Ces patrons qui confondent la Bourse et le casino

HUNGARY-POKER/

Faut-il vendre LVMH? Oui, si l’on suit l’exemple de son PDG, qui vient de vendre en 4 opérations 150.000 actions pour un montant de 13,3 millions d’euros. Depuis le début de l’année, Antonio Belloni a réalisé une quinzaine d’opérations dont 3 exercices de stocks option et 12 cessions d’actions LVMH.

D’un côté et de l’autre, le montant est le même: 450.000 stocks option exercées et 450.000 actions LVMH vendues. Le solde des opérations? Antonio Belloni a dépensé 24,1 millions en transformant ses 450.000 stocks option et autant d’actions à un prix unitaire de 53,6€. Côté vente: les 450.000 actions ont été vendues à 88€. Soit une plus value de 15,3 millions d’euros.

Au-delà des chiffres qui peuvent donner le vertige, cette multiplication d’achats et de ventes d’actions d’une entreprise par ses propres dirigeants pose une question non résolue: comment peuvent-ils intervenir sur le marché sans soulever la suspicion de délit d’initié? L’Autorité des marchés financiers (AMF) réfléchit en ce moment même à la manière d’améliorer la réglementation pour encadrer les ventes d’actions d’une entreprise par ses propres dirigeants. La première phrase d’un récent communiqué de presse de l’AMF montre que ceux-ci se trouvent dans une situation intenable. «Les dirigeants de sociétés cotées qui souhaitent réaliser des transactions sur les titres des entreprises qu’ils dirigent sont soumis à de nombreuses obligations liées à la prévention des manquements d’initiés.»

Parier sans risque

Les  dirigeants risquent, pour l’AMF, de se retrouver en situation de «d’initiés permanents». Pour trouver une solution, un comité de réflexion a été mis en place autour de Bernard Esambert. L’ancien président de la Compagnie financière de Edmond de Rothschild et de Bolloré, a l’expérience et la distance, puisqu’il n’apparaît plus dans les conseils du CAC 40. Un rapport devrait être publié au début de l’été prochain.

Que dit la règle actuelle? Les dirigeants et les administrateurs de sociétés cotées doivent s’abstenir d’acheter ou de vendre des actions des entreprises dont ils sont responsables quand ils détiennent des informations privilégiées. Une information privilégiée est une information qui n’a pas été rendue publique et qui est susceptible de peser sur le cours de l’action. Le dirigeant ou l’administrateur se trouvent alors dans une situation privilégiée par rapport aux autres acteurs du marché, puisqu’il parie sans risque.

L’AMF, le gendarme de la bourse, dont le rôle est de veiller à l’équité des investisseurs face aux marchés financiers toutes opérations suspectes peut donner lieu à une enquête pour «manquement d’initié». Si les éléments s’avèrent probants, elle peut saisir la Commission des sanctions qui le cas échéant peut prononcer une sanction comme dans le cas de l’OPA sur Du Pareil au Même. On parle de manquement d’initié, le délit d’initié relevant du Code pénal et des tribunaux correctionnels. La question est évidemment de savoir quand un président ou un directeur général ne dispose pas d’informations privilégiées et comment il peut intervenir sur le marché sans risque.

Un élément de réflexion consiste à comparer les opérations menées par les dirigeants de deux grandes entreprises comparables. Pour les besoins d’une enquête sur la Société Générale, nous avons reconstitué l’ensemble des exercices de stock-options, des cessions ou des acquisitions d’actions menées par les dirigeants de la banque au cours des années 2007 et 2008. La comparaison avec les opérations menées par leurs homologues de la BNP paraît édifiante.

Le cas de 2007-2008

Pourquoi 2007 et 2008? Ce sont d’abord les deux premières années au cours desquelles les dirigeants d’entreprises cotées ont été tenus de déclarer l’ensemble des opérations réalisées sur les titres des entreprises dont ils ont la responsabilité. 2007 et 2008 paraissent aussi pertinentes puisque ce sont les années au cours desquelles la crise du système bancaire se développe.

La différence de comportement est vertigineuse. Michel Pébereau, président du conseil d’administration, non exécutif, de la BNP, a déposé 5 déclarations auprès de l’AMF. Si l’on ajoute trois déclarations faites par une «personne proche», on atteint 8 déclarations. Et son bilan personnel est négatif puisqu’il a investi 4,7 millions d’euros en actions BNP et qu’il en a cédé pour 2,8 millions d’euros. Il a donc investi dans la banque alors même que l’ambiance était au désengagement. Daniel Bouton, PDG de la Société Générale à l’époque, a quant à lui déposé 24 déclarations auprès de l’AMF. Du strict point de vue de l’investisseur, il fallait à l’évidence se défaire des titres Société Générale dont la valeur chute de 140€ en mai 2007 à 35€ en décembre 2008. La dégringolade n’allait pas empêcher Daniel  Bouton de réaliser une plus value de 5,2 millions d’euros.

