Il y a toujours quelque chose de bizarre à voir le patron d’une entreprise céder des titres pour réaliser une plus value. La mécanique est connue : les stocks option accordés par l’entreprise à ses dirigeants font partie de sa rémunération à cinq ans. Si au bout de cette période le cours de l’action est supérieur au prix auquel ils les payent c’est la jack-pot. Il y a une plus value parce qu’il y a eu un enrichissement des actionnaires. Soit. Il n’empêche qu’il bien quelque-chose de surprenant de voir un dirigeant se défaire de titres de l’entreprise qu’il dirige. Cela ressemblerait presque à un acte de défiance.
Début février Thierry Desmarest (Total) et Gérard Mestrallet (GDF Suez) ont empoché la plus value, selon les dernières publications de l’Autorité des marchés financiers (AMF).
Thierry Desmarest, président du conseil d’administration de Total, a exercé ses stocks option, le 11 janvier, pour un montant de 990.269€ (39€ l’action) pour céder aussitôt son paquet de titres Total pour 1.181.574€ (46,57€ l’action). 191.305€ de plus value.
Gérard Mestrallet, président directeur général de GDF Suez, a lui exercé des stocks option, le 4 janvier, pour un montant de 619.500€ (12,39€ l’action), pour les revendre, le même jour, pour un montant total de 1.451.000€ (29,02€). Plus value: 831.500€.
PhDx
lire le billetNous tenterons ici de faire régulièrement le point sur les dons recueillis par les ONG auprès des particuliers pour venir au secours des victimes du tsunami. Cette enquête sera régulièrement mise à jour en fonction des nouvelles informations.
“All we need is money”.
Longtemps une banderole barrait la façade de l’hôpital pour enfant de Siem Reap (Cambodge), sur la route d’Angkor Vat, construit par Beat Richter, médecin et violoncelliste. Transformant la chanson des Beatles : “All we need is love”, “tout ce dont nous avons besoin c’est d’amour” en “tout ce dont nous avons besoin c’est d’argent”. A Port-au-Prince, il faut et il faudra beaucoup d’argent pour sauver, soigner et nourrir les victimes du tremblement de terre qui a frappé Haïti, le 12 janvier 2010. Difficile de savoir combien d’argent les Français ont donné depuis une dizaine de jours. Selon une enquête de l’AFP, les 10 plus importantes ONG françaises auraient reçu 40 millions d’euros de la part des particuliers, d’organismes ou d’entreprises, 13 jours après le séïsme.
Entre 214 et 250 millions de dons après le tsunami.
Un montant qui serait déjà au niveau du total des dons des particuliers en 2004 et 2005. Dans un rapport de la Cour des Comptes arrêtait le chiffre de 214 millions d’euros. Un chiffre qui rejoint l’effet “tsunami” sur les dons déclarés au fisc évalué à 250 millions d’euros, par le Centre d’étude et de recherche sur la philanthropie (CerPhi) dans une étude (1) parue le 3 décembre dernier. Antoine Vaccaro, l’un des auteurs de l’étude du CerPhi, évoque dans Le Monde le chiffre de 100 millions d’euros! L’étude met pourtant en évidence une augmentation du nombre de dons (2) et du montant total des dons récupérés (3) par 23 associations au cours des six premiers mois de 2009.
1/ Qui donne?
La totalité des dons publics ou privés recueillis pour le tsunami au large de l’Indonésie, avait atteint 328 millions d’euros, selon la Cour des Comptes.
Les particuliers avaient apporté 214 M€, soit 65% des dons.
Les entreprises: 62 M€, 19%.
Des organismes privés: 16 M€, 5%
Financements publics (Etat, collectivités locales) : 23 M€, 7%.
Financements européens (UE): 6,5 M€, 2%.
2/ Qui reçoit ?
Neuf ONG avaient recueilli 90% des dons faits après le tsunami de 2004.
La Croix Rouge: 116 M€, 35% des dons.
Unicef: 57,5 M€, 17%.
