Quand le monde rachète la Ligue 1

Return to Sanders, nouveau tube de l’Abbé Deschamps

Le rachat du PSG par le Qatar rend la Ligue 1 bankable. Les plus grandes entreprises internationales veulent associer leur image à notre top 20. PDPS a des infos inédites sur les négos en cours dans les clubs.

AC Ajaccio: Carlos Slim
L’AC Ajaccio l’a compris, le club corse de France, c’est Bastia. L’AC doit donc se trouver une autre identité. Ce sera le Mexique. L’achat d’Ochoa est une première étape dans leur volonté de séduire Carlos Slim, l’homme le plus riche du monde. Pendant que JMA s’épuise dans les Emirats pour marcher sur les traces du PSG, Ajaccio vise le plus haut possible (après tout, c’est la ville des Bonaparte). On imagine déjà les spectacles de Lucha Libre à la mi-temps et les tacos arrosés de tequila à la buvette. On attend Cuhautemoc Blanco comme directeur sportif.

Auxerre: KFC
L’AJA a deux caractéristiques majeures. C’est d’abord un club de terroir portant haut les couleurs de l’agroalimentaire. Du maillot Duc de Bourgogne à Senoble, le paletot bourguignon est proche du peuple et surtout de son ventre. Un ancrage dans le poulet et la transformation industrielle des aliments qui ne peut pas laisser indifférente une marque comme KFC. L’AJA se démarque aussi par les personnalités qui la représentent. Guy Roux, bien sûr mais aussi Bourgoin, le roi du poulet et ami de Fidel Castro. Des personnes issues du centre de la France, avec un vrai sens entrepreneurial qui s’inscrivent pleinement dans l’histoire du colonel Sanders, icône et fondateur de la ligne KFC.

Bordeaux: La famille Bongo
Bordeaux racheté par la famille Bongo serait un juste retour de l’histoire. Il y a 500 ans, la ville d’Alain Juppé commençait son essor grâce à la traite des Noirs et au commerce triangulaire avec les plantations des Caraïbes et d’Amérique du Nord. Au lieu de balancer leur argent détourné des comptes publics dans des immeubles des quartiers chics parisiens, nous proposons aux grands démocrates d’Afrique centrale d’investir dans les Girondins et de récupérer le château du Haillan. Bongo et ses voisins Biya, Obiang et Sassou à Chaban, ce serait quand même chouette. Et puis comme ça reste les Girondins, bien mal acquis ne profitera au palmarès qu’une fois tous les dix ans environ.

Brest: Lockheed Martin
C’est bizarre, les Brestois ont une image de mecs sympas, un peu simples mais gentils. Tous des Alex Dupont et des Miossec quoi. Pourtant, le port de Brest reste un grand port militaire. Bien loin de l’image bucolique du pêcheur breton seul face à la tempête sur son rafiot, on croise aussi des costauds tatoués, aussi prompts à obéir aux ordres qu’à mettre une droite à l’auteur de ces lignes s’ils le croisent. Le rachat du Stade Brestois 29 par un des principaux constructeurs d’armes au monde devrait remettre les choses en place. Les attentats de Paul Baysse passeront moins bien avec une frégate nucléaire en sponsor maillot.

Caen: Fonterra
Chacun ses réseaux. Le PSG a le Qatar, Auxerre le poulet. Caen, fidèle à la tradition normande, donne dans le lait. Le président du SMC, Jean-François Fortin, a fait fortune grâce aux pis des vaches. Une success story qui n’a pas échappé au géant du secteur, Fonterra. Il se murmure que les fermiers-actionnaires de la coopérative néo-zélandaise en ont marre du rugby, et que les stratèges voient surtout le marché asiatique se développer. Pour continuer de fourguer son lait en poudre en faisant croire qu’il est bon, rien de mieux qu’un club de foot associé aux pâturages. La marque suit donc  de près l’avenir de l’équipe de Dumas. Son slogan? Ce que la nature a créé, Fonterra l’améliore pour en tirer le meilleur. Et PAF.

Dijon: Heinz
Dijon > moutarde >Amora > ketchup > Heinz > Teresa Heinz > John Kerry > Barack Obama > Gael Kakuta > CQFD.

Evian: Coca Cola
L’eau minérale, c’est bien, mais bon, ce n’est pas avec ça que l’on va gagner des titres, surtout quand le patron de Danone est un radin. Et quel plus beau symbole pour Coca-Cola que de racheter le club d’Evian pour signifier la victoire du sucre et et des bulles gazeuses sur l’eau sans goût? En sponsor du nouveau maillot orange, Fanta. Ca ne peut pas être plus moche que l’actuel.

Lille: Warner Bros
Les majors américaines se sont fait piquer l’Oscar par une andouille française. L’heure de la vengeance a sonné. Hop, elles nous volent notre champion de France (ouais on l’oublie avec l’arrivée du Qatar au PSG, mais c’est bien Lille le meilleur club de France en titre). Comble du bonheur pour la Warner, la boite rachète le club d’un producteur de cinéma français. Le nouveau stade des nordistes deviendra rapidement le repère des artistes hype du septième art. Avec Thierry Henry en vedette américaine.

Lorient: Fisher Price
Le rachat des Merlus par Fisher Price serait vu comme une solution idéale. Outre le jeu de mot pourri avec Fisher, le club pourra garder tous ses jeunes joueurs et l’entraîneur Gourcuff. Les primes de match seront des jouets désormais: entre le Méga T-Rex, le jumperoo grenouille ou le mobile du zoo, il y a pleins de cadeaux à faire. Et le buteur du soir aura le droit à une Barbie gonflable dont il pourra abuser, puisque Fisher Price appartient au groupe Mattel. De quoi faire de Jérémie Alliadière la star annoncée dans Football Manager 1999.

