Hockey féminin – Tous les jours jusqu’au 23 février, finale le 26.
On ne comprend pas trop ce qui se passe dans un match de hockey mais on devine que ce qui s’y déroule est tragique. Surtout lorsqu’il s’agit de hockey féminin. Cinq joueuses de champs, emmurées dans des combinaisons spartiates et deux gardiennes harnachées comme des démineuses afghanes.
Parfois pour une raison inconnue et mystérieuse, elles s’en vont séjourner en prison le temps de se refaire une beauté, de réajuster leurs boucles d’oreilles, de remettre à l’endroit l’envers de leurs patins. C’est triste. De temps en temps, pour lui tenir compagnie et faire un brin de causette, une camarade de jeu la rejoint. Ce sont de sacrés petits bouts de femmes au visage poupin, écarlates comme des écrevisses en promotion chez Picard, qui lorsqu’elles s’asticotent à coups de crosse dans un coin de la patinoire doivent donner bien des regrets à Elisabeth Badinter d’avoir œuvré pour l’égalité des sexes.
Un match de hockey disputé aux Jeux olympiques peut être un moment fort déstabilisant. D’abord, on ne comprend pas trop pourquoi le speaker s’évertue à parler en français alors qu’un seul coup d’œil circulaire suffit à s’apercevoir qu’on doit être le seul gaulois dans la salle. Délicate attention de la part des organisateurs mais franchement c’est trop. Quelque fois, le temps suspend son vol et la sono crachote des airs populaires que reprend en chœur le public énamouré pour leurs sauvageonnes de championnes. Au choix, Joan Jett, Kalinka, le J Geils Band (la ritournelle d’interville, nanan nananan nanan) ou encore, délicieux pied de nez, les Australiens de Men at Work.
Sur la patinoire proprement dite, quatre cercles rouges gravés dans la glace vous font de l’œil. Quand ca barde, les arbitres, très classes d’ailleurs en costard noir et blanc version Juventus, piquent une grosse colère, s’époumonent dans leurs sifflets argentés et convoquent sur le champ les deux joueuses fautives avant de leur jeter en pâture le pauvre petit palet sans défense. A la mi-temps (qui s’avère être en fait un tiers temps), le responsable du tourisme local vient vous apporter une feuille dégorgeant de statistiques à faire pâlir le Monsieur Sondage de l’Elysée. Y sont répertoriés le temps passé par les joueuses à bavarder des avantages et des inconvénients de la garde à domicile des personnes âgées, celui où elles se sont tenues par les couettes en chantonnant la flûte enchantée et la durée respective consacrée à se repoudrer le nez.
N’empêche, il faut voir ces demoiselles carburant à la testostérone de contrebande filer sur le parquet comme des gazelles défoncées à l’ecstasy, partir dans des dribbles chaloupés du plus bel effet, et décocher de temps en temps des parpaings à rendre songeur Antoine Kombouaré et ses incapables ouailles retranchées comme des pleureuses au Camp des loges .
Laurent Sagalovitsch (à Vancouver)
Content, pas content? C’est ici que ça se passe: