La sélection du Globule #49

– Selon le rapport de l’Internal Displacement Monitoring Centre, les catastrophes naturelles ont, en 2010, provoqué le déplacement de 42,3 millions de personnes dans le monde, contre 16,7 en 2009 qui était une année “clémente”.

– Une enquête du Guardian montre que les compagnies britanniques sont les premières à acheter des terrains en Afrique pour y faire pousser des plantes destinées à être transformées en agrocarburants. Ceux-ci, avec un baril de pétrole cher, deviennent compétitifs. Mais les terrains destinés à ces cultures sont autant d’hectares en moins pour les cultures vivrières dans un continent où la sous-alimentation est endémique.

Vous y verrez un lien avec ce qui précède… Je parle assez peu de technologies en général mais cette invention pourrait avoir un bel avenir : il s’agit d’un concept de batterie développé par des chercheurs du MIT, à base de particules solides de lithium en suspension dans un liquide. Ce qui pourrait réduire à la fois le coût et l’encombrement des systèmes. On peut même imaginer faire la purge et le plein de liquide à la station-service…

– La possibilité de produire des globules rouges de manière industrielle est en bonne voie, explique Le Monde.

Ils avaient déjà réussi à emprisonner brièvement des atomes d’antimatière en 2010. Des chercheurs du CERN sont parvenus à capturer plusieurs centaines de ces anti-atomes (qui s’annihilent dès qu’ils rencontrent quoi que ce soit) pendant 16 minutes. Cela semble peu mais c’est un exploit technologique. Surtout, les physiciens vont désormais pouvoir étudier cette antimatière et essayer de comprendre pourquoi elle a disparu de l’Univers peu après le Big Bang.

Officiellement, la bactérie tueuse qui a frappé l’Europe de psychose venait d’une ferme produisant des graines germées. Vous pouvez remanger des concombres…

Et pendant ce temps, en Argentine, naissait une vache génétiquement modifiée qui produira un lait plus proche du lait humain.

– Dans certaines régions d’Australie, le nombre de koalas, animaux emblématiques du pays avec les kangourous, a chuté de 80 % en dix ans. Ces petits marsupiaux pourraient désormais être moins de 100 000 alors qu’il se comptaient par millions il y a quelques décennies.

Pour terminer, un peu de nostalgie futuriste (c’est un oxymore de mon cru) : comment, en 1969, on voyait  la future invasion des écrans dans la maison et un réseau qui ne s’appelait pas encore Internet… La vidéo est en anglais.

Pierre Barthélémy

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La sélection du Globule #31

haiti-rue_0– 2010 a été une année de catastrophes naturelles particulièrement meurtrières, avec près de 300 000 morts. Plus des deux tiers de ces décès sont dus au séisme du 12 janvier 2010 à Haïti (photo Reuters ci-dessus).

Puisqu’on est encore à l’heure des bilans de 2010, voici la liste des 10 plus belles découvertes archéologiques de l’année dernière selon Archaeology Magazine.

– Luc Chatel, le ministre de l’éducation, va présenter son “plan Sciences” pour tenter de redonner aux jeunes générations le goût des matières scientifiques, qui s’effiloche depuis des années en France.

Quoi qu’en disent les climatosceptiques, le réchauffement climatique est la preuve spectaculaire de l’influence de l’homme sur l’environnement. Mais notre espèce n’a pas attendu la révolution industrielle pour avoir un impact significatif sur le climat, affirment deux chercheurs de l’Ecole polytechnique fédérale de Lausanne, qui expliquent que l’action de l’homme sur les forêts depuis des millénaires s’est traduite dans le taux de dioxyde de carbone atmosphérique.

Une étude française publiée en 2010 avait montré qu’un chien spécialement dressé pouvait, avec un taux d’erreur minime, détecter un cancer de la prostate en reniflant les urines des patients. Comme l’explique The Guardian, la science des odeurs corporelles est en plein développement.

Un dossier dans Le Temps sur l’optogénétique, cette méthode de recherche qui permet d’activer des neurones grâce à de la lumière. L’optogénétique a été élue méthode de l’année 2010 par la revue Nature Methods car elle pourrait bien (entre autres) révolutionner les neurosciences.

