Depuis quelques jours la Chine devient premier en tout:
Premier exportateur mondial avec 1.200 milliards de dollars en 2009.
Premier dans la construction navale en prises de commandes : 53,2 de CGT (Compensated gross tons) contre 52,8 CGT pour les chantiers sud-coréens.
Premier marché automobile mondial avec 13,64 millions de voitures particulières neuves immatriculées l’année dernière.
Premier marché pour la Mercedes Classe S. On en vendrait 1.200 par mois à 210.000€ contre 66.000€ en Europe.
Premier sur Internet avec 253 millions d’internautes, contre 223 millions aux Etats-Unis, selon le China Internet Network Information Center.
Premier marché mondial pour la téléphonie mobile, selon une source gouvernementale, avec 687 millions d’utilisateur de portable.
Premier marché mondial pour la poupée Barbie… dans 5 à 10 ans, selon Richard Dixon, le directeur des ventes la poupée quinquagénaire.
Premier marché mondial des circuits intégrés avec 35,56 milliards de cartes, devant le Japon det les Etats-Unis, selon le China Securities citant de chiffres de l’Association de l’Industrie des Semi-conducteurs chinoise.
Premier marché mondial pour TetraPak avec 23, 246 milliards, devant le Brésil (8,837 milliards), l’Allemagne (7,081), le Japon (6,838), les Etats-Unis (6,721), et… la France (3,365). Source TetraPak.
Voilà, ce que l’on trouve sur les 10 premières pages de Google en français, avec comme recherche: “Chine, premier marché”. Pourquoi une telle avalanche? D’abord, parce que la Chine compte 1,2 milliard d’habitants et une classe moyenne évaluée à 100 millions de personnes, soit l’équivalent du Japon (120 millions de personnes) ou de l’Allemagne (80 millions de personnes). Ensuite, parce qu’avec une croissance de 9%, personne ne peut contenir durablement la Chine. “Et c’est grâce aux mesures justes et adéquates prises par le gouvernement que l’économie chinoise ait pu surmonter les problèmes apportés par la crise et réaliser son objectif de croissance de 9%.” assure le Quotidien du Peuple.
Le dernier élément est peut-être a recherché dans un article publié récemment par Thierry Wolton dans Le Monde. L’analyste établit un parallèle entre la Chine d’aujourd’hui et l’URSS de Nikita Krouchtchev au début des années 60. La patrie du communisme vient d’envoyer un homme dans l’espace et assure qu’elle va bientôt dépasser la puissance américaine…
L’économie Chinoise est d’une autre puissance que le communisme soviétique d’après guerre, il n’empêche, la plupart des informations sont de sources chinoises mal identifiées, floues ou incertaines. A l’évidence, le Quotidien du Peuple, disponible en Français, ou les différents organismes chinois ont une mission: installer le pays sur la scène médiatique. Et actuellement, tout passe, tout est repris, puisque tout est probablement vrai. Probablement.
PhDx
lire le billetOn est pas obligé d’avoir confiance dans tous les chiffres, mais pour la Banque de France, la crise (de confiance) est terminée, effacée. La courbe de l’indicateur du climat des affaires dans l’industrie est édifiante. Elle revient au niveau 100 et efface ainsi le trou creusé depuis la fin 2008!
Si le climat ne vous semble pas être un critère fiable, penchez-vous sur les dépenses d’investissements, la situation de trésorerie, le résultat brut d’exploitation des entreprises le creux, la crise, la creuse semble effacée.
Pour le commerce de détail, la crise est totalement indétectable pour l’électronique grand-public : indice 100 en 1993 elle dépassé l’indice 650 en décembre. L’automobile, elle, a battu son record des ventes en 2009!
Un détail, la Banque de France ne veille pas sur la courbe du chômage.
PhDx
lire le billetPour la selon la Harvard Business Review, le meilleur patron du monde est : Steve Job, le p-dg d’Apple. Depuis son retour à la tête du groupe qu’il avait fondé en 1997, la capitalisation boursière a grimpé de 150 milliards de dollars.
