Le cœur des Britanniques va de mieux en mieux : une nouvelle étude a constaté une division par deux des décès par crise cardiaque entre 2002 et 2010, pour arriver à 4 morts pour 10 000 hommes et moins de 2 pour 10 000 femmes.
L’amélioration particulièrement marquante pour les personnes entre 65 et 74 ans (les chercheurs soupçonnent d’ailleurs l’obésité de freiner l’amélioration pour les tranches d’âge plus jeunes). Les crises cardiaques elles-mêmes n’ont diminué que d’un cinquième mais elles sont moins mortelles, parce que moins graves et mieux prises en charge en moyenne.
Pour bienvenus qu’ils soient, ces résultats sont peu surprenants et s’inscrivent dans une dynamique commune à tous les pays occidentaux : en France, la mortalité d’origine coronaire a par exemple baissé de moitié entre 1995 et 2005 et le nombre d’infarctus a diminué de 20 % entre 2000 et 2007.
Il est cependant moins facile de déterminer les causes précises de cette amélioration. D’après les chercheurs, la diminution du tabagisme joue un rôle clef, de même que l’amélioration de la prise en charge quotidienne de l’hypertension et des excès de cholestérol dans le sang. Les médecins espèrent que ces résultats encourageront la formation aux premiers soins, de façon à augmenter la probabilité de survie des patients qui subissent une crise cardiaque (environ une chance sur deux).
Fabienne Gallaire
Sources :
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Votre corps est-il de droite ou de gauche ? Chacun d’entre nous, à condition de n’être pas manchot, sait de quelle main il écrit. Mais être droitier ou gaucher pour tenir un stylo ne préjuge pas forcément des autres latéralisations du corps. Elles sont beaucoup moins connues et pourtant, vous avez un pied préféré pour tirer dans un ballon de football (Platini du droit, Maradona du gauche) ou prendre votre impulsion avant de sauter, un œil favori pour viser et, comme je l’avais révélé dans un billet très populaire, un côté de prédilection… pour embrasser. On sait ainsi depuis quelques années que la majorité des êtres humains ayant pratiqué l’expérience bucco-buccale est droitière du patin, sans que cela ait de lien quelconque avec la main qui écrit ou le pied qui shoote.
Il existe une latéralisation tout aussi marquée que celle du baiser et aussi peu connue : le côté du corps sur lequel on berce son petit enfant. De nombreuses études ont montré qu’instinctivement, mères, mais aussi pères, portaient leur bébé sur la gauche pour le rassurer, le câliner, l’endormir, lui chanter une berceuse… Selon les articles, de 7 à 8 personnes sur 10 présentent cette préférence. Normal, me direz-vous du tac au tac, cela correspond peu ou prou à la proportion de droitiers dans la population : les parents portent leur enfant à gauche pour garder libre leur main préférée, et pourquoi Barthélémy nous raconte-t-il tout ça ? Joliment pensé, rétorquerai-je, sauf que… Dans une étude de 1973 consacrée aux relations entre la mère et son nouveau-né, le psychologue américain Lee Salk a montré que les gauchères tenaient, elles aussi, très majoritairement leurs bébés à gauche !
Pour Lee Salk, qui s’est beaucoup intéressé aux battements cardiaques des mamans comme un moyen de calmer les bébés, le fait de porter son bébé à senestre avait une raison évidente : la gauche est le côté du cœur et y poser son enfant lui fait mieux entendre ce rythme qui l’a bercé pendant neuf mois de vie intra-utérine. En allant plus loin, James Huheey a même suggéré en 1977 que la latéralisation manuelle provenait de là : portant naturellement ses petits à gauche, l’être humain a développé l’habileté de sa main droite au cours de l’évolution… Tout ce bel édifice s’est un peu écroulé lorsqu’on s’est aperçu que la position de l’enfant bercé ne lui faisait pas beaucoup mieux entendre les battements cardiaques à gauche qu’à droite et, surtout, qu’il était beaucoup plus réceptif à la voix de sa maman qu’au “tap-poum” de son cœur.
Alors, pour quelle raison berce-t-on plus couramment son bébé à gauche qu’à droite ? Les causes de cette latéralisation subtile pourraient bien se trouver dans notre cerveau. Comme je viens de le dire, la communication entre la mère et son nouveau-né passe essentiellement par la voix (on a même remarqué que les mamans sourdes vocalisaient à l’attention de leur enfant sourd, comme si “l’instinct” leur commandait de leur parler). Or, chaque hémisphère cérébral accomplit des tâches différentes dans le traitement des signaux vocaux reçus. Le gauche (dominé par l’oreille droite) contrôle davantage la signification des mots, la grammaire, etc., tandis que le droit (dominé par l’oreille gauche) est plus sensible à l’intonation, à la mélodie. Quand le bébé est tenu sur le côté gauche, les sons qu’il produit sont davantage captés par l’oreille gauche de sa maman et, à l’inverse, lui-même, qui est encore loin de comprendre les subtilités du langage et est surtout sensible à la “chanson” vocale, a son oreille gauche “libre” alors que la droite est bouchée par le contact avec le corps de sa mère. Selon cette hypothèse, bercer son bébé sur la gauche favoriserait et développerait la communication affective entre la mère (ou le père, ne l’oublions pas) et son enfant. Le son ne serait d’ailleurs pas le seul élément déterminant de cette communication (et donc de cette latéralisation) puisque les signaux visuels entreraient aussi en ligne de compte. Chez la majorité des gens, c’est en effet l’hémisphère droit du cerveau (donc plutôt relié au champ visuel gauche) qui interprète les expressions du visage.
