Henri Proglio président sur courant alternatif on and off

Henri Proglio a aujourd’hui une vision plus claire des risques qu’il prend en étant à la fois président du conseil d’administration de Veolia et président directeur général d’EDF. Il le dit dans le Journal du dimanche, sans le dire… C’est la règle du off. L’article, titré “Comment le PDG se défend”, est fait des propos tenus par Henri Proglio samedi après midi dans les locaux d’EDF. On peut lire qu’il était “détendu, en jean et bras de chemise”, mais les propos qu’il tient ne lui sont jamais directement attribués. C’est la règle, parfois absurde du “off the record”, en français ce n’est pas dans l’enregistrement et l’auteur des paroles pourra toujours dire: “je n’ai jamais dit cela”.

Que dit donc sans le dire Henri Proglio? Il décrit à nouveau les projets de rapprochements entre Veolia et EDF. Il parle de la voiture électrique, des certificats de CO2, de conquérir des marchés à l’international, bref, il y a du pain sur la planche. Mais l’essentiel est plus loin. un question vient probablement du ou des journalistes présents: “Alors conflits d’intérêts?” Réponse de l’intéressé qui ne dit pas son nom: “L’essentiel est le projet industriel. Et quand on passera aux questions financières, promis juré, il ne s’en mêlera pas.”

Cette petite phrase, perdue au milieu du papier, montre que la perception juridique du conflits d’intérêts, inexistante la veille, est désormais plus nette au avenue de Wagram au siège de la présidence d’EDF. Car de quoi s’agit-il? Pas de penser que l’homme est malhonnête. Ça n’est pas le cas. Ou qu’il négligerait les intérêts de l’une ou l’autre entreprise par cynisme ou cupidité. Non, la question est ailleurs. Simplement, le même homme étant à la tête de deux entreprises qui vont être amenées à négocier de nombreux dossiers, à s’échanger des participations, à construire ensemble des chantiers, les actionnaires de Veolia ou ceux d’EDF pourront aller devant les tribunaux pour se plaindre d’avoir été lésés. Comment établir que les intérêts forcément contradictoire des deux entreprises.

Les temps ont changé et un détour par le Palais de Justice de Paris, jeudi dernier, permettait de le constater. A la 11° chambre correctionnelle se retrouvait les plus grands avocats pour fixer le calendrier de l’affaire Vivendi. Juste après un trafic de cigarettes et la condamnation de deux ressortissants chinois à 84.000€ d’amende, M° Meztner, représentant Jean-Marie Messier, M° Farthouat, et une vingtaine d’avocats se pressait pour savoir quand les plaintes des petits actionnaires allaient être examinées. Des grands patrons contraints par des petits actionnaires de venir s’expliquer étaient inepte. C’est aujourd’hui possible.

Du coup, Henri Proglio risque de se retrouver dans une posture intenable au moment ou les négociations commencent entre Veolia et EDF. Sa bonne foi et sa loyauté ne sont pas en cause. Simplement, on ne peut défendre simultanément des intérêts contradictoires. En droit des affaires, le president non exécutif de Veaolia aurait pu arguer du fait qu’il se trouve au dessus de la mélée. Que son rôle se borne à administrer le conseil d’administration et que son directeur générale dirige le groupe. Cette argument semble difficilement tenable tant l’homme s’est mis en avant depuis des mois, défendant l’idée d’un rapprochement stratégique. Il a de plus commis une erreur en ne faisant pas entrer son second, Antoine Frérot, chez Veolia au conseil d’administration.

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Henri Proglio: le conflit d’intérêts est-il évident ou évanescent?

Une gène, un silence, un sourire et puis rien. A peine avez-vous évoqué le nom de Proglio que le monde des affaires se recroqueville. Y-a-t-il conflit d’intérêts? “Vous le dites…, mais c’est off…” paraît être le plus osé. L’AFEP, un think tank proche du Medef, fait savoir, par la voix de son président Jean-Martin Folz,”qu’elle ne prend pas part au débat public”. Laurence Parisot, la présidente du Medef, ne voit rien à redire à cette situation: “Henri Proglio est Président non exécutif de Veolia. Il est devenu Président exécutif et hyper opérationnel d’EDF. Sa connaissance de Veolia, la contribution exceptionnelle et de longue durée qu’il a apportée à cette entreprise -un investissement d’une vie au service d’une entreprise- permettent de comprendre qu’il ne puisse pas quitter Veolia et ses projets de long terme subitement…”.

