Imaginez une gigantesque bulle magnétique qui voyage à travers la Voie Lactée, notre galaxie. A l’intérieur de cette bulle, une énorme sphère: le système solaire. A l’extérieur, le reste de la Voie Lactée avec ses centaines de milliards d’étoiles et au moins autant de planètes. Partout, circulent des particules portées par les vents galactiques et attirés par les étoiles. Ces poussières qui voyagent ainsi à près de 100 000 km/h proviennent, lorsqu’elles sont composées d’éléments lourds comme l’oxygène et le néon, de supernovas, c’est à dire des restes de l’explosion d’une étoile. Leur composition donnent des informations sur l’évolution de notre galaxie au cours du temps. Mais pour les analyser, encore faut-il les capturer. Impossible lorsque ces particules restent en dehors du système solaire.
Là, l’homme n’est encore qu’un simple observateur à distance grâce à ses télescopes terrestres ou spatiaux. Mais il lui reste les sondes qui peuvent espérer franchir cette frontière ultime qui sépare notre système solaire du reste de la Voie Lactée.
C’est l’exploit que sont en passe de réaliser Voyager 1et Voyager 2, lancées en 1977, et dont la première, après avoir Saturne et Titan, a atteint l’héliogaine, la bulle magnétique qui sépare le système solaire du reste de la galaxie. C’est là que s’arrête le vent solaire. Mais ce bouclier magnétique nous protège aussi des incursions de la plupart des particules venant d’ailleurs. Lorsqu’elles sont chargées électriquement, les poussières rebondissent en effet sur l’héliopause, la peau externe de l’héliogaine. En revanche, si elles sont électriquement neutre, elles franchissent sans problème cette frontière et pénètrent dans le système solaire.
Une aubaine pour un chasseur de particules comme IBEX (Interstellar Boundary Explorer) ! Lancé en 2008 par la NASA, ce satellite chasse ainsi bien le vent solaire que les rayons intergalactiques. Posté non loin de la Terre (entre 1500 et 300 000 km), IBEX a réussi une belle prise: il a capturé des informations précieuses sur la composition de ces particules alien, ces témoins de la matière qui existe dans la Voie Lactée, au delà du système solaire… Le satellite les a interceptées pendant leur voyage de 30 ans pendant lesquels elles parcourent quelque 11 milliards de km qui les séparent du soleil dont la gravité les attirent irrésistiblement et qui finit par les engloutir.
Manque d’oxygène
La NASA vient ainsi d’annoncer les résultats de la première analyse de ces poussières interstellaires. Surprise: leur composition diffère de celle des particules qui se baladent à l’intérieur du système solaire: 20 atomes de néon pour 74 atomes d’oxygène dans les poussières provenant du cosmos contre 20 atomes de néon pour 111 atomes d’oxygène pour les nôtres ! Bon… A priori, ce n’est pas ébouriffant. Mais pour les astrophysiciens, cette petite différence est pleine d’enseignements. En effet, notre système solaire pourrait se révéler plus riche en oxygène que l’extérieur.
Cette vidéo du NASA/Goddard Space Flight Center explique la mission IBEX et l’analyse des particules:
Deux hypothèses
Pour David McComas, principal enquêteur pour IBEX à l’institut Southwest de San Antonio au Texas, constate que “notre système solaire est différent de l’espace qui l’entoure et cela suggère deux possibilités. Soit il a évolué dans une partie de la galaxie [Voie Lactée] distincte et plus riche en oxygène que celle où il se trouve aujourd’hui. Ou bien une grande quantité d’oxygène, à l’origine de la vie, reste enfermée dans des grains de poussière et de glace interstellaires incapables de se déplacer librement dans l’espace”. Autrement dit, IBEX la poignée d’atomes analysée par IBEX ne serait pas représentative de l’ensemble ce qui existe là bas, au delà des frontières du système solaire. Il sera probablement difficile de trancher entre ces deux hypothèses tant que les astrophysiciens ne pourront pas chasser les particules en dehors du système solaire.