Secours Catholique: 36,5 M€, 11%.
Fondation de France: 20,6 M€, 6%.
Secours Populaire Français: 14,5 M€, 4%.
Action Contre la Faim: 14,3 M€, 4%.
Médecins sans Frontières: 13,2 M€, 4%.
Médecins du Monde: 11,5 M€, 3,5%.
Handicap International: 10 M€, 3%.
3/ A qui donner?
La Fondation Prométheus animée par Bernard Carayon, député UMP du Tarn, et Jean-Michel Boucheron, député PS d’Ille et Vilaine, note de 0 à 10 les organisation non gouvernementales qui font appel à la générosité publique. La moitié de la note provient d’une évaluation de la transparence financière, l’autre de la gouvernance. Pour le Baromètre 2009, Prométheus a décortiqué les comptes et les organisations 92 ONG qui agissent dans le domaine de l’écologie, de la santé ou la gouvernance publique. Résultat : elles peuvent mieux faire puisque la moyenne est de 4,3/10. Si elle frise la moyenne (2,4/5) pour la transparence de la gouvernance.
Les bons élèves sont connus et reconnus. Médecins du Monde à 10/10, la Croix Rouge, ou Comité d’Aide Médicale ont 9/10. Médecins sans frontières France et MSF International, Les Amis de la terre, Good Planet ou Oxfam International affichent un 7/10. Trois ONG (A SEED Europe, Objectif 21, Transnationale & Cie), peu connues sont notée 0/10. Mais il y a aussi un lot d’ONG connue qui ont du travail pour améliorer leur note : Greenpeace (5), ATTAC (4), ou France Liberté (4). La Commission de recherche et d’information indépendante sur la radioactivité (Criirad) qui milite pour la transparence de l’industrie nucléaire affiche un paradoxale 1/10. Pour le Secours Catholique, le Secours Populaire, l’Unicef ou Action Contre la Faim (ACF) ne sont-ils absents de l’évaluation? Pierre Fluxia, directeur général de Prométheus, estime que la fondation ne peut évaluer toutes les ONG. Si le manque de moyens peut être avancé, il semble très difficile de ne pas se pencher sur les comptes et l’organisation de quatre des ONG les plus sollicités par les français.
4/ Les fonds sont-ils correctement utilisés?
La Cour des Comptes a essayé de répondre à la question cruciale quand il s’agit d’argent. Eh bien, les magistrats estiment que “le constat est largement – mais pas totalement – positif (…)” Autant dire qu’ils sont admiratifs. Un problème s’était posé et se reposera : les 10€ apportés par un donateur pour Haïti peuvent-ils être consacrés à une autre cause, aussi bonne soit-elle? MSF avait posé cette question en demandant proclamant très rapidement que les besoins immédiats étaient largement couverts. De fait, un afflux massif d’argent ne peut être utilisé en quelques jours. Un an après le tsunami 66% des fonds collectés n’avaient toujours pas été affectés, directement ou indirectement, aux victimes. Si MSF était à 0% de fonds non utilisés, la Croix Rouge n’avait consacré que 15% de ses fonds destinés au tsunami et le Secours Catholique 20%. Le président de MSF, enfonçait le clou en soulignant dans sa réponse à la Cour des comptes, qui ne lui reprochait rien : “deux euros sur trois, pour les 9 organismes qui ont réalisé 90 % de la collecte en France, n’ont pas été dépensés dix-huit mois après le démarrage des opérations.” En clair, cela veut dire qu’il faut donner en sachant que l’argent n’ira pas forcément aux victimes qui ont soulevé l’émotion.
PhDx
(1) Etat des lieux de la générosité des Français (3 décembre 2009)
(2) 2,47 millions au 2ème semestre 2009, +9% par rapport à l’année précédente.
(3) 85 millions d’euros de dons, soit une augmentation de 5% par rapport au deuxième trimestre de 2008.
Depuis quelques jours la Chine devient premier en tout:
Premier exportateur mondial avec 1.200 milliards de dollars en 2009.