Viennent ensuite :
2/ Yun Jong-Yong (Corée du Sud, Samsung, 127 Mds$)
3/ Alexey B. Miller (Russie, Gazprom, 101 Mds$)
4/ John T. Chambers (Etats-Unis, Cisco Systems, 152%Mds$)
5/ Mukesh D. Ambani (Inde, Reliance Industries, 72 Mds$)
6/ John C. Martin (Etats-Unis, Gilead Sciences, 39 Mds$)
7/ Jeffrey P. Bezos (Etats-Unis, Amazon.com, 37 Mds$)
8/ Margaret C. Witman (Etats-Unis, Ebay, 20 Mds$)
9/ Eric E. Schmidt (Etats-Unis, Google, 101 Mds$)
10/ Hugh Grant (Etats-Unis, Monsanto, 35 Mds$)
1 femme parmi les 10 “meilleurs” patrons du monde, et une seule parmi les 100. Lors d’un étude précédente portant sur le management de 2.000 grandes entreprises dans le monde, la Harvard Business Review avait trouvé 29 femmes, soit 1,5% du total. Quand Fortune se penche sur les 500 patrons les plus influents dans le monde il ne distingue que 13 femmes ou 2,6% de son échantillon.
Pour les nationalités pas de surprise puisque les Etats-Unis comptent 45 patrons dans ce top 100, contre 21 pour l’Union européenne. Les nouvelles puissances économiques grimpent lentement puisque la Chine ne compte que 3 représentants, le Brésil 2, le Mexique 2, la Russie et l’Inde 1 seul. Pour les secteurs, la non plus, pas de quoi tomber de l’armoire : les nouvelles technologies et l’internet viennent en tête.
Et qui ses patrons remarquables en France ? Il serait quatre : Antoine Zacharias (32°, Vinci, crédité d’un gain de 16 Mds$ de capitalisation entre 1997 et 2006). Thierry Desmarest (40°, Total, 209 Mds$ entre 1995 et 2007) Thierry Breton (62°, France Télécom, 40Mds$ entre 2002 et 2005), Antoine Riboud (99°, Danone, 11 Mds$ depuis 1996). Le premier est parti sous les huées après avoir réclamé une prime de 8 millions d’euros pour l’acquisition des Auroute du Sud de la France par Vinci et un seul est encore aux commandes d’une entreprise de taille mondiale.
PhDx
lire le billetAu 55, rue du Faubourg Saint-Honoré, au Palais de l’Elysée, Nicolas Sarkozy veille aux intérêts de la France et rappelle la petite Clio à ses devoirs. Carlos Ghosn, le président de Renault s’est rendu au rendez-vous et a assuré” qu’une partie des Clio 4 seront assemblés à Flins”. Pour le reste, aux frontières les douaniers veillent et dépriment. Ce n’est pas la Clio qui leur pose problème. Le déficit mensuel de notre balance des paiements représente une montagne de 300.000 Clio Campus à 10.000 € pièce. Quand, en 2009, la production de Flins excède de 4.000 par an les immatriculation dans l’Hexagone. La France a peut perdu la guerre commerciale contre le reste du monde, mais elle n’a pas perdu la bataille de la Clio.
Nicolas Sarkozy préfère donc regarder Clio, la petite Renault. Quoi? On projetterait de vendre aux français des voitures venues d’ailleurs. Il faut que cela cesse. Pas sûr que ce soit le bon dossier, mais il faut bien commencer. Va pour Clio. C’est vrai que des Clio neuves sont immatriculées en France et viennent d’ailleurs. Au cours des 6 premiers mois de l’année 157.000 Clio ont été assemblées dans six pays, selon les comptages de l’entreprise. Les ouvriers de Flins en ont assemblés 66.000, Cela fait 42% de la production mondiale. Dans le même temps 64.000 Clio ont été immatriculées en France. Sur l’année il reste 4.000 Clio a exporter. Pas de quoi réveiller le président de la République. Eh bien si, justement. Le ministre de l’Industrie, Christian Estrosi, le disait le week-end dernier. Nicolas Sarkozy l’a redit ce week-end à Carlos Ghosn, le président de Renault : les Clio vendues en France doivent être produite en France.
