Pause

Voici venu le temps de la pause estivale. Reprise de W.I.P. à partir du 23 août. Je publierai les résultats du questionnaire sur les forçats, le retour – d’ailleurs, si vous, travailleurs du Web, n’avez pas encore répondu au questionnaire, il est encore temps (cliquez ici).

Crédit: AA

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En attendant, voici quelques articles, publiés ici au cours des six derniers mois, à lire ou relire:

Et si les journalistes n’écrivaient que ce que les lecteurs lisent?

“J’ai toujours voulu être journaliste”, un bilan des entretiens d’admission des candidats à l’Ecole de journalisme de Sciences Po

Facebook, 6 ans et demi, un demi-milliard d’inscrits

Le journalisme lol, mode d’emploi

L’état d’esprit du papier

Like ou pas, ce que le bouton j’aime de Facebook change à la vie des rédacteurs

Qui es-tu, visiteur unique (de site d’infos)?

La culture populaire à l’abordage des sites d’infos, ou le règne de Super Nanny

Vis ma vie de “suggested user” sur Twitter, de photojournaliste de guerre en Irak, de front page editor du Nytimes.com, de chercheuse d’infos dans une rédaction américaine

Plongée dans les coulisses de Gawker, de Dailymotion, d’Elysee.fr, d’Owni, du New York Times, du Post.fr, et des lives de CNN

Enfin, si vous souhaitez abreuver le mur de la page Facebook de W.I.P., c’est ici. Et si vous avez des idées de sujets pour W.I.P., c’est par là.

Bon été à tous!

Alice Antheaume

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Facebook, 6 ans et demi, 500 millions d’inscrits

W.I.P. demande à des invités de donner leur point de vue. Ici, Jean-François Fogel, consultant et Professeur associé à Sciences Po, en charge de l’enseignement du numérique à l’école de journalisme.

Le réseau social Facebook revendique un demi milliard d’inscrits alors que paraît sa première histoire (semi) officielle. Une success-story simple, presque simplette…

Comment fait-on pour passer d’un petit logiciel développé entre copains, sur le campus de l’université d’Harvard, à un site revendiquant un demi milliard d’inscrits? Le journaliste David Kirkpatrick répond à cette question dans un livre, The Facebook effect (éd. Simon & Schuster), empilé à profusion sur les tables des librairies américaines. L’auteur a eu accès à tous les responsables présents et passés de Facebook (FB). Il a partagé de nombreux moments avec Marc Zuckerberg, son inventeur et président. Il faut lire son ouvrage à la fois comme un travail indépendant et approuvé par une entreprise n’ayant en apparence qu’un message à diffuser: cliquez, il n’y a rien à voir.

David Kirkpatrick est reporter à “Fortune”, il donne donc une importance considérable à l’histoire capitalistique de FB. Son récit se répète dans une succession d’épisodes où Zuckerberg refuse de vendre sa création dont l’évaluation ne cesse de monter (ses employés vendent actuellement des actions en fonction d’une valorisation globale de l’entreprise à 15 milliards de dollars). Viacom, The Washington Post, Microsoft, MySpace, Google, etc.: la liste des prétendants est interminable et la ténacité de Zuckerberg ne l’est pas moins. Il a aujourd’hui verrouillé sa position de patron avec un dispositif juridique qui lui garantit un pouvoir de contrôle bien au-delà des 24% du capital dont il est propriétaire. Sauf accident financier ou crise personnelle (semblable à celle d’un rocker trop tôt touché par le succès), il pilotera durablement une entreprise dont les chiffres d’audience et de trafic sont si élevés qu’ils en génèrent, de bonne foi, l’incrédulité.

Crédit: Flickr/CC/Boetter

Crédit: Flickr/CC/Boetter

FB repose sur  une idée. Mais une idée si forte qu’il n’y en a qu’une dans son histoire: aider internautes et organisations à former des réseaux sociaux et rendre leur activité visible par une infinité de petits outils et d’applications. La faiblesse d’un livre consacré à l’histoire de FB est d’ailleurs là: il n’y a pas vraiment d’histoire à raconter, rien que l’irrésistible croissance d’un système de connexions amorcé entre quelques étudiants d’Harvard, le 4 février 2004, et qui s’étend peu à peu à d’autres universités américaines, aux collèges et enfin à des pays entiers. C’est simple comme la croissance des bactéries dans un fromage. Le processus va de soi, à condition de savoir le déclencher et l’entretenir. Là où Google connaît des échecs répétés, FB a, pour le moment, réussi avec une recette en cinq points.

