du travail dans les années quatre-vingt-dix. (…) le partage de la valeur ajoutée, s’il se concrétisait, pourrait devenir pour la Droite ce que les 35 heures furent pour la Gauche : du malthusianisme en lieu et place de la croissance.”

“Les Français ne comprendraient pas.”
Il n’empêche, l’injonction revient. “Nicolas Sarkozy a regretté le blocage des discussions sur le partage de la valeur ajoutée dans les entreprises et demandé aux employeurs et aux syndicats de se mettre d’accord dans les trois mois, faute de quoi le gouvernement légifèrerait. “Les Français ne comprendraient pas que l’on n’avance pas“, a insisté le président de la République.” rapporte Les Echos. Le Figaro a entendu la même chose: “Le chef de l’Etat a par ailleurs donné aux partenaires sociaux «trois mois pour aboutir» sur la question du partage du profit dans l’entreprise , faute de quoi le gouvernement substituera à la négociation un projet de loi. «Le temps est venu pour les entreprises d’aborder la question du partage du profit avec leurs salariés», a déclaré [le président de la République]”.

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Journaliste, cheminot ou gazier c’est mieux pour la retraite

A l’heure de la retraite, mieux vaut être cadre, journaliste, professeur certifié ou agrégé, cheminot, un gazier, un électricien, un ancien de la RATP. Les intellectuels supérieurs*, au sens de l’Insee, qui prennent aujourd’hui leur retraite à 60 ans, peuvent espérer la toucher durant 21 ans. La durée moyenne de service de la pension atteint, 24 ans à EDF et GDF, 26 ans à la RATP et 25 ans à la SNCF. A l’inverse, un ouvrier n’aura, en moyenne, que 13 années de retraite. Mais attention, il s’agit là de moyenne, car un cheminot ou un professeur de fac, né en 1950, et qui va prendre sa retraite cette année, va toucher sa pension pendant 40 ans!

La France compte 15.000 centenaires, contre 200 en 1950 et 60.000 en 2050. Ined

Part des français de plus de 60 ans: 23% en 1980, 32% en 2010.

Espérance de vie à la naissance pour un homme né en France en 1946, quand la retraite à 65 ans est instaurée : 59,9 ans.

De la pyramide des âges (natalité élevée), tout va bien, à la toupie (faible natalité) tout va mal. Une animation de l’Ined.

L’espérance de vie d’un ouvrier sans incapacité**. A 35 ans, un ouvrier peut espérer vivre jusqu’à 73 ans, une ouvrière jusqu’à 78 ans. Au même âge un cadre peut espérer vivre jusqu’à 80 ans et une cadre jusqu’à 82 ans. Avec un âge de départ à la retraite identique l’ouvrier aura 6 années de retraite en moins. Population & Société n°441, 2008, Ined.

A 35 ans, un inactif non retraité peut espérer vivre jusqu’à 64 ans, un ouvrier jusqu’à 73 ans, un employé jusqu’à 75 ans, un artisan, un commerçant, un chef d’entreprise ou un agriculteur jusqu’à 78 ans et un cadre ou un “intellectuel supérieur” jusqu’à 81 ans. En touchant une retraite au même âge l’intellectuel en bénéficiera durant 17 années supplémentaires. Insee PDF

A la SNCF, l’âge moyen d’ouverture des droits à la retraite est de 55 ans, la retraite dure en moyenne 27 ans et l’âge moyen du décès est de 82 ans. Cour des Comptes P.312

A la RATP, l’âge moyen du départ à la retraite est de 55 ans, la retraite dure en moyenne 24 ans et l’âge moyen du décès est de 79 ans. Cour des Comptes P.312

A EDF et GDF, l’âge moyen du départ à la retraite est de 56 ans, elle sera servie pendant 23 ans et l’âge moyen du décès des électriciens et gaziers est de 79 ans. Cour des Comptes P.312

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* Intellectuel supérieur, selon l’Insee, comprend, entre autre, les professeurs et professions scientifiques salariés, des professionnels de l’information des arts et des spectacles dont l’activité est liée aux arts et aux médias et donc les journalistes, des ingénieurs et cadres techniques d’entreprise, salariés exerçant des fonctions de responsabilité qui nécessitent des connaissances scientifiques approfondies.