Une montagne de 3,7 milions de Clio.
Soit, l’intention est bonne. A priori en tout cas. Mais quelle est la situation de notre commerce extérieur? Prenons les chiffres de l’OCDE qui ont l’avantage de permettre une comparaison internationale. En 1999, la balance des paiements est largement positive : 46 milliards de dollars. Nous vendons au reste du monde plus que nous ne lui achetons. C’est un record ce chiffre, mais cela fait déjà sept longues années que les douaniers voient entrer plus d’argent qu’il n’en sort. Pourquoi cela s’arrêterait-il? La France est sur une bonne dynamique, le Made in France se vend bien. Non seulement ça ne va pas se prolonger, mais ça va sérieusement se gâter. Les années 2000 ne seront qu’une lente et inexorable descente? En 2005, la balance des paiements devient négative de 10 milliards de dollars. Le fond du gouffre c’était en 2008. Il semble que personne ne l’ai vu : -64,4 milliards de dollars. Et l’année dernière, si les choses se sont arrangées c’est uniquement parce que le commerce mondial hiberne. A fin septembre, le trou était déjà de 40 milliards de dollars! Soit, sur 12 mois une montagne de 3,7 millions de Clio campus!
Les plus patients peuvent aller faire un tour dans le kiosque statistiques des Douanes, il n’est pas facile de trouver un secteur, un sous-secteur ou un produits industriel dont la balance aux frontières soit supérieur à 0. Avant, il y avait l’automobile. Tous les ans, les échanges de véhicules autombiles dégageaient un solde positif de 7 milliards d’euros. L’année dernière c’est un solde négatif de 7 milliards que l’automobile devrait afficher. Aujourd’hui, il y a toujours les vins ou le tourisme pour faire rentrer des recettes. Peut-être la haute couture et les produits que se transportent mal. L’idéal est de vendre une voiture dans un rayon de 2.500 km autour de l’usine. Le papier toilette ça ne va pas au-delà de 400 km. Une chance, notre balance commerciale du “papier crêpe à usages domestiques, d’hygiène ou de toilette”, cote des douanes 48030031, est positive. Sur les douze dernier mois, nous en avons vendu pour 69 millions d’euros au reste du monde et nous en avons importé pour 59 millions. C’est un peu comme si aux Jeux olympiques nous avions enlevé la médaille d’or de la boule lyonnaise.
Le consommateur est-il irresponsable?
Plus sérieusement, peut-on faire en sorte que les voitures vendues en France soit construites en France? Non. Que ce soit heureux ou malheureux la réponse est négative. Les frontières sont ouvertes, Bruxelles veille à ce qu’aucune préférence nationale ne vienne gêner la circulation des marchandises dans l’Union européenne et chacun peut acheter la voiture de son choix. D’ailleurs, le consommateur français peut s’inquiéter de voir des voitures fabriquées en Turquie arriver en France, il peut aussi choisir de les acheter, ou pas. En effet, le consommateur n’est pas sans responsabilité. Quand il décide de s’en offrir une, il compare les prix, évalue le rapport qualité/prix. Après, il marchande pour arracher 5, 10 ou 15% de rabais. Bref, il a le choix et il en use. En face, le vendeur de Renault, de Peugeot, de Skoda ou d’Audi va raboter ses prix et le patron des usines va limer ses coûts et réduire les emplois… Pour redresser la balance commercial chacun peut agir et refuser d’acheter une Volkswagen, une Seat, une Fiat. Aucune n’est assemblée en France. En même temps nous sommes en 2010 et Renault vend des voitures en Allemagne, en Espagne ou en Italie. Revenir à une politique de châteaux forts paraît un peu dépassé.
A quoi ressemble, l’ancienne forteresse ouvrière? A Boulogne-Billancourt, le berceau du groupe, il ne reste que le siège, le design et la cabane où Louis Renault a assemblé ses premières automobiles. La plus grande usine de Renault se trouve aujourd’hui en Turquie, à Bursa, à 3.478 km. En même temps, Renault possède 44% de Nissan, contrôle le coréen Samsung et détient Dacia, une marque qui peut lui permettre d’aller en Afrique, en Amérique du Su ou en Europe Central. La contrepartie est évidemment que 20% des voitures particulières estampillées Renault ou Dacia sont construites en France contre 63% en 1999.