Daniel Lebègue, l’ancien patron de la BNP, président de l’Institut français des administrateurs (IFA) et de Transparency France, l’ONG qui se donne pour tâche de lutter contre la corruption, pèse ses mots mais dit les choses: “Il serait préférable qu’Henri Proglio quitte toute fonction au sein de Veolia, pour se soustraire à toute critique qui ne manquera pas de venir. Maintenant qu’une réponse a été apportée à la question seconde, la rémunération, il convient de régler la question principale. Les administrateurs doivent défendre l’intérêt des actionnaires de l’entreprise, comment au moment des rapprochements annoncés, monsieur Proglio pourra-t-il garantir les intérêts des actionnaires d’EDF et ceux des actionnaires de Veolia. Nous demandons aussi une disponibilité totale et là, je l’ai déjà dit, il faudrait être un surhomme pour gérer les deux entreprises. Notre avons une dernière demande à un administrateur, c’est la compétence. Mais en l’occurrence elle ne fait aucun doute.”

En dehors de Daniel Lebègue, le silence est de mise. Il faut remonter au 8 décembre pour trouver un jugement de poids. Jean-Pierre Jouyet, le président de l’Autorité des marchés financiers, présentait le 6ème rapport de l’AMF sur le gouvernement d’entreprise. Question : que pense-t-il de la double présidence ? Réponse rapportée par Challenges : “Je trouve cette situation “baroque“. Mais elle est autorisée en droit et rien n’est prévu dans le code Afep-Medef à ce sujet, ce que l’on peut d’ailleurs regretter”

Philippe Mechet directeur de la communication de Veolia, se défend de tout conflit d’intérêts : “Ce que je constate c’est que jamais il n’y a eu le moindre conflit d’intérêts entre les deux maisons EDF et Veolia. Je ne suis pas dans la fiction, les conjectures, je regarde la réalité, la situation objective de l’entreprise. Pouvez-vous me citer un seul cas? Il n’y en pas. Jamais les deux entreprises ne ce sont retrouver face à face dans un appel d’offres.” Henri Proglio risque-t-il de se retrouver dans une situation intenable vis-à-vis des actionnaires de l’une ou l’autre entreprise qui l’accuseront de ne pas avoir défendu leurs intérêts? Philippe Méchet rejette ce scénario. “Les deux entreprises ont intérêt à ce rapprochement. Prenez Dalkia, c’est exactement ce qui s’est passé, c’était du gagnant-gagnant.”

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Qu’elle soit

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Proglio, devrait quitter Veolia avant de multiplier les conflits d’intérêt

Henri Proglio a fait un pas: abandonner son salaire comme président de Veolia Environnement. Il devrait en faire un deuxième: se retirer tout simplement de Veolia, avant de se retrouver dans un conflit d’intérêts qui risque de l’amener devant les tribunaux. En effet, comment peut-il représenter simultanément les actionnaires de Veolia Environnement et ceux d’EDF alors que l’on évoque des rapprochements stratégiques entre les deux entreprises? Il y a déjà un dossier sur la table: Dalkia.

Le conflit d’intérêts semble d’ailleurs être en filigrane dans la déclaration d’Henri Proglio annonçant l’abandon de son salaire comme président de Veolia: «Aujourd’hui, une polémique peut m’empêcher de mener à bien le projet industriel et social que j’ai forgé pour EDF, dont l’entreprise a besoin et pour lequel j’ai été missionné, a expliqué jeudi soir Henri Proglio. Rien ne me détournera de cette tâche. C’est pourquoi j’ai décidé de renoncer à toute rémunération en tant que président non exécutif de Veolia.»

Pour que rien ne le détourne du projet industriel forgé pour EDF, pour reprendre ses mots, il devrait se pencher sur la question du conflit d’intérêts. Le premier dossier s’appelle donc Dalkia. Une entreprise spécialisée dans le chauffage urbain et collectif, qui compte 53.000 collaborateurs, réalise 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires et qui appartient à EDF et à Veolia (50% chacun). Les affaires sont les affaires et le premier a décidé, il y a plusieurs mois, de céder sa participation au second. Le président d’EDF peut-il négocier avec celui de Veolia? Ou pour poser la question autrement : Henri Proglio peut-il représenter simultanément les intérêts des actionnaires d’EDF et de Veolia qui, en l’occurrence, sont contradictoires? La solution dans ce genre de situation est très simple, les deux entreprises s’en remettent à un tiers, un arbitre, pour fixer la «juste valeur» des actions de Dalkia. Il est difficile d’imaginer Henri Proglio s’en remettre à un tiers à chaque fois qu’un conflit d’intérêt surviendra…