** L’espérance de vie « en bonne santé » ou sans incapacité, c’est à dire sans limitation d’activité, ou sans incapacité majeure liée à des maladies chroniques, aux séquelles d’affections aiguës ou de traumatismes.

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CAC-40 cherche administratrices, 180 postes à pourvoir

Les entreprises du CAC-40 vont devoir recruter 180 administratrices pour respecter la loi votée récemment à l’Assemblée nationale et qui prévoit que 40% des sièges des conseils d’administration soient réservés aux femmes, selon un calcul d’OFG Recherche, un cabinet d’analyse financière.

Elles ont un peu de temps, puisque la règle devrait être applicable en 2016, mais il y a du travail. Comment faire? Il y a deux stratégies possible intégrer plus de femmes ou réduire le nombre de siège. Seule la BNP Paribas n’est pas très loin du compte avec 4 femmes, dont Laurence Parisot, pour 13 administrateurs. Michelin dont le conseil de surveillance ne compte que 8 membres dont deux femmes, encore Laurence Parisot, et Barbara Dalibard. Là se pose un problème de virgule. Soit Michelin recrute une femme et affiche un taux de féminisation de 37,5%, soit l’entreprise de Clermont-Ferrend désigne 2 femmes et se retrouve avec 50% de femmes. En même temps, cela coïncidera avec la proportion de femmes dans sa clientèle.

Passons au groupe qui vont devoir faire un effort important. La palme du machisme entrepreneurial revint aux Crédit Agricole avec 2 femmes pour 22 administrateurs! Il lui faudra embaucher 9 femmes ou ramener son conseil à 5 membres. La réalité devrait se situer entre ces deux bornes. LVMH pose un problème particulier: la place de la femme dans les conseils est souvent celle de la mère, de l’épouse, de la fille ou la belle fille. Delphine Arnault, en l’occurrence, la fille de Bernard Arnault est l’unique femme d’un conseil de 18 membres qui devra en accueillir 6 supplémentaires. Situation strictement identique chez Lafarge: 18 hommes, 1 femmes autour de la table et donc 6 administratrices à désigner.

Le plus étonnant est sans doute le conseil de L’Oréal. Il compte 3 femmes :  Liliane Bettencourt, sa fille Françoise Bettecourt Meyers, actionnaires prépondérantes du groupe et Annette Roux. A part cela des hommes, minoritaires parmi les clients mais largement majoritaires au conseil avec 11 membres sur 18.

Petite recension des groupes qui doivent recruter 6 femmes ou plus dans les prochains mois : GDF Suez, le Crédit Agricole, LVMH, Lafarge, Cap Gemini, Bouygues et PPR (Pinault Printemps La Redoute). Pour envoyer vos CV, suivez les liens…

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Les assureurs deviennent alter, ils menacent de revendre leurs actions

Parfois les chiffres s’entrechoquent. Jeudi (11/02/2010), Christine Lagarde, la ministre de l’Economie et des Finances, a obtenu l’engagement des grandes banques de dépôt (le Crédit Agricole, la BNP Paribas, la Société Générale, le groupe BPCE, né de la fusion des Banques populaires et de la Caisse d’Epargne,  et le  Crédit Mutuel), d’apporter 38 Mds€ aux PME et aux très petites entreprises, les TPE, en 2010. 38 Mds€ c’est un peu plus que les 32 Mds€ que les assureurs ne vont plus allouer aux PME et TPE. Au total les assureurs devraient, dans les deux ans à venir, revendre pour 250 Mds€ d’actions cotées ou non. Ils n’ont pas basculé dans le camps des alter-mondialiste, mais ils ont fait leurs comptes. C’est l’histoire d’une négociation européenne mal embarquée par la France depuis deux ans et qui ouvre toute grande les portes de la place de Paris aux fonds de pension anglo-saxons.