Le calendrier est aussi instructif que les opérations elles-mêmes. Michel Pébereau acquiert des actions BNP le 15 février et le 30 novembre 2007, et cède des titres le 7 décembre de la même année. Il intervient deux fois en 2008 à dix jours d’intervalles avec une souscription de stocks-options le 20 mars et une cession 11 jours plus tard. En 2007, Daniel Bouton va intervenir à cinq reprises entre le 12 janvier et le 16 juin, pendant que la banque rachète ses propres titres sur le marché. Là encore, plaçons-nous du point de vue de l’investisseur, il s’agit d’opérations opportunes puisque le titre atteint alors son plus haut historique. En 2008, le PDG, ou son chargé d’affaires, va réaliser l’essentiel de ses opérations au cours du second semestre, entre le 3 juillet et le 6 octobre.

Il n’y a dans ces opérations rien d’illégal. L’AMF qui a pu examiner de près l’ensemble des opérations réalisées par Daniel Bouton n’a rien trouvé à redire. Elle a, en revanche, estimé que les cessions réalisées par Robert Day en janvier 2008 et celles de Jean-Pierre Mustier, huit mois plus tard, étaient entachées d’irrégularités. Pour ce dernier, le rapporteur de la Commission des sanction conclut à l’innocence de l’ancien numéro 2 de la Société Générale.

Un coup d’œil sur l’année 2009 rééquilibre quelque peu la balance, puisque Frédéric Oudéa, le successeur de Daniel Bouton à la tête de la Société Générale, n’a déposé que deux déclarations auprès de l’AMF, pour autant de souscriptions de stocks-option. A l’inverse, une certaine frénésie semble avoir saisi Michel Pébereau puisqu’il a déposé 12 déclarations et dégagé une plus value de 3,9 millions d’euros. Le champion toute catégorie des déclarations à l’AMF reste sans aucun doute possible Andreas Jacobs, administrateur d’Adecco, qui ne chôme pas puisque depuis le 1er janvier 2010, il a signé 71 déclarations!

Mais, il n’y a pas que des patrons compulsifs. Chez Danone, Franck Riboud paraît avoir opté pour des rendez-vous fixes. Le premier à la fin du mois de juin pour des opérations d’un faible montant (de 4.500 à 30.000€ l’année dernière), le second en décembre, pour les affaires sérieuses. Tout ce concentre en fait sur une journée. Le 10 décembre 2009, le patron de Danone a ainsi exercé ses stocks pour 10,3 millions et cédé pour 13,7 millions de titres, soit 3,3 millions de plus value.

PhDx

Photo: REUTERS/Laszlo Balogh

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Vincent Bolloré contrôle 90% de Bolloré

Vincent Bolloré est un capitaliste d’un type particulier. En dépit de la taille de son groupe, il conserve un côté un petit artisan. En février dernier nous racontions comment il rachetait pas à pas les actions de la Financière de l’Odet. Nous avions recensé 85 déclarations de rachat de la principale holding du groupe, sans jamais être en mesure de faire un décompte précis. Les portes parole de l’industriel refusant avec constance de répondre à nos questions.

Il fallait donc se montrer aussi patient que Vincent Bolloré. Un nouvelle déclaration vient de tomber permettant de faire un point complet. Cette fois  c’est la Compagnie de Guénolé qui vient de franchir le seuil des 5% des droits de vote. Un tableau complet permet de faire le point: Vincent Bolloré par l’intermédiaire d’une douzaine de société financière détient aujourd’hui 81% de la Financière de l’Odet. Si l’on ajoute les 10% d’Orfimar, la société de Sébastien Picciotto, l’allié de toujours, Vincent Bolloré contrôle 91% de la Financière qui pourrait prochainement quitter la cote pour devenir une holding familiale.

PhDx

Le capital de la Financière de l’Odet contrôlé par les sociétés financières liées à Vincent Bolloré

Actions

% capital

Droits de vote

% droits de vote

M. Vincent Bolloré

20

ns

30

ns

Bolloré Participations2

10

ns

20

ns

Omnium Bolloré2

10

ns

20

ns

Financière V2

10

ns

20

ns

Sofibol2

3 291 781

49,98

6 490 366

62,88

Compagnie de Guénolé2

285 929

4,34

530 464

5,14

Nord-Sumatra Investissements2

99 924[3]

1,52

0

0

Plantations des Terres Rouges2

6043

0,01

0

0

Compagnie du Cambodge2

983 7083

14,94

0

0

Financière Moncey2

324 5353

4,93

0

0

Société Industrielle et Financière de l’Artois2

327 9143

4,98

0

0

Impérial Mediterranean2

28 7503

0,44

0

0

Socfrance2

103

ns

0

0

Total Groupe Bolloré

5 343 205

81,13

7 020 920

[1] Contrôlée par Monsieur Vincent Bolloré.

[2] Sur la base d’un capital composé de 6 585 990 actions représentant 10 321 552 droits de vote, en application du 2ème alinéa de l’article 223-11 du règlement général.

[3] Actions d’autocontrôle.