Premier dans la construction navale en prises de commandes : 53,2 de CGT (Compensated gross tons) contre 52,8 CGT pour les chantiers sud-coréens.
Premier marché automobile mondial avec 13,64 millions de voitures particulières neuves immatriculées l’année dernière.
Premier marché pour la Mercedes Classe S. On en vendrait 1.200 par mois à 210.000€ contre 66.000€ en Europe.
Premier sur Internet avec 253 millions d’internautes, contre 223 millions aux Etats-Unis, selon le China Internet Network Information Center.
Premier marché mondial pour la téléphonie mobile, selon une source gouvernementale, avec 687 millions d’utilisateur de portable.
Premier marché mondial pour la poupée Barbie… dans 5 à 10 ans, selon Richard Dixon, le directeur des ventes la poupée quinquagénaire.
Premier marché mondial des circuits intégrés avec 35,56 milliards de cartes, devant le Japon det les Etats-Unis, selon le China Securities citant de chiffres de l’Association de l’Industrie des Semi-conducteurs chinoise.
Premier marché mondial pour TetraPak avec 23, 246 milliards, devant le Brésil (8,837 milliards), l’Allemagne (7,081), le Japon (6,838), les Etats-Unis (6,721), et… la France (3,365). Source TetraPak.
Voilà, ce que l’on trouve sur les 10 premières pages de Google en français, avec comme recherche: “Chine, premier marché”. Pourquoi une telle avalanche? D’abord, parce que la Chine compte 1,2 milliard d’habitants et une classe moyenne évaluée à 100 millions de personnes, soit l’équivalent du Japon (120 millions de personnes) ou de l’Allemagne (80 millions de personnes). Ensuite, parce qu’avec une croissance de 9%, personne ne peut contenir durablement la Chine. “Et c’est grâce aux mesures justes et adéquates prises par le gouvernement que l’économie chinoise ait pu surmonter les problèmes apportés par la crise et réaliser son objectif de croissance de 9%.” assure le Quotidien du Peuple.
Le dernier élément est peut-être a recherché dans un article publié récemment par Thierry Wolton dans Le Monde. L’analyste établit un parallèle entre la Chine d’aujourd’hui et l’URSS de Nikita Krouchtchev au début des années 60. La patrie du communisme vient d’envoyer un homme dans l’espace et assure qu’elle va bientôt dépasser la puissance américaine…
L’économie Chinoise est d’une autre puissance que le communisme soviétique d’après guerre, il n’empêche, la plupart des informations sont de sources chinoises mal identifiées, floues ou incertaines. A l’évidence, le Quotidien du Peuple, disponible en Français, ou les différents organismes chinois ont une mission: installer le pays sur la scène médiatique. Et actuellement, tout passe, tout est repris, puisque tout est probablement vrai. Probablement.
PhDx
lire le billetOn est pas obligé d’avoir confiance dans tous les chiffres, mais pour la Banque de France, la crise (de confiance) est terminée, effacée. La courbe de l’indicateur du climat des affaires dans l’industrie est édifiante. Elle revient au niveau 100 et efface ainsi le trou creusé depuis la fin 2008!
Si le climat ne vous semble pas être un critère fiable, penchez-vous sur les dépenses d’investissements, la situation de trésorerie, le résultat brut d’exploitation des entreprises le creux, la crise, la creuse semble effacée.
Pour le commerce de détail, la crise est totalement indétectable pour l’électronique grand-public : indice 100 en 1993 elle dépassé l’indice 650 en décembre. L’automobile, elle, a battu son record des ventes en 2009!
Un détail, la Banque de France ne veille pas sur la courbe du chômage.
PhDx
lire le billetPour la selon la Harvard Business Review, le meilleur patron du monde est : Steve Job, le p-dg d’Apple. Depuis son retour à la tête du groupe qu’il avait fondé en 1997, la capitalisation boursière a grimpé de 150 milliards de dollars.
