Depuis le succès des Républicains en 2010 aux élections américaines de mi-mandat, le mouvement “pro-life”, c’est-à-dire anti-avortement, a lancé une offensive de grande envergure. Un millier de mesures ont été prises, au niveau des états ou au niveau fédéral, pour restreindre le droit ou l’accès à l’avortement. Voici les trois dernières actions en date.
Dans l’Indiana, tout d’abord, le gouverneur républicain Mitch Daniels a signé, mardi 10 mai, une loi empêchant le Planning familial de son état de toucher des fonds fédéraux, qui constituent 20% de son budget, alors même que les interruptions volontaires de grossesse (IVG) ne représentent que 3% de son activité. Le gouverneur Daniels a clairement exposé les termes du chantage : “Toute organisation concernée par cette disposition pourra de nouveau recevoir les dollars du contribuable en cessant les avortements ou en se séparant de la partie qui les réalise.” M. Daniels est considéré comme un candidat possible aux primaires républicaines pour l’élection présidentielle américaine de 2012.
Deux jours plus tard, le 13 mai, les législateurs du Kansas, état dont le gouverneur Sam Brownback est lui aussi un républicain anti-avortement, ont voté une loi interdisant aux compagnies d’assurance de proposer des contrats généralistes couvrant les frais des IVG. Seule exception à la règle : que la vie de la patiente soit en danger. Autrement, les femmes voulant se faire rembourser ces frais devront souscrire un contrat spécifique… Sam Brownback, qui veut instaurer une “culture de la vie”, a déjà donné son aval à des lois imposant des restrictions aux avortements tardifs et exigeant des médecins d’obtenir l’autorisation des parents avant de pratiquer une IVG sur une mineure. La discussion sur le budget de cet état a également amputé de 300 000 dollars les ressources allouées au planning familial. Encore une fois, ce sont les familles à faibles revenus qui seront pénalisées. La nouvelle stratégie des pro-life est donc claire : frapper les femmes qui veulent avorter au porte-monnaie, pour forcer les plus pauvres à renoncer à l’IVG, ce qui fera autant de vies de “sauvées”. La démocrate Annie Kuether, membre de la chambre des représentants du Kansas, a déclaré à l’agence Associated Press : “Il y a clairement là un message disant que les femmes sont quantité négligeable. Je suis écœurée et fatiguée d’être traitée comme un citoyen de deuxième classe.” Pour rappel, c’est au Kansas qu’il y a deux ans, le 31 mai 2009, le médecin George Tiller a été tué d’une balle dans la tête alors qu’il était à l’église. Parce qu’il pratiquait des avortements dits tardifs, mais néanmoins légaux.
Dernière attaque en date contre le droit à l’interruption volontaire de grossesse aux Etats-Unis : à Washington, la chambre des représentants à voté la semaine dernière un amendement qui, s’il est approuvé par le Sénat et si le président Obama n’y met pas son veto, empêchera tout centre médical assurant la formation des professionnels de santé de recevoir des fonds fédéraux s’il enseigne les techniques d’avortement. Pour que les avortements s’arrêtent, plus besoin de tuer ou d’intimider les gynécologues-obstétriciens qui pratiquent des IVG, il suffit de ne plus les former…
Suite à cette nouvelle offensive anti-IVG, le site Salon.com a publié une lettre-témoignage intitulée : “Comment l’avortement m’a sauvé la vie”. Je la conseille à tous ceux qui lisent l’anglais et, pour les autres, j’en ai traduit de larges extraits ci-dessous. Son auteur s’appelle Mikki Kendall. Elle est mariée, a deux enfants, a déjà fait deux fausses couches, et elle raconte comment, alors qu’elle était enceinte de 20 semaines, une troisième fausse couche a bien failli la tuer. Son médecin l’avait avertie que c’était une grossesse à risque, mais son mari et elle avaient décidé de tout faire pour que cela se passe au mieux. Mais un jour, Mikki Kendall se met à saigner : elle est victime d’un décollement placentaire. Elle se rend dans un hôpital de Chicago, troisième plus grande ville des Etats-Unis. “Tout le monde savait que la grossesse ne pourrait être menée à terme étant donné la quantité de sang que je perdais, mais il a quand même fallu des heures pour que quelqu’un, à l’hôpital, fasse quelque chose. Le médecin de garde ne pratiquait pas d’avortements. Du tout. Jamais. En fait, aucune des personnes qui étaient de garde cette nuit-là n’en pratiquait. Pendant que j’attendais, une fournée ignorante d’étudiants s’était rassemblée pour m’étudier – un m’a carrément montré l’échographie de notre enfant mourant en me demandant si c’était une grossesse désirée. Plusieurs ont voulu m’examiner alors que j’étais alitée en train de saigner et de souffrir. (…) Une très gentille infirmière a risqué son poste en appelant une femme médecin de la Reproductive Health Clinic, qui n’était pas de garde, et lui a demandé de venir pour me sauver la vie.”