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Conseils à destination des cadres bien élevés avant une garde à vue

garde-a-vue

La carte plastifiée a le même format qu’une Visa, mais en plus, elle supporte les passages en machine à laver. Il n’y a ni puce, ni piste magnétique, juste 18 recommandations, écrit en petits caractères, utiles si vous vous retrouvez en garde à vue. Suivent les coordonnées de Maître Kami Haeri du cabinet parisien August & Debouzy qui organise des séminaires concis sur les risques encourus par des cadres dirigeants, ou pas, en matière de droit pénal.

Une précision pleine de saveur pour commencer. Le policier qui mènera la garde à vue vous rappellera tous vos droits, sauf un: le droit au silence. Sur celui-ci, il gardera précisément le silence.

Pour le reste, vous pouvez faire appel à un avocat dès la première heure. Enfin, vous pouvez demander à ce que l’on joigne un proche ou un avocat. Votre interlocuteur n’est pas tenu d’y parvenir, il doit essayer. Nuance. Idem, si la garde à vue est renouvelée pour 24h00. A ce moment-là, c’est un médecin que vous pourrez solliciter. Il pourra rester une demi-heure et vous examiner sommairement et vous administrer des cachets de Nurofène ou d’Advil, selon dispo. Une fois les droits notifiés, le procureur de la République informé, les choses sérieuses démarrent avec la rédaction du PV.

Pouvez-vous me donner l’heure?

La mère de toute les recommandations est: «Ne vous laissez pas impressionner par vos interlocuteurs.» Facile à dire pour des gens sortis des meilleurs élevages de la République. Passez-vous et repassez-vous Garde à vue, avec Lino Ventura, Michel Serrault et Romy Schneider, si vous êtes né sous René Coty. Sinon, préférez tout épisode d’une quelconque série policière. A vous de choisir. On peut aussi s’abreuver de documentaires, de reportages sur l’arrestation des derniers réseaux terroristo-proxénéto-casseurs de coffres.  Ils tournent en boucle la nuit sur les chaînes de la TNT.

Vous êtes prêt? Alors une autre recommandation tombe sous le sens. (Quoique..) «Ne répondez qu’à la question posée.» Un exemple cité par Me Haeri, éclaire le propos. La question est: «Pouvez-vous me donner l’heure?» La réponse est: «Oui, je le peux.» On ne vous a pas demandé l’heure, on vous a demandé si vous aviez une connaissance de l’heure. Vous suivez?

Autre évidence: «Vous avez le droit de ne pas savoir, ou de ne pas vous souvenir.» Très compliqué pour des cadres dont le premier réflexe est de répondre à toute demande, à toute question dans un délai aussi bref que possible. Dans le cas d’une garde à vue, il faut rebooter le disque dur et introduire fissa les réponses suivantes: «Je ne sais pas, je ne me souviens pas» ou, pour faire plus sophistiqué, «je ne dispose pas en l’état des éléments qui me permettent de répondre à votre question». Mais faites attention: ce n’est pas l’oral de l’ENA, une réponse brève et factuelle fait gagner du temps à tout le monde.

Mesurer les silences

Il convient encore de «ne pas sonoriser les silences». C’est vrai entre gens bien éduqués, vous savez qu’il n’est pas convenable de laisser le silence s’installer. Et bien là, au contraire, laissez-le s’installer, prendre toute la place et laissez tourner la montre. Au bout de 48h00 max, ce sera fini. Sauf, évidemment, si vous êtes dans une affaire de terrorisme. Ça peut monter à 96h00. Mais là, en général, vous avez suivi quelques entraînements. Au bout de 48h00, la vie reprendra son cours. En principe.

Et puis attention au «off». Avant, on appelait ça la «pause cigarette». Avec l’interdiction de fumer dans les locaux publics, ça a changé, c’est devenu le «off». Le policier s’arrête de taper sur son clavier, et il paraît plus détendu, plus proche. Refermez-vous ou restez sur vos gardes. C’est le cas de le dire et de se le rentrer dans le crâne.

Une dernière chose : «Lisez attentivement le procès verbal et signez uniquement si vous êtes d’accord sur tout.» Bon, cela suppose d’avoir toute sa tête! Vous pouvez aussi faire des remarques ou faire reformuler les questions et les réponses. N’attendez pas que l’on vous remette une copie du document dans une enveloppe. Le scénario s’écrira sans vous.

Dès la sortie, appelez votre avocat pour essayer de reconstituer les tenants et les aboutissants de l’affaire. Pour cerner la ou les questions posées, vous ne serez pas le mieux placé, il vaut mieux avoir des neurones indemnes.

Quelques «recos», pour parler vite, pour une perquisition. Là, il est préférable d’avoir préparé les choses à l’avance. L’opération peut démarrer à 6h00 du matin ou avant 21h00. Si vous êtes très matinal, pas de soucis. Sinon, c’est le gardien, l’homme ou la femme de ménage, qui sera désigné comme témoin par l’officier de police judiciaire. Pas terrible, si vous voulez suivre les choses et essayer de comprendre ce que l’on vous reproche. Mieux vaut laisser un numéro de téléphone au gardien, pour dépêcher sur place l’interlocuteur qui pourra orienter les enquêteurs, ou les désorienter, comme vous voulez. En tout cas, mieux vaut qu’il comprenne ce qui se passe parce que sinon, ne comptez pas sur les enquêteurs pour être informé. Ils n’ont de compte à rendre qu’au juge d’instruction.

