Petite n’est pas le mot. Tout commence comme une indigestion, un poids sur l’estomac anesthésié. Une pulsation de chaleur, ni agréable, ni vraiment dérangeante, envahit peu à peu tout l’appareil digestif. On transpire à mesure qu’une première sensation d’euphorie gagne l’esprit. Ça va et ça vient; on reste conscient mais on ne contrôle pas. Les ombres se creusent à l’extrême. La perspective s’aplatit totalement. Les couleurs se font de plus en plus vives, à mesure qu’elles perdent leurs nuances. La lumière bave, comme sur une photo surexposée. D’un seul coup, la périphérie du champ visuel commence à se déformer. Les courbes se tordent, tout ce qui coule, tout ce qui brille, prend une forme fascinante. Le temps se distord tout comme le son. Le reste relève de l’expérience intime et échappe donc à toute description représentative. Cependant les vétérans du LSD et de ses dérivés s’accordent sur un point : ce que la pensée torturée par la drogue conçoit, l’œil le matérialise presque instantanément. Avec une surdose, les objets bougent, chimères et animaux peuplent le délire sur plusieurs jours, lorsque ce ne sont pas des flammes. S’en suit un infernal rodéo intérieur pour tenir fermement les rennes du mental…
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