L’opération IceBridge de la NASA étudie l’évolution des glaces aux deux pôles. Outre les mesures de forme, de taille et d’épaisseur qui permettent de suivre les effets du réchauffement climatique sur l’Arctique et l’Antarctique, les missions utilisant des avions rapportent des images d’une remarquable beauté. En ce début d’hiver gris, quelques images de blancheur sculptée par le vent et la mer…
Michel Alberganti
lire le billetPeter Wadhams, de l’université de Cambridge, prédit que la glace d’été, en Arctique, aura totalement disparu d’ici 4 ans. Dans un email adressé au journal The Guardian qui en a rendu compte le 17 septembre 2012, il écrit: “Le changement climatique n’est plus un phénomène au sujet duquel il faut faire quelque chose d’ici quelques décennies”. Pour lui, il n’est même plus question de réagir en tentant de réduire nos émissions de CO2. Il estime qu’il faut passer à la vitesse supérieure et s’en remettre aux techniques de géo-ingénierie. Parmi ces dernières, on trouve l’envoi de particules dans l’atmosphère pour réfléchir les rayons du soleil, le fait de rendre les nuages plus blancs ou de répandre dans les océans des minéraux capables d’absorber plus de CO2. En gros, l’heure n’est plus aux mesures passives mais à l’action, même si celle-ci est fortement soupçonnée de provoquer des catastrophes pires que celles du réchauffement climatique.
Peter Wadhams s’est illustré, au cours des dernières années, grâce à la précision de ses prédictions concernant l’évolution des glaces en Arctique. Il a passé des années à en mesurer l’épaisseur dans des sous-marins. C’est ainsi qu’il avait annoncé une rupture de la glace d’été pour 2007, année où la surface de cette glace e effectivement atteint un minium historique de 4,17 millions de km2. En 2012, ce record sera battu avec une réduction de plus de 500 000 km2 supplémentaires avec une surface de seulement 3,5 millions de km2.
Pour Peter Wadhams, ce phénomène est une conséquence directe du réchauffement climatique. “Il y a moins de glace qui se crée en hivers et plus de glace qui fond en été”, précise-t-il. Le point de rupture final survient lorsque la fonte de l’été dépasse le gel de l’hiver. “J’avais prédit que cette rupture se produirait vers 2015-2016. L’océan arctique en été (août à septembre) sera alors totalement libre de glace. Nous assistons aujourd’hui au début de cette rupture qui devrait être achevée aux environs de ces dates”. D’ici 4 ou 5 ans, donc, plus de glace d’été en Arctique…
Est-ce dramatique ? Pour Peter Wadhams, c’est “épouvantable”. Aux conséquences positives sur le transport et l’accès au pétrole et au gaz, s’opposent les effets sur le réchauffement climatique. C’est à dire une accélération. “Lorsque la glace disparaît en été, l’océan se réchauffe (de 7°C en 2011) et il augmente la température des côtes. Le plateau continental de l’Arctique est composé de permafrost, des sédiments gelés depuis le dernier âge glaciaire. Lorsque l’eau de l’océan réchauffe ces sols, le permafrost dégèle et libère d’énormes quantités de méthane emprisonné. Ce puissant gaz à effet de serre donnera un coup d’accélérateur au réchauffement climatique”.
Un tel scénario catastrophe dans la bouche d’un expert peut faire… froid dans le dos. Interrogé par Globule et télescope, le glaciologue Jean Jouzel se déclare “sceptique vis à vis des propos de Peter Wadhams” au sujet du délai de 4 ans. Il a plutôt tendance à suivre les chercheurs qui “tablent sur une vingtaine d’années”. Un délai supplémentaire pas si long. Sera-t-il suffisant pour que nous réagissions ? Et comment réagir ?
Michel Alberganti
lire le billetUn article publié dans le quotidien anglais The Guardian le 11 août 2012 révèle que 900 km3 de glace ont disparu de l’océan Arctique par rapport à l’an dernier. Cette donnée révèle un taux de perte de la calotte glaciaire 50% plus fort que celui que les scientifiques prenaient en compte jusqu’à présent. Ce constat provient des mesures effectuées par le satellite CryoSat-2 lancé par l’Agence spatiale européenne (ESA)en 2010, spécialisé dans le mesure de l’épaisseur des glaces polaires. Le volume de glace de mer dans la partie centrale de l’Arctique serait ainsi passée 17 000 km3 au cours de l’hivers 2004 à 14 000 km3 cet hivers, selon les mesures effectuées par le satellite.
A ce volume réduit en hivers, s’ajoute une fonte plus forte en été. Seymour Laxon, chercheur du Centre pour les observations et les modélisations polaires (CPOM) à l’Université College London (UCL) qui traite les données fournies par CyoSat-2, indique que “les analyses préliminaires montrent que le taux de réduction du volume de glace en Arctique semble beaucoup plus élevé que prévu”. Selon The Guardian, il ajoute: “Très bientôt, nous pourrions vivre ce moment symbolique où, un jour d’été, les images satellites ne montreront plus aucune glace sur l’Arctique, juste de l’eau liquide”.
Déjà, les glaces de mer en été sont passées d’un volume de 13 000 km3 en 2004 à 7 000 km3 en 2012, soit une réduction de près de 50% en 8 ans. A la vitesse de 900 km3 de glace fondue de plus chaque année, il faudrait moins de 10 ans pour atteindre la disparition totale des glace en été. Seymour Laxon a beau appeler à la prudence en raison du caractère préliminaire des résultats de CryoSat ainsi que d’éventuelles modifications de l’évolution du taux de fonte au cours des prochaines années, il est difficile de ne pas constater que ces nouvelles mesures vont dans le sens des précédentes. Toutes les prévisions concernant l’évolution de la calotte glaciaire arctique se sont révélées trop optimistes, c’est à dire qu’elles ont sous-estimé le phénomène, preuve que les modèles climatiques actuels ne sont pas bien adaptés au cas particulier des pôles.
Si les mesures de CryoSat-2 sont confirmées, elles sonneront une nouvelle fois l’alerte au réchauffement climatique. Mais il ne s’agira plus d’un problème pour les générations futures ou pour la fin du siècle. La disparition des glaces couvrant l’Arctique en été pourraient avoir des conséquences très importantes sur le climat et la météo des prochaines décennies. En effet, moins de glace induit un changement d’albédo de la surface terrestre qui favorise son échauffement (la mer ou la terre absorbent plus de chaleur que la glace dont la couleur blanche réfléchit les rayons solaires). Un réchauffement du pôle Nord réduira la différence de température avec l’Equateur ce qui influencera les grands courants aériens (jet stream) en rendant la météo plus instable. Le réchauffement de océans favorisera les relâchements dans l’atmosphère du méthane stocké au fond des océans. Or, le méthane a un impact beaucoup plus fort sur l’effet de serre que le CO2…
Si la glace de l’Arctique est un indicateur du réchauffement climatique, elle en est également un acteur important. Lorsque la Nasa a révélé que 97% de la surface des glaces du Groenland s’est mise à fondre en juillet 2012, certains ont pu comprendre qu’il ne restait que 3% de la surface couverte par les glaces. C’était faux, bien entendu, en 2012…
Michel Alberganti
lire le billet
– C’est un peu “Retour vers le futur” pour la NASA qui, après avoir tourné la page des navettes, revient à des lanceurs classiques pour les vols habités. Elle a présenté son Space Launch System qui devrait faire son vol inaugural en 2017 et, à terme, envoyer un équipage vers Mars, quelque part vers le milieu des années 2030…
– Sur le site Internet du Figaro, des membres de l’Académie des sciences répondent à plusieurs interrogations concernant le nucléaire : peut-on rendre les centrales plus sûres ? ; la fusion nucléaire est-elle la solution d’avenir ? ; quel nucléaire après Fukushima ?