“Quand elle est arrivée, poursuit Mikki Kendall, j’allais très mal. L’hémorragie m’avait rendue presque incohérente, mais elle m’a quand même transférée dans une autre aile et m’a donné les antalgiques que personne d’autre ne m’avait fournis pendant les heures où j’avais crié. (…) Plus tard, j’ai découvert qu’elle avait pris mon mari à part alors qu’on m’amenait au bloc opératoire. Elle lui a promis qu’elle ferait de son mieux pour me sauver mais elle l’a averti qu’il était fort possible qu’elle échoue. Le médecin qui ne faisait pas d’avortements aurait dû la contacter immédiatement, elle ou toute personne capable de pratiquer l’intervention. Il ne l’avait pas fait. Ses étudiants non plus. Il paraît qu’il y avait eu un problème de communication et qu’ils pensaient qu’elle avait été prévenue, mais j’en doute. J’ignore si les objections de cet homme étaient d’ordre religieux ou pas ; tout ce que je sais, c’est que quand une femme perdant son sang lui a été amenée pour qu’il la soigne, il a refusé de faire la seule chose qui aurait stoppé l’hémorragie. Parce qu’il ne pratiquait pas les avortements. Jamais. Mes deux enfants à la maison ont failli perdre leur mère parce que quelqu’un a décidé que ma vie valait moins que celle d’un fœtus qui allait mourir de toute façon. (…) Après que ma famille a appris que j’avais eu recours à un avortement, j’ai reçu le coup de téléphone d’un(e) cousin(e) qui ressentait le besoin de me dire que j’avais eu tort d’intervenir dans le plan de Dieu. Et à ce moment-là, j’ai compris exactement quel genre de personnes jugeaient les choix de reproduction d’une femme.”
Un dernier mot, à ce sujet précisément. Au cours du débat sur l’adoption de la loi au Kansas dont j’ai parlé plus haut, la républicaine Barbara Bollier, pro-IVG malgré son appartenance politique, a demandé combien de temps avant une grossesse non désirée ou un viol les femmes devaient souscrire les contrats d’assurance pour se faire rembourser les frais de l’avortement. Un de ses “amis” républicains, Pete DeGraaf, lui a répondu ceci : “Il faut être prévoyant dans la vie, n’est-ce pas ?” Avant d’ajouter : “J’ai une roue de secours dans ma voiture.” Bien sûr, tomber enceinte après s’être fait violer, c’est comme crever un pneu de son auto, ça doit forcément vous arriver un jour ou l’autre, il faut s’y préparer et prévoir quelques frais. Un discours de macho ? Pas que. C’est dans la droite ligne des déclarations faites par une femme, Sharron Angle, républicaine elle aussi et candidate malheureuse au poste de sénateur du Nevada en 2010. Celle-ci s’était déclarée farouchement opposée à l’avortement, même en cas de viol ou d’inceste, parce que ce serait aller contre les plans de Dieu.
Pierre Barthélémy
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Petite réflexion. Développement succinct.
POLITIQUE :
Puisqu’il est question des États-Unis et de l’IVG, je me permettrais de signaler que si la prison où l’on a enfermé un temps DSK était presque vide, c’est surtout parce que l’État de New-York a permis aux femmes les plus démunies d’avoir un accès facile aux services médicaux d’interruption volontaire de la grossesse.
Cet accès facile à l’IVG a eu pour conséquence d’éviter de jeter dans l’existence des malheureux qui n’auraient pas eu d’autres moyens de survie que la criminalité. Et des criminels en moins, ça fait des prisons vides.
En général, dans les États où l’avortement a tendance à l’interdiction, la peine de mort est appliquée aux grands criminels. Mais la criminalité ne diminue pas pour autant. Et dans ces États, on juge, on condamne et on exécute à tire-larigot, souvent sous l’effet d’erreurs judiciaires parfaitement lamentables.
En définitive, deux méthodes sont appliquées.
Avec la première, on laisse là où il est l’enfant qui a toutes les chances de devenir un criminel en prenant de l’âge. Autrement dit on le laisse dans le néant et on évite ainsi d’augmenter le malheur du monde.
Dans la seconde, on oblige les femmes à accoucher de l’enfant non désiré, qui a toutes les chances de devenir un criminel, pour mieux le coincer, le condamner et l’exécuter plus tard. Et on augmente ainsi le malheur du monde en permettant de remplir les prisons et les couloirs de la mort.
La solution « pro-choix » est une solution noble qui donne de bons résultats sur le plan du pragmatisme, de la bonne volonté et de la recherche réelle du bonheur d’autrui.