1. Le leader

En dépit d’un récit plutôt hagiographique, il est difficile d’éprouver un véritable intérêt pour ce codeur introverti de Zuckerberg. Kirkpatrick  le présente comme une personnalité de premier plan, mais il paraît porteur d’une idée plutôt que d’une vision globale, ce qui, au fond, fait sa force. Il n’a qu’une conviction et il ne mène qu’une seule action. Tempérament travailleur, pas de fort désir de s’enrichir, une vraie capacité d’écoute, un bon sens stratégique pour accélérer les inscriptions d’internautes: le leader de FB ne fait qu’une seule chose, la même, depuis le début. Sa réussite, c’est d’avoir su mener l’affaire tout en s’auto-administrant sa formation de PDG au gré des rencontres. Conscient de ses limites, il n’a jamais refusé une rencontre avec un patron, avec ce que cela suppose de malentendu: le plus souvent, son interlocuteur vient pour lui proposer d’acheter FB, alors que lui veut seulement écouter un leader parler de son métier.

2. La méthode

Pourquoi FB est-il arrivé si haut quand les autres réseaux sociaux (Orkut, H5, Tuenti, etc.) marquent le pas? Une des réponses mérite d’être retenue: aucun site ne peut faire l’impasse sur la qualité de son service. FB a vécu dans l’obsession de ne pas répéter l’échec vécu par Friendster, parti pour tout gagner mais dont le trafic a flanché au gré des défaillance de ses serveurs. La clé du succès de FB, c’est le pilotage de la croissance de son trafic, avec ce que cela suppose de changements d’architecture et d’additions continues de nouveaux serveurs, sans crash majeur ni baisse de performance.

3. Le modèle

Le modèle de FB est le “social graph“,  la mise en réseaux de personnes physiques enregistrées sous leur véritable identité. “Vous avez une identité”, affirme Zuckerberg qui écarte toute idée d’offrir aux internautes des profils doubles (privé et professionnel). Le concept de “transparence radicale” est d’ailleurs une référence courante au sein de FB moment d’évaluer de nouveaux projets.  Le meilleur exemple de “social graph” reste le taggage des photos. Le chargement d’une photo n’a pas d’impact sur un réseau social, mais le taggage de cette photo avec le nom des personnes qui y figurent définit  un “social graph” mettant en jeu toutes les personnes nommées ainsi que les réseaux d’amis de chacune d’elles. Le taggage des photos est ainsi l’application qui met en jeu le plus de connexions sur le site. A la fin de l’année 2009, FB hébergeait déjà trente milliards de photos.

4. L’entreprise

FB se définit comme une entreprise de technologies (par opposition à Myspace, considéré comme un média). Son histoire a été vécue et reste vécue comme une aventure de codeurs partis à l’assaut du web avec PHP, HTML et Java pour tout bagage. Le “business model” poursuivi par FB est la publicité avec l’objectif de se placer en amont dans la chaîne du désir de consommation. Là où Google destine ses publicités aux internautes qui savent déjà ce qu’ils cherchent, FB voudrait les aider à découvrir ce qu’ils pourraient chercher. Exemple tiré du livre (p. 259): Google mène vers Canon les internautes qui recherchent un appareil photo numérique; FB en revanche veut convaincre les internautes que ce serait une bonne idée d’acheter un appareil photo numérique. Mais ce projet est mis en place avec une modération délibérée. Faire prospérer la mise en relation de personnes et le recrutement des inscrits sur le site FB a, pour le moment, toujours eu la priorité sur la volonté d’accroître la rentabilité. Au slogan interne de Google, “Don’t be evil” (ne sois pas diabolique, en VF), FB oppose une autre formule, “Don’t be lame” (ne sois pas nul).

5. Le vieux débat

La protection des données personnelles n’est pas un débat au sein de FB. Les crises récurrentes sur la question de la visibilité des données personnelles n’ont en effet connu qu’une seule solution: Zuckerberg n’a jamais rien lâché en appliquant, plus de six ans durant, l’idée concoctée à Harvard. Il a surveillé ses courbes de trafic et pour autant qu’elles continuaient de monter, ce qu’elles ont toujours fait, il ne voyait pas de nécessité de changer de politique. D’ailleurs, un quart seulement des personnes inscrites sur Facebook utilisent les outils qui permettent de restreindre la confidentialité de leur profil. Rien à redire, FB est bel et bien un site dont les membres s’exposent.

J.-F.F.

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Mon rapport de stage chez Dailymotion, service édition de contenus

«Nous avons un job de rêve, nous regardons des vidéos en ligne toute la journée», s’amuse à dire l’équipe qui gère les contenus de Dailymotion. En réalité, leur travail n’est pas que divertissant: il leur faut capter en quelques secondes ce que les vidéos valent – en termes de buzz, d’infos, ou de créativité; recruter des «partenaires» qui peuvent fournir des contenus de qualité; dégoter des exclusivités; et coller à l’actualité en vidéo.

Juridiquement, Dailymotion (9,7 millions de visiteurs uniques en France selon Nielsen, 65 millions de VU dans le monde) reste hébergeur de vidéos. C’est-à-dire que, d’après la LCEN (loi pour la confiance en l’économie numérique), il n’est pas responsable a priori des vidéos mises en ligne par les internautes, mais qu’il doit retirer une vidéo si une instance juridique l’ordonne. «Nous assumons ce double statut d’hébergeur et d’éditeur, assure Martin Rogard, le directeur général de Dailymotion. Nous avons besoin d’être hébergeur pour accueillir toutes les vidéos qui proviennent des “user generated content” (les internautes qui produisent du contenu, ndlr) et nous avons besoin d’être éditeur pour inventer un nouveau métier, celui qui occupe l’équipe éditoriale toute la journée».