Mieux connaître l’héliosphère
Pour cela, ils devront faire des mesures au delà de l’héliosphère, comme pourrait réussir à le faire Voyager 1 d’ici quelques années, et analyser les particules chargées électriquement qui s’y trouvent afin d’ajouter ces résultats à ceux d’IBEX. Retrouveront-ils l’oxygène manquant et, donc, une composition des particules aliens identique à celle des particules du système solaire ? Ou bien confirmeront-ils que le système solaire est en train de traverser, au cours de son orbite de 225 millions d’années autour du centre de notre galaxie, une région différente ? Peut-être ne faudra-t-il patienter que quelques années pour connaître la réponse. En attendant, les chercheurs apprennent à mieux connaître l’héliosphère, ce véritable cocon protecteur de notre système solaire, point microscopique perdu dans l’immensité de la Voix Lactée, l’une des centaines de milliards de galaxies de l’univers. Ou peut-être plus…
Michel Alberganti
lire le billetLes dernières analyses statistiques réalisées par les astronomes de l’Institut d’Astrophysique de Paris (IAP) révèlent que le nombre de planètes présentes dans notre galaxie, la Voie Lactée, serait au moins égal au nombre d’étoiles qu’elle contient. Soit entre 200 et 400 milliards… Ce résultat, publié dans la revue Nature du 12 janvier 2012 relance le fol espoir de découvrir une autre Terre en dehors du système solaire. La chasse à ces exoplanètes dure depuis 16 ans et elle a permis de détecter 720 de ces astres candidats au titre envié de “soeur de la Terre”. S’il existe quelque 300 milliards de planètes dans la Voie Lactée, leur découverte au rythme actuel devrait prendre plus de 6 milliards d’années… Cela devrait donc tout juste permettre aux astronomes de les identifier toutes avant que notre soleil n’explose et ne grille la Terre en se transformant en géante rouge.
Bien sûr, on peut espérer que le rythme des découvertes s’accélère considérablement. Ce sera fortement nécessaire car, si nous découvrons une planète-soeur, il nous faudra un certain temps pour y déménager. Pour l’instant, parmi les plus sérieuses candidates, c’est à dire celles qui présentent les caractéristiques les plus proches de celles qui pourraient héberger la vie, on trouve Gliese 581 g, découverte le 29 septembre 2010. Elle se situe à environ 20 années lumière de la Terre, ce qui signifie que le voyage vers elle durerait 20 ans si l’on pouvait se déplacer à la vitesse de la lumière. A titre de comparaison, le voyage vers Mars dure environ 180 jours, soit 6 mois, lorsque la planète rouge se trouve à une distance minimale de 56 millions de km. Etant donné qu’une année lumière représente une distance de 9400 milliards de km, notre exoplanète Gliese 581 g se trouve donc, elle, à 188 000 milliards de km, soit une distance 3,3 millions de fois supérieure à celle qui nous sépare de Mars. A la vitesse à laquelle on pense voyager vers la planète rouge, il ne faudrait donc pas moins de 1,6 million d’années pour l’atteindre. Ce qui, sauf grossière erreur de calcul que vous ne manquerez pas de me signaler, rend assez délicate la perspective d’un exode massif de l’humanité vers une telle destination salvatrice…
Il reste deux solutions: trouver une exoplanète habitable beaucoup plus proche de la Terre ou augmenter considérablement notre vitesse de déplacement dans le cosmos, un peu dans le genre de l’hyperespace des films de science-fiction.
Ou alors, faute de déménagement, nous pouvons rêver de communiquer avec les extraterrestres ayant pu se développer sur une exoplanète. Là encore, la distance rendra le dialogue difficile. Un message envoyé vers Gliese 581 g mettra environ 20 ans pour lui parvenir et la réponse tout autant. A raison d’un aller-retour de sms tous les 40 ans, faire plus ample connaissance prendra un certain nombre de générations humaines…
Michel Alberganti
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Dans le film E.T. de Steven Spielberg, l’extra-terrestre à grosse tête veut “téléphoner maison”. A priori, c’est pour rentrer chez lui et faire un rapport scientifique sur la Terre. L’histoire gentillette et fédératrice ne nous dit pas ce qui se passe après. Après ce premier contact, bien sûr les extraterrestres reviennent. Le tout est de savoir si c’est en pacifistes, version Rencontres du troisieme type
(du même Spielberg) ou bien avec des intentions nettement plus hostiles, dans le style Mars Attacks !
(photo ci-dessus) ou dans celui, moins drôle et nettement plus angoissant, de L’Invasion des profanateurs
. Une problématique de pure science-fiction ? Pas seulement.