La solution pro-vie est une solution tanatophile qui fonctionne paradoxalement sur le mépris total de la vie et qui est donc en réalité à ce titre une solution « pro-mort ».
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Petite réflexion. Développement succinct.
SCIENCE :
Chez les croyants, tout évènement peut être reconsidéré de manière à rendre Dieu acteur de celui-ci.
S’il vous arrive quelque chose de totalement inattendu et que vous croyez en Dieu, le scénario peut-être remanié car Dieu « a voulu que cela arrive ».
Il n’y a alors pas de question à se poser, D’OÙ UNE ACTIVATION MOINDRE D’UNE IMPORTANTE RÉGION DU CORTEX. Voir à ce propos l’étude suivante menée par des neurologues de l’université de Toronto :
http://www.maxisciences.com/croyance/la-croyance-en-dieu-modifierait-une-partie-du-cerveau_art5242.html
Ce n’est donc pas par hasard si le quotient intellectuel des athées est statistiquement supérieur à celui des croyants. Voir à ce propos l’étude suivante :
http://www.gnxp.com/MT2/archives/001523.html
Ce qui serait souhaitable à la lumière de ces études, c’est que les croyants ne s’occupent plus de sujets aussi importants que l’IVG car ils n’utilisent pas la totalité de leur cerveau pour y réfléchir avec le discernement souhaitable, contrairement aux athées, aux matérialistes, aux naturalistes et aux scientifiques …
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“Dans votre définition de l’être humain, un accidenté au cerveau endommagé n’en serait plus un.”
Ben en fait, un accidenté au cerveau endommagé dont l’encéphalogramme est plat, même si ces autres organes ne sont pas morts et même si son coeur bat toujours, est considéré comme mort et ses organes peuvent être prélevés pour des dons.
Visiblement la médecine pense comme moi sur ce coup-là.
Et où est-ce que vous avez vu que les handicapés n’avaient plus de cerveau? Il faudrait vraiment qu’ils soient très handicapés non? Il y a quand même une sacrée différence entre un trisomique et un embryon de quelques semaines qui n’a même pas de tête.
Bien sûr que ma définition n’est pas du tout ou rien. Mais elle permet de définir des zones où on peut être sûr qu’il n’y a rien. Et un foetus à 12 semaines est tellement loin d’avoir une conscience ou même des sensations (ce que n’importe quel animal adulte a) que ce délai paraît très raisonnable. (Dans le sens inverse, en prenant en compte les capacités d’un foetus de 7 mois et demi, avorter à cet âge sous prétexte qu’il est encore dans le ventre de sa mère me semble ignoble.
L’argument de l’ADN me semble spécieux. Si on le suivait, on n’aurait pas le droit de détruire une tumeur cancéreuse, qui est aussi un paquet de cellules à ADN humain grossissant indépendamment du reste du corps, comme un embryon.
Il vaut mieux ne pas aller sur le terrain du “ça peut potentiellement donner un être humain plus tard”. Vos ovules peuvent aussi donner un être humain plus tard et vous en éliminez chaque mois sans problème.
Enfin, concernant les problèmes psychologiques, toutes les études sérieuses (et pas celles pratiquées par les groupes religieux) montrent que les femmes ayant eu un avortement n’ont pas statistiquement plus de troubles psychologiques que les femmes n’ayant pas eu d’avortement. Et significativement moins que les femmes ayant été au bout d’une grossesse non désirée (qu’elles aient ou non gardé l’enfant).
@Germane : pardonnez-moi cette remarque si je me trompe, mais je peine à croire que vous soyez une chercheuse laïque de gauche. Ou en tout cas une chercheuse (du moins en science), car vous semblez avoir du mal à distinguer ce qui relève de la connaissance et ce qui relève de la croyance.
Vous réclamez des “preuves qu’un foetus n’est pas un être humain”, mais cela ne peut se faire sans définition précise de ce qu’est un être humain (plus détaillé que “on y est tous”) ; et selon ses croyances ça peut être dès la fécondation, ou bien dès que le coeur bat, ou bien dès que le foetus peut survivre extra utero sans assistance, etc.
@Marie : vous avez tout à fait raison de rappeler les dangers d’une banalisation de l’IVG, et je ne considère pas qu’il s’agit d’un acte anodin.
Il ne faut cependant pas oublier les problèmes inverses dans le cas où l’IVG est interdite, notamment le fait que les hommes sont encore plus lâches dans ce cas que dans le cas inverse. C’est donc bien en identifiant toutes les dérives dans les deux sens qu’on peut mener une politique la plus humaniste possible, notamment via le planning familial, pour peu qu’on lui accorde quelques moyens.
[BREAKING NEWS!]
Paris, le 19 octobre 2015.
