Le 4 février 2013, l’université de Leicester a confirmé par un communiqué que les restes humains découverts en août 2012 sous un parking de la ville sont bien ceux du roi Richard III d’Angleterre (1452 – 1485). L’histoire est assez extraordinaire et prolonge celle d’un monarque plus célèbre au théâtre, grâce à la pièce de Shakespeare, que dans l’histoire. Frère du roi Edouard IV, duc de Gloucester, Richard III n’a régné que deux ans de 1483 à 1485, année de sa mort, le 22 août, sur le champ de la bataille de Bosworth, dans des conditions assez dramatiques.
La dépouille du roi fut alors inhumée dans l’église Greyfriars à Leicester, ville proche du champ de bataille. Après la disparition de cette église, au XVIe siècle, les restes de Richard III disparurent pendant 4 siècles. Jusqu’à ce qu’une équipe d’archéologues de l’université de Leicester ne parte à leur recherche. Des fouilles sous un parking de la ville révélèrent un squelette que les chercheurs ont analysé sous toutes les “coutures”. Leur verdict vient donc de tomber : il s’agit bien du squelette de Richard III. La datation au carbone 14, les analyses génétiques de l’ADN, radiologiques, morphologiques et archéologiques le confirment. Il s’agit bien des restes du dernier roi Plantagenêt, également dernier des souverains d’Angleterre à mourir sur un champ de bataille.
Que nous apprend l’analyse des archéologues sur celui qui aurait crier, avant de mourir “Trahison !”, ou bien, de façon plus théâtrale et shakespearienne : “Un cheval, un cheval ! Mon royaume pour un cheval !” ? Plus de 500 ans après sa mort, les scientifiques ont pu constater que l’ADN du squelette correspond à celui de deux de ses parents dans la lignée maternelle. Un généalogiste est en train de vérifier auprès de descendants vivants de la famille de Richard III. L’individu auquel appartenait le squelette est mort à cause d’une ou deux blessures à la tête, l’une provenant sans doute d’une épée, l’autre d’une hallebarde. Dix blessures ont été identifiées sur le squelette, dont l’une mortelle à l’arrière de la tête. Une partie du crane a été découpée.
La datation au carbone révèle que le roi avait un régime très riche en protéine, en partie provenant de poisson et fruits de mer, ce qui révèle son rang. Le squelette révèle une forte scoliose qui a pu se déclarer pendant la puberté. Richard III était connu pour être bossu. Malgré une taille de 1,72 m, le roi devait paraître sensiblement plus petit avec une épaule, celle de droite, plus haute que l’autre. Son cadavre a été victime de blessures humiliantes dont l’une provenant d’une épée ayant traversé la fesse droite. Plus étonnant pour un monarque, les chercheurs notent une corpulence mince, presque féminine, qui ne correspond guère aux canons des chevaliers de l’époque. Ils n’ont pas trouvé trace du bras atrophié dont parle Shakespeare.
Au final, le portrait post mortem de Richard III ne semble guère correspondre au personnage noir, brutal et meurtrier que Shakespeare met en scène quelque 110 ans après sa mort. Désormais, les acteurs qui interprètent le Richard III de Shakespeare auront une autre référence pour se glisser dans la peau du personnage. Certains y réfléchissent déjà.
Michel Alberganti
lire le billetDans le monde animal, l’inégalité sexuelle entre mâles et femelles est intrinsèque à la reproduction. Les premiers ont toute liberté d’aller déposer leur semence à chaque fois que l’on voudra d’eux, sans trop se soucier de la suite en général : en multipliant les aventures, ils multiplient les chances de transmettre leurs gènes, ce qui semble être une de leurs priorités dans la vie (le fameux instinct de reproduction). C’est a priori différent pour les femelles qui, une fois inséminées, ne peuvent plus répandre leurs gamètes aux quatre vents. Il n’empêche que les cas de polyandrie sont nombreux, chez les insectes, les batraciens et même les mammifères. Ainsi, si l’on met de côté le cas un peu particulier d’Homo sapiens, on peut citer l’exemple de dame putois qui s’accouple souvent avec plusieurs mâles (pas en même temps…).
