La sélection du Globule #68

– La Thaïlande est confrontée aux pires inondations de son histoire récente. Plusieurs articles sur lemonde.fr. Et un portfolio sur cyberpresse.ca.

– Le sud de la France souffre toujours de la sécheresse alors que l’automne est déjà bien entamé. Le déficit en précipitations menace les cultures hivernales et l’alimentation du bétail.

Toujours dans le même ordre d’idées, le réchauffement climatique (que vient de confirmer une nouvelle étude) se fait de plus en plus sentir sur les réserves d’eau potable.

Pour la première fois de sa longue histoire, la fusée russe Soyouz est partie depuis Kourou, en Guyane. Elle a mis sur orbite les deux premiers satellites de la constellation Galileo, qui se veut le concurrent américain du GPS.

Des astronomes pensent avoir détecté une pluie de comètes sur une planète tournant autour d’une étoile jeune de la constellation du Corbeau. Les comètes, chargées de glace, ayant apporté une partie de son eau à la Terre, une nouvelle planète bleue est-elle en train de naître à 59 années-lumière de nous ?

Les guerres du troisième millénaire se feront-elles sans verser le sang et en se contentant de détruire, par des chocs électromagnétiques, l’électronique des blindés, des avions et des missiles ? Certains y pensent et y travaillent, explique The Economist.

– L’art de préparer les pigments pour les peintures a au moins 100 000 ans, si l’on en croit la découverte d’un “atelier” consacré à cet effet dans une grotte sud-africaine.

Je ne résiste pas au plaisir, un peu puéril, de vous parler de cet Irlandais qui, au cours d’une expérience où il tentait de transformer ses excréments en or, a mis le feu à son appartement. Résultat : trois mois de prison pour avoir mis la vie d’autres personnes en danger et pour les dégâts causés. L’alchimie est un art aussi difficile qu’incompris…

Ah, au fait, l’Apocalypse n’a apparemment pas eu lieu. Harold Camping, qui l’avait prédite pour le mois de mai puis pour le 21 octobre s’est encore trompé. Va-t-il réviser une nouvelle fois ses calculs ?

Pour finir : ma chronique “Improbablologie” de cette semaine dans Le Monde tente de répondre à une question fondamentale : quelle barre chocolatée ferait le meilleur os ? Je ne vous dis que ça.

Pierre Barthélémy

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Du chocolat pour mesurer les testicules

Non, la photo ci-dessus ne représente pas un chapelet. Il s’agit d’un orchidomètre. Cela n’a pas non plus de rapport avec les orchidées si ce n’est que la racine grecque des deux mots est la même : orchis, qui signifie testicule (les tubercules souterrains de certaines orchidées présentent cette forme de coucougnette). L’orchidomètre ne sert donc ni à calibrer des fleurs ni à compter les “Je vous salue Marie” mais à mesurer la taille des gonades masculines. Surnommé “couilles de Prader” en hommage au médecin suisse qui l’a introduit, cet instrument doté de perles ovoïdes de différentes tailles permet d’évaluer le volume des testicules, ce qui est utile dans certaines affections mais aussi pour surveiller la puberté des adolescents.

Comme le fait remarquer un très savoureux petit article britannique publié en 2001 dans le fort sérieux British Medical Journal (BMJ), l’orchidomètre coûte horriblement cher (plusieurs dizaines de livres sterling) pour ce qu’il est. Par ailleurs, la chose a une fâcheuse tendance à se perdre et à être en rupture de stock lorsqu’on veut en commander une. Les deux auteurs principaux de cette étude, endocrinologues de profession dans un hôpital de Liverpool, ont découvert par hasard que deux chocolats, le Maltesers Teaser et le Galaxy Truffle, présentaient exactement la même forme et le même volume que la perle de 8 millilitres figurant au milieu de l’orchidomètre (voir photo ci-dessous). Sans se prendre le moins du monde au sérieux, ces médecins se sont dit qu’ils pourraient faire faire des économies au système de santé britannique en s’équipant de chocolats. A condition toutefois que ces derniers soient aussi fiables qu’un véritable orchidomètre.

Pour le savoir, ils ont donc testé leur nouvel instrument, tout d’abord auprès de collègues. Après avoir eu les yeux bandés, cinq pédiatres ont pris dans une main soit une friandise emballés soit la perle de 8 ml entourée du même papier, et, dans l’autre main, les autres perles d’un orchidomètre, avec pour mission de dire si elles étaient plus petites ou plus grandes que leur échantillon. Les auteurs précisent : “De véritables testicules n’ont pas été utilisés car l’image de la profession médicale est déjà assez mauvaise comme ça.” La mission a été parfaitement remplie à chaque fois, ce qui sous-entend que, pour ce qui est du volume, le chocolat pourrait très bien remplacer la perle en question.