Viennent ensuite :
2/ Yun Jong-Yong (Corée du Sud, Samsung, 127 Mds$)
3/ Alexey B. Miller (Russie, Gazprom, 101 Mds$)
4/ John T. Chambers (Etats-Unis, Cisco Systems, 152%Mds$)
5/ Mukesh D. Ambani (Inde, Reliance Industries, 72 Mds$)
6/ John C. Martin (Etats-Unis, Gilead Sciences, 39 Mds$)
7/ Jeffrey P. Bezos (Etats-Unis, Amazon.com, 37 Mds$)
8/ Margaret C. Witman (Etats-Unis, Ebay, 20 Mds$)
9/ Eric E. Schmidt (Etats-Unis, Google, 101 Mds$)
10/ Hugh Grant (Etats-Unis, Monsanto, 35 Mds$)
1 femme parmi les 10 “meilleurs” patrons du monde, et une seule parmi les 100. Lors d’un étude précédente portant sur le management de 2.000 grandes entreprises dans le monde, la Harvard Business Review avait trouvé 29 femmes, soit 1,5% du total. Quand Fortune se penche sur les 500 patrons les plus influents dans le monde il ne distingue que 13 femmes ou 2,6% de son échantillon.
Pour les nationalités pas de surprise puisque les Etats-Unis comptent 45 patrons dans ce top 100, contre 21 pour l’Union européenne. Les nouvelles puissances économiques grimpent lentement puisque la Chine ne compte que 3 représentants, le Brésil 2, le Mexique 2, la Russie et l’Inde 1 seul. Pour les secteurs, la non plus, pas de quoi tomber de l’armoire : les nouvelles technologies et l’internet viennent en tête.
Et qui ses patrons remarquables en France ? Il serait quatre : Antoine Zacharias (32°, Vinci, crédité d’un gain de 16 Mds$ de capitalisation entre 1997 et 2006). Thierry Desmarest (40°, Total, 209 Mds$ entre 1995 et 2007) Thierry Breton (62°, France Télécom, 40Mds$ entre 2002 et 2005), Antoine Riboud (99°, Danone, 11 Mds$ depuis 1996). Le premier est parti sous les huées après avoir réclamé une prime de 8 millions d’euros pour l’acquisition des Auroute du Sud de la France par Vinci et un seul est encore aux commandes d’une entreprise de taille mondiale.
PhDx
lire le billetAu 55, rue du Faubourg Saint-Honoré, au Palais de l’Elysée, Nicolas Sarkozy veille aux intérêts de la France et rappelle la petite Clio à ses devoirs. Carlos Ghosn, le président de Renault s’est rendu au rendez-vous et a assuré” qu’une partie des Clio 4 seront assemblés à Flins”. Pour le reste, aux frontières les douaniers veillent et dépriment. Ce n’est pas la Clio qui leur pose problème. Le déficit mensuel de notre balance des paiements représente une montagne de 300.000 Clio Campus à 10.000 € pièce. Quand, en 2009, la production de Flins excède de 4.000 par an les immatriculation dans l’Hexagone. La France a peut perdu la guerre commerciale contre le reste du monde, mais elle n’a pas perdu la bataille de la Clio.
Nicolas Sarkozy préfère donc regarder Clio, la petite Renault. Quoi? On projetterait de vendre aux français des voitures venues d’ailleurs. Il faut que cela cesse. Pas sûr que ce soit le bon dossier, mais il faut bien commencer. Va pour Clio. C’est vrai que des Clio neuves sont immatriculées en France et viennent d’ailleurs. Au cours des 6 premiers mois de l’année 157.000 Clio ont été assemblées dans six pays, selon les comptages de l’entreprise. Les ouvriers de Flins en ont assemblés 66.000, Cela fait 42% de la production mondiale. Dans le même temps 64.000 Clio ont été immatriculées en France. Sur l’année il reste 4.000 Clio a exporter. Pas de quoi réveiller le président de la République. Eh bien si, justement. Le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, le disait le week-end dernier. Nicolas Sarkozy l’a redit ce week-end à Carlos Ghosn, le président de Renault : les Clio vendues en France doivent être produite en France.