Pour comprendre leur fonctionnement, je suis allée en «stage d’observation» dans les locaux de la plate-forme française de partage de vidéos, installée dans le 18e arrondissement de Paris.

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Plus de développeurs que d’éditeurs

A l’entrée, sous des parasols (!), l’équipe technique, présente en force – plus de la moitié des 110 salariés. Plus loin, une quinzaine de personnes se concentre sur la partie contenus, répartis sur 17 chaînes (actu et politique, sport, musique, cinéma, jeux vidéo, art et création, high-tech et science, etc.).

«Ici, il n’y a aucune carte de presse», me prévient Antoine Nazaret, responsable des chaînes «news» et «sport». Et le président de Dailymotion, Cédric Tournay, y tient: pas question pour lui d’en recruter pour l’instant.

Pourtant, il se tient, deux fois par semaine, une réunion où les éditeurs de vidéos «vendent» à leur rédacteur en chef, Marc Eychenne, des vidéos, ici d’une petite phrase d’un politique, là d’un concert en live depuis un festival de musique. La réunion, plutôt calme, se révèle être un mélange entre conférence de rédaction où l’on débat des sujets d’actualité, et réunion de programmation, où l’on place sur un calendrier hebdomadaire les vidéos prévues (Nicolas Sarkozy en visite sur le Tour de France, le dernier conseil des ministres avant l’été, le nouveau clip d’Orelsan, etc.) pour les «monter» sur la page d’accueil ou en catégorie «vidéo star», VS dans le jargon dailymotionien.

Programmation et édition

L’impact de la mise sur la home page d’une vidéo? Entre 1.000 et 20.000 vus supplémentaires. Néanmoins, seulement 3% de l’audience de Dailymotion passe par la page d’accueil, quand plus de 50% du trafic se fait sur une «page player», c’est-à-dire une page sur laquelle se trouve une seule vidéo. En général, «80% de l’audience d’une vidéo se fait sur ses deux premiers jours de vie», détaille Marc Echeynne. Certains contributeurs pressent Dailymotion de mettre en avant leur vidéo. «Nous en avons même eu qui nous ont proposé 500 euros en cash», s’esclaffe l’équipe. Qui a retoqué l’offre.

Autre spécificité de cette plate-forme: la réactivation de vieilles vidéos en fonction de l’actu. Lorsque Brice Hortefeux veut faire appel de sa condamnation pour «injure raciale», l’effet est immédiat: la vidéo publiée par lemonde.fr en septembre 2009, est revisionnée en masse.

Dépendance aux autres

L’équipe vit l’actualité comme une rédaction Web mais ne produit pas directement des informations. «Nous ne sommes pas dépendants de l’actualité, nous sommes dépendants de ce que nos partenaires nous fournissent», reprend Antoine Nazaret, qui voit arriver dans la rubrique «news» entre 400 et 500 vidéos par jour. En cas de grosse actu, Dailymotion peut même suggérer à ses partenaires médias de produire telle ou telle vidéo. Cela a été le cas pour l’affaire Bettencourt/Woerth. Dailymotion a proposé à Médiapart de faire un édito sur le sujet en vidéo. Au final, Mediapart a réalisé une séquence où s’enchaînent les temps forts de l’affaire. Accro aux alertes et au urgents bombardés par les médias, Antoine Nazaret confie être «connecté tout le temps», y compris les week-ends et en… vacances. «Quand je suis en rendez-vous à l’extérieur, je vérifie sur mon Blackberry qu’il n’y a pas une urgence».

Lorsque Bernard Giraudeau meurt, un samedi en plein pic d’audience («nos primes times ont lieu les soirs et les week-ends»), l’équipe se désole de n’avoir pas préparé une «page hub» sur cet acteur, sur laquelle les internautes auraient trouvé huit de ses vidéos phares. Une page qui ferait office de nécrologie. Ni une ni deux, l’équipe décide de mettre à profit l’été pour mettre en place des «pages hub» sur plusieurs personnalités que l’on dit proche de la fin. Comme dans les rédactions, où les journalistes écrivent des portraits de ceux qui risquent de défaillir dans les prochains mois, pour ne pas être pris au dépourvu.

Organisation hors pair

En réalité, ce qui m’a le plus bluffée à Dailymotion, c’est leur quasi psychose de perdre une idée. «Toute idée à un numéro de ticket», m’explique Giuseppe de Martino, le directeur juridique (1). En clair, chaque salarié, qu’il soit apprenti ou dirigeant, inscrit dans Jira, un outil en ligne et partagé par toute la société, son idée pour améliorer le site. Il remplit un champ titre, une catégorie, définit l’idée et l’attribue à un ou des salariés étant capables de la mener à bien.

