“Tout le monde” envie les statuts de fonctionnaires; « la recherche sera le moteur de la croissance de demain » disent à l’envi les théoriciens de la reprise… et pourtant à regarder en détail son fonctionnement elle paraît bien menacée. A 33 ans, un doctorat en psychologie sociale en poche, Renaud* reçoit dans le même appartement miniature qu’il occupait pendant ses études à Nanterre. Ce « chargé de cours » qui peine à amasser le Smic en cumulant trois emplois, fait partie des quelques 50 000 travailleurs précaires de l’Enseignement Supérieur et de la recherche publique (ESRP). Avec l’arrivée de l’été va commencer pour eux la valse des postes, et la rituelle « prière pour l’emploi ». Chargés de cours, chercheurs, mais aussi personnels administratifs, d’entretien et de logistique, ils sont les petites mains qui font marcher le monde kafkaïen de l’université française. Une réalité longtemps passée sous silence car elle arrangeait les dernières heures d’un système de recherche et d’enseignement universitaire moribond, bientôt transformé par la loi relatives aux Libertés et responsabilités des universités (LRU).
lire le billetOn ne finira pas de s’en étonner : des membres de l’UMP, à défaut de viser juste, envoient depuis quelque mois des signaux répétés en direction des filles joies. C’est pourtant Nicolas Sarkozy lui-même qui a porté l’offensive en 2003, avec l’invention du délit de racolage passif (article L50 de la loi de sécurité intérieure). Après la surprenante sortie de Christine Boutin sur les maisons closes, c’est au tour de la députée Chantal Brunel, porte parole de l’UMP, d’avoir déposé (en vain) un amendement visant à abroger l’article en question, dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes. Alors qu’approche la journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle prévue ce jeudi, le bilan est jugé catastrophique par à peu près tout le monde, de la Brigade de répression du proxénétisme jusqu’aux abolitionnistes du Nid. Au Syndicat du travail sexuel (Strass), consulté par la députée UMP, les prostitué(e)s ne se font pas d’illusions. Mais tant pis pour la loi, un an tout juste après sa création, c’est une victoire pour l’organisation de sexworkers.
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