Nous aurions dû cryogéniser Claude Lévi-Strauss 

Lorsque Lazare Ponticelli est décédé mon cœur s’est déchiré. Quelle perte ! Le dernier témoin de la grande boucherie, le plus vieux des poilus. Ces tout petits yeux humides qui avaient vu le bleu-horizon, le brun-gadoue, le vert-de-gris et le rouge-sang. Cette bouche tordue par les rides qui ne pourra plus raconter, cette mémoire perdue. Un million et demi de cadavres forment un piédestal qui l’a élevé au dessus du rang de simple français. Il était l’œil du fond des âges, redoutable et nécessaire. Il portait une charge symbolique, historique, et donc identitaire, très forte pour notre culture. Pour les générations à venir, il aurait fallu le cryogéniser. Il en va de même pour Claude Lévi-Strauss.

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