Sur le plan évolutif, ce comportement tient du mystère car le bénéfice que la femelle peut en tirer n’est pas évident à mettre en lumière (si l’on part du principe que la plupart des espèces animales ne font pas cela pour le plaisir). On peut même parier que, lorsqu’un seul accouplement suffit à féconder la femelle, celle-ci a tout à perdre sur le plan énergétique à rejouer plusieurs fois à la bête à deux dos, surtout qu’elle est d’ordinaire dessous : en théorie, elle a mieux à faire de ses calories que de les dépenser en d’inutiles galipettes. Néanmoins, ce comportement existe et il doit bien avoir une raison, si ce n’est plusieurs.
Une étude européenne publiée le 23 septembre dans Science semble avoir trouvé au moins une explication. Ses auteurs sont partis de l’hypothèse selon laquelle, dans les populations animales présentant un fort taux de consanguinité, les femelles devraient multiplier les accouplements pour être sûres de trouver des mâles dont les gènes seraient suffisamment différents des leurs pour assurer une descendance viable. En effet, une trop grande proximité génétique augmente la probabilité pour que des caractéristiques délétères s’expriment. Dans leur étude, ces chercheurs ont donc créé des lignées consanguines d’un petit insecte, le tribolion rouge de la farine, qui sert souvent de modèle aux généticiens. Ils ont tout d’abord vérifié deux choses. Primo, que, dans les populations normales utilisées pour le contrôle, le nombre de partenaires des femelles (un ou plusieurs) était sans conséquence significative sur le succès reproductif. Secundo, que le poids de la consanguinité était avéré. Par rapport à leurs congénères des populations normales, les femelles des populations consanguines qui ne s’accouplaient qu’une fois présentaient bien un succès reproductif nettement affaibli.
Restait donc à s’intéresser à la dernière catégorie d’insectes : les femelles des populations consanguines pratiquant la polyandrie. Et là, les chercheurs n’ont pas été déçus : tous les indicateurs qu’ils surveillaient se sont mis à clignoter. Ces dames tribolion se sont transformées en véritables marathoniennes du sexe, allant jusqu’à y consacrer près de 40 % de leur temps soit le double de ce qui a été mesuré pour les femelles des populations de contrôle. Non seulement le temps de récupération des “consanguines” entre deux copulations étaient drastiquement réduit, mais les actes sexuels en eux-mêmes étaient plus longs, histoire d’augmenter le transfert de gamètes… Et pour ce qui est du nombre de partenaires, il montait à 17 en moyenne contre 12 pour les “filles faciles” du groupe témoin. Grâce à toute cette activité, les femelles de la population à forte consanguinité ont obtenu un succès reproductif équivalent à celles, monogames ou polygames, de la population normale. La polyandrie permet donc à la femelle de sélectionner un mâle dont les caractéristiques génétiques sont le plus compatibles avec son propre génome.
Reste à savoir ce qui conduit ces insectes à adopter ce comportement. La consanguinité a-t-elle, au fil des générations (15 en l’occurrence), rapidement sélectionné des individus à forte constitution et gros appétit sexuel ? Ou existe-t-il, dans ces populations, une alarme secrète, génétique ou épigénétique, qui pousse les femelles à multiplier les accouplements pour compenser le handicap de la consanguinité ? Quoi qu’il en soit, rien ne prouve que l’exemple des tribolions puisse être transposé à l’espèce humaine. Alors, si votre épouse vous apprend qu’elle vous a trompé avec tous vos copains de l’équipe de rugby, ne commencez pas à suspecter vos beaux-parents d’avoir fait un mariage consanguin…
Pierre Barthélémy
lire le billet– Déjà constatée depuis plusieurs années, la migration des espèces animales et végétales vers des latitudes ou des altitudes plus élevées, sous l’effet du réchauffement climatique, s’effectue à une vitesse plus importante que ce que l’on croyait. Un constat dû à l’analyse de données portant sur plusieurs centaines d’espèces, publiée dans Science.
– Il y a quelques jours, Kazuma Obara est devenu le premier photojournaliste à pouvoir entrer dans la centrale nucléaire japonaise de Fukushima. Son reportage est à voir sur le site du Guardian.
– Une équipe américaine avait recréé des cœurs de rats en remplissant de cellules souches un “squelette” cardiaque entièrement décellularisé. Elle tente désormais la même chose avec des cœurs humains. La médecine régénératrice est une discipline qui explose.