Une montagne de 3,7 milions de Clio.
Soit, l’intention est bonne. A priori en tout cas. Mais quelle est la situation de notre commerce extérieur? Prenons les chiffres de l’OCDE qui ont l’avantage de permettre une comparaison internationale. En 1999, la balance des paiements est largement positive : 46 milliards de dollars. Nous vendons au reste du monde plus que nous ne lui achetons. C’est un record ce chiffre, mais cela fait déjà sept longues années que les douaniers voient entrer plus d’argent qu’il n’en sort. Pourquoi cela s’arrêterait-il? La France est sur une bonne dynamique, le Made in France se vend bien. Non seulement ça ne va pas se prolonger, mais ça va sérieusement se gâter. Les années 2000 ne seront qu’une lente et inexorable descente? En 2005, la balance des paiements devient négative de 10 milliards de dollars. Le fond du gouffre c’était en 2008. Il semble que personne ne l’ai vu : -64,4 milliards de dollars. Et l’année dernière, si les choses se sont arrangées c’est uniquement parce que le commerce mondial hiberne. A fin septembre, le trou était déjà de 40 milliards de dollars! Soit, sur 12 mois une montagne de 3,7 millions de Clio campus!
Les plus patients peuvent aller faire un tour dans le kiosque statistiques des Douanes, il n’est pas facile de trouver un secteur, un sous-secteur ou un produits industriel dont la balance aux frontières soit supérieur à 0. Avant, il y avait l’automobile. Tous les ans, les échanges de véhicules autombiles dégageaient un solde positif de 7 milliards d’euros. L’année dernière c’est un solde négatif de 7 milliards que l’automobile devrait afficher. Aujourd’hui, il y a toujours les vins ou le tourisme pour faire rentrer des recettes. Peut-être la haute couture et les produits que se transportent mal. L’idéal est de vendre une voiture dans un rayon de 2.500 km autour de l’usine. Le papier toilette ça ne va pas au-delà de 400 km. Une chance, notre balance commerciale du “papier crêpe à usages domestiques, d’hygiène ou de toilette”, cote des douanes 48030031, est positive. Sur les douze dernier mois, nous en avons vendu pour 69 millions d’euros au reste du monde et nous en avons importé pour 59 millions. C’est un peu comme si aux Jeux olympiques nous avions enlevé la médaille d’or de la boule lyonnaise.
Le consommateur est-il irresponsable?
Plus sérieusement, peut-on faire en sorte que les voitures vendues en France soit construites en France? Non. Que ce soit heureux ou malheureux la réponse est négative. Les frontières sont ouvertes, Bruxelles veille à ce qu’aucune préférence nationale ne vienne gêner la circulation des marchandises dans l’Union européenne et chacun peut acheter la voiture de son choix. D’ailleurs, le consommateur français peut s’inquiéter de voir des voitures fabriquées en Turquie arriver en France, il peut aussi choisir de les acheter, ou pas. En effet, le consommateur n’est pas sans responsabilité. Quand il décide de s’en offrir une, il compare les prix, évalue le rapport qualité/prix. Après, il marchande pour arracher 5, 10 ou 15% de rabais. Bref, il a le choix et il en use. En face, le vendeur de Renault, de Peugeot, de Skoda ou d’Audi va raboter ses prix et le patron des usines va limer ses coûts et réduire les emplois… Pour redresser la balance commercial chacun peut agir et refuser d’acheter une Volkswagen, une Seat, une Fiat. Aucune n’est assemblée en France. En même temps nous sommes en 2010 et Renault vend des voitures en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Revenir à une politique de châteaux forts paraît un peu dépassé.