Rajouter des flotteurs

Le 22 avril 2009, 93 députés européens adoptent une directive draconienne, Solvabilité II, destinée à garantir la survie des assureurs de l’Union par gros temps. Peu importe qu’aucun d’entre eux n’ait disparu dans la tourmente financière, on va rajouter des flotteurs partout. A chaque fois qu’un assureur consacrera 100€ aux actions cotées, il devra disposer de 45€ de fonds propres. S’il met dans son portefeuille pour 100€ d’actions non cotées, le domaine du  “private equity” par opposition au “public equity”, il faudra monter à 60€ de fonds propres. Et la difficulté c’est que ces fonds propres ne rapportent rien, ils coûtent de l’argent. Devant ces nouvelles règles, les assureurs s’étranglent et promettent d’abandonner les actions, cotées ou non cotées. En Grande-Bretagne, Solvabilité II alourdit les coûts de fonctionnement des assureurs comme en France, mais ne pose pas de problèmes insurmontables. Les fonds de pension ont pris l’habitude de financer les entreprises. De l’autre côté du Rhin, les participations croisées entre industriels et les liens de confiance entre la banque et l’industrie paraissent suffisant.

En France, le topo est un peu différent. L’absence de fonds de pension et la défiance quasi congénitale entre banquiers et industriels ont laissé la place aux assureurs. Avec un avantage considérable: quand AXA ou Groupama prennent position dans le capital de la BNP Paribas ou de Bolloré, c’est pour longtemps. Par nature, ils se montrent patients. Mais depuis six mois, les assureurs ont les nerfs à vif… à leur manière. Ils n’abandonnent pas leurs bonnes manières. Quoique. Avec de telles règles de solvabilité ils menacent ouvertement de se retirer de la bourse et du financement des start-up, les entreprises qui doivent assurer l’emploi de demain, ou d’après demain.  “A ce tarif là, c’est “sauve-qui-peut“, c’est carton rouge” dit l’un. Avec d’autres mots, AXA, la BNP Paribas via sa filiale Cardif, Groupama, ou le Crédit Agricole, au travers de Predica, regardent vers la sortie.

250 Mds€ et la promesse faite à Sarkozy
“Ils sont dans leur rôle”, tempère un conseiller de Christine Lagarde, qui s’échine à trouver des solutions pour atténuer les effets de cette satanée directive européenne. Aujourd’hui, il y a deux choses à sauver: l’argent, les 250 Mds€, et la  promesse faite à Nicolas Sarkozy, en 2004, quand il était à Bercy. Pour les 250 Mds€ on peut penser que les assureurs ne déserteront pas complètement la bourse. En effet, il n’y a pas d’autres investissements qui rapporte près de 6% en moyenne et par an sur une longue période. Il y a les actions et basta. De toute façon, ils ont encore un peu de temps pour réfléchir. La directive adoptée par le Parlement européen de nouvelles discussions s’ouvrent entre ministres, avec la Commission, avec un collège d’experts européens pour définir les règles de mise en œuvre. Le parcours devrait encore durer deux ans. Mais la règle des 45/60 paraît, elle, intouchable.

Voilà, pour les sous. Après, il y a “la” promesse. En 1984, le ministre de l’Economie de l’époque, Nicolas Sarkozy, reçoit une lettre de la Fédération Française des sociétés d’assurance (FFSA) par laquelle les assureurs s’engagent à consacrer 2% des fonds investis aux TPE et au domaine du “private equity”. Impossible de leur imposer un tel quota sans violer les règles de Bercy, elles y consentent donc. L’an passé, 2% de 1600 Mds€ d’actifs investis cela fait 32 Mds€ consacrés aux TPE et aux PME, directement ou indirectement via les couveuses de start-up du capital développement.

Comment sauvegarder les 250 Mds€ et la promesse? “On y travaille”, nous lâchait récemment un conseiller de Christine Lagarde. “Londres se range à notre constat aujourd’hui. Nous ne sommes plus isolé”, assure-t-il comme requinqué.  “Arrêtons de discuter, on va l’appliquer, mais il faut se mettre tout de suite sur Solvabilité III…” s’agace un assureur dépité, sur le point de perdre son calme. La prochaine il faudra que Bercy et les assureurs soient un peu plus attentifs à ce qui se passe à Bruxelles et à Strasbourg.

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# Sans commentaire # La balance des paiements, la Cour des Comptes

La balance des paiements reste négative en 2009 de 40,6 Mds€, contre 44Mds€ en 2008. La baisse des prix du pétrole et du gaz se traduisent par une légère amélioration. Stat Info Banque de France.