Ah, encore une chose, glissez la petite carte entre la Visa Premier et l’American Gold. On ne sait jamais.

PhDx

Photo: Lino Ventura et Michel Serrault dans Garde à vue, film de Claude Miller / © Collection Christophe L.

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Le CAC-40: 60 patrons, 155 millions d’euros et quelques avantages

Combien gagnent les patrons du CAC-40? 155 millions d’euros. Combien sont-ils? Une soixantaine. Qui sont-il? Des hommes. Que des hommes, zéro femmes. Et 6 étrangers, pas un de plus (deux Italiens, un Néerlandais, un Allemand, un Anglais et un Suédois). Quand à la diversité ethnique, il n’en est pas question.

Revenons au plus simple. Pour l’année 2009, ils ont gagné 155 millions d’euros. Soit, c’est beaucoup d’argent puisque cela donne une rémunération annuelle moyenne de 2,5 millions €. C’est à la fois simple et faux. 155 millions d’€ représente la somme qui leur a été versée en salaire et en stock options par l’entreprise, ou les entreprises, dont ils sont président-directeur général, directeur général, président du conseil d’administration ou président du directoire… Un exemple: Henri Proglio siège dans 36 conseils différents et préside pour quelques mois encore EDF et Veolia Environnement. Il faudrait être moine bénédictin pour faire l’addition de ses revenus. Nous ne croyons pas en l’éternité. Manque de temps.

N’oubliez pas, les avantages en nature!

Et puis l’essentiel est ailleurs. Il se trouve dans la complexité et dans les détails où, dit-on, le diable va se nicher. Pour tout un chacun, un salaire est un salaire. Là, pas du tout. Il faut compter cinq ou six rubriques possibles comme le salaire fixe, le salaire variable, le salaire exceptionnel, les stock options, les actions gratuites et les «avantages en nature». Ah, les avantages en nature, sans conteste la manière la plus touchante de payer un patron. Le montant paraît modeste puisqu’il est compris entre 2.500 et 5.500€. L’administration fiscale semble regarder ça de manière tatillonne, mais cela permet tout de même de couvrir des dépenses indispensables comme une voiture de fonction ou un téléphone portable. On imagine l’apostrophe du patron inquiet des décisions du comité des rémunérations du groupe chargé d’arrêter un chiffre: «Eh, n’oubliez pas les avantages en nature!»

Prenez Lars Olofsson, l’homme chargé de redresser les comptes de Carrefour, en même temps que le cours de Bourse. Pour l’instant, c’est pas ça, mais il a touché près de 10 millions d’euros pour l’année 2009. Faisons l’addition: 2.845.194€ pour le salaire fixe, le variable, les jetons de présence, 6.396.200€ en stock options ou actions gratuites et 3.776€ d’avantages en nature. Soit un total de 9.245.170€ et une place de numéro 1.

Une première place embarrassante

Curieusement, cette place de salarié le mieux rémunéré, doit un peu l’embarrasser puisqu’il se retrouve juste devant Bernard Arnaud, son patron. Le premier actionnaire de Carrefour affiche un revenu de 7,4millions d’€ en 2009, comme président de LVMH. Bien sûr, l’avantage de Lars Olofsson est fictif puisque Bernard Arnaud peut compter sur des revenus qui lui viennent de sociétés non cotées, comme Groupe Arnault SAS, mais tout de même, ça la fiche mal.

Pour la complexité du mode de calcul des revenus d’un patron, on peut se tourner vers Vinci. Xavier Huillard bénéficiera d’un programme d’incitation à long terme qui lui permettra de gagner: «16.600 fois la valeur de l’action Vinci pour autant que le ROCE [retour sur les capitaux investis) excède 6% et 41.500 fois la hausse de l’action Vinci constatée sur une période d’un an pour autant que la performance de l’action Vinci par rapport à celle d’un panel d’au moins 10 sociétés européennes du secteur de la construction et des concessions d’infrastructures soit au moins égale à +5%.»

Le seul créateur d’entreprise au 56° rang

Ne soyons pas injuste, il existe des patrons qui renoncent aux avantages en nature. Peu. Serge Kampf, le seul créateur de la liste, l’homme qui a sauvé l’honneur de la France dans l’informatique côté soft, avec Cap Gemini, n’a ni avantages en nature, ni stock options, ni actions gratuites, ni jetons de présence, ni rémunération exceptionnelle, et se classe au 56e rang du classement 2009. Mieux, comme les résultats n’étaient pas à la hauteur des objectifs, et que cela pesait sur la rémunération de son état-major, il a réduit la part variable de son salaire de 20%.