Maintenant, la France a-t-elle définitivement perdue la guerre face à la Chine, à la Corée ou au Japon? On peut le dire… Mais alors, il faudra alors expliquer pourquoi l’Allemagne a réalisé un parcours exactement inverse. En 1999, sa balance des paiements est négative de 28 milliards de dollars. Dix ans plus tard, elle est positive de 244 milliards de dollars. Sans doute faut-il regarder plus de plus prêt la question de la compétitivité des entreprises françaises plutôt que de montrer du doigt la petite Clio. Clio est la muse de l’histoire, pas des histoires que l’on racontent pour calmer les enfants.
PhDx
lire le billetLe patron le plus puissant de France organise son pouvoir. Henri Proglio, P-DG d’EDF et simultanément président du conseil d’administration de Veolia Environnement, devait prendre quelques distances avec le groupe spécialiste du traitement des eaux. Il n’en fera rien. Il présidera Veolia et son second exécutera.
La cause des femmes.
En accueillant Esther Koplowitz, la principale actionnaire et vice-présidente du conseil d’administration du groupe de BTP espagnol, le conseil de Veolia fait avancer la cause des femmes d’une case. Il n’y avait jusque-là que des hommes autour de la table! Dans le même temps, Henri Proglio réaffirme son autorité. En effet, le directeur général de Veolia, Antoine Frérot, reste à la porte du conseil d’administration et se retrouve dans la position de simple exécutant d’une stratégie fixée par le président du groupe, Henri Proglio.
Il faut revenir deux mois en arrière pour comprendre ce qui se joue chez Veolia. Fin novembre, Henri Proglio devient le patron d’EDF, installé par Nicolas Sarkozy qui souhaite piloter depuis l’Elysée la réorganisation de la filière nucléaire. Peut-il être à la fois P-DG de deux groupe du CAC40, l’un contrôlé par l’Etat, l’autre privé? Cela semble difficile à faire passer. Henri Proglio annonce alors qu’il sera président “non exécutif” de Veolia, nomme Louis Schweitzer comme vice-président et Antoine Frérot devient directeur général. En bonne logique ce dernier devrait entrer au conseil d’administration. Ce ne sera pas le cas, Esther Koplowitz a pris le fauteuil disponible. Le président du conseil d’administration préside et le président du comité exécutif exécute. Henri Proglio conserve ainsi la réalité du pouvoir et ne s’embarrasse pas de détails. La décision a été prise le 17 décembre, elle est entrée en vigueur le 1er janvier et les actionnaires l’apprennent deux semaines plus tard.
Un Senior independant directeur, ça sert à quoi?
Comme le fait remarquer une note d’OFG Recherche, Louis Schweitzer va avoir du travail. Nommé vice-président du conseil d’administration de Veolia Environnement, il avait “pour mission de s’assurer, sur le modèle britannique du Senior Independant Director, du bon fonctionnement des organes de gouvernance.” Le Senior Independant Director est un administrateur au profil un peu particulier. Il peut recevoir les représentants des actionnaires qui le souhaitent, les membres du comité exécutif qui voudraient le rencontrer, il peut aussi réunir le conseil d’administration en l’absence du président… Bref, il est un véritable contre-pouvoir dans l’entreprise. Pas sûr, que Louis Schweitzer dispose d’une telle latitude.
Le schéma ressemble à celui mis en place entre l’Elysée et Matignon. Les décisions sont prises rue du Faubourg Saint-Honoré et mise en œuvre rue de Varenne. Henri Proglio applique à l’industrie le schéma de hyper-président. Il sera hyper-président directeur général.
