Henri Proglio a fait un pas: abandonner son salaire comme président de Veolia Environnement. Il devrait en faire un deuxième: se retirer tout simplement de Veolia, avant de se retrouver dans un conflit d’intérêts qui risque de l’amener devant les tribunaux. En effet, comment peut-il représenter simultanément les actionnaires de Veolia Environnement et ceux d’EDF alors que l’on évoque des rapprochements stratégiques entre les deux entreprises? Il y a déjà un dossier sur la table: Dalkia.
Le conflit d’intérêts semble d’ailleurs être en filigrane dans la déclaration d’Henri Proglio annonçant l’abandon de son salaire comme président de Veolia: «Aujourd’hui, une polémique peut m’empêcher de mener à bien le projet industriel et social que j’ai forgé pour EDF, dont l’entreprise a besoin et pour lequel j’ai été missionné, a expliqué jeudi soir Henri Proglio. Rien ne me détournera de cette tâche. C’est pourquoi j’ai décidé de renoncer à toute rémunération en tant que président non exécutif de Veolia.»
Pour que rien ne le détourne du projet industriel forgé pour EDF, pour reprendre ses mots, il devrait se pencher sur la question du conflit d’intérêts. Le premier dossier s’appelle donc Dalkia. Une entreprise spécialisée dans le chauffage urbain et collectif, qui compte 53.000 collaborateurs, réalise 9 milliards d’euros de chiffre d’affaires et qui appartient à EDF et à Veolia (50% chacun). Les affaires sont les affaires et le premier a décidé, il y a plusieurs mois, de céder sa participation au second. Le président d’EDF peut-il négocier avec celui de Veolia? Ou pour poser la question autrement : Henri Proglio peut-il représenter simultanément les intérêts des actionnaires d’EDF et de Veolia qui, en l’occurrence, sont contradictoires? La solution dans ce genre de situation est très simple, les deux entreprises s’en remettent à un tiers, un arbitre, pour fixer la «juste valeur» des actions de Dalkia. Il est difficile d’imaginer Henri Proglio s’en remettre à un tiers à chaque fois qu’un conflit d’intérêt surviendra…
Passe encore si les deux entreprises ne sont amenées à se croiser qu’une fois de temps en temps. Mais comment faire quand elles doivent se rapprocher de manière étroite? Le 26 novembre dernier, alors que son arrivée chez EDF était acquise, Henri Proglio multipliait les projets communs dans une interview au Monde. Il avançait même un schéma tout prêt: EDF monterait jusqu’à 15% dans Veolia, qui reprendrait les 34% de l’électricien dans sa filiale de services à l’énergie Dalkia. «La France a la chance d’avoir le numéro 1 mondial de l’environnement et le numéro 1 mondial de l’électricité. Deux acteurs très complémentaires avançant de façon concertée pour créer une offre française me semble intéressant. J’ai la conviction que c’est d’abord positif pour EDF. EDF a beaucoup à gagner à ce que la coopération avec Veolia soit institutionnalisée. Et Veolia aussi. C’est gagnant-gagnant.» Et pour conclure: «Ce rapprochement n’est pas la toute première de mes priorités, mais je pousserai ce projet. Dans l’intérêt des deux entreprises et de mon pays.»
Voilà, une chose dite, une affaire entendue. De deux choses l’une: soit Henri Proglio joue l’intermittence en confiant à un tiers la charge de ce gigantesque rapprochement et cela n’a pas de sens, soit il renonce à présider l’un des deux groupes. Cela lui laisse un choix.
Super article, c’est le point le plus important, et a l’Etat de se retirer vraiment des affaires et de devenir un puissant regulateur au service des citoyens francais!
Nous sommes d’accord.