Bon, mais il n’y a pas un seul et unique patron vertueux dans l’Hexagone. Vingt-cinq dirigeants ont renoncé à l’attribution de stock options ou d’actions gratuites. A notre connaissance, deux autres ont abandonné la partie variable du salaire: Louis Gallois (EADS) et Frédéric Oudéa (Société Générale). Louis Gallois, le patron d’EADS, la maison-mère d’Airbus, a tiré un trait sur 1.141.250€ se contentant des 900.000€ de la partie fixe. Bien sûr la valeur des actions qui lui ont été attribué s’élève à 625.000€, et il affiche un revenu de 1,5M€. Pas de quoi pleurnicher. Mais le geste est là. L’année n’a pas été bonne pour le conglomérat européen et cela se voit dans la rémunération du boss. Et pour l’anecdote, le voilà qui passe du 20e au 43e rang du classement des patrons français. Les membres du conseil d’administration, eux, ont préféré conserver leurs jetons de présence à l’exception de Lakshmi Mittal. Pour les autres, le sacrifice était, il est vrai, difficile: chez EADS, la rémunération des administrateurs loin d’être symbolique s’élève en moyenne à 150.000€.

Des renoncements et des cumuls

Frédéric Oudéa,  le PDG de la Société Générale, a également renoncé, pour la deuxième année consécutive, à la rémunération variable et aux jetons de présence. Daniel Bouton, lui, fait une dernière apparition dans les comptes de la banque. L’ancien patron affiche 405.000€ à la rubrique Montants payés pour l’année 2009.

Il faut enfin signaler la présence de deux cumulards dans la liste des patrons du CAC-40: Henri Proglio et de Philippe Camus. Le premier devrait abandonner prochainement la présidence de Veolia pour permettre un rapprochement capitalistique avec EDF. Le second assure à la fois la fonction de co-gérant de Lagardère et de président du conseil d’administration d’Alcatel. Avec ses deux salaires, il reste pourtant au 22e rang du classement des patrons du CAC-40 avec 2,4M€. Le seul patron à travailler vraiment plus ne gagne finalement pas beaucoup plus. Ça a quelque chose de décevant, finalement.

PhDx

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Source: OFGRecherche (ofgrecherche.com)

(1) Manque à notre liste Georges Pauget (ex-Crédit Agricole, 987.040€) et Pierre Gadonneix (ex-EDF, 728.994€) qui ont quitté l’entreprise en cours d’année. Ils ont été remplacés par René Carron et Henri Proglio.

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Montpellier remporte la Ligue 1 de l’efficacité devant les buts (MàJ)

L’heure des comptes a sonné. La Ligue 1 terminée, il est temps de tirer un trait et de voir qui a gagné qui a perdu. Sportivement, Marseille, Lyon et Auxerre joueront en Ligue des champions, Le Mans, Boulogne et Grenoble descendent en Ligue 2. En dépit des apparences, il n’était pas nécessaire d’être riche cette année pour figurer en bonne place.

Montpellier (5°, 69 points) et Auxerre (3° au classement avec 71 points) démontrent qu’il est possible de rivaliser avec Lyon (2°, 72 points) ou Marseille (1°, 78 points). En termes d’efficacité économique, les petits budgets l’emportent très largement sur les gros.

Bien sûr, ce classement est contestable, comme tous les classements. Il ne prend pas en compte la Coupe de France et la Coupe de la Ligue ou les coupes européennes. Il n’empêche, il donne un certain vertige et rappelle que les 192 millions d’€ de Lyon ne garantissent rien.

Montpellier a dépensé 391.304 euros/point pour obtenir sa 5° place (69 points). Il vole la vedette à Auxerre qui termine 3° avec 71 points, soit 442.535 euros/point. A l’autre bout de la hiérarchie Lyon affiche 72 points pour 192 millions d’euros de budget. Cela revient à dépenser 2.666.666 euros pour chaque point engrangé. En termes d’efficacité économique, on fait mieux.

Les clubs les plus économes de Ligue 1 (2009-2010): Montpellier, Auxerre et Lorient

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Pour le prix de la victoire, c’est encore Montpellier qui l’emporte (20 victoires, soit 1.135.000€ la victoire) devant Auxerre (1.150.000€/victoire). Lyon, qui compte également 20 victoires, ferme la marche avec 9.600.000€ le match gagné!

Source pour les budgets : Sportune

La victoire la plus chère: Lyon, Paris et Grenoble.

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Source pour les budgets : Sportune

Combien ça coûte de marquer un but en Ligue 1? 192 millions d’€ de budget pour marquer 64 buts, cela donne  une moyenne de 3millions d’€/but à l’Olympique Lyonnais qui enlève le prix du but le plus cher de la saison 2009-2010. A l’autre bout de la hiérarchie, toujours Montpellier, qui a dépensé 27 millions pour marquer 50 buts et obtient la palme du but le moins cher (540.000€).

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Source pour les budgets : Sportune

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L’Olympique Lyonnais champion de France sur le terrain des chiffres

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Pour faire du foot, il faut un carré d’herbe, un ballon, des bancs et des joueurs. Pour monter un club de foot professionnel, la complexité est un peu supérieure. Aligner une vingtaine de joueurs d’un bon niveau réclame de l’argent, beaucoup d’argent. Leur niveau devra être assez bon pour attirer des spectateurs (1) et des téléspectateurs.

Le Document de référence 2010 de l’Olympique Lyonnais a l’avantage d’éclairer, un peu violemment, la question. Il y est question de «Trading de joueurs» (p.VIII), d’investissements et de contrôle, pas du ballon, du capital.