Certaines idées prennent deux minutes à être réalisées, d’autres, subdivisées en sous-tâches, nécessitent des semaines de travail. Quand l’idée voit le jour, le numéro de ticket apparaît barré sur le tableau de bord des salariés.

L’autre obsession de Dailymotion? Faire mieux, ou du moins différent, de YouTube, son concurrent américain, qui appartient à Google. En réunion, le mot a été prononcé des dizaines de fois: «Nous sommes en train de recruter la rappeuse Amandine. Cela tombe bien, elle se plaint de YouTube», dit l’un. «La home page de Dailymotion doit être construite de façon différente de celle de YouTube, dont les flux sont automatisés», ajoute un autre.

Déontologie

A force d’éditer la page d’accueil, surviennent des questions quasi déontologiques. Marc Eychenne se souvient qu’un membre du collectif Kourtrajmé a proposé, en octobre 2008, une séquence filmée lors de violences policières à Montfermeil. «Est-ce qu’il fallait montrer des images brutes comme cela sur notre page d’accueil, sans expliquer le contexte? Finalement, sans avoir l’histoire en détails, nous avons trouvé cela trop délicat.» L’internaute a alors proposé sa vidéo à Rue89, qui l’a contextualisée avec un article, avant de la poster sur Dailymotion, avec un lien dans la description de la vidéo menant à l’article explicatif en question.

De même, l’équipe assure veiller à ce que les plagiats de vidéos ne soient pas légion. «Nous respectons les scoops de chaque média, et les productions de chacun», et ce, même si certains sites se font une spécialité de reprendre les contenus des autres, en ajoutant leur logo par dessus, avant de les poster sur Dailymotion. «Nous prenons dans ce cas la vidéo d’origine, rassure Antoine Nazaret. Et au besoin, nous la faisons démarrer au moment de la phrase-clé grâce à un outil spécial.» Hébergeur et éditeur, donc.

Saviez-vous que la page d’accueil de Dailymotion était éditée ainsi? Et qu’y travaille une équipe éditoriale ad hoc? Qu’en pensez-vous?

Alice Antheaume

(1) Giuseppe de Martino rédige des chroniques sur Slate.fr.

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Les forçats, le retour

Crédit: Flickr/CC/Rocknrobotblog

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«Les jeunes journalistes qui rêvaient de parcourir le globe à la recherche d’un sujet de reportage sont maintenant scotchés à leur ordinateurs. Ils s’efforcent d’être les premiers à publier jusqu’à la plus marginale des informations, histoire d’impressionner les algorithmes de Google et d’attirer le clic des internautes». C’est contre cette vision des journalistes Web, décrite dans le New York Times, que s’est érigé Henry Blodget, le patron de Business Insider: «Nous en avons assez de ce portait. Non seulement nous aimons ce que l’on fait, mais nous pensons aussi que nous avons créé un état d’esprit et des lieux de travail excitants et dynamiques – des espaces dans lesquels les gens talentueux, motivés, bosseurs, solidaires de leur équipe et créatifs sont récompensés.»

En France aussi, il y a eu le même «traumatisme» avec l’article «Les forçats de l’info» publié dans Le Monde en mai 2009. Plus d’un an après, il serait temps revenir sur ces soi-disant forçats du Web français. Ceux qui travaillent sur des sites de presse, des pure players, mais aussi sur des plates-formes de contenus, comme Orange, Yahoo!News ou Dailymotion, ou pour des agences.

Pour préparer cet article et récolter des éléments tangibles, j’ai élaboré un questionnaire… Plus nombreux vous serez à y répondre, plus «parlant» sera l’ensemble, et plus tangible le futur article sera. Bien sûr, les réponses sont anonymes.

Merci à tous de votre collaboration.

>> Par ici pour répondre aux questions sur les travailleurs du Web >>

Alice Antheaume

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Suite101.fr, la logique du clic

«Plus de 90% de notre trafic provient de Google, seuls 3% de nos visiteurs passent par notre page d’accueil». Suite101.fr, qui se présente comme «un magazine en ligne», est un site «Google-dépendant». C’est-à-dire un site qui a bâti son modèle sur les publicités contextuelles de Google, les Google Adsenses, et dont l’édition est pensée pour assurer le référencement dans Google.

Lancé en septembre 2009, Suite101.fr est une déclinaison d’un concept né au Canada, sur un site «grand frère» en .com (30 millions de visiteurs uniques mensuels). L’idée est d’encourager un très grand nombre d’internautes à produire des contenus en ligne. Actuellement, 1.400 auteurs francophones ont franchi les étapes de sélection (orthographe, qualités d’écriture, légitimité, et régularité de leur production), et 500 d’entre eux sont actifs – c’est-à-dire qu’ils ont publié un article dans les 90 derniers jours.

Crédit: DR

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Bureaux à domicile

Dans les bureaux français de ce site, situés à quelques centaines de mètres de la gare du Nord, à Paris, nulle trace de cette pléthore d’auteurs. «Freelance, ils travaillent chez eux et sont relus par des éditeurs (10 au total, ndlr), également à demeure», m’explique Jérémy Reboul, le rédacteur en chef. Sur place, les locaux sont ceux d’un bureau «vitrine»: un très grand studio, doté de trois bureaux, et de deux canapés autour d’une table basse.

