” Mais qu’est-ce qu’elles lui trouvent toutes ? ” Cette question énervante s’est un jour ou l’autre immiscée dans notre cerveau à la vue du bellâtre de la Grande-Motte aux faux airs de David et Jonathan, auprès duquel roucoulait un parterre de filles, et qui partait à la fin de la soirée en emmenant Corinne sur sa 125 cm3 alors qu’il venait juste de larguer Stéphanie… Comment expliquer cet effet play-boy, cette attirance des femmes pour… les hommes à femmes ? Selon certains spécialistes des comportements, pas la peine de chercher les clés de la séduction chez le séducteur (phéromones, forme du visage, tonalité de la voix, etc.). Les clés sont chez les femmes : peut-être les demoiselles et dames qui en pincent pour les tombeurs ne font-elles que s’imiter les unes les autres.
L’hypothèse sous-jacente est simple : je vois une femme séduite par un homme, c’est donc qu’il constitue un bon partenaire, je vais le choisir à mon tour. Cela peut paraître horriblement machiste mais plusieurs travaux récents ont pointé cette imitation dans la sélection du partenaire, ce que les Anglo-Saxons appellent le “mate copying” et que les enfants ont parfaitement senti en chantant “Oh, la copieuse, elle est amoureuse”. L’avantage procuré par ce comportement n’est pas évident, ce qui n’empêche pas le comportement d’exister bel et bien. Dans une étude publiée en 2008 par le Personality and Social Psychology Bulletin, Sarah Hill et David Buss (université du Texas) ont montré qu’une femme trouvait plus attirant un homme photographié avec une autre femme que le même homme tout seul ou en compagnie d’un autre homme. A noter que l’inverse n’est pas vrai : un homme voyant une femme photographiée en compagnie d’un autre homme la trouvera moins attirante que vue toute seule ou en compagnie d’autres femmes. Les hommes préfèrent ne pas avoir de rival… Un an auparavant, une étude analogue avait montré que les hommes vus avec une femme qui leur souriait semblaient plus attirants pour les observatrices féminines que les mêmes messieurs vus avec une femme qui leur faisait la tête. Le succès de la séduction appelle d’autres conquêtes…
Avant d’être étudié chez les hommes, le “mate copying” a été mis en évidence chez les femelles de nombreux animaux (poissons, oiseaux, mammifères), ce qui prouve qu’ils sont parfaitement capables d’extraire et d’exploiter les informations sociales mais aussi que ce comportement d’imitation est peut-être transmis de génération en génération sur des bases non pas génétiques mais “culturelles”. Le plus fou, c’est que l’on a aussi retrouvé cette imitation dans la sélection du partenaire chez… des mouches, des drosophiles, dont le cerveau est beaucoup plus petit qu’une tête d’épingle. L’expérience, publiée dans Current Biology en 2009, est assez étonnante. Ses auteurs ont eu l’idée de saupoudrer des mâles de poudres rose et verte fluo, afin de créer deux catégories bien distinctes. Ils ont mis dans un tube un mâle vert et deux femelles, la première avec lui, la seconde séparée du couple par une paroi transparente. Comme dans un peep show, le mâle et la première femelle se sont accouplés sous les yeux de la “voyeuse”. Puis ce couple a été remplacé par un autre, constitué d’un mâle rose et d’une femelle qui, venant elle aussi de copuler, n’avait pas envie de remettre le couvert et a refusé les avances du mâle. La scène se déroulait là encore sous les yeux de la femelle témoin. Enfin, dans un troisième temps, celle-ci a été mise en présence de deux mâles, un rose et un vert, sans que plus aucune paroi ne les sépare. Et que croyez-vous qu’il arriva. Dame drosophile choisit de préférence le play-boy vert et non pas le pauvre garçon rose qui s’était pris un râteau. L’expérience a été reproduite de nombreuses fois et inversée (le séducteur en rose, l’éconduit en vert), montrant que, quelle que fût la couleur, la mouche calquait son choix sur celui de la femelle qu’elle avait vue s’accoupler.
Un conseil, donc, aux hommes qui me lisent et veulent jouer les tombeurs, à la Grande-Motte ou ailleurs, pendant ce qu’il reste de l’été : invitez donc une amie jolie et souriante à danser en boîte de nuit et affichez-vous avec elle. Les copieuses vont adorer.
Pierre Barthélémy
J’ai reçu un lien vers votre article il y a plusieurs jours et j’ai enfin eu le temps de le lire avec les commentaires qui le suivent.
Je suis effarée par le nombre de commentaires négatifs qui se précipitent sur la conclusion que c’est VOTRE généralisation du comportement humain qui y transparait.