Une PME du CAC-40

L’OL est une PME pour le nombre de salariés (252 personnes), une entreprise intermédiaire par le chiffre d’affaires (192 millions €) ou le résultat net (5 millions €), et un groupe du CAC-40 par la notoriété. Pour les frais de personnel, nous sommes dans la stratosphère : 95millions €, soit 377.000€ par salariés. Il faut savoir que dans une entreprise lambda, cela doit  tourner autour de 60.000€ par tête.

Le chapitre  «trading des joueurs», ou commerce des joueurs, rappelle que les transferts ne sont pas des affaires de coeurs, mais de gros sous. Sur la planète foot, le commerce des joueurs aurait ainsi représenté un volume d’affaires de 1,9 milliard d’euros en 2009, contre 1,8milliard € en 2008, «et ce malgré le contexte de crise économique mondiale», est-il écrit en guise de commentaire. Même avec une croissance de 5,5%, il semble nécessaire de parler de crise. Soit.

L’Angleterre championne d’Europe des transferts

L’Angleterre reste le premier marché des transferts avec 532 millions €, devant l’Espagne (469 millions €), l’Italie (452 millions €), la France (230 millions €) et l’Allemagne (226 millions €). Et en France, le numéro un  est… l’Olympique Lyonnais avec 76,5 millions € lors du marché de l’été 2009. Ce qui place le septuple champion de France au cinquième rang en Europe derrière le Real Madrid (qui avec un volume d’affaire de 253 millions € au cours de l’été 2009 pèse plus lourd que l’ensemble de des clubs français), Manchester City (135,9 millions €), Barcelone (111,5 millions €) et le Bayern Munich (78,7 millions €).

Comment finance-t-on un budget de 192 millions €? Il existe cinq moyens: la vente de billets (22,4 millions €,  12% des recettes), la publicité (21,3 millions €, 11%), les droits TV (68,1 millions €, 35%), la vente de produits liés à la marque «OL» (27,8 millions €, 14%) et la vente de joueurs (52,4 millions €, 27%). Et tout cela dépend étroitement des résultats sportifs. Champion de France sans discontinuer pour atteindre 214 millions € en 2007. Pas de titre en 2009, et voilà 20 millions € de perdus (-7  millions € en droits TV et -10 millions € pour les produits liés à la marque). Ce qui prouve qu’une équipe qui perd (le titre) fait moins rêver et moins vendre. Et le résultat net de l’Olympique Lyonnais s’effondre carrément passant de 20 millions € en 2008 à 5  millions € en 2009. Finalement, en matière de foot business, le rêve paye. Il a même un prix.

Le rêve s’effondre, l’action aussi

Quand le supporter ne rêve plus, l’actionnaire, lui, lâche prise et s’en va. Il vend et laisse le titre glisser de 19€ en juillet 2008, la première année sans titre depuis 2002, à 9€ à la rentrée 2009, et à 7,19€ (OL Groupe, FR0010428771- OLG), aux dernières nouvelles (vendredi 7 mai 2010). Cette situation es assez injuste puisque l’OL, l’entreprise, a une situation financière plutôt florissante avec une trésorerie positive (nette de toutes dettes): +62 millions €. Maintenant, chacun le sait, le foot n’est pas affaire de gros sous, mais de coeur! Quoique…

PhDx

(1) Le classement de la Ligue 1 par l’affluence au stade (Source: LNF)

1 Olympique de Marseille 49724
2 Olympique Lyonnais 35516
3 RC Lens 33918
4 Paris Saint-Germain 33329
5 Girondins de Bordeaux 29329
6 AS Saint-Etienne 26288
7 Stade Rennais FC 22694
8 Toulouse FC 19317
9 Montpellier Hérault SC 17976
10 AS Nancy Lorraine 16268
11 LOSC Lille Métropole 14780
12 Grenoble Foot 38 13968
13 FC Sochaux-Montbéliard 13216
14 Boulogne Côte d’Opale 12140
15 Valenciennes FC 12062
16 AJ Auxerre 12018
17 FC Lorient 11978
18 Le Mans UC 72 9249
19 OGC Nice 8588
20 AS Monaco FC 7950

(2) PANORAMA FINANCIER 2008/2009
Produits des activités : 192,0 M€
Excédent Brut d’Exploitation : 45,8 M€
Résultat opérationnel courant : 7,5 M€
Résultat net (part du Groupe) : 5,1 M€
Capitaux propres : 167,8 M€
Trésorerie nette d’endettement : 62,3 M€
Effectif : 252 collaborateurs
Source : Document de référence de l’OL

Photo: Claude Puel et Ederson, le 7 avril 2010. REUTERS/Regis Duvignau

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Pour Aristote, une monnaie stable permet de fonder une communauté

Les dirigeant grecs devraient peut-être relire Aristote qui décrivait l’utilité de la monnaie dont la valeur stable et reconnue par tous permet de créer une communauté d’échanges et une communauté tout court.

Aristote “Sur la justice. Ethique à Nicomaque”.