Désormais et à partir de ce jour, afin de garantir la pérennité de l’espèce Humaine, il a été adopté par l’Assemblée et le Sénat à l’unanimité que toutes cellules issues du processus de méiose sera considérée comme Humaine.
Ainsi, sont maintenant interdites toutes pratiques ayant pour but l’extraction de ces gamètes dans un but non reproducteur.
Afin de garantir du bon respect de cette loi, tous les citoyens devront se rendre le plus rapidement possible dans le centre de soin le plus proche afin d’y recevoir le dispositif de protection cellulaire.
Tout contrevenant s’expose à des peines pouvant aller jusqu’à 10 ans de prison et 1€ d’amande par gamète détruit.
[/BREAKING NEWS!]
[PUBLICITE]
300,000,000 de morts et cinq minutes de plaisir. Cela vaut-il vraiment le coup?
Ne laissez plus vos enfants finir leur vie dans vos toilettes.
La masturbation est un crime, combattez la.
[/PUBLICITE]
Quand bien même le foetus serait techniquement viable après quelques semaines, pourquoi imposer une grossesse dans le cas où elle n’est pas désirée? (je ne parle même des grossesses suivant des viols, la question ne devrait même pas se poser).
Mettre au monde un enfant non désiré et qui devra vivre avec le poids de ce non désir toute sa vie me semble plus cruel qu’un avortement de quelques cellules.
Je trouve d’ailleurs pertinent l’argument de Enpassant, les religieux ne devraient pas avoir voix au chapitre dans des sujets de sociétés qui concernent le choix personnel d’individu ne partageant pas forcément une foi et une doctrine limitante du point de vue de la liberté individuelle.
Et il me semblerait judicieux de remettre au centre des attentions la seule volonté de la mère plutôt que celle d’un potentiel enfant qui n’est pas encore totalement formé
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Petite réflexion. Développement succinct.
SCIENCE & PHILOSOPHIE:
L’IVG mérite d’être démystifiée.
Le risque de banalisation de l’IVG ne concerne en réalité que l’avortement du fœtus à un stade avancé.
Ce risque n’est pensable qu’après 16 semaines de gestation, c’est-à-dire après que le système nerveux du futur enfant est formé et que toute souffrance doit lui être épargnée au nom d’une morale naturelle établie sur une biologie de la compassion.
Les 16 premières semaines de la gestation donnent largement le temps à toute femme enceinte désireuse d’avorter la possibilité de le faire en n’ayant pas plus de problème physique ou psychologique que si elle avalait un cachet d’aspirine, à condition qu’elle ait accès à un milieu médical lui permettant de procéder sans risques d’infection.
L’opération ne prend que quelques minutes et n’est absolument pas douloureuse. Elle ne laisse aucune trace sur la chair et l’esprit.
Elle constitue avec sa simplicité et sa rapidité la dernière planche de salut offerte à la femme désireuse de jouir sans entrave d’une vie sexuelle épanouie, car malgré une utilisation adéquat du préservatif et de la pilule du lendemain, le risque d’être enceinte sans l’avoir désiré est plus grand qu’on serait tenté de le penser en général.
Il est inhumain, voire cruel, de laisser les femmes à la merci d’un aveuglement provoqué par la nature, qui, par la sélection naturelle, a installé le plaisir sexuel dans l’essence féminine.
L’humain se caractérise par une volonté de s’écarter du malheur provoqué par l’aveuglement de la nature. Les femmes ont raison de vouloir être aidée en cela. Elles ont raison de vouloir rechercher le plaisir en évitant la douleur.
La possibilité de l’IVG doit leur être offerte comme une chose encore plus naturelle que la nature.
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@Pierre Barthélémy : Excusez-moi si je me suis mal fait comprendre en disant “très peu judicieusement”, en effet c’est ambigu.
L’exemple que vous avez choisi mêle à la fois les conséquences de l’obscurantisme que subissent les personnes anti-IVG, mais celles de la non-assistance à personne en danger de mort.
Le problème que je voulais faire apparaître par mes mots n’est pas dans votre façon de montrer les dangers dans un pays où une majorité de personnes sont anti-IVG par conviction divine, mais dans le fait que d’éventuelles critiques, comme par exemple celle d’egiron, puissent utiliser l’ambiguïté de cet exemple, qui est nécessaire pour suivre vos propos, afin tenir comme argument un “vous illustrez votre article par un exemple qui n’a rien à voir”.
Or c’est ce genre de personnes comme erigon qu’il faudrait convaincre avant tout, selon moi, et l’exemple de Mikki Kendall leur offre une porte de sortie pour ne pas accepter la vérité en face : on pourrait ainsi grossièrement illustrer ce phénomène par une phrase telle que “Mais c’est pas la faute des pro-lifes, ça, c’est simplement la faute de ce médecin qui a commis une faute professionnelle en refusant d’aider cette femme !”.