Nous considérons depuis longtemps qu’un des plus grands événements de l’histoire de l’humanité sera ce fameux “contact” avec une civilisation extra-terrestre et cela fait un demi-siècle que nous “écoutons” les étoiles à l’aide de radio-télescopes. Le plus connu de ces programmes est celui du SETI Institute (SETI pour Search for Extraterrestrial Intelligence, Recherche d’une intelligence extraterrestre en français), dont j’ai déjà parlé sur ce blog. Mais la communication marche dans les deux sens. Depuis l’invention de la radio puis de la télévision, nous émettons vers l’ailleurs les preuves de notre existence technologique. Et même si nous ne disions rien, la relative puissance de notre civilisation serait détectable pour des astronomes extra-terrestres : les flashes des différentes explosions atomiques qui ont eu lieu à la surface de la Terre se promènent à la vitesse de la lumière dans l’espace interstellaire. Autre indice décelable, la modification de la composition de l’atmosphère terrestre sous l’action de notre vie moderne, et notamment la hausse rapide de la teneur en dioxyde de carbone.
Donc, si cela se trouve, les extra-terrestres sont déjà en route… Alors, amis ou ennemis ? Dans un article d’une trentaine de pages publié par la revue Acta Astronautica, trois chercheurs américains se donnent pour objectif de répondre à la question, en essayant d’envisager toutes les possibilités. Ce qui est compliqué étant donné que nous n’avons pas l’assurance que les systèmes de valeurs morales des extra-terrestres ressemblent aux nôtres… Mais quand même, trois scénarios principaux sont retenus. Tous partent du principe que les autres civilisations technologiques seront plus avancées que la nôtre. Logique si l’on considère, comme les auteurs, que “les humains et la technologie humaine sont des phénomènes relativement récents dans l’histoire de la Terre”. Pour résumer, le premier scénario nous est bénéfique : les extra-terrestres sont sympathiques et généreux, ils partagent avec nous leur savoir philosophique, mathématique et scientifique, nous donnent des conseils pour éviter toute catastrophe écologique et enrayer le réchauffement climatique. Et j’imagine qu’ils reçoivent le prix Nobel de la paix. Youkaïdi, youkaïda, tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes.
Deuxième scénario : E.T. sait que nous sommes là mais il joue le bel indifférent. Une hypothèse qui passionnera les fans des théories du complot car les extra-terrestres nous observent tout en se cachant de nous. Soit ils sont trop loin et n’ont pas les moyens de nous rendre visite, soit ils n’ont aucune envie de communiquer avec nous, ce qui serait un peu normal s’ils ont réussi à décrypter les programmes télé que nous leur envoyons depuis des décennies. J’imagine sans peine l’effet de “L’île de la tentation” ou des deux mille épisodes d’un “soap opera” brésilien sur le cerveau d’un chercheur extra-terrestre. Juste envie de débrancher le radiotélescope.
Troisième et dernier scénario : E.T. ressemble davantage à Alien qu’à un Bisounours sans poils et se moque pas mal de faire voler les vélos d’adolescents américains. Lui, ce qu’il veut, c’est les bouffer (les gamins, pas les vélos) ou bien les réduire en esclavage. Il pourrait considérer la Terre comme une station-service sur sa voie de la conquête galactique. Il s’y arrête pour faire le plein de carburant, de protéines, d’animaux humains de compagnie, pour faire un safari en plein New-York et jouer avec les potes à qui dégommera le plus de bipèdes. Autre possibilité, tout aussi réjouissante : que les extra-terrestres soient bienveillants en général, mais nous considèrent comme potentiellement nuisibles (leurs chercheurs ont analysé des décennies de journaux télévisés et le verdict est sans appel). Partant du principe qu’il vaut mieux prévenir que guérir, ils décident de nous écraser avant que, pareils à un nuée de criquets, nous nous mettions à proliférer dans la galaxie et à dévaster tout sur notre passage.