A quoi ressemble, l’ancienne forteresse ouvrière? A Boulogne-Billancourt, le berceau du groupe, il ne reste que le siège, le design et la cabane où Louis Renault a assemblé ses premières automobiles. La plus grande usine de Renault se trouve aujourd’hui en Turquie, à Bursa, à 3.478 km. En même temps, Renault possède 44% de Nissan, contrôle le coréen Samsung et détient Dacia, une marque qui peut lui permettre d’aller en Afrique, en Amérique du Su ou en Europe Central. La contrepartie est évidemment que 20% des voitures particulières estampillées Renault ou Dacia sont construites en France contre 63% en 1999.
Maintenant, la France a-t-elle définitivement perdue la guerre face à la Chine, à la Corée ou au Japon? On peut le dire… Mais alors, il faudra alors expliquer pourquoi l’Allemagne a réalisé un parcours exactement inverse. En 1999, sa balance des paiements est négative de 28 milliards de dollars. Dix ans plus tard, elle est positive de 244 milliards de dollars. Sans doute faut-il regarder plus de plus prêt la question de la compétitivité des entreprises françaises plutôt que de montrer du doigt la petite Clio. Clio est la muse de l’histoire, pas des histoires que l’on racontent pour calmer les enfants.
PhDx
lire le billetLe patron le plus puissant de France organise son pouvoir. Henri Proglio, P-DG d’EDF et simultanément président du conseil d’administration de Veolia Environnement, devait prendre quelques distances avec le groupe spécialiste du traitement des eaux. Il n’en fera rien. Il présidera Veolia et son second exécutera.
La cause des femmes.
En accueillant Esther Koplowitz, la principale actionnaire et vice-présidente du conseil d’administration du groupe de BTP espagnol, le conseil de Veolia fait avancer la cause des femmes d’une case. Il n’y avait jusque-là que des hommes autour de la table! Dans le même temps, Henri Proglio réaffirme son autorité. En effet, le directeur général de Veolia, Antoine Frérot, reste à la porte du conseil d’administration et se retrouve dans la position de simple exécutant d’une stratégie fixée par le président du groupe, Henri Proglio.
Il faut revenir deux mois en arrière pour comprendre ce qui se joue chez Veolia. Fin novembre, Henri Proglio devient le patron d’EDF, installé par Nicolas Sarkozy qui souhaite piloter depuis l’Elysée la réorganisation de la filière nucléaire. Peut-il être à la fois P-DG de deux groupe du CAC40, l’un contrôlé par l’Etat, l’autre privé? Cela semble difficile à faire passer. Henri Proglio annonce alors qu’il sera président “non exécutif” de Veolia, nomme Louis Schweitzer comme vice-président et Antoine Frérot devient directeur général. En bonne logique ce dernier devrait entrer au conseil d’administration. Ce ne sera pas le cas, Esther Koplowitz a pris le fauteuil disponible. Le président du conseil d’administration préside et le président du comité exécutif exécute. Henri Proglio conserve ainsi la réalité du pouvoir et ne s’embarrasse pas de détails. La décision a été prise le 17 décembre, elle est entrée en vigueur le 1er janvier et les actionnaires l’apprennent deux semaines plus tard.
Un Senior independant directeur, ça sert à quoi?
Comme le fait remarquer une note d’OFG Recherche, Louis Schweitzer va avoir du travail. Nommé vice-président du conseil d’administration de Veolia Environnement, il avait “pour mission de s’assurer, sur le modèle britannique du Senior Independant Director, du bon fonctionnement des organes de gouvernance.” Le Senior Independant Director est un administrateur au profil un peu particulier. Il peut recevoir les représentants des actionnaires qui le souhaitent, les membres du comité exécutif qui voudraient le rencontrer, il peut aussi réunir le conseil d’administration en l’absence du président… Bref, il est un véritable contre-pouvoir dans l’entreprise. Pas sûr, que Louis Schweitzer dispose d’une telle latitude.
Le schéma ressemble à celui mis en place entre l’Elysée et Matignon. Les décisions sont prises rue du Faubourg Saint-Honoré et mise en œuvre rue de Varenne. Henri Proglio applique à l’industrie le schéma de hyper-président. Il sera hyper-président directeur général.