A raison de 50 articles mis en ligne chaque jour, l’effervescence de la rédaction n’est pourtant pas tangible. «Nous essayons de reconstituer l’ambiance et la salle de rédaction en ligne, via des forums internes et des échanges de mails», répond Reboul. Avec son adjoint, il dit passer la majorité de son temps à «donner des idées aux contributeurs, répondre à leurs questions, à créer un lien». Un lien qui a cependant des limites. «Vu l’ampleur de la communauté, nous évitons de donner nos numéros de téléphone, ajoute le rédacteur en chef. Si un auteur produit vraiment beaucoup d’articles, nous lui passons un coup de fil pour le féliciter.»

Rémunération au bout du clic

Ces «auteurs» ne sont pas payés à la pige, ils sont rémunérés en fonction du nombre de clics effectués sur les publicités contextuelles de leurs articles. Ce qui ne fait pour l’instant pas lourd sur leur compte en banque: en moyenne 0,5 euro par article. Le record sur le site français étant 211 euros au mois de juin pour la même rédactrice, qui a produit 350 articles.

Comment ça marche? C’est assez simple: un auteur publie un article, par exemple sur le gagnant de la finale du jeu de télé-réalité Dilemme. Près de l’article viennent s’afficher automatiquement des publicités contextuelles qui ont été vendues par Google, en l’occurrence un lien pour «découvrir en live sur le Web plus de 50 chaînes de CanalSat». A chaque fois qu’un lecteur clique sur ce lien, Google touche de l’argent, et reverse 68% de ce montant à l’éditeur de contenus, lequel attribue le pourcentage qu’il veut de ces 68% à son auteur en lui versant sa part chaque mois via Paypall. Les comptes sont tenus par Google Adsense qui envoie tous les jours à Suite101.fr «un rapport par email listant chaque clic généré sur une publicité contextuelle», détaille Jérémy Reboul, le rédacteur en chef. Ce qui suscite une petite polémique sur le site Categorynet, où échangent des journalistes professionnels, sur le thème «faut-il se brader?».

Certains sujets sont plus rémunérateurs que d’autres. En tête de gondole, la mode, l’automobile, les nouvelles technologies, les voyages, la beauté, le bien être et l’économie – du moins celle du quotidien, reprend le rédacteur en chef, citant des articles expliquant la composition d’une facture EDF, ou le fonctionnement de la déclaration d’impôts en ligne, des tickets restaurants, etc. Bref, tous les sujets sur lesquels il est facile de mettre des pubs ciblées. Sans surprise, à l’inverse, les sujets sur la poésie ou la philosophie ne font pas le plein de pubs contextuelles.

Les dirigeants de Suite101 le martèlent: dans cette optique, un article d’actualité, même très lu, n’est pas rentable. En ligne, les 670.000 visiteurs uniques au mois de juin (chiffres fournis par le site) trouveront certes une rubrique «politique», mêlée à des médias et de la société, dans laquelle on trouve un article sur «le copinage, sport national en France» et sur les «origines des jours fériés français». Nicolas Sarkozy? Il n’existe quasiment pas ici. Son gouvernement et ses réformes non plus.

«Nos auteurs écrivent sur ce qu’ils veulent». Pour Jéméry Reboul, il ne faut surtout pas confondre Suite101 avec une ferme de contenus, telle qu’Associated Content. «Là-bas, les rédacteurs n’ont pas le choix: ils n’écrivent que sur les sujets repérés par les algorithmes des moteurs de recherche. Quant aux contenus ne rapportant pas d’argent, ils sont éliminés. Pas chez nous».

Le nombre de lecteurs n’est pas égal au nombre d’euros sur le compte de l’auteur

Sur Suite101.fr, qui vise 1,5 million de VU d’ici décembre et l’équilibre financier d’ici deux ans, cet article annonçant le programme du défilé du 14 juillet, publié la veille et référencé sur Google News, a fait 20.000 visites en deux jours, «ce qui est énorme pour nous», précise Jérémy Reboul. «Sur ce genre de sujet, périssable très vite, il y a peu de publicités contextuelles disponibles, exceptées pour l’Armée de terre ou les feux d’artifice.» En clair, les articles les plus lus ne sont pas forcément les plus «payants» pour leurs auteurs. Contrairement aux sites Web d’informations, qui fournissent des articles d’actu à longueur de journée, Suite101.fr prône l’article non daté. «L’actualité n’offre une viabilité que de 24 heures, alors qu’un sujet intemporel, ou saisonnier, comme les prénoms originaux des bébés, va certes attirer un nombre relatif de lecteurs tous les jours, mais au bout de trois ans à ce rythme, cela finit par faire beaucoup, dit encore Jérémy Reboul. Nous surfons sur le phénomène de longue traîne

En ligne, est-ce vraiment de l’information? Pas vraiment, du moins pas de l’information telle qu’on l’entend dans une rédaction Web composée de journalistes professionnels. C’est plutôt des articles pratiques. «Où devons-nous mettre la barre de qualité? C’est une question que nous nous posons tous les jours, argumente Jérémy Reboul. Devons-nous être plus sévère sur l’orthographe? Sur la vérification des informations? Sur la construction des phrases?». Parmi la communauté, certains auteurs ont constitué une quasi «police interne qui s’émeut parfois que nous publions des articles sur la télé-réalité, des sujets qu’ils ne jugent pas assez nobles», s’amuse Reboul.