PhDx
lire le billetPour être là où ça bouge, mieux vaut lire le Quotidien du Peuple que le Wall Street Journal. En tout cas, pour l’industrie automobile Shanghai est un meilleur point de vue que Detroit. “La Chine a remplacé les Etats Unis pour devenir le marché automobile du monde”, proclame l’Association des constructeurs automobiles chinois.
En 1908, Henry Ford lançait la Ford T, installant les Etats-Unis comme première puissance industrielle mondiale. Cent ans plus tard, et en gommant l’Union Européenne, la Chine est devenu le premier marché automobile dans le monde avec 13,64 millions de voitures particulières neuves immatriculées. Avec une hausse des ventes de 46%, ça aide évidemment. D’autant que de l’autre côté du Pacifique la chute a été brutale : -22% et 10,4 millions de voitures particulières vendues.
Les Etats-Unis ne vont pas longtemps restés aussi bas. Sans doute. Pour la plupart des observateurs, le cap des 15 millions, voire des 16 millions sera repassé en 2011 ou 2012. Soit, mais à cette époque le marché Chinois devrait se situer au delà de 20 millions d’immatriculations. Et pour la production le schéma est identique. Les usines américaines de Chrysler, GM, Ford, Toyota ou Honda ont assemblée 6,5 millions de voitures. Les Etats-Unis ne reviendront peut-être à 10, 11 millions quand la Chine sera au-delà de 20 millions.
Car pour satisfaire la demande la Chine ne va pas faire ses courses à l’étranger. Sa production suffit puisqu’elle a atteint 13, 79 millions de voitures assemblées dans les usines chinoises, l’année dernière. Si les premiers producteurs restent des joints venture sino-allemandes (Shanghai Volkswagen, FAW Volkswagen) ou sino-américaine (Shanghai General Motors), l’industrie chinoise s’émancipe et exporte.
Inutile de chipoter sur l’oubli de l’Union européenne, l’essentiel n’est pas dans le volume des ventes mais dans la croissance. Avec un peu plus de 14 millions de voitures neuves immatriculées dans les 27 pays de l’Union européenne et un recul de 2,5%, la Chine va vite passer devant. Ce sera fait en mars, en avril ou en mai.
Effaçons nous prudemment et donnons la parole au Quotidien du Peuple, reprenant un dépêche CCTV : “Le marché chinois n’a donc pas de rivaux en ce qui concerne son ambition et sa croissance aura un impact sur le monde entier. Les véhicules chinois pourront, à l’image des véhicules américains, trouver un marché à l’étranger.”
Et dire que la Chine annonce avoir dépassé les Etats-Unis alors que le Detroit Auto Show, la grande cérémonie annuelle de l’automobile Made in USA, vient de démarrer! Bon la liste des exposants chinois est encore un peu courte mais on en trouve : Li Shi Guang Ming, BYD Auto, font à peut prêt le même effet que les coréens Kia ou Samsung il y a quelques années. Ça ne va pas durer. Le monde de l’automobile vient de basculer et le centre de gravité est parti en Asie.
Une rapide leçon de chinois pour préparer l’avenir. Voiture s’écrit : 小汽車.
PhDx
lire le billet“Je n’accepte pas que l’on aille produire à l’étranger pour revenir vendre dans l’Hexagone. Je veux inverser cette tendance. Une voiture française destinée à être vendue en France doit être produite en France. C’est la position du président de la République.” A priori la déclaration de Christian Estrosi au Journal du Dimanche est faite de bon sens. Alors que Renault devrait, d’ici deux ans, réduire la production de Clio à Flins pour la transférer en Turquie dans l’usine de Bursa, le ministre de l’Industrie assure vouloir produire en France ce qui est consommé en France.
Pour lui donner une idée de la tâche qui l’attend, on peut regarder deux séries de chiffres. La localisation de la production de Renault et la balance des paiements. Renault produit actuellement moins de 20% des voitures particulières en France. Une voiture sur 4 sort des usines de Pitesti (Roumanie), de Novo Mesto (Slovénie) et de Moscou. Et le premier site industriel du groupe ne se trouve plus depuis longtemps dans l’Hexagone, mais à Bursa en Turquie, à 3.478 km de Billancourt, le berceau de l’entreprise. Au Sud d’Istanbul 300.000 voitures particulières par an sont construites, l’usine coréenne de Busan (Samsung) en assemble 180.000 contre 160.000 à Flins.