“On peut figurer la réciprocité proportionnelle par la combinaison ou le rapprochement des termes, dans le sens de la diagonale: soit A l’architecte, B le cordonnier, C la maison, et D la chaussure (19). Sans doute faut-il que l’architecte reçoive du cordonnier l’espèce de travail que celui-ci est capable de produire, et que, de son côté, il le fasse profiter du produit de son propre travail. Si donc on commence par établir l’égalité proportionnelle, et qu’il en résulte la réciprocité de services, ce sera ce que je veux dire; autrement, il n’y aura ni égalité ni stabilité. Comme il est très possible que le travail de l’un ait plus de valeur que celui de l’autre: il faut établir l’égalité entre eux. C’est ce qui a lieu aussi dans les autres arts; car ils cesseraient d’exister si l’action et le résultat qu’elle produit n’étaient pas l’une et l’autre déterminées ou appréciées sous le rapport de la quantité, aussi bien que sous celui de la qualité.

Et , dans le fait, il ne peut pas y avoir de commerce entre deux médecins, mais bien entre un médecin et un laboureur, et, en général, entre des hommes de professions diverses, et qui ne soient pas égales; mais il y faut rétablir l’égalité.

Voilà pourquoi toutes les choses échangeables doivent, jusqu’à un certain point, pouvoir être comparées entre elles; et c’est ce qui a donné lieu à l’établissement de la monnaie, qui est comme une mesure commune, puisqu’elle sert à tout évaluer, et, par conséquent, le défaut aussi bien que l’excès: par exemple, quelle quantité de chaussures peut être égale à la valeur d’une maison, ou d’une quantité donnée d’aliments. Il faut donc qu’il y ait entre l’architecte [ou le laboureur] et le cordonnier [ou plutôt entre les profits de l’un et des autres], le même rapport qu’il y a entre une maison, ou une quantité d’aliments, et une quantité déterminée de chaussures; car, sans cela, il n’y aura ni commerce ni échange; et cela ne saurait se faire, si l’on n’établit pas, jusqu’à un certain point, l’égalité [entre les produits].

Il doit donc y avoir pour tout, comme on vient de le dire, une commune mesure; et, dans le vrai, c’est le besoin qui est le lien commun de la société: car, si les hommes n’avaient aucuns besoins, ou s’ils n’avaient pas tous des besoins semblables, il n’y aurait point d’échange, ou, du moins, il ne se ferait pas de la même manière. Par l’effet des conventions, la monnaie a été, pour ainsi dire, substituée à ce besoin; et voilà pourquoi on lui a donné le nom de νόμισμα [nomisma] parce qu’elle doit son existence à la loi, νόμῳ, [nomo], et non pas à la nature, et qu’il dépend de nous de la changer, et de lui ôter son utilité.

Or il y aura réciprocité de services, toutes les fois que l’égalité sera rétablie, en sorte que le laboureur se trouvera avec le cordonnier dans le même rapport que le travail du cordonnier avec celui du laboureur.

[1133b] C’est lorsqu’ils viennent à échanger leurs produits que ce rapport doit s’établir sous la forme de proportion : autrement, l’un des extrêmes pécherait par un double excès (20). Mais quand chacun d’eux obtient ce qui lui appartient, alors il y a égalité, et il peut y avoir commerce entre eux, parce qu’il dépend d’eux que cette égalité puisse s’établir. Soit A le laboureur, C la quantité d’aliments, B le cordonnier, D la quantité de son travail égale à la quantité d’aliments;[ il faudra que B soit à A, comme D est à C]; au lieu que, s’il n’était pas possible de régler ainsi la réciprocité, le commerce ne pourrait pas avoir lieu.

Ce qui prouve que le besoin est comme le lien unique qui maintient la société, c’est que, quand deux hommes n’ont aucun besoin l’un de l’autre, ou au moins l’un des deux, ils ne font point d’échange ; il en est de même lorsque l’un ne manque pas de ce que l’autre possède, par exemple, de vin, ce qui donnerait la possibilité à l’autre de proposer son blé. Il faut donc qu’il s’établisse une sorte d’égalité, [entre les besoins comme entre les produits]. Mais en supposant qu’aucun besoin ne se fasse sentir actuellement, l’argent est pour nous comme un garant que l’échange pourra se faire à l’avenir, si l’on est dans le cas d’y avoir recours: car il est permis à celui qui le donne, de prendre ce dont il a besoin. Au reste , l’argent lui-même est sujet aux mêmes vicissitudes [que la denrée]; car il n’a pas toujours une égale valeur: cependant il en conserve ordinairement une plus uniforme. Voilà pourquoi il convient que toutes les choses aient un prix déterminé : car de cette manière les échanges pourront toujours avoir lieu ; et ce n’est que dans ce cas qu’il y a commerce et société.

La monnaie, étant donc comme une mesure qui établit un rapport appréciable entre les choses,  les rend égales. car il n’y aurait point de société sans échange; point d’échange, sans égalité; point d’égalité, sans une commune mesure. A la vérité, il est impossible de rendre commensurables des objets entièrement différents; mais on y réussit assez exactement pour les besoins de la pratique. Il faut donc qu’il existe quelque mesure commune ; mais elle ne l’est que par supposition ou convention. Voilà pourquoi on donne à la monnaie le nom de νόμισμα [νόμος, usage, convention] ; c’est elle qui rend tous les objets commensurable puisqu’ils peuvent être évalués en monnaie.