Actuellement, la relecture des articles est assurée par des éditeurs, payés 200 euros mensuels la gestion d’une rubrique + 1,5 euro par article corrigé. Ceux-ci doivent veiller à ce que les papiers fassent entre 400 et 1.000 mots chacun, aient des paragraphes courts entrecoupés d’intertitres, détiennent des informations «sourcées», possèdent des liens internes et externes, soient promus sur les réseaux sociaux et soit doté d’un chapeau et d’un titre avec des mots-clés facilement repérables par… Google. Toujours Google.

Que pensez-vous de la rémunération au clic sur la publicité contextuelle? Cela vous paraît-il viable pour l’information? Donnez votre avis dans les commentaires ci-dessous…

Alice Antheaume

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Liens du jour #36 (spécial Bettencourt/Médiapart)

Comment Le Monde a raté les enregistrements pirates de l’affaire Bettencourt, publié par Médiapart (Chroniques judiciaires, le blog de Pascale Robert Diard)

Comment Médiapart a obtenu les confidences de l’ex-comptable Claire Thibout (Arrêt sur images)

Un site Web français fait trembler le gouvernement Sarkozy (New York Times)

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Abcisse et ordonnée, les repères du journalisme de données

Crédit: DR

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«L’information vous saute aux yeux». C’est la phrase mise en exergue d’Actuvisu.fr, un nouveau site de «visualisation de l’actualité» qui a été lancé il y a quelques jours, «fruit d’un projet de fin d’études mené par trois étudiantes de Sciences Po Rennes et sept étudiants de l’HETIC (l’école des Hautes Etudes des Technologies de l’Information et de la Communication)», décrit le communiqué.

En ligne, sur ce site, un graphique bien pensé sur la «puissance» des cyclistes du Tour de France, puissance rapportée au poids de l’athlète et au temps de montée, le tout examiné sur 135 cyclistes, 88 cols et six ans de Tour de France. On y apprend que le Tour de France 2005 a connu des records de puissance sur la durée, avec celle de Lance Armstrong, établie à 5.95 W/kg sur une montée à Courchevel de 50 minutes, à égalité avec Mancebo Francisco, sur la même montée.

Filtre d’informations

Dans le jargon, on appelle cela le «journalisme de données» («data journalism» en VO). Un journalisme qui serait capable de mettre en scène des chiffres pour qu’ils racontent une histoire. Parmi les exemples notables, listons les notes de frais des parlementaires britanniques agrégées en ligne par le Daily Telegraph, les films les plus loués dans des ciné-clubs américains en 2009, et les mandats cumulés (ou pas) par les 576 députés français, classés par lepost.fr et lemonde.fr.

«Face au déluge d’informations (c’était le titre d’une couverture de The Economist, cet hiver, ndlr), nous avons besoin de filtres et d’outils», plaide Caroline Goulard, l’une des étudiantes qui a fondé Actuvisu.fr. Et d’argumenter que le journalisme de données, en mettant sous forme d’images et de graphiques des chiffres, se révèle beaucoup plus efficace pour faire comprendre le message à son lecteur: «Une image, un graphique, vaut 1.000 mots; les médias doivent arrêter de ne faire que du storytelling», argue-t-elle, citant le journaliste et développeur américain Adrian Holovaty, fondateur du site d’information locale EveryBlock («newspapers need to stop the story-centric worldview», ndlr)

Elle n’est pas la seule à le dire. «Dans un monde d’hyper commentaires, mais aussi de grande puissance de compilation et calcul, la véritable médiation avec la réalité se fait par la donnée, écrivait le consultant et blogueur Nicolas Vanbremeersch il y a un an, dans un plaidoyer pour le journalisme de données. Au lieu de tribunes de chroniqueurs, si brillants soient-ils, au lieu de blogs ou Twitter, on ne peut qu’espérer que les médiateurs de l’information s’en emparent.»

Equipe

Mais il ne suffit pas de le vouloir…

1. Il faut d’abord trouver des données à exploiter, rappelle Eric Scherer, directeur de la stratégie de l’AFP – en France, la ville de Rennes est en train de mettre en ligne ses données, notamment sur son réseau de transport en commun

2. Un journaliste ne peut, seul, produire ce genre d’informations. «Il faut réunir une équipe avec un développeur, un statisticien, un graphiste», reconnaît Caroline Goulard. Conséquence – logique: le journalisme de données est de ce fait plus cher à produire qu’un simple article. Mais se périme moins vite, reprennent les évangélistes du journalisme de données. «Les contenus restent valables tout le temps, il suffit de rentrer les derniers chiffres disponibles et cela prolonge le travail».