PhDx
lire le billetPour être là où ça bouge, mieux vaut lire le Quotidien du Peuple que le Wall Street Journal. En tout cas, pour l’industrie automobile Shanghai est un meilleur point de vue que Detroit. “La Chine a remplacé les Etats Unis pour devenir le marché automobile du monde”, proclame l’Association des constructeurs automobiles chinois.
En 1908, Henry Ford lançait la Ford T, installant les Etats-Unis comme première puissance industrielle mondiale. Cent ans plus tard, et en gommant l’Union Européenne, la Chine est devenu le premier marché automobile dans le monde avec 13,64 millions de voitures particulières neuves immatriculées. Avec une hausse des ventes de 46%, ça aide évidemment. D’autant que de l’autre côté du Pacifique la chute a été brutale : -22% et 10,4 millions de voitures particulières vendues.
Les Etats-Unis ne vont pas longtemps restés aussi bas. Sans doute. Pour la plupart des observateurs, le cap des 15 millions, voire des 16 millions sera repassé en 2011 ou 2012. Soit, mais à cette époque le marché Chinois devrait se situer au delà de 20 millions d’immatriculations. Et pour la production le schéma est identique. Les usines américaines de Chrysler, GM, Ford, Toyota ou Honda ont assemblée 6,5 millions de voitures. Les Etats-Unis ne reviendront peut-être à 10, 11 millions quand la Chine sera au-delà de 20 millions.
Car pour satisfaire la demande la Chine ne va pas faire ses courses à l’étranger. Sa production suffit puisqu’elle a atteint 13, 79 millions de voitures assemblées dans les usines chinoises, l’année dernière. Si les premiers producteurs restent des joints venture sino-allemandes (Shanghai Volkswagen, FAW Volkswagen) ou sino-américaine (Shanghai General Motors), l’industrie chinoise s’émancipe et exporte.
Inutile de chipoter sur l’oubli de l’Union européenne, l’essentiel n’est pas dans le volume des ventes mais dans la croissance. Avec un peu plus de 14 millions de voitures neuves immatriculées dans les 27 pays de l’Union européenne et un recul de 2,5%, la Chine va vite passer devant. Ce sera fait en mars, en avril ou en mai.
Effaçons nous prudemment et donnons la parole au Quotidien du Peuple, reprenant un dépêche CCTV : “Le marché chinois n’a donc pas de rivaux en ce qui concerne son ambition et sa croissance aura un impact sur le monde entier. Les véhicules chinois pourront, à l’image des véhicules américains, trouver un marché à l’étranger.”
Et dire que la Chine annonce avoir dépassé les Etats-Unis alors que le Detroit Auto Show, la grande cérémonie annuelle de l’automobile Made in USA, vient de démarrer! Bon la liste des exposants chinois est encore un peu courte mais on en trouve : Li Shi Guang Ming, BYD Auto, font à peut prêt le même effet que les coréens Kia ou Samsung il y a quelques années. Ça ne va pas durer. Le monde de l’automobile vient de basculer et le centre de gravité est parti en Asie.
Une rapide leçon de chinois pour préparer l’avenir. Voiture s’écrit : 小汽車.
PhDx
lire le billet“Je n’accepte pas que l’on aille produire à l’étranger pour revenir vendre dans l’Hexagone. Je veux inverser cette tendance. Une voiture française destinée à être vendue en France doit être produite en France. C’est la position du président de la République.” A priori la déclaration de Christian Estrosi au Journal du Dimanche est faite de bon sens. Alors que Renault devrait, d’ici deux ans, réduire la production de Clio à Flins pour la transférer en Turquie dans l’usine de Bursa, le ministre de l’Industrie assure vouloir produire en France ce qui est consommé en France.