Ainsi, par “très peu judicieusement choisi”, je ne voulais en aucun cas dire que l’exemple de Mikki Kendall n’avait en quelque sorte rien à voire avec le sujet, mais je voulais faire passer le message que ce n’était pas par ce genre d’exemple que l’on pouvait faire évoluer les mentalités anti-IVG. Excusez-moi donc si ces mots vous ont blessé d’une façon ou d’une autre, j’ai en effet moi-même produit une ambiguïté en voulant en montrer une autre.
@Enpassant :
Même si vos motivations et votre choix de défendre la solution pro-IVG sont honorables, votre raisonnement m’a choqué. En effet, stigmatiser les enfants non désirés comme des futurs criminels est navrant.
Premièrement, je suis partisan de dire que toute personne a ses chances de devenir quelqu’un de bon, si tenté qu’elle ait la chance de rencontrer les bonnes personnes tout au long de sa vie.
Deuxièmement, vous ne pouvez pas dire que les criminels, ex-enfants non désirés, n’auraient pas mérité la vie. Il est des criminels qui ont souvent fait plus de bien dans le monde que le citoyen honnête, être puni pour un crime ne signifie pas ne pas mériter la vie, et pour finir chaque personne a le potentiel de faire le bien d’une autre, de deux autres ou de plusieurs autres.
Même si l’on est en droit d’exprimer qu’un criminel dont les actes ont bien eu lieu, un criminel qui n’a jamais fait le bien d’une autre personne, ne mérite pas d’avoir obtenu la vie, on ne peut pas stipuler que des enfants non désirés n’ont pas le droit de vivre car ils deviendraient de futurs criminels. En effet, nous n’avons pas la capacité de prédire l’avenir d’une personne, et c’est à ce moment-là qu’il devient dangereux de tirer des constats et des conclusions sur des généralités, telles que “accoucher de l’enfant non désiré, qui a toutes les chances de devenir un criminel”.
ce qui est terrifiant dans l’histoire traduite par Pierre Barthelemy ( merci ) est que médicalement il y avait des choses “simples ” à faire.., avant que la situation ne s’aggrave et devienne irréversible.
-soulager la douleur physique ( qui est atroce dans ce cas ) ce qui peut mener à une anesthésie générale,
-rétablir l’hémodynamique ( perfusion, transfusion, coagulation.. ) afin de sauver la mére,
-retirer le foetus ( de quelque maniére que ce soit , par curetage ou par accouchement ” naturel” selon possibilités ) Inutile de préciser qu’un décollement placentaire étendu et hémorragique méne à la mort du foetus ipso facto, et que ce n’est pas un ” avortement”.
– soulager la douleur morale, en étant compatissant, et correct ( en ne montrant pas l’échographie du BB en train de mourir, en agissant, bref, en montrant que l’on connait le job et que l’on va la sauver )
Rien n’a été fait de tout cela, parce que le chef de service avait un dogme en tete..Tout le monde, sauf une infirmiére est resté aréactif, à regarder cette femme en train de mourir.; Il y avait une attitude logique, pragmatique à avoir, qui n’a pas été suivie.
Meme la simple compassion ou le bon sens ont été balayés.. ( on ne fait pas un toucher vaginal à une femme dans un tel état, pour s’entrainer par ex ).
zéro sur toute la ligne.
je suis littéralement effrayée.
Bonjour,
j’avoue que certains commmentaires me mettent en colère, mais… la démocratie c’est aussi le droit de s’exprimer.
Pour moi le vrai problème dans un pays comme les Etats-unis, c’est que la religion intervienne tant dans les affaires de l’Etat.
Je respecte les fois (religieuses ou autres) de chacun bien que je n’en partage aucune. Mais dans ce cas, ne croire en aucun dieu, mais en soi, en la science, devrait aussi être respecté.
Et je ne comprends pas…on est contre l’avortement? On avorte pas! C’est un choix, pas celui de tout le monde. Pourquoi toujours se mêler de la vie des autres?
Et depuis quand interdire l’ivg a-t-il fait stopper ces pratiques? On respecte tant la vie de ces foetus, et si peu celle des femmes.
Par contre je pense que l’éducation contraceptive est très négligée et que si on s’en préoccupait un plus, si c’était moins taboo, l’ivg ne serait plus employée par certains comme seule contraception envisagée.
Et sur un registre plus détendu:
Mon coloc ne mange pas de porc…et bien il ne me force pas à ne pas en manger! Et moi je n’en mets pas dans son assiète! Dingue non?*
P.S.Merci Pierre de faire passer ces informations qui circulent peu vu leur importance.
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Petite réflexion. Développement succinct.
