– De temps en temps, un cocorico ne fait pas de mal. C’est donc une équipe française qui a réalisé la première transfusion de sang fabriqué à partir de cellules souches. Cette nouvelle source de produits sanguins pourrait pallier le manque de donneurs dans certaines régions.
– Les recherches actuelles en géo-ingénierie ont pour but de contrecarrer les effets du changement climatique, notamment en injectant des particules dans l’atmosphère pour limiter l’éclairement de la Terre. La première expérience grandeur nature pourrait bien être réalisée en Grande-Bretagne où le concept d’un immense ballon diffuseur d’aérosols va être testé en octobre.
– Le nombre des débris spatiaux aurait atteint un point critique, ce qui mettrait en danger astronautes et satellites, selon un rapport américain. Il est temps de passer l’aspirateur au-dessus de nos têtes…
– On sait pratiquement tout d’Ötzi, cet homme préhistorique congelé et momifié retrouvé il y a exactement vingt ans sur un glacier à la frontière entre l’Italie et l’Autriche. On apprend aujourd’hui ce qu’il a mangé pour son dernier repas, avant d’être tué d’une flèche dans le dos : du bouquetin.
– Restons dans le passé avec les plus vieux bifaces jamais découverts. Ces outils en pierre taillée ont 1,76 million d’années et un lointain ancêtre de l’homme les a fabriqués dans ce qui est actuellement le Kenya.
– Pour la première fois, un reptile voit son génome séquencé : il s’agit d’un lézard américain.
– Petit scandale dans le monde de l’édition scientifique : le rédacteur en chef de la revue Remote Sensing vient de présenter sa démission après que son journal eut publié un article signé de deux climato-sceptiques américains, qui n’aurait jamais dû passer le crible du peer-reviewing car il a volontairement “omis” de citer les arguments scientifiques le remettant en question.
– Pour finir : on parle souvent de la “culture de l’aveu” dans les enquêtes policières françaises et des dérives qu’elles impliquent parfois. The Economist consacre un article à ces chercheurs qui montrent, expériences à l’appui, avec quelle facilité certaines personnes avouent des actes… qu’elles n’ont pas commis.
Pierre Barthélémy
lire le billetAvec zéro pont au mois de mai, la fête du Travail et la commémoration de la victoire de 1945 tombant un dimanche, 2011 a été achetée par le patronat… Alors, bon, voici enfin le viaduc de l’Ascension, profitons-en, il fait beau, on va prendre l’apéritif dehors. Pour les moustiques, c’est aussi l’heure de l’apéro. Du moins, soyons justes, pour les femelles qui sont les seules à nous piquer, nous et une palanquée d’animaux à sang chaud ou froid, puisque les grenouilles et les serpents se font aussi attaquer, ainsi que certains insectes. Mais c’est sûr qu’un humain en bermuda ou en robe d’été fait une victime idéale : il y a de la surface.
Dame moustique a besoin de votre sang, non pas vraiment pour manger, étant donné qu’elle se nourrit essentiellement de nectar, mais pour obtenir les protéines dont elle a besoin afin de développer ses œufs avant la ponte. Le prélèvement sanguin est une étape indispensable dans le cycle reproducteur de la plupart des espèces de moustiques. L’insecte vous a repéré(e) de très loin, tout simplement parce que, étant vivant(e), vous respirez et transpirez (mort(e), vous éviteriez les piqûres de moustiques et un certain nombre d’autres problèmes comme les courses au supermarché, le samedi, avec le hit NRJ en fond sonore). Grâce à un système olfactif perfectionné, le diptère détecte en effet le dioxyde de carbone que vous expirez et toute une série de composants présents dans votre sueur. Si vous avez la chance d’exsuder une molécule qui lui déplaît, il vous évite. Sinon, le moustique s’approche, se pose, met sa serviette autour de son cou et sort ses couverts. En l’occurrence, un stylet piqueur très perfectionné qui empêchera votre corps de réagir convenablement à l’agression. Une fois que la peau est perforée, le stylet s’enfonce jusqu’à rencontrer un petit vaisseau sanguin. A ce moment-là, par le canal salivaire est injectée une substance qui anesthésie (le moustique est comme tout le monde, il ne veut pas se faire écrabouiller pendant le repas) et, surtout, qui empêche la coagulation. Le dîner peut commencer, un dîner pantagruélique, comme on peut le voir sur cette vidéo :
Le remplissage de la bestiole est spectaculaire, surtout si vous passez rapidement du début à la fin du petit film : on a l’impression d’être dans une station-service. Comme j’aime les chiffres et le calcul, je me suis demandé quelle quantité de sang la femelle moustique pouvait embarquer ainsi et quelle proportion de sa masse cela représentait. D’après les données que j’ai trouvées, le prélèvement moyen est de 5 millionièmes de litres. La densité du sang n’étant qu’à peine supérieure à celle de l’eau (1 kg/litre), on en déduit que l’insecte en ingurgite 5 milligrammes, soit deux fois sa propre masse étant donné qu’il pèse en moyenne 2,5 milligrammes ! Les vainqueurs des concours de buveurs de bière n’ont plus qu’à aller se rhabiller. Puisqu’on est dans les chiffres, petite devinette. A supposer qu’il puisse se faire siphonner entièrement de ses 5 litres de sang, pour combien de moustiques en mal de descendance un humain moyen pourrait-il servir de réserves de protéines ? Réponse simple : un million.