La production française de Renault est donc très loin de couvrir les ventes en France : 370.000 voitures particulières assemblées, 475.000 vendues en 2009. Il y a donc de la marge. Peut-on encore réfléchir dans un cadre hexagonal comme le voudrait Christian Estrosi? Ça n’est pas absolument certain. Le consommateur n’est par ailleurs pas sans responsabilité dans les choix de Renault. Demander des voitures mieux équipées, plus performantes, au moindre coût suppose d’aller les assembler en Turquie plutôt qu’à Flins.
Prenons un peu de hauteur pour regarder les échanges commerciaux à nos frontières. Il y a une constante depuis 1999, la balance des paiements courants (la différence entre l’argent qui entre grâce aux exportations ou au tourisme et l’argent qui sort avec les importations) est sur une pente négative. Largement, positive à la fin des années 90 elle est nettement négative depuis mai 2003: +4 milliards au début, -4 milliards d’euros aujourd’hui, selon les chiffres publiés par l’Insee.
Redresser la barre ne relève pas de l’injonction. Même si, comme le précise Christian Estrosi : “C’est la position du président de la République.” En matière économique et industrielle le volontarisme atteint vite ses limites.
Comment l’Allemagne se comporte-t-elle? Mieux beaucoup mieux, parce qu’elle assemble des voitures haut de gamme. Du coup, elle est moins portée à délocaliser et sa balance commerciale est devenue très largement excédentaire. Les statistiques compilées par l’OCDE mettent en évidence une balance positive pour la France en 1999 (+46 milliards de dollars) et négative pour l’Allemagne (-26 Mds$), alors en pleine réunification. Dix ans plus tard, en 2008, la France est au plus bas (-64,4 Mds$), l’Allemagne au plus haut (+243 Mds$). En 2009, la crise venue nous restons dans le rouge (-50 Mds$ à fin octobre), notre voisin demeure au dessus de la barre fatidique avec 112 Mds$ en dix mois.
Peut-on d’une injonction dominicale inverser des tendances aussi lourdes? Peut-être.
PhDx
lire le billetL’Autorité des marchés financiers (AMF) devrait publier très prochainement son bilan en matière de sanctions prononcées.
En 2009, l’AMF a examiné 33 affaires, dont 23 (33 en 2008) ont donné lieu à la publication d’une sanction. 16 ont été transmises au Parquet (20 en 2008).
Elles visaient 40 personnes (72 en 2008) dont 17 personnes physiques et 23 personnes morales.
-9 sanctions (55 en 2008)ont été prononcées au titre de manquement d’initié (l’étape avant le délit d’initié qui relève du droit pénal).
-15 sanctions (5 en 2008) pour manquement à la bonne information du public.
-1 sanction (5 en 2008) pour manipulation de cours.
-7 sanctions (2 en 2008) pour manquement aux obligations spécifiques d’information (informations à diffuser lors des rachats, d’opération réalisés par des dirigeants…)
-10 (42 en 2008) au titre d’un manquement aux obligations d’un prestataire de service d’investissement (PSI).
42 sanctions ont été prononcées en 2009, contre 109 en 2008, soit une baisse de 61%.
Les acteurs des marchés financiers ont donc été plus vertueux en 2009. Ou plus discrets.
Il ne faut pas sanctionner l’AMF, puisque si elle a le pouvoir d’enquêter elle n’a pas celui de sanctionner. Celui-ci appartient à la Commission des Sanctions dont la majorité des membres est désignée par le ministère des Finances.
PhDx
lire le billetAprès les fêtes…
Pierre Godé, administrateur de Christian Dior et conseillé de longue date de Bernard Arnault, p-dg de LVMH, a vendu le 4 janvier pour 3,4 millions d’euros d’actions Dior.
Thierry Desmarest, président du Conseil d’administration de Total, a cédé pour 909.600 € de titres Total.
