# Sans commentaire # La crise est finie ou presque…

La croissance aux Etats-Unis s’est établie à 5,7% en rythme annuel au 4° trimestre 2009. Le Département du Commerce souligne que cela représente la plus forte croissance depuis le 3° trimestre de 2003. Il s’agit du signe le plus fort qui montre que la plus importante période de récession enregistrée depuis les années 30 est terminée, selon de Département du Commerce. Nokia, Kodak, Yahoo annoncent un retour ou une forte croissance de leurs profits.

Moscou projetait de tuer Fanny Mae et Freddie Mac. La Russie aurait proposé à la Chine de vendre simultanément les participations qu’ils détenaient dans Fannie Mae et Freddie Mac, les deux organismes publics de crédits hypothécaires, au coeur de la crise des subprimes.C’est ce que révèle Hank Paulson, l’ancien secrétaire d’Etat au Trésor, dans un livre dont le Financlial Times publie des extraits. La tractation se serait déroulée à Pékin, durant les Jeux Olympiques, en août 2008. L’idée étant d’accélérer la crise qui allait emporter Lehman Brothers en septembre 2009 et provoquer un risque d’effondrement du système financier américain avec la faillite d’AIG, évité par une nationalisation de l’assureur en novembre 2009. Pékin devait finalement rejeter la proposition de Moscou.

15 banques ont été mises en failites aux Etats-Unis, au cours du mois de janvier. En 2009, 140 ont disparu. Deux ans et demi après les débuts de la crise financière aux Etats-Unis, l’agence fédérale de garantie des dépôts bancaires ( FDIC) estime que le nombre de banques en difficulté financière continue de grimper, étant à 552 au 30 septembre, contre 416 trois mois auparavant. AFP

Pour la Banque de France, le crédit redémarre . En baisse continue depuis décembre 2007, les crédits au secteur privé sont repartis à la hausse en décembre 2009: +0,2%, +2,4% en croissance annualisée sur 3 mois (CVS). Les crédit aux sociétés non financières sont également redevenus positifs: +1,7% en décembre 2009, en croissance annualisée sur trois mois. Les crédits destinés aux investissements (+5,7%) et les crédits accordés aux ménages (+6,8%) font un bond.

BMW annonce un chiffre d’affaires en baisse pour 2009 (-4,7% à 50,68 milliards d’euros), mais fera des bénéfices et voit la croissance revenir en 2010.  Les Echos.fr (29/01/10)

Jean-Pierre Jouyet et le conflit d’intérêts.
Interview aux Echos : “Henri Proglio est un grand dirigeant d’entreprise. Sa nomination est une chance pour EDF. Reste que la question du cumul de ses mandats à la tête de deux entreprises cotées peut soulever un conflit d’intérêts, notamment s’il devait y avoir rapprochement.” Les Echos (29/01/10)

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# Sans commentaire #

Carlos Ghosn promet de construire en France autant de Clio que de Clio immatriculées en France
“Nous allons produire en France au moins le nombre de Clio que nous vendons en France”, a déclaré le PDG de Renault en précisant que “c’est le cas aujourd’hui… et ce sera le cas pour la prochaine Clio”.
Bruxelles va-t-il apprécier ce geste?  Challenges.fr (28/01/10)

L’Euro au plus bas depuis juillet.
L’euro se négocie au-dessous de 1,40 dollar (28/01/10). Il était déjà passé sous ce seuil mercredi soir, pour la première fois depuis la mi-juillet 2009. La Tribune.fr (28/01/10)

France: plus forte progression de la consommation de biens durables depuis 10 ans.
En décembre, les dépenses de consommation des ménages en produits manufacturés augmentent de 2,1 % en volume*, après +0,1 % en novembre. Au quatrième trimestre, la consommation progresse ainsi de 3,0 % (après – 0,3 % au trimestre précédent). Il s’agit de la plus forte progression depuis dix ans (+3,2 % au troisième trimestre 1999). L’année 2009 se conclut sur une progression de +1,0 % en moyenne annuelle après un recul de – 0,6 % en 2008. Insee (26/01/10)

Jean-Cyril Spinetta au cœur des discussions GDF Suez-Areva.
L’ancien patron d’Air France a été simultanément administrateur de GDF Suez et président du Conseil de Surveillance d’Areva pendant que les deux groupes négociaient un rapprochement de leurs activités, remarque le cabinet OFG Recherche. Le 30 avril 2009, Jean-Cyril Spinetta remplaçait Férédéric Lemoin à la présidence du conseil de Surveillance du spécialiste du nucléaire, alors qu’il n’a quitté son siège chez GDF Suez que le 24 novembre. Les actionnaires n’en ont pas été informés.

Le rapport Roussely menaçe Lauvergeon
“Le rapport que prépare pour l’Elysée François Roussely (ex-EDF) constatera l’incapacité d’Areva à assumer son rôle de chef d’orchestre de la filière nucléaire. Il proposerait d’en revenir au schéma ancien, cycle du combustible d’un côté, chaudronnerie de l’autre. Ce qui permettrait de passer des alliances internationales plus ponctuelles et d’offrir aux clients une plus grande liberté. Dans le cadre de ce schéma, Anne Lauvergeon quitterait ses fonctions à Areva”, selon les Avants premières de Challenges.