Puis, poursuit l’étude, il a fallu vérifier la résistance de l’orchidomètre de substitution aux contraintes physiques typiques rencontrées dans un hôpital de Liverpool. Les friandises ont donc subi… un coup de marteau (pour la résistance au choc) et un tour au sauna (pour la résistance à la température en milieu hospitalier). Visiblement, c’était un peu trop pour elles :“La perle de l’orchidomètre a survécu aux deux tests alors que les Teasers ont cédé au premier coup de marteau et abîmé un peignoir en excellent état”… Cela dit, les chocolats présentent d’indéniables atouts par rapport aux perles en bois ou en plastique. “L’aptitude à venir en aide au personnel affaibli par la faim au terme d’une longue garde est un bonus important pour tout élément d’équipement médical.” Restait à prouver la comestibilité desdits chocolats. C’est de cette tâche que se sont acquitté les deux autres membres de l’équipe, à savoir Sally (S) et Pippa (P) qui sont peut-être les premiers chiens à co-signer un article médical. L’expérience à laquelle ils ont participé est ainsi décrite : “Des Teasers (nombre=5) et des Truffles (n=5) et 10 perles d’orchidomètre ont été éparpillés au hasard à 3 040 cm de P et de S, qui avaient été nourris récemment (Burns Canine Maintenance ; Burns Pet Nutrition, Kidwelly, Dyfed ; environ 600 kcal) de façon à ce qu’on ait un peu de chance de voir ce qui se passait. Environ 17 secondes après, tout ce qui restait était 10 perles d’orchidomètre et de la salive. Nous considérons cela comme une preuve que Teasers et Truffles sont plus savoureux que des perles conventionnelles d’orchidomètre.” Certes il n’est pas très bon de donner du chocolat à des chiens, mais que ne ferait-on pas pour l’avancement de la science ?

La conclusion de cette étude vaut son pesant de chocolats, à l’heure où beaucoup de systèmes de santé sont en déficit et/ou souffrent de réductions budgétaires. “Nous pensons, écrivent les auteurs, avoir trouvé un substitut valable à l’orchidomètre, instrument consacré par l’usage mais d’un prix excessif. Nous ne souhaitons pas dénigrer l’apport de Prader, père de l’orchidomètre, ni appauvrir les tourneurs sur bois qui fabriquent les perles avec tant de talent. Cependant, le coût faible de notre orchidomètre alternatif (6 pence) doit le faire apprécier des systèmes de santé qui sont à court d’argent.” Et probablement aussi des médecins gourmands, à condition qu’ils se soient bien lavé les mains après avoir comparé les testicules de leurs patients à leur perle de référence.

Pierre Barthélémy

Post-scriptum : à tous les grincheux qui râleront en disant que le contribuable britannique a sans doute mieux à faire que de financer ce genre d’étude improbable, je dirai simplement que cet article prouve surtout qu’on peut être médecin et avoir de l’humour…

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Comment le chocolat protège votre cœur

coeur-chocolatDans la famille “Aliments bons pour la santé”, je voudrais le chocolat. On sait depuis longtemps que sa consommation régulière fait baisser le risque cardiovasculaire. Restait à comprendre comment le fruit du cacaoyer agissait. Pour le savoir, une équipe de chercheurs suédois s’est livrée à plusieurs expériences, en partant du principe que certaines molécules du cacao (en particulier la catéchine, également présente dans le thé, et la procyanidine, que l’on retrouve aussi dans le vin) réduisaient la tension artérielle par deux voies complémentaires.

D’abord en inhibant partiellement l’activité de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA). Cette enzyme a la propriété de transformer l’angiotensine I, sans effet biologique, en angiotensine II, qui est un puissant vasoconstricteur : en clair, elle réduit le calibre des vaisseaux sanguins et fait donc grimper la tension artérielle. Le second effet supposé du chocolat serait d’augmenter la concentration dans le sang du monoxyde d’azote (NO) qui, lui, est un vasodilatateur : il augmente le diamètre des vaisseaux et réduit donc la tension.

Dans l’étude qu’ils publient dans le Journal of Cardiovascular Pharmacology, ces chercheurs emmenés par Ingrid Persson ont testé ces deux hypothèses, in vitro et in vivo. In vitro sur des cellules endothéliales, c’est-à-dire les cellules qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins : celles-ci ont donc été mises en contact avec des extraits de cacao à différentes concentrations et on a observé ce qui se produisait au fil des heures. Pour l’expérience in vivo, on a demandé à 16 personnes (6 femmes et 10 hommes) en bonne santé, non fumeuses, de manger 75 grammes (quasiment une petite tablette) de chocolat noir à 72% de cacao. Est-il utile d’ajouter que je suis volontaire pour la prochaine expérimentation de ce genre ? Précisons tout de même à d’éventuels candidats à la science gourmande que l’expérience nécessitait quatre prises de sang (une avant et trois pendant) et que les cobayes avaient dû se soumettre pendant les deux jours précédant le test à un régime un peu contraignant afin d’éviter les aliments contenant les fameuses molécules : pas de fruits rouges, d’aubergines, de café, d’oignons, de poires, de prunes, de radis, de raisin, de chou, de haricot noir, de pommes, de thé, de vin et, bien sûr, pas de chocolat.

