Clients de la Société Générale ne lisez pas ce livre…

Client de la Société Générale, ne lisez pas ce livre. Ou lisez-le. Mais après, vous considèrerez votre banquier d’un autre oeil, vous referez vos comptes et vous regarderez la facture des frais divers et des éventuels agio autrement.

Lire la “Société Générale. Secrets Bancaires” de Jérôme Jessel et Patrick Mendelewitsch, c’est un peu passer de l’autre côté de la banque, ou précisément, de l’autre côté du comptoir pour visiter la maison de la cave au grenier. Alors que le procès de Jérôme Kerviel démarre demain, le 8 juin, pour 3 semaines, c’est sans doute le bon moment.

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Une bourde, un très mauvais timing et l’affaire Kerviel démarrait

SOGEM-KERVIEL/

Si, au tout début du mois de janvier, Jérôme Kerviel n’avait pas changé dans la précipitation le nom de la partie adverse pour son deal à quelques milliards, il serait peut-être toujours à la Société Générale. Mais voilà, le 3 janvier 2008, il sent un drôle de climat autour de lui. Il va chercher le nom d’un courtier allemand, un certain Baader, comme contrepartie. Les logiciels chargés d’évaluer le risque de l’opération s’affolent, il faut trouver d’urgence 3 milliards de fonds propres, 10 % de ce dont dispose la banque pour un seul de ses 130.000 employés ! Et tout ça, à moins de trois semaines de la clôture des comptes. Il aurait mis la Deutsche Bank, comme d’habitude, ça passait. Avec ce Baader, ça a cassé…

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L’affaire Kerviel en 5 histoires incroyables
L’affaire Kerviel en 5 chiffres

L’affaire Kerviel en 5 dates
L’affaire Kerviel en 5 acteurs

L’ordonnance de renvoi du juge Van Ruymbeke

Les procès-verbaux d’audition de Jérôme Kerviel à la brigade financière

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L’Affaire Kerviel en 5 histoires incroyables

Finalement, Jérôme Kerviel est tombé à cause d’une bourde et d’un mauvais timing, mais cette affaire recèle quelques histoires incroyables.

Le mode d’emploi en finnois. En avril 2007, Jérôme Kerviel se fait prendre avec des opérations fictives alors qu’il traite des produits dérivés, des warrants. “Il produit un document présenté comme la notice des warrants, rédigé en Finnois”, note le juge Van Ruymbeke dans son ordonnance de renvoi.

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L’affaire Kerviel en 5 acteurs

Finalement, Jérôme Kerviel est tombé à cause d’une bourde et d’un mauvais timing, mais cette histoire pourrait se résumer à 5 personnages connus ou inconnus.

Jérôme Kerviel. Ce qui est sûr c’est qu’il n’a tiré aucun bénéfice personnel, il n’a pas détourné un centime d’euro. Est-il coupable d’avoir monté des opérations fictives? Il l’admet dans son livre, L’Engrenage. Mémoire d’un trader. Ces opérations étaient-elles frauduleuses? Non, estime-t-il, dans la mesure où elles étaient couvertes par sa hiérarchie et l’intention frauduleuse n’est pas établie. Ces défenseurs parlent de “connivence généralisée”.

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L’affaire Kerviel en 5 dates

Finalement, Jérôme Kerviel est tombé à cause d’une bourde et d’un mauvais timing. 5 dates permettent de résumer une affaire invraissemblable.

4 juillet 2005. Jérôme Kerviel met en place un premier deal sans contrepartie (il n’y a en réalité personne en face). Il parie 15 millions sur la chute de l’action Allianz. Pendant deux jours, elle monte. Il tient sa position. Les attentats dans le métro de Londres vont lui donner raison. Les Bourses chutent et il gagne 500.000€. Il se fait engueuler sur la méthode et on le félicite pour le gain. Sa marge de manœuvre passe de 1 à 3 millions d’euros.