– Des astronomes américains ont découvert une étrange planète extra-solaire, plus sombre que du charbon.
– En combinant les données de plusieurs satellites, une équipe de chercheurs vient de publier la première carte complète de l’écoulement des glaciers en Antarctique.
– Dans l’Antiquité, certains Egyptiens utilisaient déjà du gel pour maintenir leurs cheveux…
– Vos vieux DVD commencent à ne plus fonctionner, victimes de l’usure ou de la chaleur ? Vous pouvez désormais graver vos films de vacances sur des DVD qui dureront mille ans…
– Pour finir : la génétique va-t-elle enfin intéresser les trafiquants de drogue ? On le saura bientôt puisque le génome du cannabis vient d’être séquencé. Précisons que l’idée principale de ce séquençage est de travailler sur les vertus thérapeutiques de la plante…
Pierre Barthélémy
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De quoi souffrait Joseph Merrick (photo ci-dessus), qui a inspiré le célèbre film de David Lynch, Elephant Man
? Après avoir écarté l’hypothèse de l’éléphantiasis et celles de la neurofibromatose de type I, les chercheurs pensent aujourd’hui que l’homme qui, pendant des années, vécut l’existence dégradante de phénomène de foire, était atteint du syndrome de Protée. C’est une maladie très rare, qui ne touche que quelques centaines de personnes de par le monde et se caractérise par des excroissances, souvent asymétriques, de tissus de toutes sortes (os, peau, graisses, tissu conjonctif, etc.), des mégadactylies, des anomalies vertébrales ainsi que des malformations vasculaires.
Après une longue enquête, la cause de ce syndrome grave et invalidant vient d’être identifiée et révélée dans une étude internationale signée par une quarantaine de chercheurs et publiée le 27 juillet dans The New England Journal of Medicine. L’hypothèse d’un gène défectueux a été avancée depuis longtemps mais son identification a posé de nombreux problèmes. La rareté de la maladie et le fait qu’on ne la trouve pas dans les lignées familiales sont les plus évidents. On connaît par exemple le cas de deux vrais jumeaux dont un est victime du syndrome de Protée et l’autre pas. Autre difficulté, l’affection semble avoir une structure dite en mosaïque : certaines cellules des patients sont saines et d’autres porteuses de la mutation génétique. La raison tient probablement au fait que la mutation surgit in utero dans quelques cellules de l’embryon et ne touche par la suite que les parties du corps originaires de ces cellules mutantes.
Les chercheurs ont donc dû prélever, sur six patients, des cellules dans les zones visiblement touchées et d’autres dans les régions a priori dénuées de problèmes. Ils ont ensuite séquencé les parties de l’ADN qui codent pour les protéines et chercher les différences. Des comparaisons ont aussi eu lieu avec d’autres malades et des individus sains. A l’arrivée, ils se sont aperçus qu’une “faute de frappe” dans le gène AKT1 se retrouvait dans les cellules touchées et était absente des cellules saines. Cette unique mutation, dans un gène qui code pour une protéine participant au contrôle du cycle cellulaire et à la croissance, semblent suractiver ladite protéine. Le gène en question est connu des chercheurs car il est impliqué dans certains cancers et des médicaments ont été conçus pour cibler la protéine qu’il fait fabriquer. Toute la difficulté d’un éventuel traitement consistera à réguler cette protéine uniquement dans les cellules malades sans toucher à son expression dans les cellules saines.
Maintenant que la cause de la maladie est identifiée, il est enfin temps de s’intéresser de nouveau à Joseph Merrick, mort en 1890 à l’âge de 27 ans, probablement en raison de l’hypertrophie de sa tête. En effet, on n’a toujours pas l’assurance que ce patient célèbre souffrait bien du syndrome de Protée, dont il fait pourtant figure d’archétype. Pour résoudre une énigme scientifique vieille de plus d’un siècle, l’équipe de chercheurs a obtenu l’autorisation de travailler sur des échantillons provenant de son squelette qui a été conservé au Royal London Hospital. Toute la difficulté sera de trouver du matériel génétique non dégradé par le temps. Une première tentative a échoué, rapporte Science sur son site Internet, car l’ADN était trop fragmenté pour “parler”. Mais les scientifiques ne veulent pas s’arrêter si près du but et comptent bien renouveler rapidement l’expérience. Pour refermer définitivement un des dossiers médicaux les plus célèbres de l’histoire.