Pour donner une idée du circuit de production de ce type de contenus, Caroline Goulard et son comparse Benoît Vidal, architecte de l’information, ont balisé le processus sous la forme suivante:

ANGLE JOURNALISTIQUE >> COLLECTE DES DONNEES >> NETTOYAGE ET TRAITEMENT DES DONNEES >> ANALYSE DES DONNEES >> NARRATION >> VISUALISATION (>> Story board >> Design >> Développement >>)

NB: Un «atelier de production numérique de données» est prévu à la rentrée scolaire prochaine pour les étudiants de l’Ecole de journalisme de Sciences Po.

Avez-vous vu des exemples réussis de journalisme de données? Donnez-les dans les commentaires ci-dessous…

AA

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Et si les journalistes n’écrivaient que ce que les lecteurs lisent?

«La rencontre entre offre (choix éditoriaux) et demande (préférences des lecteurs) ne se fait plus», assure Pablo Boczkowski, chercheur américain de l’Université de Northwestern, auteur de Digitizing the News. Innovation in Online Newspaper et de News at Work. Imitation at a Age of Information Abundance. Pour accréditer sa thèse, il a comparé les articles mis en ligne sur le premier écran des pages d’accueil de plusieurs sites d’information généralistes et les articles les plus lus/cliqués par les internautes.

Fossé

Résultat, un décalage conséquent et, finalement, une superposition minime entre les sujets choisis par les journalistes et ceux plébiscités par l’audience. Que l’on soit sur un site généraliste argentin (Clarin), britannique (The Guardian), américain (CNN), espagnol (El Pais), allemand (Die Welt), ou brésilien (Folha de Sao Paulo), le constat est le même: «Dans tous les cas, les journalistes ont tendance à faire davantage de sujets sur la politique, l’international, et l’économie, quand leurs lecteurs s’intéressent plutôt au sport, à la météo, à l’entertainment et aux meurtres», détaille Pablo Boczkowski.

Un constat qui ne diffère ni selon les pays ni selon les régions d’un même pays: c’est un phénomène que l’on retrouve partout, plaide le chercheur. Seule variable – logique au demeurant: le décalage entre offre et demande est d’autant plus grand que le site d’informations est élitiste.

Crédit: Flickr/CC/Zarko Drincic

Crédit: Flickr/CC/Zarko Drincic

Au comptoir de l’information

«Imaginons un boulanger qui propose à la vente 60% de pains complets et 40% de pains blancs. Seuls 4 de ses clients sur 10 veulent du pain complet, quand 6 de ses clients sur 10 veulent du pain blanc, reprend Pablo Boczkowski. A la fin de la journée, certains pains demeurent invendus, et des clients repartent insatisfaits.»

Cette métaphore n’est pas si loufoque: comme le boulanger se doit de satisfaire sa clientèle, un site Web d’infos doit fournir l’actualité du jour à son audience, laquelle doit sortir «repue» de clics et d’infos. La métaphore est même plus subtile que cela: le boulanger peut penser qu’il est meilleur pour la santé de ses clients de manger du pain complet plutôt que du pain blanc, de même que le journaliste peut estimer qu’il va élever le niveau de ses lecteurs s’il leur donne des sujets «nobles», de politique internationale par exemple, plutôt que trois brèves sur des célébrités.

Est-ce à dire que la majorité des journalistes ont une — trop — haute opinion de leur «mission», quand bien même celle-ci ne correspondrait à aucune réalité visible selon les outils qui analysent ce sur quoi cliquent les lecteurs? Certainement. Et cela se comprend. Car les journalistes, d’où qu’ils viennent, grandissent dans le culte des vertus démocratiques de la presse. Des vertus réelles. Sauf que, là encore, le Web a tout changé. Lorsque les journalistes du print écrivent un article qui n’intéresse peut-être qu’eux, ils apprennent au pire le lendemain que les ventes de leur journal sont mauvaises, mais sans savoir précisément si la désaffection du lectorat s’est faite à cause de leur article, ou si cela tient à la photo de la une, ou à la couverture, ou aux titres mis en exergue. Les journalistes Web, eux, voient en temps réel les clics — ou l’absence de clics — suscités par le sujet qu’ils viennent de publier. En clair, ils font face à la réception immédiate et permanente de ce qu’ils produisent.

Et croyez-moi, cette réception est le plus souvent indépendante de la qualité journalistique du contenu produit. Il n’est en effet pas rare qu’un article d’économie écrit dans les grandes largeurs, composé de cinq interviews différentes et ayant nécessité des heures voire des jours de réalisation, récolte à peine 5% du trafic du site, quand, dans le même temps, une brève sur Britney Spears qui a pris moins d’une demi-heure à écrire atteint les 70% de trafic.