À LIRE ÉGALEMENT SUR L’AFFAIRE KERVIEL: L’ennemi intérieur ; L’heure du bilanL’affaire comptée par Daniel Bouton ; La fracture numérique ; Kerviel et les Bisounours ; Au tour des chefs d’être cuisinés ; Procès Kerviel, procès inhumain ; Salariés de la Société Générale, jurez-vous de dire la vérité? ; Kerviel coupable, la Société Générale responsable ; Mat, l’ami imaginaire ; Trader masqué et cécité généraleL’abracadabrant et l’absurde ; Le témoin bienvenu ; Monsieur K. ; Kerviel, incontrôlé ; Le trader noir et la banquière blanche ; Kerviel, le procès d’un homme ; Une bourde, un très mauvais timing et l’affaire Kerviel démarrait ; Kerviel, critique de la spéculation dure ; «Nous accusons la Société Générale de violation des lois fédérales» (1/2) «Nous accusons la Société générale…» d’avoir laissé faire Kerviel (2/2)

LES POINTS DE REPÈRES: L’affaire Kerviel en 5 histoires incroyables ; L’affaire Kerviel en 5 chiffres ; L’affaire Kerviel en 5 dates ; L’affaire Kerviel en 5 acteurs ; L’ordonnance de renvoi du juge Van Ruymbeke ; Les procès verbaux d’audition de Jérôme Kerviel à la brigade financière. Summary in english

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L’affaire Kerviel en 5 chiffres

Finalement, Jérôme Kerviel est tombé à cause d’une bourde et d’un mauvais timing, et dans cette histoire les chiffres tiennent une place prépondérante.

30 milliards. En 2005, Jérôme Kerviel réalise sa première grosse opération. Elle se monte à 200.000€! Il a peur de cliquer avec la souris, se souvient-il. La même année, en juillet, il met en place un deal à 15 millions d’euros. Il se fait engueuler pour avoir dépasser le montant théorique de 1 million d’euros et on le félicite d’avoir gagné 500.000€. Début 2006, il engage 94, puis 134 millions d’euros. En 2007, il engagera deux fois 30 milliards. En 2008, le volume grimpe à 50 milliards. Mettre 30 ou 50 milliards ne veut pas dire que l’on risque de perdre ou de gagner cette somme. Il s’agit de gagner ou de perdre 500 millions, 1 milliards, ou 4 milliards.

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L’affaire Kerviel en 5 mots

Finalement, Jérôme Kerviel est tombé à cause d’une bourde et d’un mauvais timing, et pour la suivre il faut maîtriser cinq mots d’un vocabulaire étrange.

Trader. Il intervient sur les marchés financiers que l’on parle de devises, d’actions, d’obligations, de dérivés-actions… C’est l’équivalent du pilote de ligne. Le métier noble de la banque, celui qui sait prendre des risques et… se ramasser. Il peut gagner en une année plus que les cadres dirigeants de la banque.

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Ces patrons qui confondent la Bourse et le casino

HUNGARY-POKER/

Faut-il vendre LVMH? Oui, si l’on suit l’exemple de son PDG, qui vient de vendre en 4 opérations 150.000 actions pour un montant de 13,3 millions d’euros. Depuis le début de l’année, Antonio Belloni a réalisé une quinzaine d’opérations dont 3 exercices de stocks option et 12 cessions d’actions LVMH.

D’un côté et de l’autre, le montant est le même: 450.000 stocks option exercées et 450.000 actions LVMH vendues. Le solde des opérations? Antonio Belloni a dépensé 24,1 millions en transformant ses 450.000 stocks option et autant d’actions à un prix unitaire de 53,6€. Côté vente: les 450.000 actions ont été vendues à 88€. Soit une plus value de 15,3 millions d’euros.

Au-delà des chiffres qui peuvent donner le vertige, cette multiplication d’achats et de ventes d’actions d’une entreprise par ses propres dirigeants pose une question non résolue: comment peuvent-ils intervenir sur le marché sans soulever la suspicion de délit d’initié? L’Autorité des marchés financiers (AMF) réfléchit en ce moment même à la manière d’améliorer la réglementation pour encadrer les ventes d’actions d’une entreprise par ses propres dirigeants. La première phrase d’un récent communiqué de presse de l’AMF montre que ceux-ci se trouvent dans une situation intenable. «Les dirigeants de sociétés cotées qui souhaitent réaliser des transactions sur les titres des entreprises qu’ils dirigent sont soumis à de nombreuses obligations liées à la prévention des manquements d’initiés.»

Parier sans risque

Les  dirigeants risquent, pour l’AMF, de se retrouver en situation de «d’initiés permanents». Pour trouver une solution, un comité de réflexion a été mis en place autour de Bernard Esambert. L’ancien président de la Compagnie financière de Edmond de Rothschild et de Bolloré, a l’expérience et la distance, puisqu’il n’apparaît plus dans les conseils du CAC 40. Un rapport devrait être publié au début de l’été prochain.