PHILOSOPHIE :
Deux formes de pensée, d’humanité, de civilisation s’affrontent aujourd’hui partout dans le monde.
Celle des monothéismes, avec Yahvée, Dieu ou Allah comme prémisse, axiome ou postulat révélés sans possibilité de contestation ou de remise en cause.
Celle des naturalismes, avec le matérialisme, la science et la logique rationnelle comme principe de départ destiné à faciliter l’observation, la réflexion et la remise en question de toutes les vérités, y compris celles énoncées par le naturalisme.
Et la vérité actuellement constatée par tous les naturalistes, matérialistes et scientifiques du monde, c’est que les monothéisme sont des prétextes destinés à justifier un pouvoir absolu et donc une corruption absolue de la pensée et des actions.
Le constat actuel, c’est que la femme est traitée par les monothéismes comme la représentante d’une espèce animale inférieure à l’homme.
Le constat actuel, c’est que rien, absolument rien, ne permet de justifier une telle prise de position.
Le constat actuel, c’est que la science, alliée à la technique, c’est-à-dire la technoscience, permet aujourd’hui de débarrasser l’humanité de l’aberration religieuse et de faire accéder en conséquence la femme à une possibilité de bonheur égale à celle de l’homme.
Qui peut aujourd’hui s’accorder unilatéralement le droit d’aller à l’encontre de l’application de cette forme supérieure de justice ?
En passant, on ne voit pas beaucoup de familles religieuses et bien pensantes de l’Arkansas ou de l’Oklahoma s’opposer à l’inscription de leurs filles dans les universités canadiennes, surtout lorsque ces petites « malheureuses » sont malencontreusement tombées enceintes à la suite d’une nuit passée avec un copain et qu’elles peuvent faire appel à l’IVG pratiqués sans problème au Canada, ce qui leur permettra de rentrer plus tard la tête haute dans leur petit village où les ragots font plus de mal que les pompes aspirantes…
Mais c’est d’une certaine façon le remboursement d’une sorte de dette, car dans les années 70, c’était les jeunes filles et les femmes canadiennes qui allaient profiter des conditions avantageuses d’avortement aux États-Unis, avant qu’une catastrophe du nom de Ronald Reagan ne s’abatte sur ce pays …
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Hé bien, ca s’écharpe dur ici.
Comme pour tout sujet sensible, c’est marrant de voir que ceux qui sont en claire minorité débarquent en force pour rétablir la “vérité”, la “morale”, l'”éthique”, (au choix)…
Brave “morale” qui décréterait pour une raison que l’on ignore que la femme n’est pas maîtresse de son corps et que sa vie vaut moins que celle du foetus qu’elle porte (ce qui mène à un paradoxe : un foetus de femme vaut plus que la femme adulte : la valeur de la vie féminine serait donc une grandeur décroissante).
Gentille “éthique” qui se fout du choix d’une femme violée ou ne désirant pas être enceinte.
Gentils “moralisateurs” qui décidément, batailleront sur toutes les avancées sociales du siècle précédent.
Encore un bon billet sur ce blog (je vais arrêter la brosse à reluire, mais je considère nécessaire de montrer mon soutien à M.Barthelémy, tant ses billets suscite l’oprobe de certaines personnes).
Enfin, il est extrêmement marrant de lire, sur un blog scientifique, un commentaire commençant par :”apportez-nous LA PREUVE qu’un foetus de 8 mois et demi (ou moins) n’est pas un être humain.”
Germane, n’avez vous jamais appris qu’il est impossible de démontrer une impossibilité ?
Mais attelez vous, vous et votre grande connaissance, à démontrer qu’un foetus de 8 mois, ou 3 mois, ou 3 minutes, est un être humain.
Attention l’argument de l’ADN ne tient pas. Sinon, vous venez de tuer des centaines d’être humains potentielles sous forme de peaux mortes, et vous êtes une affreuse meurtrière psychopathe !
La mauvaise foi et le sophisme (parler d’un foetus de 8 mois et demi quand on parle d’avortement, c’est de la pure mauvaise foi.) sont les armes préférées de ceux qui n’ont comme argument que des croyances.
@O. et Topol : merci pour le soutien, ça fait toujours plaisir.
@Arthur : no problemo, je ne me formalise pas pour si peu, surtout vu le contenu de certains autres commentaires !
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En s’adressant à moi, Arthur dit :
« Même si vos motivations et votre choix de défendre la solution pro-IVG sont honorables, votre raisonnement m’a choqué. En effet, stigmatiser les enfants non désirés comme des futurs criminels est navrant. »
Je réagis comme suit :
Le service de la vérité la plus ordinaire n’est pas toujours facile, et, présentée sous une forme trop abrégée, une vérité peut facilement être mal comprise.
Celle que je tente de présenter peut en conséquence être choquant ou navrant.