La question demeure, quand un dirigeant vend des titres de l’entreprise qu’il dirige est-ce un signe de confiance dans l’avenir?
PhDx
lire le billetLa Société Générale est en train de construire une grande poubelle dans laquelle elle va placer ce que les financiers appellent dans le jargon des actifs “illiquides”. Nous dirons des actifs, des titres, des actions ou des crédits dont plus personne ne veut, bref, invendables. L’information sortie par La Tribune (08/01/10) n’est pas commentée par la banque qui admet le principe de l’opération, mais refuse de confirmer ou de démentir les chiffres avancés par le quotidien économique.
La Tribune, à l’évidence très bien informée, estime que les invendables ont une valeur nominale de 45 Mds€ et une valeur comptable de 35 Mds€. En clair, ça valait 45 Mds€, 10 Mds€ ont été “provisionnés” ou passés par profits et pertes, reste encore 35 Mds€ dont il faut d’une manière ou d’une autre se débarrasser à vil prix, ou jeter dans l’incinérateur en affichant dans ses comptes une pertes de 35 Mds€ qui ferait très très désordre. Car ce chiffre doit être placé en vis-à-vis de ces fonds propres: 30 Mds€. Il n’est jamais très sérieux pour une banque de rapprocher une perte quasi certaine de 35 Mds€, de fonds propres à 30 Mds€. Entre les deux se joue la crédibilité de la banque. Quand la somme devient négative, on passe dans la catégorie des mauvais élèves. Reste-t-il de bons élèves dans la classe des banques? On cherche.
Pourquoi regrouper ces invendables? Ils sont actuellement localisés à New York, peut-être la fin des subprimes ou du résidu de Madoff, à Londres ou à Sydney, en Australie. Ramenés à Paris ils permettront de faire baisser les impôts payés par la Société Générale (SOGN.PA) en France, avance La Tribune. Sans doute une manière de remercier l’Etat. En pleine crise la banque avait reçu 3,4 milliards de l’Etat qu’elle devrait rembourser rapidement maintenant. Mais le coup de pouce le plus important était venu des Etats Unis. Le 6 novembre 2008, alors que Barack Obama vient d’être élu à la Maison Blanche, le Reserve Féderal of New York tente de sauver AIG, le numéro de l’assurance dans le monde. En septembre, Lehman Brothers a été mis en faillite, cette fois il faut trouver 85 Mds$ (121 Mds€) pour éviter le même sort à AIG. Too big too fail, dit-on à Wall Street. AIG est trop grosse pour tomber, elle entraînerait dans sa chute trop de banques, trop de créancier…
Timothy Geithner, le président de l’organisme chargé de superviser Wall Street, demande aux créanciers d’AIG de faire un effort. Pas question répondent les banques françaises impliquées: la Société Générale et la CALyon, filiale du Crédit Agricole. La Commission bancaire, l’autorité de tutelle des banques françaises, sollicitée dans la nuit du 6 au 7 novembre 2008, affirme qu’il n’est pas possible, légalement, d’accepter une réduction des engagements d’AIG. Dans l’urgence, Timothy Geithner cède. La Société Générale reçoit 7 Mds$ (10 Mds€) d’argent public et 10 Mds$ (14,3 Mds€) de la part d’AIG.
Le roman financier de la Société Générale n’est pas refermé. Aidée par des fonds publics venus de New York et de Paris, la banque se porte aujourd’hui comme un charme. Tant mieux pour tout le monde, ses clients, ses actionnaires, ses salariés et l’Etat qui devrait récupérer sa mise et compter sur des rentrées fiscales. Quoique. La Société Générale travaille précisément à réduire l’addition. Tout cela en toute opacité. Mais ça passe.
Aux Etats Unis, ça risque de devenir plus inconfortable. Timothy Geithner, devenu Secrétaire d’Etat au Trésor dans l’administration Obama, n’a pas pu oublier la nuit du 6 au 7 novembre 2008 et le refus des banques françaises, d’autant qu’on lui reproche aujourd’hui de ne pas avoir eu les nerfs assez solides en dilapidant l’argent du contribuable américain.
PhDx
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