OL: Apple
A Plat du Pied, un de nos rédacteurs étant un fervent supporter de l’OL, on aime bien se moquer de lui. Depuis Nicosie, c’est un peu comme tirer sur une ambulance à Homs, c’est vrai, c’est facile. Mais, d’un autre côté, les échecs du club sont sans doute dûs aux insuffisances de son dirigeant. Si Jean-Michel Aulas a fondé la Cegid, un honnête éditeur de logiciels de systèmes d’information, côté en bourse et revendu en 2004 à Groupama, ce n’est pas devenu un cador de l’informatique mondiale. Si l’OL veut donc passer un cap, il faut qu’il soit racheté par la première entreprise du secteur, celle dont la capitalisation boursière dépasse celle de Google et de Microsoft réunis. Non, Jean-Michel, ce n’est pas la Cegid.

Marseille: Le roi Abdallah Ben Abdelaziz Al Saoud
Et si la Ligue 1 devenait le champ de bataille politique des pays arabes? Si la Syrie renvoie le Qatar et l’Arabie Saoudite dos à dos, les deux pays ne filent pas pour autant un parfait amour. Comme les grandes puissances de la guerre froide, ils pourraient bien décider de délocaliser leur conflit hors de leur territoire. La Ligue 1 comme Viet Nam des puissances arabes? Au moins, il y aurait du spectacle!

Montpellier Hérault: La Camorra
Loulou est un expert dans son domaine. Mais quand on cherche des gens capables de bien traiter les ordures, les vrais rois, c’est la Camorra. Et même si chez Nicollin, on ne se voit pas vendre le MHSC, côté Napolitain, on sait être très persuasif. Oubliez donc Souleymane Camara et Goeffrey Dernis, accueillez Cavani et Lavezzi. Le risque c’est que les nouveaux patrons enfouissent des déchets radioactifs sous le stade, mais bon, cela donnera un petit côté fluo à la pelouse, pas dégueu.

Nancy: Mittal
C’est connu, le foot fait recette dans les zones économiquement sinistrées. Arcelor l’a bien compris. Pour faire oublier Gandrange et Florange, la boite met en place un plan de reclassement original. Elle rachète le club de foot local et emploie tous ses anciens employés comme stadiers. La droite applaudit à deux mains. Mélenchon se pend.

Nice: Monsanto
En foot, Nice n’est pas connu pour sa salade mais pour ses bombes agricoles. Monsanto, en déficit d’image en France, va racheter le club pour lancer sa nouvelle campagne de com’ pro OGM en se basant sur de vraies valeurs campagnardes. Mauvaise pioche.

Stade Rennais FC: Personne
Le Stade Rennais ne sera racheté par aucune compagnie étrangère. Les entretiens téléphoniques avec Patrick Le Lay en ont désespéré plus d’un. Mais l’entreprise PPR va, elle, être très vite reprise par des Qataris ou des Chinois. OPA mon amour.

Saint-Etienne: Géant Vert
Géant Vert ce n’est pas juste une pub rigolote qui a bercé notre enfance, c’est aussi une importante compagnie alimentaire américaine appartenant à General Mills (qui abreuve aussi le monde d’Häagen-Dazs et Old El Paso). Et si jamais les moulins de Minneapolis manquent de cash, ils pourront se mettre en join venture avec Wall Mart, qui viendrait ainsi faire la nique à Casino sur ses terres. La plupart des équipes de Ligue 1 pourraient être rachetées par des multinationales françaises implantées historiquement localement, comme le font les Russes ou les Chinois chez eux, mais elles sont juste trop radines pour ça.

FC Sochaux Montbéliard: Tata
Razvan Tata est un malin. Le boss de la voiture indienne veut vendre la voiture la moins chère du monde pour gagner les pays émergents. Il pourrait aussi vouloir gagner la Ligue des champions avec la plus petite des cylindrées. Comme l’APOEL Nicosie n’est pas très intéressant, le milliardaire investit comme un dingue à Sochaux, qui devient la Ferrari de la Ligue 1. A quelques centaines de mètres des usines Peugeot, il ramène la coupe aux grandes oreilles. Prends ça l’ancien monde.

Toulouse FC: Boeing
Le coup de com’ serait énorme. Après la suspension de la commande chinoise de 10 Airbus, EADS a un genou au sol. Son concurrent américain peut en profiter pour l’achever. Si Boeing rachète le Téfécé et vient parader un week-end sur deux dans les loges toulousaines, la victoire de l’image serait complète. On imagine bien Toulouse rejoindre la MLS et jouer contre David Beckham au Stadium. Prend ça, Cheikh Al-Thani.

Valenciennes: Great Wall Motors
Jusque là, c’est Toyota qui tient VA à bout de bras. Grâce à son partenaire japonais, installé dans le Nord depuis une quinzaine d’années, Valenciennes s’est assuré une pérennité inédite en première division depuis les années 60. Mais voila, comme chacun sait, le Japon sera dans un siècle une dépendance de la Chine. Pour cela, l’Empire du Milieu s’efforce de saper le soft power nippon partout dans le monde. Il ne serait donc pas surprenant de voir les pontes du PCC demander demain à son principal constructeur Great Wall Motors, de racheter le club. D’ailleurs, GWM est spécialisé en SUV, le genre de prime à la signature qui donne la trique à n’importe quel joueur de L1. Bien plus qu’une Yaris en tout cas.

Une bien belle œuvre collective de la rédac’ de Plat du pied

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