– Le site Internet du Monde publie une série de reportages photo sur quatre grands fleuves pour l’eau desquels les populations se font concurrence. Après le Mékong et le Colorado, et avant le Jourdain, c’est le tour du Nil.
– Mercredi 21 septembre, c’est la journée mondiale Alzheimer. A cette occasion, Le Temps a rencontré Paul et son épouse Marguerite. Paul raconte le quotidien de sa femme, atteinte par la maladie.
– Cette semaine commence en Italie le procès de sept hommes, dont six chercheurs, accusés de ne pas avoir prévenu les autorités et la population de L’Aquila des risques de tremblement de terre avant le séisme du 9 avril 2009 qui a fait plus de 300 morts. Sachant qu’en matière de sismologie, la prédiction précise est pour l’heure impossible et que bien des alertes sont fausses…
– Les dinosaures commencent à quitter le monde du noir et blanc dans lequel les chercheurs les voyaient, grâce à quelques plumes conservées dans un ambre vieux de 70 millions d’années. Les pigments y ont été préservés.
– Gros buzz autour de la planète qui, comme Tatooine dans La Guerre des étoiles, a deux soleils. Sauf que, à la différence de Tatooine, Kepler-16b n’est pas une planète rocheuse mais gazeuse de la taille de notre Saturne, qu’il y fait très froid et que Luke Skywalker n’y a sûrement pas grandi. Mais bon, les chercheurs et les médias font ce qu’ils peuvent pour rendre la science attrayante…
– Globule et télescope s’était demandé si la fonte de l’Arctique battrait, cet été, le record de 2007. Finalement, non, mais il s’en est fallu de peu et 2011 monte sur la deuxième marche du podium.
– Pour finir : des chimistes britanniques ont l’idée de recycler les pelures d’orange pour en faire… du plastique.
Pierre Barthélémy
lire le billet– La vedette de ce week-end s’appelle Irène. A suivre sur le site du New York Times, entre autres… Sur la vidéo ci-dessus, on assiste à sa formation et à son parcours le long de la côte est des Etats-Unis. Même si on sait mieux prévoir leur trajectoire, il reste compliqué d’évaluer à l’avance l’intensité des ouragans.
– Cela dit, par rapport à ce qui se passe sur d’autres planètes comme Saturne et Jupiter, Irène est une naine dans la catégorie des cyclones.
– Le phénomène climatique cyclique El Niño est-il responsable d’un certain nombre de conflits sous les tropiques ? Un article publié dans Nature s’est intéressé aux années 1950-2004 et a montré une corrélation entre plusieurs dizaines de guerres civiles et les années à Niño.
– La moitié des digues et barrages chinois sont en mauvais état, rapporte Le Monde. Or, un quart des villes du pays se situent en aval de ces ouvrages fatigués…
– C’est suffisamment rare pour être signalé : coup sur coup, deux fusées russes, qui ont pourtant une excellente réputation de fiabilité, ont raté leur mission. Ce quelques semaines avant le premier décollage d’un lanceur Soyouz sur la base guyanaise de Kourou.
–Le chiffre de la semaine : il y aurait plus de 8,7 millions d’espèces vivantes sur Terre. Ce qui signifie qu’il nous en reste presque 6 millions à découvrir.
– Un immense fleuve souterrain coulerait sous l’Amazone, à 4 kilomètres de profondeur, et se jetterait, comme son homologue de surface, dans l’océan Atlantique. Tout le monde ne semble néanmoins pas d’accord avec l’appellation de “fleuve” donnée à cette circulation d’eau souterraine.
– Les paris sont toujours ouverts pour savoir si la fonte de la banquise arctique battra, cet été, le record de 2007. En attendant, le passage du Nord-Est est suffisamment ouvert pour que l’empruntent des tankers russes contenant du gaz à destination de la Thaïlande.