Pour lui donner une idée de la tâche qui l’attend, on peut regarder deux séries de chiffres. La localisation de la production de Renault et la balance des paiements. Renault produit actuellement moins de 20% des voitures particulières en France. Une voiture sur 4 sort des usines de Pitesti (Roumanie), de Novo Mesto (Slovénie) et de Moscou. Et le premier site industriel du groupe ne se trouve plus depuis longtemps dans l’Hexagone, mais à Bursa en Turquie, à 3.478 km de Billancourt, le berceau de l’entreprise. Au Sud d’Istanbul 300.000 voitures particulières par an sont construites, l’usine coréenne de Busan (Samsung) en assemble 180.000 contre 160.000 à Flins.
La production française de Renault est donc très loin de couvrir les ventes en France : 370.000 voitures particulières assemblées, 475.000 vendues en 2009. Il y a donc de la marge. Peut-on encore réfléchir dans un cadre hexagonal comme le voudrait Christian Estrosi? Ça n’est pas absolument certain. Le consommateur n’est par ailleurs pas sans responsabilité dans les choix de Renault. Demander des voitures mieux équipées, plus performantes, au moindre coût suppose d’aller les assembler en Turquie plutôt qu’à Flins.
Prenons un peu de hauteur pour regarder les échanges commerciaux à nos frontières. Il y a une constante depuis 1999, la balance des paiements courants (la différence entre l’argent qui entre grâce aux exportations ou au tourisme et l’argent qui sort avec les importations) est sur une pente négative. Largement, positive à la fin des années 90 elle est nettement négative depuis mai 2003: +4 milliards au début, -4 milliards d’euros aujourd’hui, selon les chiffres publiés par l’Insee.
Redresser la barre ne relève pas de l’injonction. Même si, comme le précise Christian Estrosi : “C’est la position du président de la République.” En matière économique et industrielle le volontarisme atteint vite ses limites.
Comment l’Allemagne se comporte-t-elle? Mieux beaucoup mieux, parce qu’elle assemble des voitures haut de gamme. Du coup, elle est moins portée à délocaliser et sa balance commerciale est devenue très largement excédentaire. Les statistiques compilées par l’OCDE mettent en évidence une balance positive pour la France en 1999 (+46 milliards de dollars) et négative pour l’Allemagne (-26 Mds$), alors en pleine réunification. Dix ans plus tard, en 2008, la France est au plus bas (-64,4 Mds$), l’Allemagne au plus haut (+243 Mds$). En 2009, la crise venue nous restons dans le rouge (-50 Mds$ à fin octobre), notre voisin demeure au dessus de la barre fatidique avec 112 Mds$ en dix mois.
Peut-on d’une injonction dominicale inverser des tendances aussi lourdes? Peut-être.
PhDx
lire le billetL’Autorité des marchés financiers (AMF) devrait publier très prochainement son bilan en matière de sanctions prononcées.
En 2009, l’AMF a examiné 33 affaires, dont 23 (33 en 2008) ont donné lieu à la publication d’une sanction. 16 ont été transmises au Parquet (20 en 2008).
Elles visaient 40 personnes (72 en 2008) dont 17 personnes physiques et 23 personnes morales.
-9 sanctions (55 en 2008)ont été prononcées au titre de manquement d’initié (l’étape avant le délit d’initié qui relève du droit pénal).
-15 sanctions (5 en 2008) pour manquement à la bonne information du public.
-1 sanction (5 en 2008) pour manipulation de cours.
-7 sanctions (2 en 2008) pour manquement aux obligations spécifiques d’information (informations à diffuser lors des rachats, d’opération réalisés par des dirigeants…)
-10 (42 en 2008) au titre d’un manquement aux obligations d’un prestataire de service d’investissement (PSI).
42 sanctions ont été prononcées en 2009, contre 109 en 2008, soit une baisse de 61%.
Les acteurs des marchés financiers ont donc été plus vertueux en 2009. Ou plus discrets.
Il ne faut pas sanctionner l’AMF, puisque si elle a le pouvoir d’enquêter elle n’a pas celui de sanctionner. Celui-ci appartient à la Commission des Sanctions dont la majorité des membres est désignée par le ministère des Finances.
PhDx
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