Soit A une maison , B une somme de dix mines , C un lit : il est évident que A sera la moitié de B, si la maison est du prix de cinq mines, ou égale à ce prix. Supposons que le lit , ou C , soit la dixième partie de B ; on voit dès-lors combien de lits feront une valeur égale à celle de la maison, c’est-à-dire qu’il en faudra cinq. Il est même facile de voir que c’est ainsi que se faisaient les échanges , avant que la monnaie existât; car il importe peu qu’on échange les cinq lits contre la maison , ou contre toute autre chose qui aura la même valeur que cinq lits.”

Aristote

in “L’antiquité grecque et latine du Moyen âge” de Philippe Remacle, Philippe Renault, François-Dominique Fournier, J. P. Murcia,  Thierry Vebr, Caroline Carrat


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Meetic sort du rouge mais l’avenir n’est pas tout rose

L’amour et l’argent entretiennent des rapports un peu compliqués. Pour les mots, il y a l’inspiration poétique ou romanesque, faite de licence(s) et d’imagination, pour les chiffres il y a les comptes de Meetic. Plus brutal, mais plus précis. En tout cas, l’amour, ou la rencontre sur internet, n’est pas prêt de s’essouffler et semble échapper à toute crise. Le chiffre d’affaires de Meetic a progressé de 19% l’année dernière (158M€). Mais les rencontres, ou les approches amoureuses, se comptent en abonnés. Le groupe Meetic en compte 844.000 à travers le monde soit 209.000 de plus par rapport à 2008, soit une augmentation de 33%.

Mais tout n’est pas rose dans le ciel de la rencontre numérisée. D’abord, pour réaliser une telle croissance Meetic est allé faire ses courses à l’étranger, en prenant le contrôle de trois concurrents : DatingDirect et Match.com en Angleterre, Neu.de en Allemagne. La croissance du nombre d’abonnés vient en fait en totalité de ces acquisitions. En juin 2009, Meetic affichait 670.000 abonnés auxquels venaient s’ajouter 276.000 clients de Match.com. Résultat, sans croissance externe pas de croissance. Et surtout le nouveau venu semble un peu pingre. La revenu moyen par abonné est en effet passé de 200€ (17€/mois) à 187€ (16€/mois). Mais bon, tous comptes faits, Meetic est sorti du rouge dans lequel il était en 2008 (-6,3M€) avec un bénéfice de 12M€.

Et pour séduire un nouvel abonné ça coûte de plus en plus cher: 40€ en moyenne sur l’année, près de 60€ l’année dernière. Alors quand on le tient, on ne le lâcher pas. On s’attache. A priori, on se dit que le but du site étant de permettre à des hommes et à des femmes de se rencontrer. La rencontre faite devrait logiquement déboucher sur la perte de deux clients. Eh bien pas du tout, Meetic surveille de très très près le taux de désabonnement mensuel. Il lui a même donné un nom à éternuer, le “churn”. Et depuis 2 ans, bonne nouvelle, le churn se stabilise à 14%. C’est bien (pour l’actionnaire) et c’est pas bien (pour le client).

Quoique, le client de Meetic ne recherche pas vraiment “l’autre”, aujourd’hui il est en quête “d’autres” partenaires. On ne parle pas d’une rencontre, mais de rencontres. D’où, un espoir de croissance qui s’appuie sur trois faits : “l’accroissement du nombre de personnes vivant seules”, “un statut de célibataire assumé” et “une perception de plus en plus favorable de l’utilisation d’Internet pour nouer des rencontres amoureuses.” Dès lors, l’abonné tend à allonger son contrat avec Meetic, voire à s’installer pour longtemps. Et là tout le monde s’y retrouve, surtout Meetic.

Alors faut-il devenir actionnaire de l’amour potentiel sur le net (FR0004063097- MEET)? Peut-être, mais la lecture du document de référence 2010 n’est pas à proprement parlé encourageant. Il comporte une quinzaine de pages pour prévenir des risques que prend l’épargnant en s’approchant. Il n’y a guère qu’un domaine qui échappe à la toujours possible catastrophe à venir : l’environnement. “La nature des activités du Groupe, tant au titre des rencontres par Internet et téléphones portables, qu’au titre des événements « Live » n’entraîne pas de risques significatifs pour l’environnement.” Pour le reste entre le développement des réseaux sociaux et la troisième guerre mondiale, il faut s’accrocher.

Encore un chiffre sur l’amour internétisé. Une petite règle de trois doit nous permettre d’avoir une idée du marché en Europe. Meetic revendique 13% de l’audience (1) des sites de rencontres en Europe, il dépasse probablement le milliard d’euros.

PhDx

(1) La notion de part d’audience combine le nombre de visiteurs uniques sur un mois et le temps moyen passé chaque mois par ces mêmes visiteurs uniques. Source : Mediametrie/NetRatings, janvier 2010

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