– Un serpent de mer, pour finir : la fresque de Léonard de Vinci La Bataille d’Anghiari, que le peintre a commencée, sans jamais l’achever, dans une salle du Palazzo Vecchio de Florence, a-t-elle été détruite ou bien protégée par un mur de briques sur lequel Giorgio Vasari a peint d’autres scènes de batailles ? Une équipe tente de trouver le financement pour détecter la présence ou non de cette œuvre maudite sans toucher à rien…
Pierre Barthélémy
lire le billetLa question risque de devenir un des leitmotive des étés à venir. Non pas le traditionnel “Y aura-t-il de la neige à Noël ?” mais bien “Y aura-t-il de la banquise en septembre ?” Septembre, c’est la fin de l’été et le moment de l’année où la glace de mer, dans l’Arctique, atteint son minimum d’extension, recouvre le moins de surface. Et, depuis quelques années, des climatologues scrutent attentivement, via des satellites, la fonte de la banquise, notamment depuis cette année 2007 où le minimum a battu tous les précédents records : avec 4,8 millions de kilomètres carrés, le cru 2007 a pulvérisé le minimum de 5,57 millions de km2 établi seulement deux ans auparavant, en 2005. La moyenne de référence, établie sur les mois de septembre des années 1979-2000, est de 7 millions de km2. Et pour ce qui est de 2011, la courbe de fonte est depuis la mi-mai inférieure ou égale à celle de 2007, comme on peut le voir ci-dessous.
Au cours des deux premières semaines du mois de juillet, la fonte s’est avérée particulièrement rapide avec une perte, en moyenne, de 124 000 kilomètres carrés par jour, soit quasiment la surface d’un pays comme la Grèce. Au-dessus du pôle Nord, la température était en moyenne de 6 à 8°C plus haute qu’à l’ordinaire. Cela ne signifie pas pour autant que le record de 2007 sera battu. Seize groupes de chercheurs ont fourni leurs prévisions pour le mois de septembre et seulement trois d’entre eux estiment que le record tombera. Les chiffres avancés vont entre 4 et 5,5 millions de kilomètres carrés. La glace de mer ne fait pas que se réduire en superficie : les données enregistrées par des sous-marins militaires pendant quarante ans ont montré que, pendant la décennie 1990, le “pack” avait perdu 40 % de son épaisseur par rapport aux années 1958-1976.
Certains considèrent que la fonte de la banquise arctique comporte bien des avantages, en libérant les côtes des glaces, voire en ouvrant les passages maritimes le long des côtes nord du Canada (passage du Nord-Ouest) ou de celles de la Sibérie (passage du Nord-Est) et en facilitant, à terme, la future exploitation des gisements de pétrole arctiques… Ce faisant, ils oublient deux choses. La première est que des espèces animales, comme les phoques ou les ours polaires, doivent leur survie à la banquise et qu’il est peu probable qu’ils aient le temps de s’adapter à sa diminution rapide. Mais après tout, on peut les sacrifier sur l’autel du développement économique de la région… Le second élément est un peu plus problématique : l’Arctique est une sorte de régulateur climatique et le déséquilibrer, par la disparition progressive de la banquise, enclenche une série de cercles vicieux. La glace, blanche, se comporte comme un miroir vis-à-vis des rayons du Soleil et en reflète environ 80 %. Dès que la glace disparaît, c’est l’océan sombre que les rayons du Soleil touchent et 90 % d’entre eux sont absorbés par l’eau, qui se réchauffe, fait fondre plus de glace, etc. L’océan étant plus chaud, l'”été” arctique est de plus en plus long et les nouvelles glaces se forment en moyenne un peu plus tard dans la saison.