Détruire la Terre, oui, mais comment ? Les scénaristes de science-fiction ont la réponse toute trouvée : on construit une Etoile de la mort dotée d’un laser capable de désintégrer une planète, sort tragique que subit Alderaan, la planète de la princesse Leïa dans Star Wars : épisode 4 – Un nouvel espoir (voir la vidéo ci-dessous) :
La destruction d’Alderaan constitue un très beau cas d’école. Selon la fiche Wikipedia consacrée à cet astre imaginaire, cette planète est une quasi-jumelle de la Terre. Elle n’a qu’un seul soleil dont elle en fait le tour en 364 jours. Le jour dure 24 de nos heures. Etant donné son inclinaison de 23° par rapport au plan de l’écliptique, elle connaît des saisons semblables aux nôtres. Surtout, on apprend que son diamètre est de 12 500 km (contre 12 700 pour notre grosse boule bleue). Et c’est là que le bât blesse. Car, pour pulvériser une planète de cette dimension, un rayon laser ne pas pas suffire… L’astronome et vulgarisateur américain Phil Plait, auteur de l’excellent blog “Bad Astronomy”, vient d’écrire un article publié sur le site Blastr où il explique qu’il s’est amusé à calculer l’énergie nécessaire pour désintégrer la Terre (ou Alderaan, c’est pareil). Il faut, selon lui, une énergie égale à 2×1032 joules pour y parvenir. Le joule étant une unité faible qui parle peu, j’ai préféré prendre pour unité l’énergie de la bombe atomique de Hiroshima (15 kilotonnes de TNT). Après conversion, on arrive au chiffre de 3,2 milliards de milliards de bombes de ce genre. Ce qui fait vraiment beaucoup pour un simple rayon laser, même dans un monde où les vaisseaux voyagent dans l’hyperespace aussi facilement que nous prenons le TGV. Quant à utiliser de l’antimatière, qui présente la particularité de se transformer en énergie pure au contact de la matière ordinaire, mieux vaut non plus ne pas trop y compter : il faudrait environ 1 000 milliards de tonnes d’antimatière pour faire exploser la Terre. Or, le CERN, qui est l’organisme le mieux équipé du monde pour la fabrication d’antiprotons, explique qu’au rythme où il crée ces antiparticules, 2 milliards d’années seraient nécessaires pour en fabriquer… 1 gramme. Et on ne parle même pas du coût.
Mais il n’est pas besoin de réduire sa planète en miettes pour se débarrasser d’une humanité jugée nocive. On peut, en déviant astucieusement (et à moindre coût) quelques astéroïdes de bonne taille, assurer aux hommes une fin semblable à celle des dinosaures. Autre solution évoquée par les auteurs de l’article paru dans Acta Astronautica, introduire sur Terre un virus extraterrestre, inoffensif pour E.T., mais contre lequel l’organisme d’Homo sapiens sera sans défense. Une sorte de Guerre des mondes à l’envers.
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : après la publication de ce blog hier soir mercredi, mon ami l’astrophysicien Roland Lehoucq, auteur de l’excellent (mais épuisé) Faire de la science avec Star Wars (éd. Le Pommier), m’a adressé quelques précisions sur l’énergie nécessaire à l’Etoile de la mort pour détruire Alderaan (Alderande dans la version française). Les voici : “Tu cites l’énergie qu’a calculée Phil Plait (2×1032 J), qui correspond en fait à l’énergie de liaison gravitationnelle de la planète. J’avais fait ce calcul de façon plus précise dans mon livre. Dans l’hypothèse où le superlaser fournit tout juste cette énergie de liaison, les débris de la planète se répandront dans l’espace à une vitesse voisine de celle qu’une fusée aurait dû atteindre pour échapper à sa gravité. Dans le cas de la Terre, cette vitesse de libération vaut environ 11 km/s. Il faudra donc attendre plusieurs minutes avant de constater les effets de la frappe, et des heures pour que les débris soient raisonnablement dispersés. Mais c’est bien connu, Dark Vador est impatient. Les jolis effets pyrotechniques qu’il aime à contempler depuis son destroyer interstellaire ne peuvent être obtenus que si le superlaser fournit une énergie supplémentaire, nécessaire pour assurer aux débris une expansion rapide. Dans l’épisode IV, l’explosion et la dispersion d’Alderande ne prend sûrement pas plus de deux secondes, ce qui laisse supposer que la vitesse d’expansion est bien supérieure à la vitesse de libération. En visionnant le film image par image et en supposant que la taille d’Alderande est égale à celle de la Terre, la vitesse d’expansion des parties externes de la planète peut être estimée : elle est de l’ordre de 10 000 km/s. L’énergie de l’explosion vaut alors 6 ×1037 J, soit 300 000 fois plus que la limite inférieure fixée précédemment. Résultat : c’est encore plus difficile de faire exploser une planète que de simplement la détruire (i.e. fournir son énergie de liaison gravitationnelle). Et pour sortir l’énergie vraiment nécessaire, la seule solution “viable” est de l’extraire d’un trou noir en rotation rapide d’environ 1 mètre de diamètre. J’avoue que ce n’est guère plus facile que de fabriquer un gros tas d’antimatière…”