Que dit la règle actuelle? Les dirigeants et les administrateurs de sociétés cotées doivent s’abstenir d’acheter ou de vendre des actions des entreprises dont ils sont responsables quand ils détiennent des informations privilégiées. Une information privilégiée est une information qui n’a pas été rendue publique et qui est susceptible de peser sur le cours de l’action. Le dirigeant ou l’administrateur se trouvent alors dans une situation privilégiée par rapport aux autres acteurs du marché, puisqu’il parie sans risque.

L’AMF, le gendarme de la bourse, dont le rôle est de veiller à l’équité des investisseurs face aux marchés financiers toutes opérations suspectes peut donner lieu à une enquête pour «manquement d’initié». Si les éléments s’avèrent probants, elle peut saisir la Commission des sanctions qui le cas échéant peut prononcer une sanction comme dans le cas de l’OPA sur Du Pareil au Même. On parle de manquement d’initié, le délit d’initié relevant du Code pénal et des tribunaux correctionnels. La question est évidemment de savoir quand un président ou un directeur général ne dispose pas d’informations privilégiées et comment il peut intervenir sur le marché sans risque.

Un élément de réflexion consiste à comparer les opérations menées par les dirigeants de deux grandes entreprises comparables. Pour les besoins d’une enquête sur la Société Générale, nous avons reconstitué l’ensemble des exercices de stock-options, des cessions ou des acquisitions d’actions menées par les dirigeants de la banque au cours des années 2007 et 2008. La comparaison avec les opérations menées par leurs homologues de la BNP paraît édifiante.

Le cas de 2007-2008

Pourquoi 2007 et 2008? Ce sont d’abord les deux premières années au cours desquelles les dirigeants d’entreprises cotées ont été tenus de déclarer l’ensemble des opérations réalisées sur les titres des entreprises dont ils ont la responsabilité. 2007 et 2008 paraissent aussi pertinentes puisque ce sont les années au cours desquelles la crise du système bancaire se développe.

La différence de comportement est vertigineuse. Michel Pébereau, président du conseil d’administration, non exécutif, de la BNP, a déposé 5 déclarations auprès de l’AMF. Si l’on ajoute trois déclarations faites par une «personne proche», on atteint 8 déclarations. Et son bilan personnel est négatif puisqu’il a investi 4,7 millions d’euros en actions BNP et qu’il en a cédé pour 2,8 millions d’euros. Il a donc investi dans la banque alors même que l’ambiance était au désengagement. Daniel Bouton, PDG de la Société Générale à l’époque, a quant à lui déposé 24 déclarations auprès de l’AMF. Du strict point de vue de l’investisseur, il fallait à l’évidence se défaire des titres Société Générale dont la valeur chute de 140€ en mai 2007 à 35€ en décembre 2008. La dégringolade n’allait pas empêcher Daniel  Bouton de réaliser une plus value de 5,2 millions d’euros.

Le calendrier est aussi instructif que les opérations elles-mêmes. Michel Pébereau acquiert des actions BNP le 15 février et le 30 novembre 2007, et cède des titres le 7 décembre de la même année. Il intervient deux fois en 2008 à dix jours d’intervalles avec une souscription de stocks-options le 20 mars et une cession 11 jours plus tard. En 2007, Daniel Bouton va intervenir à cinq reprises entre le 12 janvier et le 16 juin, pendant que la banque rachète ses propres titres sur le marché. Là encore, plaçons-nous du point de vue de l’investisseur, il s’agit d’opérations opportunes puisque le titre atteint alors son plus haut historique. En 2008, le PDG, ou son chargé d’affaires, va réaliser l’essentiel de ses opérations au cours du second semestre, entre le 3 juillet et le 6 octobre.

Il n’y a dans ces opérations rien d’illégal. L’AMF qui a pu examiner de près l’ensemble des opérations réalisées par Daniel Bouton n’a rien trouvé à redire. Elle a, en revanche, estimé que les cessions réalisées par Robert Day en janvier 2008 et celles de Jean-Pierre Mustier, huit mois plus tard, étaient entachées d’irrégularités. Pour ce dernier, le rapporteur de la Commission des sanction conclut à l’innocence de l’ancien numéro 2 de la Société Générale.

Un coup d’œil sur l’année 2009 rééquilibre quelque peu la balance, puisque Frédéric Oudéa, le successeur de Daniel Bouton à la tête de la Société Générale, n’a déposé que deux déclarations auprès de l’AMF, pour autant de souscriptions de stocks-option. A l’inverse, une certaine frénésie semble avoir saisi Michel Pébereau puisqu’il a déposé 12 déclarations et dégagé une plus value de 3,9 millions d’euros. Le champion toute catégorie des déclarations à l’AMF reste sans aucun doute possible Andreas Jacobs, administrateur d’Adecco, qui ne chôme pas puisque depuis le 1er janvier 2010, il a signé 71 déclarations!