Passe encore si les deux entreprises ne sont amenées à se croiser qu’une fois de temps en temps. Mais comment faire quand elles doivent se rapprocher de manière étroite? Le 26 novembre dernier, alors que son arrivée chez EDF était acquise, Henri Proglio multipliait les projets communs dans une interview au Monde. Il avançait même un schéma tout prêt: EDF monterait jusqu’à 15% dans Veolia, qui reprendrait les 34% de l’électricien dans sa filiale de services à l’énergie Dalkia.  «La France a la chance d’avoir le numéro 1 mondial de l’environnement et le numéro 1 mondial de l’électricité. Deux acteurs très complémentaires avançant de façon concertée pour créer une offre française me semble intéressant. J’ai la conviction que c’est d’abord positif pour EDF. EDF a beaucoup à gagner à ce que la coopération avec Veolia soit institutionnalisée. Et Veolia aussi. C’est gagnant-gagnant.» Et pour conclure: «Ce rapprochement n’est pas la toute première de mes priorités, mais je pousserai ce projet. Dans l’intérêt des deux entreprises et de mon pays

Voilà, une chose dite, une affaire entendue. De deux choses l’une: soit Henri Proglio joue l’intermittence en confiant à un tiers la charge de ce gigantesque rapprochement et cela n’a pas de sens, soit il renonce à présider l’un des deux groupes. Cela lui laisse un choix.

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Proglio doit maintenant abandonner la présidence de Veolia

Article paru sur Slate.fr

Prenons les dossiers dans l’ordre. Combien gagne Henri Proglio? Beaucoup. Mais encore? Avant jeudi soir, l’addition de ses salaires comme PDG d’EDF et en tant que président du conseil d’administration de Veolia Environnement s’élevait à 2,05 millions d’euros. 1,6 millions comme électricien, 450.000 euros pour l’eau et les déchets. Et voilà qu’il renonce aux 450.000 euros.

Cela dit, il faut garder son calme. Le salaire d’un patron n’est qu’une partie de sa rémunération. Ainsi, en 2008, Henri Proglio a-t-il empoché 992.000 euros de salaire fixe, 1,4 million pour la partie variable de son salaire, 83.600 euros pour sa présence dans différents conseil d’administration et 3,6 millions au titre de l’exercice de stock-options. Soit au total un peu plus de 6 millions d’euros. L’année précédente, en 2007, ses stock-options lui avaient permis de gagner 10 millions d’euros quand son salaire, fixe et variable, atteignait 2,4 millions d’euros. Encore un détail, à ces sommes s’ajoutent 3.050 euros d’avantages en nature. En clair, il s’agit la plupart du temps d’une indemnisation pour une voiture de fonction. Ça paraît mesquin et ça l’est. Son départ aurait également un coût faramineux. En effet, si Proglio reste chez Veolia jusqu’à sa retraite, et seulement à cette condition, il touchera 13,1 millions d’euros. C’est écrit en toute lettre à la page 130 du Document de référence 2008 de Veolia Environnement (pdf).

Alors un patron gagne-t-il trop? Oui, évidemment a-t-on envie de dire. En 2008, selon le cabinet Proxinvest, Bernard Arnault a gagné 16,8 millions d’euros, Arnaud Lagardère 13,3 millions d’euros et Henri de Castries 7,4 millions d’euros. En moyenne les patrons du CAC40 ont gagné 3,6 millions d’euros contre 4,7 millions un an plus tôt. Est-ce trop? Pas assez? Si l’on élargit un peu le panel, les présidents des grandes entreprises françaises ne viennent qu’au sixième rang du classement européen, avec 2,3 millions d’euros.