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Un tiers pour les salariés, un tiers pour le capital… “ce serait les 35h00 de la droite”

Il faut reconnaître à Nicolas Sarkozy une certaine pugnacité. Cela va faire un an que le Président de la République répète que les bénéfices des entreprises doivent être divisés en trois parts égales : 1/3 pour les salariés, 1/3 pour les actionnaires et 1/3 pour les investissements. Cela fait un an qu’économistes, hauts fonctionnaires de Bercy, syndicalistes et patrons cherchent le sens d’un tel partage. Sans le trouver. Personne ne voit comment avancer sur une mesure jugée “ni possible ni souhaitable”. Il n’empêche Nicolas Sarkozy revient avec sa mesure toute simple : 1/3, 1/3, 1/3… Cela ressemble à “un Jour sans fin”, ce film dans lequel Bill Murray revit sans cesse la même journée… C’est l’histoire de la mesure sans fin. Elle commence le 5 février 2009 à la télévision, elle s’achève (provisoirement) à la télévision le 25 janvier 2010.

Jeudi 05 février 2009. Lors d’une intervention radiotélévisée, le chef de l’Etat aborde avec fougue la question du partage des profits des entreprises. “Le compte n’y est pas pour les salariés”, et de dénoncer “le siphonage des profits par les actionnaires”, peut-on lire dans Le Monde“Comment on arbitre entre le souhait légitime des actionnaires de gagner de l’argent avec les entreprises et la demande des salariés d’être associés aux bénéfices des entreprises dont ils ont contribué à créer la richesse ?” se demande Nicolas Sarkozy. “Cela fait bien longtemps que je pense que la règle des trois tiers est une bonne règle, a expliqué M. Sarkozy. Sur 100 de bénéfices, il devrait y en avoir 33 qui reviennent aux salariés, 33 qui vont directement dans la poche de l’actionnaire et 33 qui servent à être réinvestis dans l’entreprise.” Voilà posée la doctrine des “trois tiers”. Les partenaires sociaux doivent s’emparer du sujet et se mettre d’accord. Dans les jours qui suivent, chacun cherche à comprendre les données du problème

Mercredi 18 février. Le Président de la République convoque un sommet social et demande aux partenaires sociaux de se retrouver autour d’une table pour étudier la question des inégalités et celle de la répartition des profits. A la sortie du sommet social Laurence Parisot lâche que “les profits des entreprises doivent être divisés en deux: entre les dividendes et l’autofinancement.” Pour la présidente du Medef, les bénéfices se partagent en deux pas en trois. Devant la perplexité de ses interlocuteurs, Nicolas Sarkozy écrit au directeur général de l’Insee, Jean-Philippe Cotis, pour qu’il rédige un rapport éclairant le débat.

Jeudi 26 mars. Pour ceux qui n’auraient toujours pas saisi que le chantier des “trois tiers” est bien ouvert, Nicolas Sarkozy y revient, lors d’un déplacement à Saint-Quentin, dans l’Aisne. “Ce débat aura lieu et les résultats seront au rendez-vous”, peut-on lire dans le compte-rendu du déplacement, sur le Portail du gouvernement. Et si les partenaires sociaux n’avançaient pas assez vite, un projet de loi sera présentée à l’automne.

Jeudi 9 avril. Frédéric Lefebvre, porte-parole de l’UMP, ouvre un atelier de réflexion au sein de l’UMP, et promet des propositions pour le mois de mai et rappelle que “Nicolas Sarkozy a répété qu’à défaut d’un accord entre partenaires sociaux, un projet de loi serait présenté “à l’été“”. Soit.

Mercredi 13 mai. Le Rapport Cotis arrive enfin à l’Elysée. Que dit-il? Qu’il y a deux moyens de mesurer la part de la richesse créée par une entreprise: la valeur ajoutée et le bénéfice. La première va pour 67% aux salariés et 8,25% aux actionnaires. A l’évidence le Chef de l’Etat parle d’autre chose. Les statisticiens se penchent alors sur les profits des entreprises non financières: 57% est consacré aux investissements, 7% aux salariés (participation et intéressement) et 36% à la rémunération du capital. Difficile dans ces conditions de trouver un partage avec 1/3 pour l’investissement, 1/3 pour les salariés et 1/3 pour les actionnaires. A moins de tailler sévèrement dans les sommes consacrées aux investissements. Ce que personne, ni les syndicats, ni le patronat, ni les économistes d’ATTAC, ni les économistes libéraux ne préconisent. La règle des “trois tiers” paraît hors de propos. Luc Chatel, le porte-parole du gouvernement évoque pourtant une réunion patronat/syndicats programmée pour le 27 mai, et précise que «c’est sur la base de ces travaux et de ces propositions que le président de la République et le gouvernement seront amenés à se prononcer». Libération.fr (13/05/09).

Jeudi 14 mai. Cette fois Nicolas Sarkozy reprend la plume et écrit à Bernard Thibaut, à ses homologues et à Laurence Parisot. Il leur demande par lettre des propositions en se basant sur le Rapport Cotis. Un rendez-vous est même fixé pour le 15 juillet 2009.