Le rapport de la Cour des Comptes 2010. Au sommaire : La conduite des programmes de défense, le parc automobile des services centraux de la police nationale, les méthodes et les résultats du contrôle fiscal, la SNCF réformes sociales et rigidités de gestion, la RATP, bilan déséqilibré, la lutte contre le sur-endettement des particuliers…

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Petit à petit Vincent Bolloré rachète Vincent Bolloré

Cela fait maintenant deux ans que Vincent Bolloré rachète sur le marché des titres de la Financière de l’Odet. L’homme d’affaire a consacré 87 millions d’euros à ramasser des actions de la principale holding du groupe qui porte son nom. L’opération rachat démarre le 4 janvier 2008. Ce jour là, la Sofibol, comprenez la Société Financière Bolloré, rachéte pour 429.533€ des actions de la Financière de l’Odet. Avant cette date, rien, pas un mouvement en 2007, pas un en 2006, pas un en 2005. Le calme plat si l’on en croît les communiqués publiés sur le site de l’Autorité des Marchés Financiers, l’AMF. Ensuite, c’est la grande tourmente. Quatre-vingt cinq opérations réalisées en vingt-cinq mois, de janvier 2008 à janvier 2010. Tous les 10 jours l’AMF publie un rachat d’actions de la Financière par “une personne morale liée à Vincent Bolloré, Administrateur, Président du Conseil d’Administrat ion” selon une formule immuablement reprise. Parfois, les sommes sont ridiculement faibles. Un jour c’est 5060€, l’autre 6370€. D’autre fois, les choses deviennent très sérieuses 1 million, 2 millions, jusqu’à 18,6 millions d’euros.

Le plus intéressant, ou le plus curieux, est de regarder qui rachète les actions. Vincent Bolloré utilise six sociétés financières qui détenaient ensemble 80% du capital de la Financière de l’Odet, au 31 mars 2009. Ajoutons les 10% d’Orfimar, la société de Sébastien Picciotto, l’allié de toujours, et l’on arrive à 90%. Certains noms  des holdings ramènent aux plantations d’hévéa de l’époque coloniale. Il y a Nord Sumatra Investissement, elle ne réalisera que 4 opérations mais signera la plus importante, celle à 18,6 M€, il y a aussi la Compagnie du Cambodge (18 rachats) ou l’Imperial Mediterranean (1 seul rachat à 5,5 millions d’euros). La Compagnie de Guénolé (24 rachats) ramène, comme la Financière de l’Odet, en Bretagne, le berceau de l’entreprise. Il y a enfin des noms qui sente les livres comptables comme la Foncière Moncey (5 rachats dont le plus petit à 5.060€), la Sofibol (8 rachats), La Société Industrielle et financière de l’Artois (23 rachats).

Les entreprises intervenaient par vagues successives, en bon ordre.  La Sofibol et la Foncière Moncey ont commencé le travail en janvier 2008, suivies de Nord Sumatra et de la Financière de l’Artois, de la Cie. du Cambodge et de l’Imperial. Ces dernières semaines la Compagnie de Guénolé a pris le relai avec une dernière opération réalisée le 21 janvier pour un montant de 373.399,59€. Il faut avoir vu une démonstration de Vincent Bolloré, avant l’Internet, aux temps préhistoriques du Minitel, pour comprendre que l’homme aime chasser lui même. Il avait alors lancé une OPA et rachetait tout de temps à autre ce qui passait.

Répète-t-il la même opération sur lui-même? Possible. Pour quelle raison vient-il sur le marché pour ramasser les titres de la Financière de l’Odet? Nous avons sollicité le porte-parole de Vincent Bolloré, à de multiples reprises, par mail et par téléphone, sans obtenir de réponse, jusqu’à présent. Une hypothèse tient la route: sortir de la cote. Pourquoi s’ennuyer avec des minoritaires quand cela ne se justifie plus? Un article paru dans les Echos, en mars 2009, soulignait que les “sorties de la cote se multipliaient” et évoquait explicitement le cas de Bolloré. Avant Bolloré c’est peut-être la Financière de l’Odet qui montre le chemin de la sortie. A suivre.

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# Sans (trop de) Commentaires # Henri Proglio interdit de décision?