Comment peut-on évaluer si un patron gagne trop ou pas assez? Le plus simple est de regarder la valeur de l’entreprise qu’il dirige depuis l’instant où il en a pris les rênes. Cela évite la démagogie. Prenons donc le cas d’Henri Proglio. Quand notre capitaine d’industrie a pris son indépendance vis-à-vis de Vivendi, il a eu une bonne inspiration. Jean-Marie Messier se lançait à l’a tête de l’ancienne Générale des eaux à la conquête du monde des paillettes et des images. Avec Canal+, ou l’Olympia en France, Universal Studio et Universal Music aux Etats-Unis, il a l’idée de vouloir remplir avec des contenus les tuyaux d’Internet et de la télévision numérique. Alors forcément, les eaux usées et les poubelles rentraient moyennement dans son plan à 10 ans.

Qu’à cela ne tienne, Henri Proglio connaît le job et introduit en Bourse l’ancienne Générale des eaux et la renomme Veolia Environnement. Prenez le classement de Challenges, réalisé avec la Coface Services, spécialisée dans la notation des entreprises. Chaque année sont analysées les performances d’une trentaine de patrons du CAC40. Et bien, Henri Proglio termine cette année 27e sur 30. Au moins, il n’est pas dernier.

Les actionnaires de Veolia ont-ils de quoi se réjouir en dépit de cette performance médiocre? Sûrement pas. La performance boursière (annualisée sur 3 ans, 2006-2007-2008) a vu un recul de la valeur des titres de 16,8%. Son prédécesseur chez EDF, Pierre Gadonneix, termine 21e du même classement et a fait progresser la valeur de l’entreprise de 9,2% par an. C’est mieux pour revendiquer deux casquettes. Il n’y donc pas là de quoi justifier un salaire de 2 millions d’euros et un revenu de 6 ou 10 millions. Peut-être même pas de 450.000 euros…

Cette performance nous amène à la seconde question. Henri Proglio peut-il diriger deux entreprises plutôt qu’une? Du point de vue de la performance, cela n’a pas de sens. Comment peut-on justifier que Henri Proglio devienne le patron d’EDF et conserve la présidence de Veolia? L’homme est est un proche de Nicolas Sarkozy, très proche. Le président de la République devrait d’ailleurs revoir ses critères quand il choisit ses amis patrons. Arnaud Lagardère, le «frère» du président est avant-dernier du classement de Challenges. Autre héritier, Martin Bouygues fait mieux avec la 18e place.

Peut-on diriger deux entreprises du CAC40? Evidemment pas. EDF et Veolia peuvent être en concurrence, avoir des intérêts divergents, comment le président de l’une peut-il décider contre l’autre? On évoque des rapprochements stratégiques. Mais le patron d’EDF peut-il négocier avec celui de Veolia quand il est une et même personne? Comment résoudre ces questions que Christine Lagarde connaît par cœur?

L’ancienne présidente Baker & McKenzie, un grand cabinet d’avocats de Chicago, avait demandé à ce que le président de Veolia devienne «non exécutif» déléguant l’essentiel de ses pouvoirs à un directeur général. Le président non executif n’apparaît plus dans la gestion courante des affaires et se contente de présider le conseil d’administration. Henri Proglio a bien nommé un directeur général, Antoine Frérot, mais en prenant soin de ne pas le faire entrer au conseil d’administration de Veolia. Pour que les choses soient claires, il a même fait entrer en décembre un nouvel administrateur, une femme, Esther Koplowitz. Le patron c’est lui, et Antoine Frérot connaît sa place. En n’étant pas membre du conseil d’administration il est un peu comme un Premier ministre qui n’assisterait pas au Conseil des ministre. Un Premier ministre qui serait le collaborateur du président de la République, comme l’expliquait Nicolas Sarkozy de François Fillon. C’était il y a longtemps, c’était l’année dernière, quand le locataire de l’Elysée pensait que son fils pouvait légitimement devenir président de l’Epad.

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# Sans commentaire # Vendez, ils vendent… (5)

Dans la série des patrons qui vendent les titres de leur société, Xavier Niel vient de réaliser une série d’opérations de belle ampleur. Le vice-président du Conseil d’administration de la holding de Free, et ses proches, ont réalisé trois cessions au début du mois. Le 8 janvier, première salve pour un montant de 2,3 millions d’euros. Trois jours plus tard, le 11 janvier, c’est “une personne physique liée à Xavier Niel”, en clair quelqu’un de sa famille, qui cédait pour 1,2 M€ d’action Iliad. Le lendemain, le 12 janvier, c’est le gros coup : 7,7 M€. Le total? 11,2 millions d’euros. Toutes ces opérations ont été rendues publiques hier sur le site de l’Autorité des marchés financiers (AMF).