Quels ont été les résultats ? Que ce soit dans les cellules endothéliales en culture ou chez les êtres faits de chair, d’os et de sang, l’activité de l’ECA a été en partie inhibée par le cacao. Pour ce qui concerne le monoxyde d’azote, les chercheurs n’ont pas repéré d’augmentation significative chez les cobayes même s’ils ont noté une petite hausse in vitro mais seulement aux concentrations les plus fortes. Quoi qu’il en soit, les chercheurs précisent que l’inhibition de l’ECA obtenue avec le chocolat est comparable à celle qu’engendrent les médicaments agissant sur cette enzyme.

De là à dire qu’il faut s’empiffrer de chocolat pour être en bonne santé, il y a un pas que ces scientifiques ne franchiront pas, tout comme on ne conseillera à personne d’écluser deux ou trois litres de vin par jour sous prétexte que le picrate recèle des molécules qui protègent le système cardio-vasculaire. Dans les deux cas, le remède serait pire que le mal, étant donné que le chocolat contient souvent une bonne dose de matière grasse et de sucre. N’oublions pas que, dans Charlie et la chocolaterie, Augustus Gloop, grand croqueur de tablettes devant l’éternel, est un garçon obèse que son immodérée gloutonnerie fait tomber dans la rivière de chocolat de Willy Wonka, dont il ne sortira pas indemne

Pierre Barthélémy

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La sélection du Globule #12

Uranus

C’est Uranus que vous pouvez voir sur la photo ci-dessus. Il se pourrait bien que cette planète gazeuse ait joué à la boule de flipper lors de la jeunesse du système solaire, à une époque où les orbites des planètes n’étaient pas aussi stables qu’aujourd’hui.

Le site LiveScience dresse le palmarès des 10 maladies les plus mystérieuses. En tout cas de celles qui résistent le mieux aux efforts des chercheurs.

Des chercheurs californiens ont annoncé qu’ils allaient commencer la fabrication d’un prototype de rein artificiel implantable, ce afin d’éviter les dialyses et de réduire les listes d’attente des personnes en attente d’une greffe. Les premiers essais cliniques sont prévus d’ici cinq à sept ans.

Une rafraîchissante mise au point sur la manière dont la génétique fonctionne, pour remettre à leur place certains confrères qui n’hésitent pas à titrer sur la découverte du gène de la religiosité ou de l’intelligence…

C’est la course au génome du chocolat. Deux équipes concurrentes (une des deux travaille notamment pour la firme Mars Inc., qui fabrique les fameuses barres chocolatées du même nom) ont annoncé avoir achevé les travaux préliminaires. L’idée consistera à étudier le génome pour mettre au point des variétés résistantes aux maladies.

Ce lundi 20 septembre, la très solennelle Académie des sciences débat des sciences du climat. Pour savoir s’il s’agit vraiment de sciences, ce que conteste Claude Allègre ? Le Monde nous apprend que ce débat se fera à huis clos… une pratique ridicule à l’heure de Twitter. La suite d’une guéguerre picrocholine d’arrière-garde sur le sujet du réchauffement climatique, dans un lieu qui, malheureusement, fait de moins en moins autorité dans le monde scientifique.

Il y en a, en tout cas, qui sont contents du réchauffement climatique : ce sont des archéologues norvégiens à qui la fonte des glaciers permet d’explorer des terrains qu’occupaient les ancêtres des Vikings.

Alors que les navettes spatiales américaines s’en vont doucement mais sûrement vers la retraite, une flopée de constructeurs privés se jettent sur le créneau du transport de cargaisons et d’équipages dans l’espace. Mais, étant donné que la demande est tout de même très limitée, ne va-t-on pas assister, après l’explosion des bulles Internet, immobilière et financière, à l’explosion d’une bulle spatiale ?

Pierre Barthélémy

Post-scriptum : la semaine dernière, Globule et télescope a accueilli son cent millième visiteur. Celui-ci n’a pas gagné de voiture ni de grille-pain mais une invitation à revenir. Le billet sur le goût de la chair humaine a battu tous les (jeunes) records du blog, plus de 30 000 personnes l’ayant lu… Un grand merci à tous et si ce que j’écris vous plaît, n’hésitez pas à  parler du Globule autour de vous !

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