Mais, il n’y a pas que des patrons compulsifs. Chez Danone, Franck Riboud paraît avoir opté pour des rendez-vous fixes. Le premier à la fin du mois de juin pour des opérations d’un faible montant (de 4.500 à 30.000€ l’année dernière), le second en décembre, pour les affaires sérieuses. Tout ce concentre en fait sur une journée. Le 10 décembre 2009, le patron de Danone a ainsi exercé ses stocks pour 10,3 millions et cédé pour 13,7 millions de titres, soit 3,3 millions de plus value.

PhDx

Photo: REUTERS/Laszlo Balogh

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Vincent Bolloré contrôle 90% de Bolloré

Vincent Bolloré est un capitaliste d’un type particulier. En dépit de la taille de son groupe, il conserve un côté un petit artisan. En février dernier nous racontions comment il rachetait pas à pas les actions de la Financière de l’Odet. Nous avions recensé 85 déclarations de rachat de la principale holding du groupe, sans jamais être en mesure de faire un décompte précis. Les portes parole de l’industriel refusant avec constance de répondre à nos questions.

Il fallait donc se montrer aussi patient que Vincent Bolloré. Un nouvelle déclaration vient de tomber permettant de faire un point complet. Cette fois  c’est la Compagnie de Guénolé qui vient de franchir le seuil des 5% des droits de vote. Un tableau complet permet de faire le point: Vincent Bolloré par l’intermédiaire d’une douzaine de société financière détient aujourd’hui 81% de la Financière de l’Odet. Si l’on ajoute les 10% d’Orfimar, la société de Sébastien Picciotto, l’allié de toujours, Vincent Bolloré contrôle 91% de la Financière qui pourrait prochainement quitter la cote pour devenir une holding familiale.

PhDx

Le capital de la Financière de l’Odet contrôlé par les sociétés financières liées à Vincent Bolloré

Actions

% capital

Droits de vote

% droits de vote

M. Vincent Bolloré

20

ns

30

ns

Bolloré Participations2

10

ns

20

ns

Omnium Bolloré2

10

ns

20

ns

Financière V2

10

ns

20

ns

Sofibol2

3 291 781

49,98

6 490 366

62,88

Compagnie de Guénolé2

285 929

4,34

530 464

5,14

Nord-Sumatra Investissements2

99 924[3]

1,52

0

0

Plantations des Terres Rouges2

6043

0,01

0

0

Compagnie du Cambodge2

983 7083

14,94

0

0

Financière Moncey2

324 5353

4,93

0

0

Société Industrielle et Financière de l’Artois2

327 9143

4,98

0

0

Impérial Mediterranean2

28 7503

0,44

0

0

Socfrance2

103

ns

0

0

Total Groupe Bolloré

5 343 205

81,13

7 020 920

[1] Contrôlée par Monsieur Vincent Bolloré.

[2] Sur la base d’un capital composé de 6 585 990 actions représentant 10 321 552 droits de vote, en application du 2ème alinéa de l’article 223-11 du règlement général.

[3] Actions d’autocontrôle.

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Conseils à destination des cadres bien élevés avant une garde à vue

garde-a-vue

La carte plastifiée a le même format qu’une Visa, mais en plus, elle supporte les passages en machine à laver. Il n’y a ni puce, ni piste magnétique, juste 18 recommandations, écrit en petits caractères, utiles si vous vous retrouvez en garde à vue. Suivent les coordonnées de Maître Kami Haeri du cabinet parisien August & Debouzy qui organise des séminaires concis sur les risques encourus par des cadres dirigeants, ou pas, en matière de droit pénal.

Une précision pleine de saveur pour commencer. Le policier qui mènera la garde à vue vous rappellera tous vos droits, sauf un: le droit au silence. Sur celui-ci, il gardera précisément le silence.

Pour le reste, vous pouvez faire appel à un avocat dès la première heure. Enfin, vous pouvez demander à ce que l’on joigne un proche ou un avocat. Votre interlocuteur n’est pas tenu d’y parvenir, il doit essayer. Nuance. Idem, si la garde à vue est renouvelée pour 24h00. A ce moment-là, c’est un médecin que vous pourrez solliciter. Il pourra rester une demi-heure et vous examiner sommairement et vous administrer des cachets de Nurofène ou d’Advil, selon dispo. Une fois les droits notifiés, le procureur de la République informé, les choses sérieuses démarrent avec la rédaction du PV.