Vendredi 15 mai. L’UMP brandi l’arme législative. Une proposition de loi sera déposée avant l’été…

Vendredi 29 mai. François Fillon reçoit les membres du Conseil d’analyse économique (CAE) qui semblent enterrer définitivement l’affaire. Ce groupe d’économistes chargé de conseiller le Premier Ministre, rend un rapport sans équivoque. Christian de Boissieu écrit dans l’introduction d’un texte de 124 pages intitulé “Le partage des fruits de la croissance en France” : “Il apparaît aussi que certaines interventions sur la répartition de la valeur ajoutée et des profits pourraient entraîner des chocs négatifs sur les marchés d’actions, des phénomènes de délocalisation d’activités et une augmentation du chômage. Plutôt que de contraindre le partage des profits, le rapport éclaire les potentialités de l’épargne salariale et recommande d’utiliser plus activement la fiscalité pour réduire les inégalités (…)”. Curieusement, le Portail du gouvernement ne retient qu’une photo de la réunion de Matignon, et n’en dit pas un traître mot.

Mercredi 1er Juillet. Le Chef de l’Etat reçoit à l’Elysée les partenaires sociaux pour faire le point sur la politique mise en œuvre pour lutter contre la crise. Il lance une phase de concertation syndicats-patronat qui doit durer jusqu’en octobre à propos du grand emprunt et demande des propositions concrètes pour le 15 juillet. Le compte-rendu de la réunion disponible sur le Portail du gouvernement, ne fait pas état de la règle élyséenne du partage des profits.

Mardi 07 juillet. Nicolas Sarkozy  précise à nouveau sa pensée dans une lettre adressée aux organisations syndicales et patronales.  “Il souhaite recevoir le 15 juillet, comme convenu avec les partenaires, leurs propositions sur le “partage de la valeur ajoutée“, “des profits“ et “les écart des rémunérations“”, relate le site du gouvernement.

Mercredi 15 juillet. Ce n’est pas une proposition qui arrivent à l’Elysée, mais une série de lettres. Chacun y va de sa missive. FO, la CGT, le Medef, la CGPME, la CFDT, la CCG font des propositions en ordre dispersé. L’UMP a mis sur le papier une série d’idée : “supprimer les bonus d’arrivée («golden hello ») et les retraites chapeaux, d’imposer une répartition différente pour les « surprofits » des entreprises (générés par la hausse des matières premières) ou encore de limiter davantage le nombre de mandats d’administrateur dans les sociétés cotées.” Les Echos (15/07/09). Personne n’avance la règle d’un partage égal des profits en trois parts égales.

Mercredi 16 septembre. L’été est passé et rien n’est venu, ni propositions ni loi. La chronique des “trois tiers” rebondit pourtant en septembre. Les Echos note que le Medef et les organisations représentants les salariés se sont mis d’accord sur le contenu de négociations: “la gouvernance, l’évolution des institutions représentatives du personnel (IRP), les parcours professionnels des responsables syndicaux et le partage de la valeur ajoutée.” On se donne du temps puisque le premier rendez-vous est arrêté pour le 19 octobre, avec une réunion préparatoire le 6 octobre.

Lundi 25 janvier 2010. En octobre, rien à noter. Les négociations, les propositions, les propositions de loi tout a disparu dans un immense trou noir… jusqu’à la déclaration présidentielle brève et concise du 25 janvier dernier. Question: “Pouvez-vous nous dire ou en est l’idée du partage des profits des entreprises en trois parts égales? Qui freine? Les patrons? Les syndicats? Vous?” Réponse: “Je reste attaché à cette idée. J’ai demandé au patronat et aux syndicats de se mettre d’accord sur cet objectif. S’ils n’avancent pas je serai obligé, contraint de passer par la loi.”

Un mail adressé au service de presse de l’Elysée n’a pas de réponse. Nous avons en revanche obtenu des éléments de la part du cabinet de Christine Lagarde. “Le rapport Cotis a permis de mettre à plat le constat. Notre souhait est de voir les partenaires sociaux avancer. Cela prend du temps, mais c’est un sujet sérieux et il n’est pas souhaitable de légiférer en la matière. On nous reproche le trop plein de loi…”, remarque un conseiller de la ministre de l’Economie et des Finances. La règle des “trois tiers”? “Il ne faut pas la totémiser. L’objectif est que les salariés soient davantage associés aux bénéfices des entreprises, mais c’est aux partenaires sociaux de trouver le bon équilibre.

Du côté des syndicats et du Medef on observe un silence gêné. Emmanuel Mermet, économiste à la CFDT, s’amuse de voir ressurgir une idée qui ne paraît “ni possible ni souhaitable. Ce que nous regardons c’est l’augmentation des dividendes versés aux actionnaires alors que dans le même temps les entreprises se sont endettées pour financer leurs investissements. Nous regardons la baisse du salaire nette liée à l’augmentation d’un certain nombre de charges ou encore l’augmentation des inégalités entre salariés, avec par exemple la hausse du temps partiel non choisi.” A l’entendre, le partage des trois tiers n’est pas un sujet qui vaille la peine que l’on y consacre du temps. Cela fait longtemps que le sujet était sorti de leur esprit avant d’y revenir le 25 janvier.

PhDx

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Le bêtisier d’un président de la République fâché avec les chiffres

Nicolas Sarkozy était lundi soir (25 janvier 2010), sur TF1, l’invité de Laurence Ferrari au Journal de 20h00 avant de répondre aux questions d’un panel de onze Français au cours d’une émission animée par Jean-Pierre Pernaud: Paroles de Français. Le Président de la République est fâché avec les chiffres et parfois avec les faits.