Tout se passerait donc dans la tête du parent. Un troublant indice supplémentaire a été apporté par les travaux réalisés sur l’état psychologique des nouvelles mamans. En cas de dépression, de violences conjugales ou de perturbations émotionnelles, les mères sont moins axées sur la communication avec leur bébé, moins à son écoute. Elles ont aussi plus tendance à le porter à droite.
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : je ne peux pas m’empêcher de signaler que le biais de portage à gauche, comme disent les chercheurs, se retrouve chez les propriétaires de chiens. Et surtout chez les dames. Mais c’est qui le plus beau des bébés à sa maman ? C’est le petit Médor !
lire le billetDans la famille “Aliments bons pour la santé”, je voudrais le chocolat. On sait depuis longtemps que sa consommation régulière fait baisser le risque cardiovasculaire. Restait à comprendre comment le fruit du cacaoyer agissait. Pour le savoir, une équipe de chercheurs suédois s’est livrée à plusieurs expériences, en partant du principe que certaines molécules du cacao (en particulier la catéchine, également présente dans le thé, et la procyanidine, que l’on retrouve aussi dans le vin) réduisaient la tension artérielle par deux voies complémentaires.
D’abord en inhibant partiellement l’activité de l’enzyme de conversion de l’angiotensine (ECA). Cette enzyme a la propriété de transformer l’angiotensine I, sans effet biologique, en angiotensine II, qui est un puissant vasoconstricteur : en clair, elle réduit le calibre des vaisseaux sanguins et fait donc grimper la tension artérielle. Le second effet supposé du chocolat serait d’augmenter la concentration dans le sang du monoxyde d’azote (NO) qui, lui, est un vasodilatateur : il augmente le diamètre des vaisseaux et réduit donc la tension.
Dans l’étude qu’ils publient dans le Journal of Cardiovascular Pharmacology, ces chercheurs emmenés par Ingrid Persson ont testé ces deux hypothèses, in vitro et in vivo. In vitro sur des cellules endothéliales, c’est-à-dire les cellules qui tapissent l’intérieur des vaisseaux sanguins : celles-ci ont donc été mises en contact avec des extraits de cacao à différentes concentrations et on a observé ce qui se produisait au fil des heures. Pour l’expérience in vivo, on a demandé à 16 personnes (6 femmes et 10 hommes) en bonne santé, non fumeuses, de manger 75 grammes (quasiment une petite tablette) de chocolat noir à 72% de cacao. Est-il utile d’ajouter que je suis volontaire pour la prochaine expérimentation de ce genre ? Précisons tout de même à d’éventuels candidats à la science gourmande que l’expérience nécessitait quatre prises de sang (une avant et trois pendant) et que les cobayes avaient dû se soumettre pendant les deux jours précédant le test à un régime un peu contraignant afin d’éviter les aliments contenant les fameuses molécules : pas de fruits rouges, d’aubergines, de café, d’oignons, de poires, de prunes, de radis, de raisin, de chou, de haricot noir, de pommes, de thé, de vin et, bien sûr, pas de chocolat.
Quels ont été les résultats ? Que ce soit dans les cellules endothéliales en culture ou chez les êtres faits de chair, d’os et de sang, l’activité de l’ECA a été en partie inhibée par le cacao. Pour ce qui concerne le monoxyde d’azote, les chercheurs n’ont pas repéré d’augmentation significative chez les cobayes même s’ils ont noté une petite hausse in vitro mais seulement aux concentrations les plus fortes. Quoi qu’il en soit, les chercheurs précisent que l’inhibition de l’ECA obtenue avec le chocolat est comparable à celle qu’engendrent les médicaments agissant sur cette enzyme.
De là à dire qu’il faut s’empiffrer de chocolat pour être en bonne santé, il y a un pas que ces scientifiques ne franchiront pas, tout comme on ne conseillera à personne d’écluser deux ou trois litres de vin par jour sous prétexte que le picrate recèle des molécules qui protègent le système cardio-vasculaire. Dans les deux cas, le remède serait pire que le mal, étant donné que le chocolat contient souvent une bonne dose de matière grasse et de sucre. N’oublions pas que, dans Charlie et la chocolaterie, Augustus Gloop, grand croqueur de tablettes devant l’éternel, est un garçon obèse que son immodérée gloutonnerie fait tomber dans la rivière de chocolat de Willy Wonka, dont il ne sortira pas indemne…
Pierre Barthélémy
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