Tentons de l’exprimer d’une autre façon.
Un être humain, quel qu’il soit, n’a pas à être accusé pour des crimes qu’il n’a pas commis. C’est élémentaire et tout le monde est d’accord sur ce principe. Un être humain, qu’il ait été désiré ou non, n’a pas à être accusé à l’avance ou stigmatisé pour quelque motif que ce soit. C’est également élémentaire et tout le monde est d’accord là aussi.
Cela dit, aux États-Unis, puisque c’est de ce pays qu’il est question dans ce billet, comment se fait-il que ce soit dans les États exerçant une importante pression contre l’IVG qu’on accuse de meurtre, qu’on condamne à mort et qu’on exécute le plus facilement et souvent à la suite de monstrueuses erreurs judiciaires ?
Par contraste, et toujours dans ce pays, comment se fait-il que ce soit dans les États où l’IVG est pratiquée le plus librement du monde qu’on trouve le taux de criminalité de plus bas, les procès pour meurtre les moins nombreux, les prisons les moins occupées, les condamnations à mort inexistantes et par conséquent aucune exécution à la peine capitale ? (Sans parler de l’évitement par définition de la monstruosité des exécutions d’innocents à la suite d’erreurs judiciaires)
De quel côté se trouve la VRAIE stigmatisation des êtres ? De quel côté ça ne tourne pas rond du tout ?
Dans la ville de New York, pendant les années noires, quarante ans avant, il était impossible de se promener la nuit dans Central Park sans risquer de se faire violer ou occire. Il était impossible de se promener de jour comme de nuit en touriste dans Harlem ou le Bronx sans risquer de se faire lyncher et détrousser.
Mais après la mise à la disposition des services d’IVG gratuits à l’ensemble de la population, et après qu’une trentaine d’années se soient écoulées, non seulement il est devenu possible de se promener pratiquement sans soucis dans toute la ville, mais les endroits qui étaient les plus dangereux autrefois, par exemple Harlem, ont connu un regain d’attraction tel qu’il est aujourd’hui bien vu d’y habiter. Harlem est aujourd’hui un quartier huppé de New York.
La corrélation est trop forte entre, d’une part, l’EMPÊCHEMENT de l’IVG et la CRIMINALITÉ et, d’autre part, la POSSIBILITÉ de l’IVG et la SÉRÉNITÉ pour que ce soit le résultat d’un pur hasard.
Maintenant, si quelqu’un voit de la stigmatisation là où à mon avis il n’y en a pas, tâchons de bien lui faire mesurer les faits suivants :
Lorsque les services d’IVG ont été offerts à l’ensemble de la population de New York, aucune New-Yorkaise n’a subi la moindre contrainte pour y faire appel.
Chaque femme a eu le choix libre et entier de faire exactement ce qu’elle voulait de ce service.
Chacune a eu le droit de se dire que si elle crevait de faim ou de maladie à cause du dénuement extrême dans lequel elle était et de l’extrême pauvreté dans laquelle elle vivait, il ne fallait pas qu’elle tienne compte de sa situation et il fallait donc qu’elle mette au monde un enfant chaque fois qu’elle tomberait enceinte, car chacun de ses enfants allait avoir la possibilité de devenir quelqu’un de bien en passant outre la maladie, le manque d’instruction, la malnutrition et l’appel du commerce de la drogue et de la prostitution qui tissait très serré la trame économique de tout le quartier dans lequel elle vivait.
Chacune a eu le droit de NE PAS faire appel à l’IVG.
Et il n’y en pas eu une seule qui s’est prévalue de ce droit si elle avait le moindre doute sur les chances de réussite de sa descendance !
Chacune a eu le droit de faire appel à l’IVG comme elle l’entendait et quand elle le voulait.
Et il n’y en a pas eu une seule qui s’est gênée pour y faire appel si elle avait le moindre doute sur les chances de réussite de sa descendance !
Les « Pro-vie » appuient avec le doigt du côté coercition, malheur et mort de la balance de l’existence. Le terme « Pro-vie » est une usurpation !
Les « Pro-choix », appuient de l’autre côté de la balance, celui de la liberté, du bonheur et de la vie.
Qu’on s’le dise ! …
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@Enpassant : N’oublions pas qu’une corrélation n’est pas une causalité. Bien d’autres facteurs comme l’amélioration du niveau de vie général peuvent être à l’origine de la baisse de criminalité. La légalisation de l’IVG peut très bien y avoir joué un rôle négligeable, comme un rôle très grand, voire en avoir été une conséquence, on ne peut pourra pas savoir.
J’admets que dans ce débat, voir la légalisation de l’IVG comme la cause de la baisse de la criminalité ne pose qu’un problème négligeable, mais il faudrait tout de même être rigoureux pour ne pas, qui sait, un jour, discriminer les enfants non désirés comme la cause de la criminalité (j’insiste bien sur le « qui sait ? », pour ne pas que l’on m’y reprenne).