1/3 aux salariés, 1/3 aux actionnaires, 1/3 aux orties
Paroles de Français. La question est inscrite sur un écran face au Président de la République: “Pouvez-vous nous dire ou en est l’idée du partage des profits des entreprises en trois parts égales? Qui freine? Les patrons? Les syndicats? Vous?” Jean-Pierre Pernaud reformule la question du partage de “la richesse des entreprises, un tiers aux salariés, un tiers aux investissements, un tiers aux actionnaires, ça en est où…?
Réponse de Nicolas Sarkozy: “Je reste attaché à cette idée. J’ai demandé au patronat et aux syndicats de se mettre d’accord sur cet objectif. S’ils n’avancent pas je serai obligé, contraint de passer par la loi.”

# Décryptage # Le 23 février 2009, le Président de la République avait demandé un rapport à Jean-Philippe Cotis, le directeur général de l’Insee, sur le Partage de la valeur ajoutée et le partage des profits (1). La règle des trois tiers n’a pas grand sens à en croire les statisticiens de l’Insee. Depuis une vingtaine d’années le partage de la valeur ajoutée créée par les entreprises non financières se répartit de la manière suivante: 67% pour les salariés, 33% pour l’excédent brut d’exploitation, dont un quart, soit 8,25% de la valeur ajoutée va à la rémunération du capital. On peut cependant parler de recul de la rémunération des salariés dans la mesure où leur part excédait 75% au début des années 80.

A l’évidence, la règle du 1/3, 1/3, 1/3 concerne une autre mesure que de la richesse créée par les entreprises. L’Insee se penche alors sur les profits bruts en 2007: 57% étaient consacrés à l’investissement, 7% aux salariés et 36% à la rémunération du capital. Faut-il réduire la part des profits consacrée à l’investissement? Personne ne le réclame. Admettons qu’il faille trouver un équilibre dans le partage des profits entre salariés et actionnaires, on peut aboutir au découpage suivant : 22% pour les salariés, 22% pour les actionnaires et 56% pour les investissements, ou 1/4 pour les salariés, 1/4 pour les actionnaires et la moitié pour les investissements. Mais qui militera pour une baisse de 7 points de la part consacrée à la préparation de l’avenir?

Imposer de construire en France ce que l’on y vend est interdit par Bruxelles.
Paroles de Français. Nicolas Sarkozy : « Je n’accepte pas que des voitures qui sont vendues en France soient construites à l’étranger. (…) Pour la partie de la Clio-4 vendue en France, ce sera à Flins».

# Décryptage # Il faudra bien l’accepter ou quitter l’Union européenne. Il est strictement impossible et interdit par l’Union européenne d’imposer une telle règle. Volkswagen, Fiat, Skoda qui ne construisent pas de voiture en France se verraient fermer nos frontières? Fallait-il entendre que les voitures françaises vendues en France doivent être construites en France. Peugeot, Citroën et Renault seraient donc contraints de fabriquer en France ce qu’ils vendent dans l’Hexagone. C’est tout aussi impossible et expressément interdit par Bruxelles. La Commission européenne a d’ailleurs autorisé, l’an dernier, des aides de Paris à son industrie automobile en précisant que l’Etat ne pouvait avoir de telles exigences. Le gouvernement a donc accepté de ne pas imposer ce que réclame aujourd’hui le Président de la République.

Henri Proglio 27° patron français par la performance et absent du classement de la Harvard Business School
Journal de 20h00. Laurence Ferrari: “Avez-vous autorisé le cumul…”
Nicolas Sarkozy: “Je vais expliquer les choses très franchement et très simplement. Lorsque Mr Gadonneix, prédécesseur de Mr Proglio, est parti à la retraite quel a été mon souci, celui du Premier Ministre et celui du gouvernement? D’après vous? Trouver le meilleur président possible pour la deuxième entreprise de France par la capitalisation  et par l’importance, 160.000 salariés. (…) notre choix s’est porté sur Henri Proglio, qui est l’un des meilleurs chefs d’entreprise français (…) Et je regrette que personne ne parle de la qualité professionnelle exceptionnelle d’Henri Proglio.”

# Décryptage # Le classement établit chaque année par Challenges et Coface Services, une filiale de la Coface dont le métier est d’évaluer les entreprises, mesure la performance des grands patrons français. Il s’agit de mesurer la performance économique, la performance boursière d’une entreprise, de pondérer ses critères par le comportement des entreprises du même secteur et par la conjoncture… Bref, il s’agit de voir commun ils s’en sont sortis dans un contexte donné et s’ils ont fait mieux ou moins bien que leurs rivaux. Cette année Henri Proglio se retrouve à la 27° place sur 30! La Harvard Business School a quant à elle réalisé un classement des 100 meilleurs chefs d’entreprise dans le monde. Il compte quatre Français: Antoine Zacharias (ex-Vinci), Thierry Desmarest (président du Conseil d’administration de Total), Thierry Breton (ex-France Télécom) et Franck Riboud (Danone). Il est vrai que la Harvard Business Scholl privilégie la création de valeur pour les actionnaires et que de ce point de vue Henri Proglio n’est pas au top. Le jour de son introduction en bourse, le 20 novembre 2001, Veolia valait 11,4 milliards. Hier (26/01/10), le groupe leader mondial des services aux collectivités locales pesait 12 milliards d’euros. Un gain de 600 millions d’euros quand les actionnaires ont, entre-temps, remis 8 milliards au pot et touché pour 2,4 milliards de dividendes. Cela ne permet pas de parler “de qualités professionnelles exceptionnelles.”