Rappel à l’ordre pour le patron d’EDF
Henri Proglio a tout accepté: d’abandonner son plan de restructuration de la filière nucléaire française, sous la houlette d’EDF, de réduire son salaire de PDG, de ne plus avoir de salaire comme président du conseil d’administration de Veolia,  de quitter Veolia et maintenant il devrait abandonner la réorganisation d’EDF et de ses filiales ErDF, et RTE, chargées respectivement des réseaux de distribution et de transport d’électricité. A peine a-t-il déclaré qu’il allait ouvrir le dossier que la Commission de régulation de l’énergie (CRE) lui rappelle que Bruxelles impose et que la France a accepté que les réseaux devaient désormais être indépendants des producteurs. Les Echos (09/02/2010)

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#Chronique d’une crise paradoxale# (6) La grande récession est finie…

La Banque de France vient de publier son Enquête mensuelle de conjoncture qui donne une série de photos de “la grande récession”. Les investissements, les marges, la trésorerie de l’industrie se redressent, repassent au dessus de “la moyenne de longue période” (depuis 1991), qui marque un retour à la “normale”. Du coup il est possible de mesurer l’impact de la crise. La mécanique pour l’industrie est donc la suivante: la situation de trésorerie des entreprises, les moyens financiers dont elles disposent sans avoir besoin de demander un coup de main à leurs fournisseurs ou à leurs banques, se dégradent à partir au milieu de l’année 2006. Le résultat brut d’exploitation, les profits des entreprises, qui venait d’atteindre un sommet, chute rapidement à partir du deuxième semestre 2006. Les investissements ont tenu une année environ avant de plonger au 2ème semestre 2007. Le creux de la récession est atteint il y a un an à la fin de l’année 2008, et 2009 est une  remontée assez rapide vers la normalité.

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Source: Banque de France.

Deux éléments de ce que nous appelons une crise paradoxale. La consommation des produits informatiques, numériques, de téléviseurs, ou de GPS, bref ce que l’on regroupe sous le vocable d’électronique grand public n’a enregistré qu’un faible ralentissement à la fin de 2008.

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Source: Banque de France.

Les achats de voitures neuves ont également enregistré un revers en 2008, mais l’année 2009 c’est traduite par un record des ventes (2.268.730 immatriculations), depuis 1990! Drôle de crise durant laquelle on bat des records de consommations.

Image 2Source: Banque de France.

Il reste la question du chômage qui devrait se résorber avec la remontée du taux d’utilisation des capacités de production. Mais il reste de la marge puisque la tendance vient seulement de s’inverser.

Image 3Nous nous posions la question de savoir comment appeler cette crise liée à des sommets de consommation, le nom qui s’impose donc est “la grande récession”.

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Les coûts de personnel empêchent-ils Air France de voler?

Air France-KLM souhaite économiser 120 millions d’euros par an sur le personnel navigant des réseaux courts et moyens courriers, dont 66 millions sur les pilotes, selon des informations de La Tribune reprises par Le Figaro. Pourquoi se focaliser ainsi sur les stewards, les hôtesses et les pilotes? La réponse est peut-être contenue dans un tableau paru dans le dernier numéro de Capital (n°221).

Une compagnie aérienne achète des avions. L’objectif est d’avoir une flotte aussi importante que possible pour avoir un pouvoir de négociation face à Airbus ou Boeing. Il faut ensuite la renouveler assez vite pour qu’elle soit aussi  jeune que possible. Un avion moderne permettra de réduire les coûts de carburant, les coûts de maintenance et, accessoirement de séduire la clientèle. L’étape suivante est de dessiner un réseau aussi complet que possible sans qu’il devienne trop complexe à desservir. Pour y parvenir, toutes les grandes compagnies ont noué des alliances.

Pour la taille Air France-KLM est tout à fait bien placée. Avec 649 appareils elle se retrouve juste derrière la Lufthansa (725 avions) et devant Delta Airlines (628 avions) ou American Airlines (612 avions). Du côté des alliances, la compagnie est au point avec Sky Team qui regroupe Delta Airlines, China Southern Airlines, Korean Air ou Aeroflot, entre autre.