Mais ce n’est pas tout. L’Arctique constitue un acteur majeur du climat, en étant un des moteurs de la circulation océanique. Les grands courants mondiaux sont entretenus par les différences de température et de salinité de l’eau. Ainsi, l’Arctique refroidit les eaux chaudes du Gulf Stream, qui donnent à l’ouest de l’Europe son climat tempéré, et les renvoie le long de la côte est américaine, avec quelques degrés en moins. En jouant à la fois sur la température et la salinité de l’eau de mer, la fonte de la glace risque d’enrayer le moteur de la circulation thermohaline. Autres effets indésirables : les répercussions sur les terres voisines, et notamment sur le Groenland, qui supporte une calotte glaciaire dont la disparition provoquerait une hausse de plusieurs mètres du niveau des océans. Puisque l’Arctique est la région du monde la plus sensible au réchauffement climatique qui y connaît un effet d’amplification, on peut également citer la possibilité que les sols gelés du Grand Nord canadien et de la toundra sibérienne se réchauffent, libérant le dioxyde de carbone et le méthane, deux gaz à effet de serre, qu’ils retiennent prisonniers. Dernier risque que je citerai, la déstabilisation de l’énorme réservoir de méthane que sont les clathrates, de fines cages de glace contenant du méthane, qui reposent en grande quantité au fond de l’océan glacial Arctique…
La fonte de la banquise n’est donc pas une simple lubie de climatologues. C’est un risque avéré d’emballement du réchauffement climatique. Il y a un an, face à une vague de phénomènes météorologiques extrêmes, je mettais les pieds dans le plat en disant que, même si les chercheurs restaient encore très (trop ?) prudents pour mettre un nom sur les choses, on commençait à voir le vrai visage du réchauffement. Je pourrais probablement réécrire l’article en mettant, à la place de la canicule russe, la vague de chaleur intense que connaissent les Etats-Unis. Sur la carte ci-dessous, chaque point rouge figure un record de chaleur battu ou égalé dans ce pays depuis le début du mois de juillet.
Voilà. Cette carte ainsi que le graphique que j’ai inséré au début de ce billet donnent un visage à ce que seront probablement la plupart de nos futurs étés. Certes, en France, nous avons eu un mois de juillet pourri. Mais il serait peut-être temps de voir les choses de manière un peu plus globale. De la même manière, la fonte de la banquise arctique n’est pas qu’une histoire d’ours polaires, cela concerne le climat de la planète tout entière.
Pierre Barthélémy
– L’information principale de la semaine écoulée a été l’accident nucléaire japonais qui a suivi le séisme et le tsunami du 11 mars. Tous les médias s’en sont emparés et je n’en ferai pas la liste. Je me permets toutefois de signaler, en plus de la couverture que Slate a réalisée, les dossiers spéciaux de Nature, de Sciences et Avenir et du Monde. Regardez aussi ce traitement photo de la catastrophe et cette animation cartographique recensant les centaines de séismes qui ont secoué la région ces derniers jours. Le 11 mars, un lecteur m’a demandé si le rapprochement périodique de la Lune pouvait causé des séismes ou des éruptions volcaniques : j’y ai succinctement répondu mais si vous voulez une réponse plus approfondie, Bad Astronomy, l’excellent blog de Phil Plait, vous comblera.
– En s’ouvrant largement chaque été, grâce à la fonte croissante de la banquise, l’Arctique n’avive pas que les appétits des chercheurs d’hydrocarbures : les pêcheurs aussi pourraient en profiter.
– Beaucoup d’Indiens et de Chinois pratiquent des avortements sélectifs pour avoir des garçons plutôt que des filles. Selon une étude dont le Los Angeles Times se fait l’écho, l'”excès” de mâles à prévoir dans ces pays serait de 10 à 20 % d’ici vingt ans.
– On utilise souvent l’expression péjorative d’espèces invasives en parlant des populations de plantes ou d’animaux importées dans des écosystèmes où n’existent pas naturellement. Mais il arrive que ces implantations de nouvelles espèces aient des effets bénéfiques, estime une étude publiée dans Conservation Biology.
– La population de lions est en chute depuis plusieurs décennies, une baisse en partie due à la demande américaine de trophées.
– La sonde Messenger de la NASA a été mise en orbite autour de Mercure. C’est la première que l’homme satellise un engin autour de la planète la plus proche du Soleil. En 1974, Mariner-10 l’avait par trois fois survolée.