En tant que biologiste, qui se focalise sur l’écologie comportementale, je soutiens à 100% que beaucoup de comportements humains, et en particulier ceux liés au choix de partenaire, peuvent être expliqués par la biologie. Cette affirmation ne met pas en doute, cependant, que EN EFFET la culture, et l’histoire individuelle, y sont aussi pour quelque chose.
Merci d’avoir été clair là dessus, je n’ai rien vu de négatif, de provocateur, ou d’antiféministe dans votre article. Et je suis une femme. “Mais qu’est ce qu’elles lui trouvent toutes”, Dieu sait que je me suis posée la question en voyant mes amies se pâmer devant le même homme qui avait surtout pour lui le beau parler. Egalement “Mais qu’est ce qui ne va pas avec ELLE/LUI” en en voyant d’autres reproduire les mêmes schémas autodestructeurs avec chacun de leur partenaires.
Les hommes et les femmes ont ce types de comportements. En plus de la symétrie du visage, des odeurs de T-shirt, etc, une autre étude a été conduite où hommes et femmes recevaient une somme fictive et devaient assigner un pourcentage de cette somme à des traits spécifiques pour créer leur partenaire idéal. J’imagine déjà les haut cris, mais la conclusion (oui, c’est une généralité; non il ne faut pas voir ça comme si 100% des humains fonctionnaient ainsi, mais seulement que même chez l’humain, qui est en effet un animal, des comportements sont liés à la biologie): les femmes mettaient la plus haute proportion de la somme pour avoir un partenaire qui a de bon revenus; les hommes mettaient plus sur la beauté physique. Et comment explique-t-on cela, biologiquement: les ovules sont en nombre fini, il faut de l’énergie pour les fabriquer – chez la plupart des mammifères les femelles transmettent leur gènes en maximisant les chances de leurs petits de se reproduire à leur tour (OUI il y a des exceptions: pour des espèces c’est le mâle qui élève) et choisissent donc un partenaire qui peut élever les petits; les mâles transmettent leurs gènes en faisant le maximum de petits et ils ne sont pas limités par le nombre de spermatozoides (et on connaît l’expérience des rats où le mâle a plus de chances de copuler avec une nouvelle femelle qu’avec une femelle avec qui il a déjà copulé).
Bref. Dans ce qui nous entoure, on peut trouver des schémas, des comportements humains, qui reflètent ce qu’on voit chez les rats, les singes, les mouches etc…En aucun cas cela n’est une illustration d’un manque de respect des chercheurs, que c’est de la sous-science, que toutes les femmes sont des briseuses de couples, ou que tous les hommes sont des pachas. Ce n’est pas “pour l’homme en général et la femme en particulier”. C’est la même chose pour les 2 sexes, de façon égale: certaines de nos actions peuvent être expliqués par la biologie. Mais HEUREUSEMENT nous sommes aussi dirigés par d’autres éléments que nos instincts primaires, et nous pouvons CHOISIR de nous comporter décemment- et poliment, même quand on est pas d’accord- avec les autres.
Je vais conclure ma longue diatribe par vous dire 1) merci pour l’article 2) merci de votre calme face à certains commentaires.
Très bonne continuation!
@Agnès : merci pour ce commentaire argumenté. C’est le genre de réactions informées qui manquent trop souvent dans les “débats” animés suivant la publication de certains billets. Souvent certains s’enflamment et il est tellement facile de laisser un com’ que la rapidité de l’acte et la vivacité de la réaction priment sur la réflexion. Parfois, je regrette le temps où mes lecteurs prenaient la peine d’écrire leur texte sur du papier, de le glisser dans une enveloppe avec une autre enveloppe timbrée pour la réponse, de payer par conséquent le prix de deux timbres, et d’aller jusqu’à la boîte aux lettres. Cela laissait le temps de réfléchir et de savoir vraiment pourquoi on réagissait à tel ou tel article… Parfois, je rêve que nos amis les informaticiens demandent aux internautes un délai d’un quart d’heure avant de confirmer l’envoi de leur commentaire…
Thanks!
http://www.sciencedaily.com/releases/2011/08/110808104524.htm
encore une histoire de mouches : les mâles de mouches du fruit, deviennent ” paranoiaques” lorsqu’ils voient d’autres mâles s’approcher d’une femelle : ceci conduit à un accouplement qui dure deux fois plus longtemps avec la femelle, alors que la femelle mouche ne s’accouple qu’avec un partenaire.
http://www.sciencedaily.com/releases/2009/07/090707094708.htm
ici, ce sont les hippocampes qui préférent les femelles larges, pour augmenter leurs chances d’avoir plus de progéniture, et de surcroit une progéniture plus grande.