Pierre Barthélémy
lire le billetRares sont celles et ceux qui n’ont jamais reçu de pourriel pour telle petite pilule bleue à effet turgescent ou telle méthode pour augmenter la taille du pénis. C’est à croire que la Terre ne tourne pas autour du Soleil mais autour du membre viril (et je ne parle ici ni de l’affaire DSK, ni des mariages princiers, ni des grossesses présidentielles). Comme je suppute qu’il y a dans cet organe de quoi en intéresser plus d’un(e) et que, visiblement, la taille semble avoir son importance, voici un petit truc scientifique pour se donner une idée de la chose sans baisser culotte.
Tout tient dans la main. Dit comme ça, on a sans doute l’impression que je vais me lancer dans quelque apologie de l’onanisme. Non, ce que je veux dire, c’est que la main donne des indices sur la taille du pénis. Contrairement à ce que les chiromanciennes espèrent, rien ne se lit dans les lignes de la main car dans “ligne de vie”, vie s’écrit avec un “e” au bout et non pas avec un “t”. Autre cliché déçu : on n’apprendra rien non plus en mesurant le majeur tendu. Il faut plutôt s’intéresser aux deux doigts qui l’encadrent, l’index et l’annulaire, et plus précisément au rapport entre leurs deux longueurs (taille de l’index divisée par celle de l’annulaire). En effet, depuis la publication d’une étude en 1998, on pense que ce ratio digital est corrélé aux hormones sexuelles. Dès le XIXe siècle, les médecins avaient noté que ce rapport était plus faible chez les hommes que chez les femmes : les mâles de l’espèce Homo sapiens ont, beaucoup plus souvent que leurs compagnes, l’index nettement plus court que l’annulaire. Ce dimorphisme sexuel est déjà présent in utero. Les chercheurs estiment, sans en être complètement certains, qu’il pourrait s’agir là d’un indice du taux d’exposition prénatale aux androgènes. Pour le dire clairement, ils pensent que plus le fœtus a fabriqué d’hormones androgènes, plus cela se verra dans le rapport entre ces deux doigts. En effet, le développement des membres (y compris celui des doigts et des orteils) est contrôlé par les mêmes gènes que ceux qui s’occupent du développement du système génital.
Et la taille du pénis dans tout cela ? Dans une étude qui paraît ce lundi 4 juillet dans la revue Asian Journal of Andrology, une équipe de chercheurs sud-coréens montre qu’une corrélation existe entre la longueur du sexe masculin et ce ratio digital. Plus la différence entre les deux doigts est marquée, plus le pénis est grand en moyenne. A l’inverse, si l’index a tendance à rivaliser avec l’annulaire, le sexe sera en moyenne plus petit. Les auteurs de l’étude ont travaillé sur la longueur du sexe au repos (flaccide pour les puristes) et sur celle du sexe “étiré”. La mesure du pénis étiré permet en effet d’avoir une bonne estimation de la taille du sexe en érection. Pour les curieux qui s’interrogent sur les conditions de l’expérience, je précise que les cobayes étaient des hommes venant se faire opérer à l’hôpital. On leur a demandé s’ils étaient d’accord pour que l’on procède à cette “manipulation” une fois anesthésiés. 144 ont donné leur consentement, prêts à payer de leur personne pour l’avancement de la science… On a également mesuré leur ratio digital sur la main droite qui, pour une raison encore inconnue, montre des différences plus marquées que la main gauche.
A celles et ceux à qui l’objet de ce billet importe et qui veulent passer à la pratique, je propose donc un petit exercice avec des photos de personnages anonymes que j’ai sélectionnées sur la Toile. Pour le sérieux de l’expérience et qu’il n’y ait pas de biais lié à l’origine ethnique, j’ai choisi des hommes que les Américains qualifient de “caucasiens”. Munissez-vous donc d’une règle et d’une calculatrice, et dites-moi lequel de ces messieurs est, en théorie, le mieux pourvu par la Nature…
S’agit-il de B, qui n’a pas l’air d’avoir bien compris l’expérience ?