La double présidence devient temporaire.
Journal de 20h00. Nicolas Sarkozy: “Mr Proglio n’était pas candidat. Il se trouve qu’il était président de Veolia 320.000 personnes à travers le monde, excusez du peu, dont 110.000 en France. Il nous a dit, au Premier Ministre, à la ministre de l’économie et à moi-même: “j’ai un problème, c’est un grand honneur de prendre la présidence d’EDF, mais je ne peux pas laisser tomber mes troupes mes hommes, l’entreprise comme ça. Il faut que j’assure la transition“. Nous lui avons indiqué qu’on ne peut pas être présidents exécutif de deux entreprises.” (…) Et donc il nous a demandés et je l’ai accepté, comme le Premier Ministre que, pour quelques mois, il puisse faire la transition à Veolia. (…)  Pendant quelques mois il sera président non exécutif de Veolia qui a désormais un directeur exécutif et lorsque la transition sera faite, il se consacrera à 100% à ses fonctions à EDF.”

# Décryptage # Il n’a jamais été question jusqu’à aujourd’hui d’une situation “temporaire”. Pourquoi ne pas l’avoir évoqué plus tôt? Question sans réponse. Le conflit d’intérêts, lui, était patent à partir du moment ou Henri Proglio avait mis en avant et explicité un rapprochement stratégique EDF-Veolia. Il n’y a pas a priori de conflits d’intérêts à être président d’EDF et de Veolia. Le conflit d’intérêts apparaît quand Henri Proglio prévoit de rapprocher les deux entreprises. Pour mettre en œuvre ce chantier, il allait se retrouver à négocier avec lui-même en représentant simultanément les intérêts contradictoires des actionnaires de Veolia et de ceux d’EDF. Dans un rapprochement de cette ampleur il aurait été inévitablement en but aux reproches d’actionnaires s’estimant lésés qui lui auraient donné rendez-vous devant la 11° chambre correctionnelle de Paris, celle des affaires financières. Il avait laissé entendre dans le Journal du dimanche que menant les discussions d’ordres industriels il se serait effacé quand les questions financières seraient évoquées. Il inventait une sorte de président “on and off “ alternativement présent et absent, difficilement imaginable.

Henri Proglio augmenté de 45% à EDF, voit son salaire diminuer de 30%!
Journal de 20h00. Nicolas Sarkozy: “Mr Proglio  en tant que président de Veolia gagnait 2 millions d’euros, en tant que président d’EDF il aura 1 million de fixe et 600.000 de prime. (…) C’est la 23° salaire de France pour une entreprise qui est la deuxième de France. Qu’est-ce que vous voulez que je fasse? Que je nomme quelqu’un qui n’est pas les qualités de Mr Proglio simplement pour dire qu’il a le salaire moyen. Est-ce que ça a fait polémique le salaire de Mr Gadonneix (…) qui gagnait je crois 1,3 million ou 1,4 million par an…”
Laurence Ferrari : “il a été augmenté de 45%…”
Nicolas Sarko:  “Non, Mr Proglio perd par rapport à ce qu’il gagnait comme président de Veolia. J’ajoute que Mr Proglio, après que nous en ayons parlé ne prendra pas un centime comme président du conseil de Veolia, il se contentera et c’est bien suffisant de son salaire à EDF.”

# Décryptage # Henri Proglio a gagné, en 2008, un salaire de 2,267 millions d’euros comme P-DG de Veolia. Chez EDF il a obtenu un salaire de 1,6 million d’euros quand son prédécesseur affichait un salaire de 1,1 million et pas “1,3 million ou 1,4 million”. Cela fait bien une augmentation de 45% pour le patron d’EDF. Depuis qu’il a abandonné ses 450.000 € liés à la présidence du conseil d’administration de Veolia, il enregistre bien une baisse de 30% de son salaire. Sur ce point Nicolas Sarkozy a raison. Maintenant, le salaire est en général une partie secondaire de la rémunération des grands patrons. En 2008, Henri Proglio a ainsi empoché 6 millions de revenus : 2,267 millions de salaires (fixe et variable), 3,7 millions d’euros avec la cession de stocks option et 3.050 d’avantages en nature.

PhDx

(1) “Partage de la valeur ajoutée, partage des profits et écarts de rémunérations en France” 13 mai 2009. Jean-Philippe Cotis.

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EDF doit trouver 20 Mds€, mais pas dans la poche du consommateur

EDF n’est pas une maison comme les autres. Mais alors pas du tout. Une entreprise fixe ses prix en fonction du marché, de l’offre, de la demande, de son efficacité par rapport à ses rivaux, et du prix que ses clients sont prêts à payer. EDF; elle, se tourne vers à son premier actionnaire, l’Etat (85% du capital), l’autorisation d’augmenter ses tarifs. Et la réponse est non. Forcément.

Difficile pour les pouvoirs publics de se désintéresser d’EDF qui compte 38 millions de clients, 160.000 salariés, et réalise un 63 milliards de chiffre d’affaires dans le monde. Réclamer une augmentation des tarifs a d’ailleurs coûté sa place à Pierre Gadonneix, le prédécesseur d’Henri Proglio. La bonne question est de savoir pourquoi l’hypothèse d’une hausse des tarifs revient aussi régulièrement. Parce qu’il faut bien trouver un moyen de remplir les caisses. L’entreprise doit investir une quarantaine de milliards d’euros dans la décennie qui s’ouvre. Il lui faut dégager sur cette période entre 12 et 20 Mds€, selon l’évaluation du cabinet d’analyse stratégique OFG Recherche.