Faut-il suivre l’exemple du patron vendeur de ses titres?

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Von Dutch peut-être pas Nazi, mais sûrement un gros gros bourrin

Les interviews de Frédéric Beigbeder dans GQ peuvent être édifiantes (Michel Rocard), délicieuses et drôles (Jean d’Ormesson). Celle de Christian Audigier, dans le dernier numéro, est pleine de vide. Un vide d’une grande densité. L’homme se montre d’un naturel, ou d’un cynisme, c’est selon, déconcertant.

Question de GQ : “C’est qui ce Von Dutch ? C’est un Hollandais ?”
Réponse : “Non, pas du tout, c’est un nom germain, à la « ein, zwei, drei. » Et c’était un mec qui était actuellement raciste, tu vois, et qui avait des antécédents antisémites, que j’ai découvert sur le tard, très tard. Mais Von Dutch, je savais qu’il était le pape de la « custom culture. » Dans les années 50’s, c’est lui qui ravivait ses voitures. Il faisait le « pinstripe », c’est un exercice que tu fais d’une seule main et d’un seul trait. Et donc il faisait des fioritures sur les voitures. Il était le créateur de ça. Je parlais de lui et rien de plus facile que de connaître un mec pour parler de lui après et vendre des fringues avec un nom dessus. Donc je l’ai monté, encensé, en en faisant le pape de la « custom culture » alors qu’il y en a cent des mecs.”

Von Dutch, de son vrai nom Kenneth Greame Howard, également surnommé J. L. Bach, né le 7 septembre 1929, était maître de la “kustom culture” à Los Angeles, au tournant de années 50-60. Il inventait, avec d’autres, une customisation flamboyante de tout ce qui roule, camions, pick-up, voitures et motos. Avec des anges, des pin-up, ou des diables, des paillettes, du fluo, du rouge pétard, du jaune éclatant et des traits ultra-fins (pinstripe), il vous transformait un tracteur en carrosse intergalctique. Aucun historien sérieux ne s’est penché sur ce personnage dont on dira qu’il était un néo-nazi, anti-sémite et raciste. Il portait des T-shirt avec une croix gammée enflammée et trois jours avant sa mort, le 19 septembre 1992, il aurait rédigé une lettre signée: “Heil Hitler”.

En 2005, alors qu’une campagne de boycottage de la marque relancée par Christian Audigier prend forme, des copains de Von Dutch le défendent. Un pote, un certain Bob Burns assure qu’il n’était pas pro-nazi qu’il se foutait de savoir ce que l’on disait de lui préférant laisser dire. Et, insiste Von Dutch lui aurait confié qu’il était “un peu Juif”. Bref, ce type avait tout d’un gros gros bourrin pas vraiment sympathique. Cela conduit forcément à changer le regard que l’on porte sur les T-Shirt et les casquettes qui portent son nom.

Peut-être pour éviter de nouveaux déboires, Christian Audigier a trouvé la parade. Il réinvente le T-shirt uni sans rien, mais très cher. “J’ai un scoop pour toi, dit-il à Frédéric Beigbeder, je monte une marque complètement différente. Ça s’appelle « The Same Guy », le même mec. Pour que les gens disent « C’est qui ce tee shirt ? C’est The Same Guy, c’est le même mec, donc c’est lui, c’est moi. » Sans parler trop de moi, sans me mettre trop au devant, et c’est une marque de tee shirts unis. Comme American Apparel le fait, mais bien sûr, beaucoup mieux, avec une idée de marketing que tu verras éclore. Mais je monte une marque de tee-shirts unis sans rien dessus.” C’est plus prudent.

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PS : L’auteur est marié à Anne Boulay, rédactrice en chef de GQ.


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Pour Renault, l’Etat exige un Comité stratégique qui existe déjà!

On devrait toujours se replonger dans les textes. Ils permettent de se rafraîchir les idées. Prenons le cas de Renault. Il y a quinze jours, Christian Estrosi soulevait la question du site de fabrication de la Clio. Il devait être et demeurer en France. L’Etat allait montrer de quel bois il se chauffait et réclamait six sièges au conseil d’administration, quand il n’en compte aujourd’hui que deux. Samedi dernier, Nicolas Sarkozy recevait Carlos Ghosn, le président de Renault pour lui signifier la volonté de l’actionnaire. Depuis, rien ou presque. Pas de sièges supplémentaires et une vague promesse de construire des Clio IV, en 2012, à Flins.  L’Etat a quand même obtenu la création d’un comité stratégique… qui existe déjà.