Ou s’agit-il de C (une seule main suffira, cher Monsieur, vous n’avez qu’un pénis, non ?) ?
Pierre Barthélémy
lire le billet– Une étude publiée par PLoS Medicine montre que, dans au moins neuf cas, les médecins du camp militaire de Guantanamo ont fermé les yeux sur la torture pratiquée par les militaires américains sur leurs détenus.
– Une actualité chassant l’autre, on parle nettement moins ces jours-ci des problèmes nucléaires nippons. Pourtant, le Japon vient d’annoncer la fermeture définitive d’une autre centrale que celle de Fukushima, en raison de trop grands risques sismiques.
– Après s’être installés sur les toits, les panneaux solaires pourraient bientôt tapisser lacs et étangs, nous apprend Le Monde.
– L’expérience a été conçue en 1959 mais c’est seulement cette année que l’on a pu mesurer , grâce à la sonde Gravity Probe B, que, conformément aux prédictions de la relativité générale d’Einstein, la rotation de la Terre sur elle-même entraînait l’espace-temps avec elle.
– Alors que, cette semaine, beaucoup de journaux people reviennent sur le mariage princier britannique, Faye Flam, sur son blog “Planet of the Apes”, explique pourquoi il est bon qu’un membre d’une famille royale européenne épouse une roturière : cela va apporter de la diversité génétique dans le club des têtes couronnées, qui a souvent été victime des effets de la consanguinité…
– Autre histoire de génétique : si les éléphants d’Afrique et d’Asie ont des défenses de plus en plus petites, voire plus de défenses du tout, c’est peut-être en raison de la pression de sélection exercée par les chasseurs et les braconniers, qui tuent majoritairement les animaux portant le plus d’ivoire.
– Le pays des singes peut être touchant, comme le montre ce joli portfolio du photographe allemand Volker Gutgesell. Il peut aussi être effrayant comme le prouve ce billet de Matt Walker, de BBC Nature Online, qui rapporte plusieurs cas d’infanticides suivis de cannibalisme chez nos cousins primates…
– Time passe en revue les 20 phrases qu’on entend le plus sur les grossesses (sexe du bébé et forme du ventre, manger ou non du saumon fumé, prendre l’avion ou pas, etc.) et vous dit s’il s’agit d’info ou d’intox.
– Pour finir, je ne résiste pas à la tentation de vous parler du premier arbre phylogénétique des personnages d’Heroic Fantasy (un souvenir ému de mes parties de Donjons et Dragons remonte à la surface…), où l’on voit notamment que les fées ne sont pas si éloignées que cela des vampires et que les hobbits ont plus de liens de parenté avec les ogres qu’avec les humains.
Pierre Barthélémy
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J’avais remarqué l’info dans les Lu, Vu & Entendu de Slate.fr, sans y accorder plus d’importance que cela : on aurait découvert un gène de l’infidélité et du “petit coup d’un soir bonsoir”. Je me suis dit : “Encore une ânerie” et j’ai tourné une page dans mon cerveau. Puis l’info est revenue ailleurs, notamment sur des sites anglo-saxons, qui titraient sur le “slut gene”, littéralement “le gène de la salope” (là, là, là, là, là, etc). Cette fois-ci, au lieu de tourner une nouvelle fois la page, j’ai fait “pause”. Depuis que je fais ce métier, combien de fois ai-je vu ce genre d’information, le gène du comportement bidule, de l’habitude machin ? La réponse est : beaucoup. Au point que l’idée du “Tout est inscrit dans les gènes” s’est petit à petit gravée dans les esprits.