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Quand les astronomes (et les journalistes…) s’emballent pour les astéroïdes, c’est en général pour évoquer celui qui a provoqué la disparition des dinosaures, ceux qui nous frôlent de temps à autre et que l’on détecte trop tard ou encore pour se faire des frayeurs en parlant des chances infimes pour que le pavé Xtrucmuche212 percute la Terre dans 94 ans. Plus ces rochers géants restent loin de nous, mieux nous nous portons, avons-nous tendance à croire. Erreur grossière car, sur le plan des ressources naturelles et notamment des métaux, un astéroïde, c’est quasiment de l’or en barre. En effet, il est très probable que l’origine des métaux précieux présents dans la croûte terrestre soit extraterrestre : de nombreux chercheurs estiment en effet que le grand bombardement météoritique qui s’est produit il y a environ 4 milliards d’années nous a fait cadeau de ces éléments qui, sans cela, auraient été des plus rares.
D’où l’idée, émise il y a déjà plusieurs années, d’extraire ces métaux dans l’espace lorsqu’ils viendront à manquer sur Terre ou quand le prix de leur extraction sera faramineux. Encore faut-il, pour pratiquer cette exploitation minière spatiale, faire l’aller-retour à un coût qui n’excède pas celui des minéraux en question. La population la plus accessible, la grande ceinture d’astéroïdes, gravite entre les orbites de Mars et de Jupiter, soit, dans le meilleur des cas, à quelque 150 millions de kilomètres de nous. C’est loin ? Pas de problème. Pour parodier Paul Féval et son Lagardère, on pourrait dire “Si tu ne viens pas à l’astéroïde, l’astéroïde ira à toi !” Au lieu de traverser de longues distances intersidérales, pourquoi ne pas prendre “au lasso” un géocroiseur, un de ces vagabonds qui passent dans les parages de la Terre ?
C’est la question que se sont posée trois chercheurs chinois, spécialisés dans le spatial, à l’occasion d’un article publié l’an dernier par la revue chinoise Research in Astronomy and Astrophysics et qui est désormais disponible depuis quelques jours sur le site arXiv. En introduction, Hexi Baoyin, Yang Chen et Junfeng Li commencent par… parler argent, en rappelant des chiffres qui feront rêver n’importe quelle entreprise minière : un astéroïde métallique de 2 kilomètres de diamètre contient pour plus de 25 000 milliards de dollars de matériaux, soit bien plus que le fameux montant du déficit fédéral américain, qui faisait les gros titres et inquiétait les Bourses il y a un mois… L’idée de ces chercheurs chinois consisterait à dévier d’un chouïa la trajectoire d’un astéroïde de manière à ce qu’il soit capturé par l’attraction terrestre et devienne temporairement satellite de notre planète, ce qui nous laisserait tout loisir pour y envoyer une armée de robots excavateurs.
L’étude a donc passé à la moulinette les orbites de plus de six mille géocroiseurs censés venir flirter avec la Terre à moins de 1,2 million de kilomètres (soit environ trois fois la distance qui nous sépare de la Lune) d’ici à 2060. Le but étant de savoir s’il existait dans cette liste quelques candidats qu’une petite pichenette pourrait faire basculer dans notre piège gravitationnel. Nos scientifiques chinois en ont sélectionné un, qui répond au doux nom de 2008EA9 et est censé passer à un peu plus d’1 million de km de notre planète en février 2049. Il suffirait, selon leurs calculs, de modifier la vitesse de l’astéroïde d’un kilomètre par seconde (ce qui fait tout de même 3 600 km/h…) pour lui faire gagner une orbite autour de la Terre deux fois plus éloignée que celle de la Lune. Autant dire la proche banlieue. Pour mémoire, les astronautes des missions Apollo ne mettaient que trois jours lors de leurs voyages vers notre satellite.