Améliorer l’efficacité des centrales nulcéaires .
Pour y parvenir, EDF peut revoir le fonctionnement de sa machine nucléaire. Ses centrales ne fonctionnent pas à 100% de leur capacité. Elles sont même très loin des meilleurs. Le parc nucléaire français tourne en fait à 78% de ses capacité en 2009. Depuis le début des années 90, le parc des centrales nucléaires dans le monde a amélioré son efficacité en même temps que la sûreté des installations. En 1990, la moyenne des centrales partout autour de la planète tournait à 77% de leur capacité. Depuis l’an 2000, leur moyenne oscille autour de 86%. EDF a fait le chemin inverse. Henri Proglio l’admettait le 16 décembre dernier devant les députés de l’Office parlementaire d’évaluation des choix scientifiques : “je ne me satisfais pas du taux de disponibilité actuel. L’optimum français tourne autour de 85 %, mais a été de 78 % au cours de cette année. Nous avons donc clairement, je le confesse, des progrès à faire.”

Chaque point perdu coûte entre 200 et 300 millions d’euros par an. Henri Proglio se donne 3 ou 4 ans pour atteindre 85% de disponiblité. Cela ferait 1,4 et 2,1 Mds€ qui rentreraient chaque années dans les caisses de l’électricien. L’inconvénient c’est que cela prendra du temps.

Se concentrer sur l’Hexagone.
EDF peut aussi réduire la voilure à l’étranger. L’entreprise est aujourd’hui installée en Grande Bretagne avec une participation dans British Energy (13,2 Mds€), en Italie (3,2Mds€), aux Etats-Unis (3,6Mds€), où elle possède une participation dans Constellation qui exploite des centrale nucléaire qui tournent à 95%, voire 100%,  de leur capacité. Céder des participations, se replier sur l’Hexagone, est une option. Il y a plus de 20 Mds€ à récupérer. C’est aller à rebours de la mondialisation et renoncer à appliquer son savoir-faire en dehors des frontières.

Se centrer sur la production d’électricité.
L’entreprise peut aussi se replier sur son métier de base: la production d’électricité et céder les actifs dont elle dispose en aval. Avec le transport et la distribution d’électricité, le chauffage urbain et collectif, l’activité de trading EDF disposerait de 20Mds€. Exactement, la somme dont elle a besoin dans les prochaines années. Cela veut dire changer de stratégie.

Augmenter ses tarifs? C’est non… Reste comme solution l’augmentation des tarifs. Les Français payent  actuellement l’électricité à 34€ le MWh, augmentez le 25%, le tarif atteint 42,5€ me MWh et reste le moins cher d’Europe. Evidemment, c’est tentant et forcément les pouvoirs publics rejettent pareil solution. Retour à la case départ: J’ai besoin de 20Mds€, le les trouve où? Où vous voulez…

PhDx

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# Chronique d’une crise paradoxale # (4)

La France traverse une crise pleine de paradoxes. Nous nous attachons ici à recenser ces signes d’une crise qui enregistre un record des ventes de voitures en France.

Le marché du jouet a frisé les 3 miliards d’euros. Cela fait de la France le premier marché européen du jeu. Capital (25/01/10).

-Hermès s’apprête à lancer une marque de luxe chinoise Shang Xia, ce qui signifie “dessous-dessous”, en mandarin. Le Monde

-7 livres pour comprendre une crise parfois paradoxale. Econoclaste

En 2009, la Chine a supplanté le Japon à la deuxième place du palmarès des plus grands consommateurs de diamants, juste derrière les Etats-Unis. Matières premières (24/01/10)

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Henri Proglio dans une situation juridiquement abracadabrante

La 11° chambre correctionnelle de Paris, spécialisée dans les affaires financières, est située à gauche la Sainte Chapelle, en haut de l’escalier H. Cette indication pourra servir le jour où Henri Proglio devra s’expliquer devant d’acrimonieux petits actionnaires de Veolia ou d’EDF. Avant le petit actionnaire se contentait d’attendre sagement la fin des assemblées générales, une fois l’an, pour s’approcher du traditionnel buffet. Le buffet à souvent disparu et voilà le petit actionnaire devenu acrimonieux. Il demande réparation aux juges quand il s’estime avoir été lésé.

Deux actionnaires, un mécontent.
Pour Maître Dominique Schmidt, avocat à Paris et ancien professeur de droit à Strasbourg, il ne fait guère de doute que le président que Veolia et d’EDF devra répondre de ces décisions devant des juges.  “Le président de deux sociétés amenées à négocier des rapprochements se retrouvera inévitablement dans une situation ou il devra arrêter une décision favorable aux actionnaires de l’une des entreprises et préjudiciable aux actionnaires de l’autre. Les actionnaires de la seconde entreprise seront alors fondées à porter l’affaire devant la justice”, estime l’auteur d’une somme de 560 pages sur les conflits d’intérêts (1).