– On peut pirater un ordinateur pour en prendre le contrôle à distance. Désormais, on peut aussi réussir ce genre de forfait avec… des voitures.
– Pour terminer : Marc Abrahams, du Guardian, a exhumé une étude de 1995 dans laquelle deux chirurgiens ont répertorié tout ce que leurs confrères avaient, au cours des âges, extrait des rectums de leurs patients…
Pierre Barthélémy
(crédit photo : REUTERS/Yuriko Nakao)
lire le billetJe me pose la question à chaque fois que je le vois passer, sur son traîneau volant, dans son grand manteau rouge : quel est l’indice de masse corporelle du Père Noël ? Le brave homme n’a jamais le temps de se laisser peser ni mesurer mais je suppose, à sa silhouette, que son IMC est supérieur à 25, voire 30, ce qui fait de ce barbu aux joues rougies par le froid, un candidat idéal au régime. Malheureusement, le Père Noël est trop occupé pour prendre rendez-vous chez le diététicien et il va falloir réfléchir un peu pour comprendre les causes de son obésité. Car, oui, reconnaissons-le, Santa Claus mange trop, et surtout trop gras (et en plus de cela, il ne fait de l’exercice qu’un seul jour par an).
Penchons-nous un instant sur son alimentation. Ce n’est un secret pour personne, pas même pour les petits enfants, le Père Noël vit quelque part dans le cercle polaire arctique, non loin du pôle Nord. Pour le moment, Wikileaks n’a pas encore divulgué les coordonnées géographiques exactes de sa maison, mais cela ne saurait tarder. Dans cette région du monde, pas grand chose ne pousse et c’est pour cette raison que le Père Noël se nourrit essentiellement de viande et de poisson, car son budget “végétaux” passe quasi intégralement dans le fourrage de ses rennes.
Qu’y a-t-il donc à manger dans la région ? Côté pêche, ses poissons préférés sont l’omble chevalier et la morue polaire. Mais le Père Noël a aussi un faible pour le hakarl, une spécialité culinaire islandaise à base de viande de requin du Groenland. Cela vous a un goût de vieux fromage pourri et une forte odeur d’ammoniaque car il faut dire que le requin sue son urine au lieu de l’excréter par un orifice… Côté chasse, le gibier ne manque pas et le Père Noël se fait souvent aider de ses lutins pour le tuer : des oiseaux comme le goéland bourgmestre, la macreuse à ailes blanches, différentes espèces de guillemots, le fulmar boréal, des animaux à quatre pattes comme le renard arctique ou un petit ours polaire de temps en temps (ne le dites pas au WWF…) et des mammifères marins bien gras, comme l’orque, le béluga, la baleine boréale ou le phoque annelé.
Le problème, c’est que ces animaux, quasiment tous situés au sommet de la pyramide alimentaire, stockent dans leur organisme beaucoup de produits chimiques. Car si l’Arctique est une région apparemment immaculée avec ses grands espaces glacés et un nombre réduit d’habitants humains, une quantité considérable de polluants venus d’Europe de l’Ouest, d’Amérique du Nord et d’Asie s’y retrouve, apportée là par les vents et les courants marins. Absorbés par les végétaux et animaux situés tout en bas de la chaîne alimentaire, ces produits la remontent en se concentrant dans l’organisme des prédateurs. Ce jusqu’au Père Noël qui est LE super-prédateur du coin.
Une équipe de chercheurs canadiens, norvégiens et danois a rassemblé, dans une vaste analyse publiée en 2009 par la revue Science of the Total Environment, un très grand nombre d’études réalisées sur le sujet au cours des dernières années. L’ensemble fait une cinquantaine de pages et, si on peut regretter que ces scientifiques n’aient pas pu mettre la main sur un des lutins du Père Noël pour lui faire subir un check-up complet voire le disséquer, il donne une bonne idée de ce que risquent ceux qui prélèvent leur nourriture sur la faune arctique. Si l’on prend l’exemple de l’ours polaire, qui est un bon analogue de Santa Claus, étant donné que les deux ont à peu près le même régime alimentaire, la même toison blanche et la même corpulence, il y a de quoi se faire du souci pour l’état de santé du Père Noël.
