Euro 2016: au petit bonheur du BTP (2/2)

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SteveSavidanAvatar1TeddyBertinAvatarDeuxième volet de notre série sur les bâtisseurs des stades de l’Euro 2016, organisé par la France. Aujourd’hui, zoom sur les rénovations prévues, de la meilleure exploitation commerciale du Parc des Princes au couvrement du Vélodrome.

Les rénovations

  • PARIS -> Rénovation du Parc des Princes -> 100 millions -> Vinci

Officiellement, rien n’est fait. La mairie de Paris, propriétaire du Parc, doit rendre sa décision à la fin de l’année ou début 2011. Officieusement, tout est joué. C’est le groupement Colony Capital (actionnaire majoritaire du PSG) – PSG – Vinci qui dirigera le chantier, prévu lors de la saison 2012-2013. Normal, c’est le seul candidat en lice. L’autre prétendant à la rénovation était Jacky Lorenzetti, président du Racing Métro 92 et ancien boss de Foncia, mais son projet a été retoqué par la mairie de Paris. Car ce n’est pas seulement la rénovation du stade qui est en jeu: le bail signé avec la Sese (Société d’exploitation Sports-Evénements, dont Colony Capital possède 95%), qui gère le Parc, arrive à échéance en 2014. La ville doit donc en même temps renouveler la concession de l’antre parisienne.

Dans cette optique, le trio Bazin-Leproux-Vinci apparaissait comme le candidat naturel. Il va donc très certainement signer un bail emphytéotique avec Delanoë, afin de bénéficier de la jouissance commerciale du stade, pour une durée de 18 à 99 ans. Une perspective très alléchante: dans ce domaine, le Parc est sous-exploité, malgré son énorme potentiel. Le développement économique du Parc n’était-il pas la motivation première du fonds d’investissement qu’est Colony Capital, lorsqu’il a racheté le naufrage sportif et économique qu’était le PSG?

  • MARSEILLE -> Rénovation du Vélodrome -> 267 millions -> Bouygues

Bientôt, au Vélodrome, on ne sera plus trempé les soirs de pluie et frigorifié les jours de mistral. La maison de l’OM va se doter en 2014 d’un toit (incomplet) et passer de 58 à 67.000 places assises. A travers sa filiale GFC Construction, Bouygues a remporté le marché pour un montant de 267 millions d’euros, supportés à 67% par la ville de Marseille, le reste étant apporté par l’Etat et les collectivités locales de la Région. Il ne sera pas concédé à Bouygues mais restera un équipement municipal. Là encore, pour assumer le financement, Jean-Claude Gaudin envisage de sponsoriser le nom de l’enceinte.

  • SAINT-ETIENNE -> rénovation de Geoffroy-Guichard -> 58 millions d’euros -> à définir

Pas de nouveau stade pour la cité du Forez. Le choix a été fait de conserver et rénover le Chaudron, une enceinte atypique, à l’anglaise. Trois des quatre angles seront fermés à l’issue des travaux, qui doivent débuter en 2011, et durer trois ans. La capacité d’accueil devrait passer à 40.000 places, contre 35.000 actuellement. Un choix qui paraît raisonnable pour cette ville de taille moyenne, et dont les performances sportives ces deux dernières décennies sont en retrait.

Le financement des 58 millions d’euros de travaux devrait se faire uniquement sur fonds publics (8 millions d’euros pour l’Etat, 20 millions pour le conseil régional et le conseil général, le reste pour Saint-Etienne métropole). En contrepartie, la redevance demandée à l’ASSE, utilisatrice du stade, sera revue à la hausse. Concernant les travaux, les procédures d’appel d’offres n’ont pas commencé.

  • LENS -> rénovation de Félix Bollaert -> 110 millions d’euros -> à définir

Lens, the place to be en ce début de 21ème siècle. La métropole pas-de-calaisienne, qui possèdera son Louvre en 2012, pourrait doubler la mise en étant choisie parmi les neuf villes qui accueilleront l’Euro. La rénovation du stade devrait coûter 111 millions d’euros, dont 50 seraient financés par l’État, la Région, le Département et la Communaupole Lens-Liévin (CALL). Pour le reste, charge à Gervais Martel, le président-patron de presse, de trouver des investisseurs. Sa nouvelle enceinte – qui pourra accueillir 45.000 Ch’tis – devrait continuer à entendre résonner les Corons.

  • TOULOUSE -> rénovation du Stadium -> 54 millions d’euros -> à définir

Le moins que l’on puisse dire, c’est que l’Euro 2016 ne passionne pas les foules du côté de la Haute-Garonne. Le “Petit Wembley” fait partie des douze stades pré-sélectionnés pour accueillir la compétition, mais il a besoin d’un lifting pour espérer figurer dans la liste finale. De 35.000 places, sa capacité d’accueil passerait à 40.000 personnes. Des sièges plus confortables devraient être aussi être installés. Le tout pour une facture estimée à 54 millions, à laquelle l’Etat ne participerait que minoritairement.

Mais la municipalité toulousaine ne semble pas encore franchement décidée à mettre la main au porte-monnaie boucler le tour de table. Et autant dire qu’avec des arguments aussi puissants que celui du président de la Ligue Midi-Pyrénées de football, Michel Charrançon, la partie n’est pas gagnée: “On ne se pose pas la question de savoir si l’argent public est bien utilisé quand on refait la façade du Capitole ou que l’on repeint la Tour Eiffel. À ce compte-là, pourquoi réaliser une ligne de tramway jusqu’à Blagnac alors qu’on peut y aller à vélo?”

  • NANCY -> Rénovation de Marcel Picot -> 70 millions -> à désigner

En 2014, la capacité du stade où a débuté Michel Platini sera portée de 20 à 35.000 places, pour un montant de 70 millions d’euros. La somme sera entièrement payée par l’AS Nancy Lorraine, et remboursée sur 30 ans. Le club va signer un bail emphytéotique avec la communauté urbaine, ce qui lui donnera la quasi propriété à long terme de la nouvelle enceinte. Concernant les travaux, les procédures d’appel d’offres n’ont pas commencé.

  • STADE DE FRANCE -> Rénovation -> 10 millions -> Vinci et Bouygues

La perle du Mondial 98 est le plus moderne des stades français. Pas besoin donc de le transformer. Quelques travaux de rénovation étaient déjà en cours avant que la France soit désignée pour accueillir l’Euro 2016, de l’ordre de 10 millions d’euros. Bouygues et Vinci s’en occupent, en tant qu’actionnaires du consortium qui gère le SDF.

Jérôme Lefilliâtre et Sydney Maréval

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Crédit photo: Vue du futur Vélodrome – Om.net / MIR 2010

3 commentaires pour “Euro 2016: au petit bonheur du BTP (2/2)”

  1. Certains ont renoncés à participer à ceux jeux bien couteux :
    http://www.lexpress.fr/actualite/sport/nantes-renonce-a-l-euro-2016_785001.html

  2. “Quand le bâtiment va tout va!” comme ils disent si bien

  3. Comment est-ce possible que le chantier du Parc des Princes soit déjà attribué, sans appel d’offre….
    100 pépites comme ça, sur la patte, cela me paraît quand même un peu gros. Même quand il y a un seul candidat il faut faire un appel d’offre, afin que le candidat s’engage sur le cahier des charges.
    Il y a plein de pays où ça se passe comme ça, entre potes, mais pas en France quand même, surtout sur des budgets pareils…

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