La flotte des avions d’Air France-KLM est tout à fait honorable avec ses 10 ans de moyenne d’âge. Easy Jet (2,3 ans),  Ryannair (2,8 ans) ou Emirates font beaucoup mieux, mais les autres compagnies sont dans les mêmes eaux.

Là où les choses se compliquent très sérieusement pour la compagnie franco-néerlandaise c’est pour les coûts salariaux (dépenses de personnel en % du chiffre d’affaires en 2008):
Ryanair (Irlande): 10,7%
China Southern Airlines (Chine) : 11,3%.
Easy Jet (Royaume-Uni): 11,3%
Air China (Chine): 11,6%.
Cathay Pacific (Hong Kong): 14,8%
Emirates (Dubaï): 15,6%.
Continental Airlines (Etats-Unis): 19%.
Delta Airlines (Etats-Unis): 21%.
United Airlines (Etats-Unis): 21%.
Qantas (Australie): 21,8%.
Lufthansa (Allemagne): 22,9%.
British Airways (Royaume Uni): 24%.
Iberia (Espagne): 24,2%.
American Airlines (Etats-Unis): 25%.
Air France-KLM (France-Pays Bas): 30,4%.
Source: Capital, n°221.

Avec 30,4% contre une moyenne de 18% pour ses rivales, il y a un sérieux problème dans un monde ouvert. Faut-il le refermer? Peut-être. Encore faut-il se poser la question suivante : ce surcoût peut-il devenir un avantage? Oui, si le service est meilleur ou perçu comme tel? Oui, si la compagnie peut faire payer un prix plus élevé que ces rivales pour ce service? Oui, si ayant réussi à faire des économies dans d’autres secteurs (la maintenance par exemple, le coût du demi tour aux escales…) la compagnie se retrouve avec un niveau de service à bord supérieur et des prix identiques à ceux pratiqués par ses concurrentes?

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Un autre modèle, la Clio designed in France, made in Turkey

Les Douanes confirment que le déficit des échanges de «véhicules automobiles» a atteint 7,4 Mds€, en 2009. Le solde des équipements automobiles restant excédentaire (+2,7 Mds€), le déficit de l’industrie automobile se limite à 4,7 Mds€ l’année dernière. En 2004, Peugeot-Citroën, Renault et les équipementiers affichaient un excédent commercial de 13,1 Mds€. Pour les Douanes, les voitures viennent d’ailleurs et ça n’est pas prêt de s’arrêter : «De manière structurelle, [le déficit] tient au dynamisme persistant des importations en provenance des nouveaux Etats membres de l’Union européenne et de la Turquie, où sont produits des modèles d’entrée de gamme.» La bataille pour la Clio semble derrière nous, un combat d’arrière-garde.

L’industrie automobile passée durablement dans le rouge, il ne reste plus grand-chose à la France. Quatre secteurs industriels permettent encore de sauver la face d’une France qui se pense en puissance industrielle: l’aéronautique, la chimie, la pharmacie et l’agro-alimentaire. De l’autre côté, il ne faut pas compter sur un redressement des comptes de l’habillement et du textile ou de l’informatique. Quant à l’énergie, il faudra se montrer patient.

Evolution du commerce extérieur français par secteur industriel et par zone géographique en 2009

La question est donc de savoir si la France peut rééquilibrer son commerce extérieur. L’Allemagne montre que le déficit commercial n’est pas une fatalité, mais cela suppose un tissu industriel qui semble avoir disparu de l’Hexagone. Après, il faudra savoir où exporter et là, il faudra beaucoup d’imagination. Pour l’heure, nos échanges ne sont positifs que vers l’Afrique et le Proche-Orient. C’est peut-être à un autre modèle économique qu’il faut réfléchir… Mais lequel? La solution est peut-être en Californie, à mi-chemin entre San Francisco et Santa Cruz, à Cupertino au siège d’Apple. Où mieux, prenez un iPod, un iPhone ou n’importe quel produit Apple. C’est écrit en tout petit: Designed in California Assembled in China. L’intelligence est sur la côte est américaine, la main d’œuvre de l’autre côté du Pacifique. Les emplois sont également d’un côté et de l’autre, mais ce ne sont pas les mêmes. Cette voie suppose d’investir dans l’éducation à haute dose.

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