– On croyait l’homme moderne sorti d’Afrique il y a environ 60 000 ans mais une étude publiée dans Science remet en cause ce scénario et affirme que nos ancêtres auraient pu quitter le continent africain il y a 125 000 ans, en passant par la péninsule arabique comme semblent l’indiquer des outils retrouvés aux Emirats arabes unis.

Même si on a pu avoir un doute à ce sujet étant enfant, on sait qu’un kilo de plumes est aussi lourd qu’un kilo de plomb. Mais un kilo d’aujourd’hui pèse-t-il autant qu’un kilo il y a un siècle ? Evidemment que oui, mais la question se pose parce que l’étalon conservé à Sèvres, au Bureau international des poids et mesures, a très légèrement maigri pour une obscure raison. Ce qui a entraîné la tenue d’une conférence à la Royal Society de Londres les 24 et 25 janvier pour trouver une autre définition du kilogramme, tout comme on a redéfini le mètre en 1960, puis en 1983.

– Pour terminer : Vladimir Nabokov, grand amateur d’échecs et de papillons, avait supputé que le groupe de lépidoptères sur lequel il travaillait aux Etats-Unis était originaire d’Asie. Une hypothèse audacieuse pour l’époque, que la génétique vient de valider, plus de trente ans après la disparition de l’écrivain entomologiste…

NabokovPierre Barthélémy

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Programmez la fin du monde

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Les faiseurs d’apocalypse vous prédisent la fin du monde pour 2012 ? Mais 2012, c’est loin ! Pourquoi attendre quand on peut programmer soi-même la destruction de la planète ? Le mieux est encore de balancer un bon astéroïde sur notre vieille Terre et tous les Bruce Willis version Armageddon n’y pourront rien. Mais une question cruciale se pose : quelle taille d’astéroïde choisir, quelle doit être sa composition, sa vitesse, son angle d’attaque, etc ? Compliqué… Si vous souhaitez une réponse à toutes ces interrogations, le simulateur “Impact : Earth !” est pour vous.

Développé par l’université Purdue (Indiana) et l’Imperial College, il s’agit avant tout d’un outil destiné aux chercheurs et aux étudiants, élaboré pour comprendre les dommages créés par un impact d’astéroïde. Ce qui n’empêche pas la NASA et le Département pour la sécurité intérieure des Etats-Unis de s’en servir pour imaginer des scénarios-catastrophes, ainsi que l’explique Time. C’est aussi un joujou amusant et pédagogique pour tous les destructeurs maléfiques qui sommeillent en nous…

Avant de lancer le programme, il vous faut déterminer plusieurs paramètres : le diamètre de l’astéroïde, sa composition (glace, roche poreuse, roche dense, fer sont prévus mais on peut rentrer n’importe quelle autre donnée de son choix), l’angle de l’impact, la vitesse de l’objet au moment de son arrivée chez nous, ainsi que le terrain qu’il rencontre : océan, roche sédimentaire, roche magmatique (comme le granite ou le basalte). Enfin, le simulateur vous demande de préciser à quelle distance de l’impact vous vous trouvez. Cela aura son utilité plus tard…

Pour évaluer les dégâts que je pouvais causer à la planète depuis mon fauteuil, j’ai commencé petit et multiplié le diamètre de mon projectile par 10 à chaque essai, comme un joueur de roulette qui mise de plus en plus au fur et à mesure que la partie avance… Tous les autres paramètres sont restés fixes : astéroïde de roche dense, angle de 45°, vitesse de 40 km/s au milieu de la fourchette proposée, point d’impact en roche sédimentaire comme notre Bassin parisien… Et je me suis installé le plus loin possible (pas fou !), exactement de l’autre côté de la Terre, à 20 000 kilomètres de là.

Premier essai avec un gros caillou de 10 mqui a fait l’effet d’un pétard mouillé. En effet, comme c’est le cas pour l’immense majorité des corps extra-terrestres qui nous arrivent droit dessus chaque jour (des poussières et du gravillon pour l’essentiel), l’atmosphère joue à plein son rôle protecteur. En raison du frottement de l’air, le projectile commence à se disloquer et à chauffer à environ 68 km du sol et se transforme en nuée de débris ardents à 32 km d’altitude. De gros fragments peuvent atteindre le sol mais ce sera tout. Ce genre d’intrusion arrive en moyenne tous les 44 ans.

