Nous sommes une espèce cannibale. On dit souvent du cannibalisme qu’il n’est qu’un fantasme d’explorateur en mal d’exotisme, au pire une légende de colon destinée à animaliser les « primitifs ». Il est pourtant constitutif du fonctionnement de nos sociétés. De la messe dominicale au monde de l’entreprise, de la science-fiction survivaliste de « The Road » à l’icône vampirique pré-pubère de « Twilight », la marque de l’anthropophagie est partout. Et elle l’a toujours été. Mais la nouvelle tendance est à positiver l’idée de dévorer, voire de se laisser dévorer par l’autre… Pour accroitre sa puissance, pour transgresser, pour se dépasser ou pour s’en sortir. Une pratique en vogue, au moins dans son acception symbolique, qui la rend plus acceptable.
lire le billetIl y a 10 jours, un ressortissant britannique accusé de trafic de drogue était exécuté en Chine, malgré les protestations internationales et les éléments relatifs à sa faiblesse mentale. Akmal Shaik, 53 ans, est mort par injection létale, condamné à l’issue d’un procès expéditif pour trafic de drogue international. Cette tragédie nous éclaire encore, s’il était besoin, sur la souplesse légendaire de la justice pékinoise. Mais on constate surtout une évolution des mœurs, qui risque de voir s’effondrer l’une des images emblématiques du pays de Mao : la facturation de la balle à la famille du condamné. Car l’exécution reste là-bas un sport national, dont les chinois tiennent tous les records…
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