Ursus maritimus est devenu un cas d’école pour ce qui concerne l’accumulation des polluants organiques persistants, connus sous leur acronyme de POP. Non content de devoir se débrouiller avec le réchauffement climatique qui fragilise la banquise et réduit sa période de chasse, l’ours polaire est sûrement un des quadrupèdes les plus contaminés par des produits toxiques sur la planète. Parmi ces produits, on trouve le tristement célèbre PCB, le non moins connu DDT, le PFOS ou le HCH. Les effets de ces molécules sur la santé de l’ours et, partant, sur celle du Père Noël, sont multiples : problème de régulation des vitamines ; perturbation du système endocrinien touchant les hormones thyroïdiennes et les hormones sexuelles ; conséquences sur la fertilité et les organes de la reproduction, le foie, les reins, le système immunitaire et les os.
Chaque année, l’Union internationale pour la conservation de la nature (UICN) publie sa liste rouge des espèces menacées. Aux dernières nouvelles, l’ours polaire était classé dans la catégorie “Vulnérable” mais le Père Noël n’apparaissait nulle part. Pourtant, il est urgent de se préoccuper de sa santé : tant qu’il n’aura pas formé son successeur, il n’y aura que lui pour remplir nos chaussons dans la nuit du 24 au 25 décembre…
Pierre Barthélémy
– La campagne de vaccination contre la grippe saisonnière a commencé il y a un mois dans une indifférence qui contraste avec le psychodrame de 2009 autour de la grippe A(H1N1). Les polémiques de l’an passé pourraient autour de l’utilité et de la “dangerosité” du vaccin pourraient jeter la suspicion sur les autres vaccins, explique une enquête du Monde Mag. Un article accompagné d’un entretien avec l’anthropologue Frédéric Keck, auteur de Un monde grippé (Flammarion), qui analyse les réactions des sociétés face aux maladies émergentes.
– Des astronomes français et britanniques ont détecté la galaxie la plus vieille découverte à ce jour dans la constellation du Fourneau. Elle a plus de 13 milliards d’années, ce qui fait qu’elle est née seulement 600 millions d’années après le Big bang. L’article annonçant la trouvaille est paru dans Nature.
– A cause du réchauffement de la planète, l’Arctique est probablement entré dans une nouvelle phase de son climat où ce qui était la norme il y a encore quelques décennies risque de ne pas se revoir de sitôt.
– Toujours sur le changement climatique, le site Climate Progress s’est aperçu que 22 des 37 candidats républicains aux postes de gouverneurs pour les prochaines élections américaines niaient la réalité du réchauffement.
– Les volcanologues doivent-ils ou non percer un trou pour évaluer le potentiel des Champs Phlégréens, une zone volcanique située à l’ouest de Naples, au risque de chatouiller et de réveiller la bête ? Un débat que nous rapporte Newsweek.
– Depuis plusieurs années, les autorités égyptiennes ont pour plan de redessiner la ville de Louxor pour mettre en valeur son patrimoine archéologique exceptionnel. Au point d’en faire un Las Vegas archéologico-touristique, se demande Time ?
– Pourrait-on faire entendre la forme d’un objet à un aveugle qui ne la voit pas ? C’est l’idée de chercheurs de l’Institut et hôpital neurologiques de Montréal.
– La physique du chien qui s’ébroue a fait la “une” de nombreux sites et blogs scientifiques anglo-saxons… Voici ce qu’a écrit et montré wired.com.
– Pour terminer, une infographie simple et claire sur les gros géocroiseurs, ces astéroïdes de plus d’un kilomètre de diamètre qui ont frôlé ou vont frôler un jour notre Terre.
Pierre Barthélémy
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