Bien. En fait tout cela était tout à fait inutile. Un coup d’œil au Rapport annuel 2008 et au Document de référence 2008 de Renault, comme le montre une note du cabinet OFG Recherche, aurait remis les choses à leur place. Renault SA fait partie d’un groupe mondial qui s’appelle Renault-Nissan, baptisé l’Alliance. Cela fait un peu ésotérique, un peu science fiction, mais nous sommes bien dans la réalité du pouvoir. Que dit le Rapport annuel 2008, à la page 13 :  “l’Alliance a créé une société de management stratégique détenue conjointement et à parité par Nissan et Renault dans le dessein d’élaborer une stratégie commun et de gérer l’ensemble des synergies. Cette société de droit néerlandais, Renault-Nissan b.v., abrite le Directoire de l’Alliance. Sous la présidence de Carlos Ghosn, le Directoire de l’Alliance comprend trois directeurs de Renault et trois directeurs de Nissan.” C’est donc l’Alliance via Renaul-Nissan BV qui prend les décisions stratégiques Renault SA et Nissan appliquent, développent mettent en place. Cette instance de direction se réunit au moins dix fois par an et n’a pas de comptes à rendre devant un conseil d’administration. Il n’y en a tout simplement pas.

En signe de victoire des pouvoirs publics, Renault indiquait tout de même à l’AFP :  “qu’il allait mettre en place un comité stratégique au sein du conseil d’administration, auquel participera l’un des administrateurs de l’Etat”. Cette fois c’est le Document de référence 2008 qu’il faut ouvrir à la page 145. De deux choses l’une, soit le Document de référence raconte n’importe quoi, soit le Comité en question existe déjà. Il s’appelle “Comité de stratégie internationale”, il compte six membres. Sa composition est très inéressante puisque y siège déjà un administrateur représentant l’Etat: Catherine Bréchignac. Pour mémoire, Jean-Claude Paye, le préside, Yves Audvard (administrateur représentant les salariés) y assiste au côté de Patrick Biau (administrateur représentant les salariés) , de Jean-Pierre Garnier (administrateur indépendant) et de Georges Stcherbatcheff (administrateur).

Bref, le pouvoir n’est pas à Boulogne-Billancourt, mais au Pays-Bas, il est donc inutile de réclamer des postes d’administrateurs supplémentaires au conseil de Renault SA et le Comité stratégique existe déjà! Quoi d’autre? Selon un porte-parole de Renault, si le Comité de stratégie internationale existe bel et bien, l’entreprise étudit la mise en place d’un Comité de stratégie industrielle. Quant aux entreprises Renault et Nissan, elles disposent d’une autonomie de décisions, même si le board de l’Alliance Renault-Nissan BV qui détermine la stratégie de l’ensemble.

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Le schéma de l’organisation de l’Alliance Renault-Nissan peut laisser perplexe. En effet, Renault-Nissan BV est détenu par les deux groupes industriels, mais les décisions stratégique sont prises par la holding comme le montre le Document de référence 2008 (p. 32).

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#Chronique d’une crise paradoxale# (3) La croissance revient pas les emplois

Le FMI confirme sa prévision pour la croissance mondiale en 2010 : 3% en 2010. Ce chiffre repris avancé aujourd’hui (20/01/10) par Dominique Strauss-Kahn, reprend les prévisions du Fonds monétaire international publiées en octobre dernier (Perspectives de l’économie mondiale. Oct. 2009).

L’économie sera tirée par les puissances émergentes que les puissances industrielles seront à la traîne. En octobre, le FMI prévoyait une croissance de 1,3% pour les pays développés et de 3,6% pour les pays nouvellement industrialisés d’Asie. Pour la France, les experts de Washington avançaient un chiffre de 0,9%. Christine Lagarde a annoncé lundi que c’est une croissance de 1,4% qui était attendue en 2010.

La situation du chômage devrait elle se détériorer cette année. Toujours, en octobre, le FMI prévoyait un taux de chômage de 9,3% en 201 (8,2% en 2008) dans les pays développés, et de 10,3% en France (9,3% en 2008).

Il faudra attendre la révision détaillée des chiffres du FMI pour savoir si cette reprise sans travail se confirme.