Et c’est bien pratique. Donc, vous êtes une traînée (mais je rassure les femmes, ça marche aussi chez les hommes) ? C’est génétique. Vous êtes alcoolique ? C”est génétique. Vous êtes un délinquant violent ? C’est génétique. Vous êtes gay (désolé pour l’amalgame…) ? C’est génétique. Vous croyez en Dieu ? C’est génétique. Vous aimez prendre des risques financiers ? C’est génétique. Vous êtes de gauche ? C’est génétique. Vous êtes une grande danseuse ? C’est génétique. Vous êtes déprimé ? C’est génétique. Donc, si vous êtes un délinquant alcoolique homosexuel religieux de gauche dépressif infidéle et bon danseur, ça s’explique, c’est génétique. De la même manière, il y a des chances que vos gènes vous disent pourquoi vous êtes un honnête citoyen sobre athée hétérosexuel de droite fidèle joyeux qui écrase les pieds de tout le monde en dansant la rumba…
J’imagine qu’un jour prochain, on trouvera le gène qui explique pourquoi on croit au tout génétique. Et je parie que ce gène est présent chez bien des personnages importants. Qui, en effet, a dit, en 2007, juste avant de devenir président de la République (zut, la réponse est dans la question…) : “J’inclinerais, pour ma part, à penser qu’on naît pédophile, et c’est d’ailleurs un problème que nous ne sachions soigner cette pathologie. Il y a 1 200 ou 1 300 jeunes qui se suicident en France chaque année, ce n’est pas parce que leurs parents s’en sont mal occupés ! Mais parce que, génétiquement, ils avaient une fragilité, une douleur préalable.” Dans un genre un peu différent mais tout aussi symbolique, il est revenu à ma mémoire ce procès en Italie, en 2009, au cours duquel un assassin a bénéficié de circonstances atténuantes en raison d’une “vulnérabilité génétique” pouvant le mener à la violence.
Loin de moi l’idée de vouloir jeter la pierre à la génétique, qui a permis de comprendre ce qui causait un certain nombre de graves maladies dont les plus connues sont la myopathie de Duchenne, l’hémophilie, la mucoviscidose ou les différentes formes de trisomie. Simplement, une chose est d’identifier un gène défaillant ou un chromosome surnuméraire et une autre est de mettre le doigt sur un gène corrélé avec tel ou tel comportement. La mécanique inexorable qui est à l’œuvre dans le premier cas ne se retrouve pas dans le second. Il n’y a pas d’automaticité, pas de fatalité, et il arrive aussi souvent que des personnes présentent un comportement particulier sans avoir le gène qui lui est soi-disant relié. Les chercheurs travaillant sur ces “liens” (qui ne sont pas forcément des liens de cause à effet) prennent en général beaucoup de pincettes pour expliquer que le gène qu’ils ont identifié augmente, sous certaines conditions environnementales ou socio-éducatives, la probabilité pour que la personne adopte le comportement en question…
Malheureusement, ces précautions de langage disparaissent souvent dans les comptes-rendus des médias ou dans l’assimilation des notions par le grand public. Alimentée par des articles sensationnalistes, la dictature du gène a finalement gagné bien des esprits, comme une version moderne de la phrénologie qui, au XIXe siècle, expliquait les “caractères” par le relief du crâne (la fameuse “bosse des maths”…) . Aujourd’hui, pour justifier ou comprendre les comportements, on met de côté le libre arbitre, l’éducation, les influences culturelles ou sociales, au profit d’un déterminisme génétique. Bienvenue à Gattaca, le monde où les “défauts” sont inscrits dans l’ADN, où l’homme ne peut transcender la somme de ses informations génétiques. Un monde où certains de mes confrères titrent sur le “gène de la salope”.
Je me souviens qu’un rédacteur en chef m’a un jour demandé d’écrire un article sur “le gène de Dieu”, qui aurait expliqué le sentiment religieux. Enervé, je lui ai un peu sèchement rétorqué que j’attendrais que l’on identifie d’abord le gène de la connerie. Quelques années plus tard, ce dernier échappe toujours aux chercheurs. Peut-être craignent-ils de le trouver chez tout le monde ?
Pierre Barthélémy
– C’est Uranus que vous pouvez voir sur la photo ci-dessus. Il se pourrait bien que cette planète gazeuse ait joué à la boule de flipper lors de la jeunesse du système solaire, à une époque où les orbites des planètes n’étaient pas aussi stables qu’aujourd’hui.
– Le site LiveScience dresse le palmarès des 10 maladies les plus mystérieuses. En tout cas de celles qui résistent le mieux aux efforts des chercheurs.
– Des chercheurs californiens ont annoncé qu’ils allaient commencer la fabrication d’un prototype de rein artificiel implantable, ce afin d’éviter les dialyses et de réduire les listes d’attente des personnes en attente d’une greffe. Les premiers essais cliniques sont prévus d’ici cinq à sept ans.