Pour Maureen (alias Mo) Tkacick, jeune éditrice du site Jezebel, qui repose sur trois thèmes, le people, le sexe et la mode, il ne faut pas se mentir: «80% du trafic est généré par 20% des informations publiées», assure-t-elle. Une règle qui ressemble à la loi de Pareto, selon laquelle 20 % des moyens permettent d’atteindre 80 % des objectifs.

Dilemme

Alors il faut ruser. En mai 2008, quand un cyclone terrasse la Birmanie, le sujet n’intéresse pas les internautes. A 20minutes.fr, la rédaction décide de les interpeler et publie un article intitulé «pourquoi vous vous fichez de la Birmanie?». Cette fois, c’est un carton. «Plus de 15.000 morts, une catastrophe humanitaire de grande ampleur, un régime dictatorial accusé de ne pas l’avoir prévue, et pourtant vous êtes très peu à lire les articles sur la Birmanie, lit-on dans l’article. C’est un des sujets d’actu qui vous a le moins intéressés selon nos statistiques. Nous vous avons demandé pourquoi et, là, vous avez répondu en masse.» De fait, après modération, on trouve 270 commentaires qui tentent de répondre à l’interrogation.

Pour le reste, nombreux sont les éditeurs qui espèrent pouvoir attirer le public via un article people, sport, ou fait-divers, pour ensuite l’orienter par un lien sur un sujet moins facile d’accès et ayant nécessité davantage de ressources rédactionnelles.

Quel service le journaliste rend-t-il au lecteur?

Lors d’une semaine de cours intensifs à l’école de journalisme de Sciences Po, en février dernier, j’ai demandé aux étudiants de réaliser des articles trouvés parmi les sujets les plus vus de Yahoo! actualités, les plus envoyés de lemonde.fr, les mots-clés les plus recherchés du moment sur Google, via l’outil Google Trends, et les vidéos les plus vues du jour sur Dailymotion. But du jeu: apprendre aux étudiants à repérer ce qui intéressent les internautes et calquer la sélection éditoriale sur ces baromètres. Après trois jours à ce régime, les étudiants ont soupiré: «On ne va quand même pas faire des sujets sur la neige tous les jours parce que les internautes ne cliquent que sur ça cette semaine?». Soit dit en passant, selon une récente étude du Pew Internet Project, consulter la météo est en effet la première motivation des Américains pour se connecter à Internet depuis leur téléphone portable.

Posture

Que faire alors? Les rédactions qui refusent de s’adapter à que veulent les lecteurs risquent gros. Les autres doivent trouver où placer le curseur entre qualité journalistique et sujets populaires. Difficile car entre ce que les journalistes croient savoir des goûts de leurs lecteurs, et les vrais goûts de ces lecteurs, le fossé est parfois grand, rappelle Hugh Muir, journaliste au Guardian.

«Si je suis ce que je mange, je suis aussi les informations que je consomme, conclut Pablo Boczkowski. De même que le corps pourrait se satisfaire de pain blanc, l’appétit du public pour les informations pourrait en majorité se contenter de sport, entertainment, et fait-divers. Mais la société et les enjeux politiques vont en souffrir.» Question de santé.

Alice Antheaume

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Au prochain épisode, un Google News personnalisable

Google News, lancé en 2002 aux Etats-Unis, se paie un – joli– ravalement de façade. Aux Etats-Unis, l’interface vient d’être reconfigurée afin que «les informations que vous lisez soient plus pertinentes pour vous», annonce Kevin Stolt, ingénieur, sur le blog officiel du moteur de recherche américain. Il est désormais possible de personnaliser l’outil en sélectionnant les sujets, les rubriques et les mots-clés à suivre, et de partager les contenus indexés sur les réseaux sociaux (Facebook, Twitter et Google Buzz).

Histoires inédites

Dans une section intitulée «spotlight», Google News propose «de mieux mettre en valeur les articles dont vous ignoriez l’existence», reprend Kevin Stolt, comme des reportages d’investigation, des tribunes d’opinion, bref, des contenus à haute valeur ajoutée. Enfin, la colonne de droite est consacrée aux informations locales. «Nous référençons maintenant la météo locale et l’actualité qui concerne votre ville, votre quartier, ou votre région».

Version française en préparation

Pour les connaisseurs, la révolution vient du fait que Google laisse la main humaine paramétrer son algorithme, en indiquant ses préférences pour l’indexation des news, et en indiquant sa localité dans la partie dédiée à l’actu locale. Selon le Nieman Lab, Google News est en train de mixer deux tendances majeures, et parfois contradictoires, issues de la consommation d’informations en ligne: la personnalisation et la sérendipité, c’est-à-dire des découvertes inattendues.

A quand la version française? «On n’a pas de calendrier pour l’arrivée de cette nouvelle home page Google News dans l’hexagone, me répond Google France. Ce que je peux vous dire, c’est que nous y travaillons!».

Pensez-vous que la nouvelle interface de  Google News pourrait modifier votre consommation d’informations en ligne? Et vous désintéresser des agrégateurs d’informations comme Netvibes par exemple?

AA

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