“Après avoir indiqué que le déficit de l’Etat atteindrait le record de 138 milliards d’euros en 2009, soit 3 milliards de moins que les prévisions, le ministre du Budget a déclaré, mercredi 20 janvier, que c’est au tour du déficit public français (Etat, comptes sociaux, collectivités locales) d’afficher un léger mieux par rapport aux chiffres attendus. Il atteint effectivement 7,9% du PIB en 2009, contre les 8,2%.” Challenges (20/01/10)

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#Chronique d’une crise paradoxale# (2)

Création d’entreprise au plus haut. (Insee)

580 193 créations d’entreprise en 2009, +75% par rapport à 2008.
Le nombre cumulé de créations des mois d’octobre, novembre et décembre 2009 : 215.778. Il est en forte hausse par rapport aux mêmes mois un an auparavant (+111,3 %, T/T-4). Les secteurs qui contribuent le plus à cette hausse sont le soutien aux entreprises et le commerce.Sur l’ensemble de l’année 2009, on dénombre 320 019 demandes de créations sous le régime de l’auto-entrepreneur, soit plus d’une création sur deux.

Bilan démograpique 2009 positif (Insee)

821 000 naissances en 2009.
64 321
de personnes vivent en France.
84,5
c’est l’espérance de vie d’une fille née en 2009.
77,8
c’est l’espérance de vie d’un garçon né en 2009.
Deux pacs pour trois mariages en 2009.

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Henri Proglio cumule les salaires et les pouvoirs chez EDF et Veolia

Henri Proglio aura bien deux présidences et deux salaires. Président du conseil d’administration de Veolia Environnement il touchera 450.000€ par an comme salaire, selon une information du Point. Président directeur général d’EDF il devrait gagner 1,6 million d’euros (+45% par rapport à son prédécesseur) pour gagner finalement 2 millions d’euros. Christine Lagarde souhaitait qu’il ne cumule pas deux présidences et deux salaires. Il cumulera et l’un et l’autre. Ainsi en en ont décidé les trois membres du comité des rémunérations de Véolia, chargés de fixer le salaire du président du conseil d’administration, Louis Scheiwtzer, Daniel Bouton et Serge Michel.

En même temps, ses revenus ne s’arrêteront pas à ses salaires. En 2008, Henri Proglio avait empoché 6 millions d’euros comme patron de Veolia  (10 millions en 2007) : 3,6 millions d’euros (7,6 millions en 2007) avec l’exercice de stocks options et la vente d’action Veolia, le 21 avril 2008, 2,267 millions d’euros pour la partie salariale (992.000€ de salaire fixe, 1,275 million d’euros de salaire variable) et 3.050 euros pour “les avantages en nature”, soit une voiture de fonction. Pour connaître le détail de ses revenus 2009, comme patron de Veolia et d’EDF, il faudra attendre la publication du rapport officiel au printemps.

Le cumul des salaires est donc une affaire entendue, mais elle soulève une question : comment peut-on au final réduire la partie salariale des revenus d’Henri Proglio en lui confiant deux entreprises? En effet, l’addition de ses salaires devraient atteindre 2 millions d’euros, quand il gagnait 2,267 millions chez Veolia en 2008? Il ne gagnera plus que 450.000$ comme salarié de Veolia (1), son salaire va chuter de 80%! La CGT, dont le silence est assourdissant, devrait s’emparer de cette situation.

Qu’en est-il du cumul des pouvoirs? Pour répondre à  cette question on peut se pencher sur la dernière nommination au conseil d’administration de Veolia. L’idée défendue par la ministre des Finances relevait du bons sens: Henri Proglio devait devenir un président non exécutif chez Veolia, avec un numéro 2 chargé de gérer l’entreprise et responsable devant le conseil d’administration. Il a bien nommé un directeur général, Antoine Frérot, mais sans le nommer au conseil d’administration. Un siège vient pourtant de se libérer pour permettre l’arrivée d’Esther Koplowitz. Cela a permis de faire entrer une femme, dans un conseil 100% masculin, mais pas de faire progresser la gouvernance au sein de Veolia. Le patron c’est Henri Proglio et Antoine Frérot sera le collaborateur chargé de mettre en œuvre la stratégie. Et voilà le cumul des pouvoir organisé.

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(1) Henri Proglio a finalement renoncé à toute rémunération de la part de Véolia. Le Monde (21/01/2010)

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