Pour obtenir un véritable impact, il faut passer à la catégorie supérieure : 100 m de diamètre, soit la longueur d’un terrain de football. L’astéroïde est trop gros pour se consumer dans l’atmosphère et, même s’il se fractionne, il percute le sol à la vitesse hypersonique de 54 000 km/h ! L’énergie dégagée dans le choc est équivalente à celle de l’explosion de 42 millions de tonnes de TNT, soit 2 800  fois la bombe d’Hiroshima. Le cratère obtenu mesure 2 km de diamètre, soit un peu plus que le célèbre Meteor Crater situé en Arizona, qui a été creusé par un astéroïde deux fois plus petit mais plus dense car métallique. Les effets de l’impact restent très locaux. Statistiquement parlant, un astéroïde de cette taille frappe la Terre tous les 8 900 ans.

En arrivant à un diamètre d’un kilomètre, les choses sérieuses commencent et votre potentiel destructeur s’élève sérieusement tout en restant cantonné à l’échelle d’un petit pays. Le bestiau rocheux heurte le sol à la vitesse de 143 000 km/h et vous explose 20 millions de bombes d’Hiroshima d’un coup. Le cratère qui en résulte mesure 22 km de diamètre. Tout en étant de l’autre côté de la Terre, le bruit de l’explosion me parvient 17 heures après… 1,8 million d’années est l’écart qui sépare en moyenne deux catastrophes de ce genre.

Ajoutons un zéro au diamètre : 10 km, c’est quasiment le diamètre de Paris intramuros et de l’astéroïde qui, il y a 65 millions d’années, a créé un hiver nucléaire sur notre planète et fait disparaître les dinosaures. Tout cela a pris du temps. Le jour de l’impact, je vais sentir une petite brise tout en entendant un grondement équivalent à celui de la circulation automobile. Des poussières et des cendres finiront aussi par m’atteindre. Sur place en revanche, il n’y aura plus rien si ce n’est un grand cratère de 168 km de diamètre et de 1,38 km de profondeur. Et à des centaines de kilomètres à la ronde, la boule de feu résultant de l’explosion cataclysmique aura tout brûlé sur son passage. Selon “Impact : Earth !”, il s’écoule 370 millions d’années entre deux pareils événements.

Avec un monstre de 100 km de diamètre, on s’approche vraiment d’un scénario de fin du monde, même si l’on vit aux antipodes du lieu de la catastrophe, où un cratère plus grand que la France s’est creusé. Là où je suis, la secousse sismique due à l’impact se ressent clairement. Le bruit de l’onde de choc est intense et approche les 100 décibels. Le souffle de l’explosion peut atteindre 475 km/h et fait tomber les immeubles les plus hauts et les plus fragiles, ainsi que 90% des arbres. Il est même possible que la durée du jour soit modifiée de quelques secondes ! Ce genre de collision n’a pu se produire que pendant la jeunesse du système solaire qui ressemblait à un grand jeu de flipper cosmique.

On a donc atteint les limites plausibles du jeu. Mais comme c’est un jeu, ajoutons un dernier zéro. Car il se trouve qu’il existe un astéroïde (une planète naine en réalité) nommé Cérès, dont le diamètre approche le millier de kilomètres. Si Cérès, pour une raison aussi inconnue qu’improbable, quittait la ceinture d’astéroïdes dans laquelle elle se situe (entre Mars et Jupiter) et fonçait droit vers la Terre, que se passerait-il ? Un immense continent de roche en fusion s’étendrait sur des milliers de kilomètres autour du point d’impact, le souffle de l’explosion m’attendrait avec une vitesse approchant les 10 000 km/h et la boule de feu ferait le tour total de la Terre. Game over.

Pierre Barthélémy

Post-scriptum 1 : vous pouvez visualiser ce dernier scénario, le plus extrême, dans la très esthétique vidéo ci-dessous. La seule “consolation” de l’histoire est que la collision avec Cérès ne modifierait notablement ni l’axe de rotation de la Terre ni son orbite. Tout cela continuerait de tourner presque comme si de rien n’était…

Post-scriptum 2 : pour ceux qui voudraient en savoir plus sur le monde fascinant des astéroïdes, je conseille deux livres écrits par des astronomes de renom : Le Feu du ciel : Météores et astéroïdes tueurs, de Jean-Pierre Luminet, et Les comètes et les astéroïdes d’Anny-Chantal Levasseur-Regourd.

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