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : N’oublions pas que, de tous les animaux, le plus dangereux pour l’homme est le moustique. A peu près à égalité avec l’homme, si l’on met bout à bout les accidents de la route, les guerres et les homicides divers.
lire le billetDans la rubrique des faits divers ou dans les feuilletons de police scientifique, il se passe rarement une semaine sans qu’une analyse ADN confonde un suspect ou bien le mette hors de cause. Dans les enquêtes et devant les tribunaux, c’est désormais une arme fatale. Encore faut-il que l’ADN recueilli sur les scènes de crime corresponde à celui d’un suspect ou à celui d’une personne enregistrée dans le Fichier national des empreintes génétiques (Fnaeg). Si ce n’est pas le cas, les poils, le sperme, le sang, la salive, les cellules de peau retrouvés par terre, sur la victime, sous ses ongles, sur un mégot, ne servent pas à grand chose, si ce n’est à enlever des noms de la liste des coupables potentiels.
L’ADN pourrait bientôt quitter ce rôle passif, purement comparatif, et donner des pistes aux enquêteurs. Comment ? A partir de marqueurs, on va prédire avec un bon degré de confiance certaines caractéristiques physiques du criminel. On est certes encore très loin de dessiner le portrait-robot de ce dernier à partir de son ADN car la complexité biologique de ce qui donne son apparence extérieure à un être humain est immense. Néanmoins, si l’on sait que l’assassin est une femme blonde aux yeux bleus, les policiers chercheront plutôt une Grace Kelly qu’un Jackie Chan pour résoudre ce crime qui est presque parfait…
Cette prédiction des caractères observables à partir de l’ADN a commencé il y a peu avec la couleur des yeux, qui n’est pas, à vrai dire, une piste forcément discriminante sauf si l’assassin d’un restaurateur asiatique en plein Chinatown a les yeux bleus. Une nouvelle étude, néerlandaise, publiée dans Current Biology le 23 novembre pourrait intéresser davantage les spécialistes de la police scientifique, car elle parvient à déterminer avec une précision correcte l’âge d’une personne à partir de l’analyse de globules blancs. Pour comprendre comment cela fonctionne, entrons brièvement dans la machinerie du corps humain. Le “T” des lymphocytes T, puisque c’est d’eux qu’il s’agit, est l’initiale de thymus. C’est en effet dans cet petit organe situé dans la cage thoracique que les lymphocytes T, fabriqués par la moelle osseuse, sont formés à leur métier de guerriers du système immunitaire. Pour le dire simplement, ils y éduquent leurs récepteurs à reconnaître les cellules du “soi” et par conséquent à détecter les corps étrangers. Au cours de cet apprentissage, leur matériel génétique est réarrangé, ce qui produit de petites molécules circulaires d’ADN.
Or, le thymus a la particularité de régresser avec l’âge, ses tissus étant petit à petit remplacés par du tissu adipeux. Conséquence de cette évolution, les lymphocytes T présentent avec le temps de moins en moins de cercles d’ADN. Les auteurs de l’étude ont donc vérifié, avec des échantillons de sang prélevés sur 195 personnes âgées de 0 à 80 ans, que ce déclin était constant. De plus, que l’échantillon soit tout frais ou qu’il ait un an et demi ne fait pas de différence. Ces travaux permettraient donc d’évaluer assez précisément l’âge d’un criminel, ce qui donnerait des pistes aux enquêteurs. Comme le souligne l’étude, cette approche peut aussi être “appliquée à l’identification de victimes de catastrophes où des morceaux de corps (contenant du sang) sont disponibles et où la connaissance de l’âge peut être cruciale pour l’identification définitive.” Autre possibilité intéressante, l’estimation de l’âge des animaux sauvages pour les zoologues ou les responsables de parcs naturels.
Les auteurs restent néanmoins prudents quant à l’application immédiate de leur méthode : en effet, il reste à déterminer si des altérations sévères du système immunitaire, qu’elles soient dues à un sida ou à une leucémie, peuvent ou non influencer la précision du procédé. Par ailleurs, le référentiel que l’étude a établi concerne la population néerlandaise. Encore doit-on vérifier que l’origine géographique des personnes ne peut pas faire varier ces critères. Il ne faudrait pas chercher une Grace Kelly de 81 printemps à la place d’un Jackie Chan de 56 ans…
Pierre Barthélémy
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