Cela dit, 2008EA9 n’intéressera pas beaucoup de compagnies minières : ce caillou de l’espace ne mesure que 10 mètres de diamètre et il n’y a sûrement pas grand chose à en tirer. Ce “hic” n’empêche pas les auteurs de cette étude d’envisager l’opération comme une démonstration de faisabilité. Après un rapide tour d’horizon des techniques de poussée (de la bombe atomique au laser), ils concluent que la meilleure solution serait une collision bien calculée avec un impacteur de 26 tonnes. L’avantage de 2008EA9, c’est que si l’expérience rate, l’astéroïde est si petit qu’il ne provoquera aucun dégât sur Terre puisqu’il se consumera en entrant dans l’atmosphère. Ce qui risque de ne pas être le cas avec un des autres candidats potentiels, le fameux astéroïde Apophis, qui est doté d’une probabilité infime mais réelle de nous percuter au cours des décennies à venir. C’est un bestiau de 270 mètres de long dont l’impact sur Terre relâcherait une énergie de plus de 500 mégatonnes de TNT (soit dix fois plus que la plus puissante des bombes thermonucléaires jamais conçues).
Comme il ne faut pas jouer avec le feu, une autre étude réalisée dans la même université pékinoise vient de s’attaquer au problème inverse : comment, avec une voile solaire de seulement 10 kg, dévier Apophis pour qu’il ne risque plus, au moins à moyen terme, de venir nous chatouiller la croûte terrestre. Quitte à retourner le chercher plus tard, quand les mineurs de l’espace seront au point…
Pierre Barthélémy
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– Partie dans l’espace vendredi 5 août, la sonde Juno va tenter de percer les secrets de Jupiter qu’elle atteindra en 2016.
– L’oxygène est un élément commun dans l’Univers, fabriqué dans les forges thermonucléaires des étoiles en fin de vie. Mais, jusqu’à présent, on n’avait jamais détecté dans l’espace les molécules de dioxygène (O2) que nous respirons à longueur de temps. C’est désormais chose faite grâce au télescope spatial Herschel de l’Agence spatiale européenne (ESA).
– La pollution au pétrole du delta du Niger est telle que le nettoyage de la zone pourrait prendre trente ans, selon le Programme des Nations unies pour l’environnement.
– Autre travail qui prendra trois décennies, l’étude de l’impact des faibles doses de radioactivité sur les populations vivant dans la région de Fukushima.
– Le coton transgénique Bt est bon pour la santé de ceux qui le cultivent : en étant génétiquement modifiée pour résister aux parasites, la plante nécessite moins de pesticides. Du coup, selon une étude réalisée en Inde entre 2002 et 2008, ce sont 2,4 millions de cas d’empoisonnement aux pesticides qui ont été évités chaque année dans ce pays grâce au coton OGM.
– Pour la première fois, le crâne complet d’un grand singe datant de quelque 20 millions d’années a été découvert, en Ouganda.
– A signaler, dans Le Monde, le portrait de Cédric Villani, médaille Fields (l’équivalent du Nobel des mathématiques) et ardent promoteur des sciences.
– Il y a quelques jours, une étude disant que les utilisateurs du navigateur Internet Explorer avaient un QI moins élevé que les autres a fait, comme on dit sur la Toile, le “buzz”. Il s’agissait en réalité d’un canular… Des sites comme TF1, lepost.fr, atlantico.fr, la BBC (qui a fait son mea culpa), CNN, etc, sont tombés dans le panneau. La prochaine fois, ils vérifieront peut-être d’où viennent les données et, surtout, si elles ont été publiées dans une revue scientifique…
– Et, pour finir, les chercheurs continuent leur traque de l’orgasme féminin, en suivant désormais sa piste jusque dans le cerveau…
Pierre Barthélémy
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– Découverte en 1846, la planète Neptune, la plus éloignée du système solaire, vient de boucler sa première révolution depuis cette date. Un tour de Soleil qui lui a pris 165 ans. Pour rappel, la liste des planètes ne compte plus que 8 représentantes depuis que Pluton en a été exclue en 2006.
– Selon The Fiscal Times (je sais, j’ai parfois de curieuses lectures), la révolution des robots est en marche. Et la première victime pourrait bien être votre travail… De quoi entretenir le renouveau du luddisme.
