Les rois du patin

OLYMPICS-SHORT TRACK/Le short track, en français bien de chez nous, ça donne patinage de vitesse sur piste courte. Tout un programme. Courte, la piste l’est bien. Un anneau de 111.2 mètres avalé à toute berzingue par une bande de fous furieux déguisés avec des combinaisons bien moulantes, des casques profilés, des gants en cuir et des patins fusants. Le tout dans une ambiance enfiévrée de corrida nordique orchestré à la perfection par le Léon Zitrone local et bilingue, devant un parterre certes policé mais néanmoins enthousiaste.

La mise à mort du taureau en moins, les gadins des patineurs en rab.

Il faut bien l’avouer, les chutes granguignolesques, les sorties de piste abruptes, les dérapages pas vraiment contrôlés, c’est quand même la seule excuse valable à présenter à nos précieuses paupières rendues névrotiques par le tournoiement incessant de ces purs sang moulebités coréens, chinois ou canadiens. Le malheureux petit écart de rien du tout qui vaut le droit de s’offrir un bain de siège gratuit pour ces hémorroïdes douloureuses avant de visiter le frein à main desserré les balustrades hélas bien trop rembourrées.  Puis de se relever tout piteux et de s’en prendre au connard de préparateur priapique qui a force de s’asticoter en douce en a oublié de lubrifier les patins, au crétin d’entraineur incapable de piger la tactique sournoise du japonais, au concurrent à la mine faussement innocente coupable de l’avoir fait valdinguer par une poussette aussi soudaine que retorse.

Le Short Track, c’est un peu la danse des pingouins revisitée, la chenille qui redémarre assaisonnée à la sauce polaire, une nouvelle version de la roulette russe sous-titrée en suédois. Un rodéo lancinant de cosaques sanguinaires sans peur et sans scrupule. A voir, ça reste  quand même aussi emmerdant à contempler qu’une course de Nascar avec ses bolides monotones qui jouent au jokari en un remake bétonné de Roller Ball. Sauf la course de relais. Un grand moment de bordel généralisé digne de l’ambiance foireuse d’une cour de récré à l’heure du gouter lorsque, sur la piste congelée à moins huit degrés, pas moins de seize fous du patin s’égayent en toute liberté, le temps d’une orgie de mains à la croupe, un gang bang multiracial multipliant à volonté les scènes de poussages obscènes, d’enculades effrontées, de baiser de la mort échangés au détour d’un virage vicieux.

Pour la prochaine olympiade, suffira de bétonner les balustrades pour en faire un spectacle tout à fait réjouissant.

Laurent Sagalovitch, à Vancouver

Image: Le Canadien Charles Hamelin à la mène et Jumpei Yoshizawa à la chute (en séries du 1.500m, le 13 février). REUTERS/David Gray (CANADA)

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