Pouvez-vous me donner l’heure?

La mère de toute les recommandations est: «Ne vous laissez pas impressionner par vos interlocuteurs.» Facile à dire pour des gens sortis des meilleurs élevages de la République. Passez-vous et repassez-vous Garde à vue, avec Lino Ventura, Michel Serrault et Romy Schneider, si vous êtes né sous René Coty. Sinon, préférez tout épisode d’une quelconque série policière. A vous de choisir. On peut aussi s’abreuver de documentaires, de reportages sur l’arrestation des derniers réseaux terroristo-proxénéto-casseurs de coffres.  Ils tournent en boucle la nuit sur les chaînes de la TNT.

Vous êtes prêt? Alors une autre recommandation tombe sous le sens. (Quoique..) «Ne répondez qu’à la question posée.» Un exemple cité par Me Haeri, éclaire le propos. La question est: «Pouvez-vous me donner l’heure?» La réponse est: «Oui, je le peux.» On ne vous a pas demandé l’heure, on vous a demandé si vous aviez une connaissance de l’heure. Vous suivez?

Autre évidence: «Vous avez le droit de ne pas savoir, ou de ne pas vous souvenir.» Très compliqué pour des cadres dont le premier réflexe est de répondre à toute demande, à toute question dans un délai aussi bref que possible. Dans le cas d’une garde à vue, il faut rebooter le disque dur et introduire fissa les réponses suivantes: «Je ne sais pas, je ne me souviens pas» ou, pour faire plus sophistiqué, «je ne dispose pas en l’état des éléments qui me permettent de répondre à votre question». Mais faites attention: ce n’est pas l’oral de l’ENA, une réponse brève et factuelle fait gagner du temps à tout le monde.

Mesurer les silences

Il convient encore de «ne pas sonoriser les silences». C’est vrai entre gens bien éduqués, vous savez qu’il n’est pas convenable de laisser le silence s’installer. Et bien là, au contraire, laissez-le s’installer, prendre toute la place et laissez tourner la montre. Au bout de 48h00 max, ce sera fini. Sauf, évidemment, si vous êtes dans une affaire de terrorisme. Ça peut monter à 96h00. Mais là, en général, vous avez suivi quelques entraînements. Au bout de 48h00, la vie reprendra son cours. En principe.

Et puis attention au «off». Avant, on appelait ça la «pause cigarette». Avec l’interdiction de fumer dans les locaux publics, ça a changé, c’est devenu le «off». Le policier s’arrête de taper sur son clavier, et il paraît plus détendu, plus proche. Refermez-vous ou restez sur vos gardes. C’est le cas de le dire et de se le rentrer dans le crâne.

Une dernière chose : «Lisez attentivement le procès verbal et signez uniquement si vous êtes d’accord sur tout.» Bon, cela suppose d’avoir toute sa tête! Vous pouvez aussi faire des remarques ou faire reformuler les questions et les réponses. N’attendez pas que l’on vous remette une copie du document dans une enveloppe. Le scénario s’écrira sans vous.

Dès la sortie, appelez votre avocat pour essayer de reconstituer les tenants et les aboutissants de l’affaire. Pour cerner la ou les questions posées, vous ne serez pas le mieux placé, il vaut mieux avoir des neurones indemnes.

Quelques «recos», pour parler vite, pour une perquisition. Là, il est préférable d’avoir préparé les choses à l’avance. L’opération peut démarrer à 6h00 du matin ou avant 21h00. Si vous êtes très matinal, pas de soucis. Sinon, c’est le gardien, l’homme ou la femme de ménage, qui sera désigné comme témoin par l’officier de police judiciaire. Pas terrible, si vous voulez suivre les choses et essayer de comprendre ce que l’on vous reproche. Mieux vaut laisser un numéro de téléphone au gardien, pour dépêcher sur place l’interlocuteur qui pourra orienter les enquêteurs, ou les désorienter, comme vous voulez. En tout cas, mieux vaut qu’il comprenne ce qui se passe parce que sinon, ne comptez pas sur les enquêteurs pour être informé. Ils n’ont de compte à rendre qu’au juge d’instruction.

Ah, encore une chose, glissez la petite carte entre la Visa Premier et l’American Gold. On ne sait jamais.

PhDx

Photo: Lino Ventura et Michel Serrault dans Garde à vue, film de Claude Miller / © Collection Christophe L.

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