– Une rafraîchissante mise au point sur la manière dont la génétique fonctionne, pour remettre à leur place certains confrères qui n’hésitent pas à titrer sur la découverte du gène de la religiosité ou de l’intelligence…
– C’est la course au génome du chocolat. Deux équipes concurrentes (une des deux travaille notamment pour la firme Mars Inc., qui fabrique les fameuses barres chocolatées du même nom) ont annoncé avoir achevé les travaux préliminaires. L’idée consistera à étudier le génome pour mettre au point des variétés résistantes aux maladies.
– Ce lundi 20 septembre, la très solennelle Académie des sciences débat des sciences du climat. Pour savoir s’il s’agit vraiment de sciences, ce que conteste Claude Allègre ? Le Monde nous apprend que ce débat se fera à huis clos… une pratique ridicule à l’heure de Twitter. La suite d’une guéguerre picrocholine d’arrière-garde sur le sujet du réchauffement climatique, dans un lieu qui, malheureusement, fait de moins en moins autorité dans le monde scientifique.
– Il y en a, en tout cas, qui sont contents du réchauffement climatique : ce sont des archéologues norvégiens à qui la fonte des glaciers permet d’explorer des terrains qu’occupaient les ancêtres des Vikings.
– Alors que les navettes spatiales américaines s’en vont doucement mais sûrement vers la retraite, une flopée de constructeurs privés se jettent sur le créneau du transport de cargaisons et d’équipages dans l’espace. Mais, étant donné que la demande est tout de même très limitée, ne va-t-on pas assister, après l’explosion des bulles Internet, immobilière et financière, à l’explosion d’une bulle spatiale ?
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : la semaine dernière, Globule et télescope a accueilli son cent millième visiteur. Celui-ci n’a pas gagné de voiture ni de grille-pain mais une invitation à revenir. Le billet sur le goût de la chair humaine a battu tous les (jeunes) records du blog, plus de 30 000 personnes l’ayant lu… Un grand merci à tous et si ce que j’écris vous plaît, n’hésitez pas à parler du Globule autour de vous !
lire le billet– Vous avez été amputé d’un membre ou bien votre muscle cardiaque a été abîmé après un infarctus ? Pas grave, vous répondra votre médecin dans quelques décennies ou quelques siècles. On va les faire repousser. La régénération arrive et c’est le New York Times qui en parle.
– Le pire des effets du réchauffement climatique pour la Nature pourrait bien être… la manière dont l’humanité réagira à ce même réchauffement, explique un article du site Science Centric. Ce qui ne signifie évidemment pas qu’il ne faut rien faire mais que nous dev(r)ons, avant d’agir, bien peser les conséquences de notre adaptation au changement climatique.
– C’est une surprise génétique. Les éponges, qui sont de bons candidats au titre de plus anciens organismes multicellulaires sur cette Terre puisque leurs premiers représentants vivaient il y a au moins 635 millions d’années, ont un génome étonnamment complexe, assez proche du nôtre tout compte fait. Il vient d’être décrypté et publié dans Nature.
– Tout amoureux de BD revoit cette planche de On a marché sur la Lune dans laquelle Tintin glisse sur de la glace lunaire. Un des grands dadas des planétologues est de chercher de l’eau (indispensable à la vie) sur notre satellite. Et, depuis des années, les journalistes scientifiques suivent cette affaire en tournant la tête à droite puis à gauche, comme le public dans un match de tennis. Une fois l’eau est là, une autre fois elle n’y est plus. Le dernier coup, présenté par la revue Nature, vient du côté des “pas d’eau”.
– Si les championnats d’Europe d’athlétisme sont terminés, la saison des meetings bat encore son plein. On s’est beaucoup intéressé aux sprinters et aussi, sur Slate.fr, aux lanceurs de poids. Mais il y a une chose dont Yannick Cochennec ne vous a pas parlé : l’angle du lancer. A priori, le meilleur angle théorique est de 45°. Dans les faits, les meilleurs résultats sont obtenus avec des angles un peu plus aigus. Sur son blog, Nicola Guttridge explique pourquoi. Ce n’est pas une question de physique mais de physiologie.
Pierre Barthélémy
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