Curieusement, la notion même de conflit d’intérêts est ignorée par le droit français. “Pourquoi? on en parle pas en droit des sociétés. Notre législation des affaires est née en 1966 et à l’époque il n’en était pas question. Les organisations patronales ne voulaient pas que cela soit évoqué. La loi sur les nouvelles régulations économiques (NRE) de 2001 avait bien retenue la notion de conflits d’intérêts mais elle a été gommée en 2003. Le Medef et l’Afep ont obtenu que cela disparaisse” estime Dominique Schmidt.

Que le conflits d’intérêts ne soit pas définit en tant que tel dans le code pénal n’empêchera pas les petits actionnaires de porter plainte s’ils estiment qu’Henri Proglio lèse leurs intérêts au bénéfice des actionnaires de la maison d’en face! Le rôle du président du conseil d’administration, et des mandataires sociaux en général, administrateurs, directeur général, directeur général délégué, est en effet de défendre les intérêts des actionnaires. La question est donc de savoir si un seul homme amené à négocier le rapprochement de deux entreprises qu’il préside peut le faire en respectant simultanément les intérêts des deux parties? ” C’est une situation abracadabrantesque”, constate Dominique Schmidt.

Un patron “On and Off”.
Le week-end dernier, Henri Proglio a avancé une solution pour sortir de cette impasse. Dans le Journal du dimanche, il assurait qu’il s’occuperait de l’essentiel, “du projet industriel”, se retirant de la discussion quand viendront les questions financières. “Promis juré, il ne s’en mêlera pas”. Peut-on imaginer un négociateur mettant en place un schéma industriel, se retirant dès que l’on parle d’argent? Oui, s’il s’agit d’une affaire ponctuelle. Il est prévu que les deux camps se tournent vers un arbitre pour trouver une solution équitable. En revanche, cela semble impraticable quand ce genre de dossier revient quotidiennement sur la table. Il y aurait alors un patron pour la stratégie industrielle et un arbitre pour les aspects financiers, comme si le deuxième volet n’était pas déterminer par le premier… Un patron sur courant alternatif en quelque sorte: “On” pour la question industrielle, “Off” pour l’équation financière.

Une chose est sûre Henri Proglio a depuis quelques jours perdus de son assurance. A l’automne il s’imaginait reconstruisant la filière nucléaire. Christine Lagarde, la ministre de l’Economie, lui avait alors rappelé qu’il avait déjà fort à faire comme président d’EDF. L’hiver il n’est plus certain qu’il puisse encore longtemps s’occuper d’EDF. Au cours du week-end, Christine Lagarde et Eric Woerth ont estimé que la situation, un homme pour deux présidences, devait être transitoire… sans être plus précis.

Que choisira-t-il EDF ou Veolia? Henri Proglio est profondément et financièrement lié à la seconde. Il travaille depuis près de 40 ans chez Veolia et si il reste dans l’entreprise jusqu’à sa retraite il touchera 13,1 millions d’euros. Cela fait un double attachement.

PhDx

(1) “Les conflits d’intérêts dans la société anonyme”, Dominique Schmidt. Editions Joly (2007)

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# Sans commentaires # Henri Proglio homme de transition?

Deux ministres semblent indiquer la sortie à Henri Proglio compte des conflits d’intérêts qui ne manqueront pas d’apparaître si il conserve ses deux présidences à EDF et à Veolia. Il doit, à écouter Christine Lagarde et Eric Woerth, choisir entre EDF et Veolia. “Il ne faut pas que ça dure éternellement”, a estimé la ministre de l’Economie, dimanche à la mi-journée, sur France 2. Le ministre du Budget, Eric Woerth, a ensuite abondé dans le même sens lors de l’émission Le Grand Jury RTL-Le Figaro-LCI, en estimant que “cette situation, [elle] a pour vocation à assurer une transition”. Le Monde.

“Cette affaire est close”, estime de son côté le porte-parole de l’UMP, Frédéric Lefebvre. Le Figaro

Le Figaro, Le Parisien, 20 Minutes

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Henri Proglio président sur courant alternatif on and off

Henri Proglio a aujourd’hui une vision plus claire des risques qu’il prend en étant à la fois président du conseil d’administration de Veolia et président directeur général d’EDF. Il le dit dans le Journal du dimanche, sans le dire… C’est la règle du off. L’article, titré “Comment le PDG se défend”, est fait des propos tenus par Henri Proglio samedi après midi dans les locaux d’EDF. On peut lire qu’il était “détendu, en jean et bras de chemise”, mais les propos qu’il tient ne lui sont jamais directement attribués. C’est la règle, parfois absurde du “off the record”, en français ce n’est pas dans l’enregistrement et l’auteur des paroles pourra toujours dire: “je n’ai jamais dit cela”.

Que dit donc sans le dire Henri Proglio? Il décrit à nouveau les projets de rapprochements entre Veolia et EDF. Il parle de la voiture électrique, des certificats de CO2, de conquérir des marchés à l’international, bref, il y a du pain sur la planche. Mais l’essentiel est plus loin. un question vient probablement du ou des journalistes présents: “Alors conflits d’intérêts?” Réponse de l’intéressé qui ne dit pas son nom: “L’essentiel est le projet industriel. Et quand on passera aux questions financières, promis juré, il ne s’en mêlera pas.”

Cette petite phrase, perdue au milieu du papier, montre que la perception juridique du conflits d’intérêts, inexistante la veille, est désormais plus nette au avenue de Wagram au siège de la présidence d’EDF. Car de quoi s’agit-il? Pas de penser que l’homme est malhonnête. Ça n’est pas le cas. Ou qu’il négligerait les intérêts de l’une ou l’autre entreprise par cynisme ou cupidité. Non, la question est ailleurs. Simplement, le même homme étant à la tête de deux entreprises qui vont être amenées à négocier de nombreux dossiers, à s’échanger des participations, à construire ensemble des chantiers, les actionnaires de Veolia ou ceux d’EDF pourront aller devant les tribunaux pour se plaindre d’avoir été lésés. Comment établir que les intérêts forcément contradictoire des deux entreprises.

Les temps ont changé et un détour par le Palais de Justice de Paris, jeudi dernier, permettait de le constater. A la 11° chambre correctionnelle se retrouvait les plus grands avocats pour fixer le calendrier de l’affaire Vivendi. Juste après un trafic de cigarettes et la condamnation de deux ressortissants chinois à 84.000€ d’amende, M° Meztner, représentant Jean-Marie Messier, M° Farthouat, et une vingtaine d’avocats se pressait pour savoir quand les plaintes des petits actionnaires allaient être examinées. Des grands patrons contraints par des petits actionnaires de venir s’expliquer étaient inepte. C’est aujourd’hui possible.

Du coup, Henri Proglio risque de se retrouver dans une posture intenable au moment ou les négociations commencent entre Veolia et EDF. Sa bonne foi et sa loyauté ne sont pas en cause. Simplement, on ne peut défendre simultanément des intérêts contradictoires. En droit des affaires, le president non exécutif de Veaolia aurait pu arguer du fait qu’il se trouve au dessus de la mélée. Que son rôle se borne à administrer le conseil d’administration et que son directeur générale dirige le groupe. Cette argument semble difficilement tenable tant l’homme s’est mis en avant depuis des mois, défendant l’idée d’un rapprochement stratégique. Il a de plus commis une erreur en ne faisant pas entrer son second, Antoine Frérot, chez Veolia au conseil d’administration.

PhDx

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Henri Proglio: le conflit d’intérêts est-il évident ou évanescent?

Une gène, un silence, un sourire et puis rien. A peine avez-vous évoqué le nom de Proglio que le monde des affaires se recroqueville. Y-a-t-il conflit d’intérêts? “Vous le dites…, mais c’est off…” paraît être le plus osé. L’AFEP, un think tank proche du Medef, fait savoir, par la voix de son président Jean-Martin Folz,”qu’elle ne prend pas part au débat public”. Laurence Parisot, la présidente du Medef, ne voit rien à redire à cette situation: “Henri Proglio est Président non exécutif de Veolia. Il est devenu Président exécutif et hyper opérationnel d’EDF. Sa connaissance de Veolia, la contribution exceptionnelle et de longue durée qu’il a apportée à cette entreprise -un investissement d’une vie au service d’une entreprise- permettent de comprendre qu’il ne puisse pas quitter Veolia et ses projets de long terme subitement…”.

Daniel Lebègue, l’ancien patron de la BNP, président de l’Institut français des administrateurs (IFA) et de Transparency France, l’ONG qui se donne pour tâche de lutter contre la corruption, pèse ses mots mais dit les choses: “Il serait préférable qu’Henri Proglio quitte toute fonction au sein de Veolia, pour se soustraire à toute critique qui ne manquera pas de venir. Maintenant qu’une réponse a été apportée à la question seconde, la rémunération, il convient de régler la question principale. Les administrateurs doivent défendre l’intérêt des actionnaires de l’entreprise, comment au moment des rapprochements annoncés, monsieur Proglio pourra-t-il garantir les intérêts des actionnaires d’EDF et ceux des actionnaires de Veolia. Nous demandons aussi une disponibilité totale et là, je l’ai déjà dit, il faudrait être un surhomme pour gérer les deux entreprises. Notre avons une dernière demande à un administrateur, c’est la compétence. Mais en l’occurrence elle ne fait aucun doute.”

En dehors de Daniel Lebègue, le silence est de mise. Il faut remonter au 8 décembre pour trouver un jugement de poids. Jean-Pierre Jouyet, le président de l’Autorité des marchés financiers, présentait le 6ème rapport de l’AMF sur le gouvernement d’entreprise. Question : que pense-t-il de la double présidence ? Réponse rapportée par Challenges : “Je trouve cette situation “baroque“. Mais elle est autorisée en droit et rien n’est prévu dans le code Afep-Medef à ce sujet, ce que l’on peut d’ailleurs regretter”

Philippe Mechet directeur de la communication de Veolia, se défend de tout conflit d’intérêts : “Ce que je constate c’est que jamais il n’y a eu le moindre conflit d’intérêts entre les deux maisons EDF et Veolia. Je ne suis pas dans la fiction, les conjectures, je regarde la réalité, la situation objective de l’entreprise. Pouvez-vous me citer un seul cas? Il n’y en pas. Jamais les deux entreprises ne ce sont retrouver face à face dans un appel d’offres.” Henri Proglio risque-t-il de se retrouver dans une situation intenable vis-à-vis des actionnaires de l’une ou l’autre entreprise qui l’accuseront de ne pas avoir défendu leurs intérêts? Philippe Méchet rejette ce scénario. “Les deux entreprises ont intérêt à ce rapprochement. Prenez Dalkia, c’est exactement ce qui s’est passé, c’était du gagnant-gagnant.”

PhDx

Qu’elle soit

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