Le partage de la valeur ajoutée, un débat perpétuel

Bizzare, Raymond Soubie aurait, selon un témoin, enterré le débat sur le partage de la valeur ajoutée, devant des journalistes, quand le Président de la République le relançait avec les syndicats et les représentants du patronat. Nicolas Sarkozy a, en effet, une nouvelle fois demandé aux organisations syndicales et au Medef d’entamer des discussions sur le partage des richesses dans les entreprises Les Echos (15/02/2010). Il y a un an, il avait avancé l’idée d’une division en 3 tiers, avec un tiers pour les salariés, un tiers, pour le capital et un tiers pour les investissements. A la fin du mois de janvier, lors de son débat avec des Français, sur TF1, il avait encore réaffirmé sa volonté de voir ce chantier avancer.

Deux rapports officiels préconisent de ne rien faire.
En février 2009, le Président de la République a demandé au directeur général de l’Insee, Jean-Philippe Cotis, un rapport sur le partage de la richesse des entreprises. Le statisticien avait considéré la valeur ajouté qui se partage en 2/3 pour les salariés, 1/3 pour le capital pour les entreprises non financières. Un quart des entreprises consacrant 89% aux salariés, un quart n’accordant que 44% aux salariés. Personne, ne propose de ramener la part de la valeur ajouté consacrée au travail de 2/3 à 1/3. Jean-Philippe Cotis va donc chercher un autre “partage”, celui des profits “après impôts et charges d’intérêt et autres transferts”. Cette fois 7% va dans la poche des salariés des grandes entreprises, via l’intéressement et la participation, 57% permet de financer les investissements futurs et 36% va aux détenteurs du capital. Là encore, le partage en trois tiers ne paraît pertinent à aucun acteur. Le rapport Cotis est remis à Nicolas Sarkozy le 13 mai suivant. Il semble ne pas avoir été lu.

“Le partage de la valeur ajouté, sera les 35 heures de la droite.”
François Fillon tente lui aussi de trouver une solution et demande un rapport au Conseil d’analyse économique (CAE) présidé par Christian de Boissieu. L’intitulé est plus large, “Le partage des fruits de la croissance en France”, le sujet ne change pas. Conclusion très, très diplomatique : “Il apparaît aussi que certaines interventions sur la répartition de la valeur ajoutée et des profits pourraient entraîner des chocs négatifs sur les marchés d’actions, des phénomènes de délocalisation d’activités et une augmentation du chômage. Traduction: bousculer l’équilibre c’est prendre le risque de faire fuir les investisseurs, d’encourager les délocalisations et d’accroître le chômage! Perfides les économistes notent que: “Le débat actuel sur le partage de la valeur ajoutée est analogue à celui sur le partage du travail dans les années quatre-vingt-dix. (…) le partage de la valeur ajoutée, s’il se concrétisait, pourrait devenir pour la Droite ce que les 35 heures furent pour la Gauche : du malthusianisme en lieu et place de la croissance.”

“Les Français ne comprendraient pas.”
Il n’empêche, l’injonction revient. “Nicolas Sarkozy a regretté le blocage des discussions sur le partage de la valeur ajoutée dans les entreprises et demandé aux employeurs et aux syndicats de se mettre d’accord dans les trois mois, faute de quoi le gouvernement légifèrerait. “Les Français ne comprendraient pas que l’on n’avance pas“, a insisté le président de la République.” rapporte Les Echos. Le Figaro a entendu la même chose: “Le chef de l’Etat a par ailleurs donné aux partenaires sociaux «trois mois pour aboutir» sur la question du partage du profit dans l’entreprise , faute de quoi le gouvernement substituera à la négociation un projet de loi. «Le temps est venu pour les entreprises d’aborder la question du partage du profit avec leurs salariés», a déclaré [le président de la République]”.

PhDx


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