Cela dit, je le rappelle, je reste largement de votre côté en ce qui concerne la cause des « pro-IVG », je tenais juste à modérer la partie de vos propos en question.
Quand on a besoin de sortir un cas extrême pour se justifier, c’est qu’on sait déjà qu’on est mal à l’aise dans ses bottes. Un peu comme ceux qui justifient la peine de mort par “et si c’était ta file qui s’était fait violer avec actes de barbaries avant d’être égorgée par un multi-récidiviste, tu serais heureux?”
Pendant mes stages d’externes, j’ai passé quelques mois dans un service universitaires qui faisait des IVG à la pelle, j’ai pu voir ce que c’était la “détresse” indiquée dans la Loi pour justifier un avortement. Des choses horribles : un gros ventre en été alors qu’on a un nouveau maillot, une pilule arrêtée deux mois trop tôt, une qui en était à son 21° avortement (oui : 3 fois 7), celles qui trouvent que la pilule c’est cher, celle qui trouvent que si on doit penser à tout on ne vit plus, etc…
Les vrais cas de détresse réelle existent certainement, mais en 4 mois, je n’en ai pas vu un seul. Alors en proportion, ça ne doit pas faire lourd.
Il faut cette loi pour ces cas si rares, mais arrêtons d’inventer que c’est à eux que ça sert le plus. En France, l’avortement est essentiellement une méthode de contraception.
Et c’est choquant. Oui un fœtus est un être humain, et le fait qu’ils soit sans défense n’en fait pas un objet qu’on jette comme une lentille jetable ou un T-shirt dont on n’aime plus la couleur. Le législateur n’avait pas vu l’avortement comme ça. Du moins officiellement.
@Pierre Barthélémy
je voudrais rajouter un tout petit mot
Pour mieux comprendre leur façon de penser, je viens de tchatter avec des anti-IVG Américains, et je voudrais préciser ce que j’ai appris avec eux.
1. Ils ne sont pas anti-IVG, mais anti avortement, point barre.
2. Pour eux, il ne peut y avoir d’avortement médical. Si le foetus est en train de mourir, tuant sa mère au passage, il faut attendre qu’il soit mort, et là le sortir (tout en priant très fort que la mère ne soit pas morte entre temps). Alors ce n’est plus un avortement, mais une fausse couche et ils peuvent clamer haut et fort que “personne n’a besoin d’un avortement”.
3. L’embryon est une personne dès le moment de la conception.
4. En cas de grossesse extra-utérine, où il faut faire un avortement et vite, sinon l’embryon fait exploser la trompe de Fallope où il s’est implanté, la solution des “pro-lifes” consiste à… retirer la trompe de Fallope. Mais ce n’est pas un avortement, puisqu’il n’y a pas volonté de tuer l’embryon, seulement un acte qui a pour effet de tuer l’embryon (vous suivez?). Quand je leur ai dit que c’était de l’hypocrisie pure et simple, ils m’ont répondu fièrement que c’était le principe du double effet, très utilisé en théologie. J’ai abandonné la conversation.
5. Quand je leur ai demandé s’ils refuseraient un avortement pour un enfant atteint d’une horrible maladie condamné à vivre une longue agonie (type mucoviscidose), une femme m’a répondu que de toute façon il lui fallait tenir le corps de son enfant mort pour pouvoir faire son deuil. Je n’ai pas osé lui dire à quel point je trouvais son attitude égoïste, mais ça m’a fait marrer quand elle m’a traitée de sans-coeur parce que j’employais le terme “foetus” et pas “bébé”.
Tout ça pour dire, ces gens-là sont vraiment dangereux.
Pour Renaud :
Je travaille dans un centre de planning familial depuis dix ans et je peux vous dire que des cas de détresse, j’en vois toutes les semaines, si ce n’est tous les jours. Il suffit d’ouvrir les yeux.
je me pose une simple question…Les anti-avortement sont ils vraiment majoritaires dans les “Etats anti-IVG” ? Si oui, et malgré mes opinions plutôt pro-IVG, il serait aberrant de les forcer à financer des IVG via leurs impôts, c’est bête, mais c’est du pragmatisme :S
Je ne m’enfoncerai pas plus loin dans ce débat philosophico-scientifico-religieux, étant donné qu’il est particulièrement noueux.
Je ne peux qu’encourager chaque partie à se montrer la plus compréhensive possible vis à vis de l’autre, car si du côté anti-IVG on peut très facilement relever de la fausse argumentation et de l’intégrisme, il en va strictement de même pour les anti-IVG et tout ça, ça empêche le schmilblick d’avancer.