– J’avais signalé, en juin, l’éruption du volcan chilien Puyehue. Le Boston Globe propose un magnifique portfolio sur les paysages environnants, recouverts de cendres. Certains clichés ont une atmosphère de fin du monde.
– Alors que la navette spatiale américaine effectue son dernier vol, Popular Science récapitule ce que les “shuttles” nous ont apporté dans la vie de tous les jours, d’un complément nutritionnel que l’on retrouve dans les aliments pour bébés à certains outils de désincarcération utilisés par les pompiers.
– Aux Etats-Unis, un nouvel herbicide est soupçonné de tuer les arbres.
– Les escargots aussi prennent l'”avion”. Des chercheurs nippons ont en effet constaté que 15 % des gastéropodes ingérés par un oiseau, le zostérops du Japon, survivaient à la digestion et reprenaient le cours de leur vie une fois relâchés avec les excréments. En ayant parfois parcouru de longues distances par la voie des airs.
– Les diamants n’aiment pas les UV qui leur arrachent des atomes. C’est évidemment insuffisant pour vous empêcher de sortir avec vos rivières de diamants et vos solitaires mais cette propriété pourrait intéresser les spécialistes des nanotechnologies désireux de sculpter très finement la surface de ces cristaux de carbone.
– Pour finir : une historienne équatorienne pense être sur la piste de la momie d’Atahualpa, le dernier empereur inca tué par les conquistadores espagnols en 1533.
Pierre Barthélémy
lire le billetSi tout va bien, le 20 juillet à 7h06 (heure de Floride), Atlantis se posera sur la piste du centre spatial Kennedy. Avec ce 135e vol s’achèvera l’ère des navettes spatiales américaines. Une ère qui aura duré trente ans, depuis ce 12 avril 1981 où John Young et Robert Crippen décollaient pour la première fois à bord de Columbia, à bord d’un “shuttle”, cet avion spatial réutilisable.
Trois décennies plus tard, la Nasa tente de dresser un bilan positif de cette ère, en mettant en avant la place unique qu’ont occupée les navettes dans le domaine spatial, avec des missions spectaculaires d’arrimage avec la station orbitale russe Mir, des mises en orbite multiples de satellites, des réparations aussi (comme les missions d’entretien du télescope spatial Hubble), une place à part dans la construction de la Station spatiale internationale (ISS). Elle n’oublie pas les 14 morts qui ont marqué le programme, lors des destructions de Challenger en 1986 et de Columbia en 2003.
A l’heure où elle expédie ses navettes à la retraite, la NASA se doit de faire bonne figure, de mettre en avant ses succès. C’est pour mieux masquer une énorme défaite. Car le 20 juillet à 7h06, quand les roues d’Atlantis toucheront le sol, les Etats-Unis auront perdu la course à l’espace habité en n’ayant plus aucun moyen d’envoyer des astronautes en orbite et en devant payer quelques places assises dans les fusées russes pour au moins cinq ans.
Pierre Barthélémy
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– Mardi 5 juillet si tout va bien, Atlantis s’élancera dans le ciel pour ce qui sera le dernier vol d’une navette américaine. Pour les Etats-Unis, cela marquera la fin d’une certaine conception du spatial.
– Dans le ciel médiatique de cette semaine on avait le plus lointain quasar (et aussi le plus vieux) jamais observé et ce petit astéroïde, déjà signalé la semaine dernière, qui a frôlé la Terre lundi 27 juin.
– Au Texas, la sécheresse fait des ravages et 800 000 hectares de champs de coton ont été abandonnés. Dans l’Hexagone, Météo-France annonce que les sécheresses pourraient être plus fréquentes et plus intenses au cours de ce siècle.
– Le trésor du temple indien. Ce pourrait être le titre d’un nouvel épisode d’Indiana Jones mais il s’agit en réalité d’une jolie découverte : de l’or, de l’argent et des pierres précieuses cachés depuis plus d’un siècle dans le temple de Sri Padmanabhaswamy, dans le Kérala, un état du sud de l’Inde.
– Tout un monde dans votre nombril. La biodiversité de l’ombilic est en train d’être explorée. Environ 1 400 souches de bactéries ont été comptabilisées, dont plusieurs centaines sont inconnues !
– Un petit exploit de plus pour le BTP chinois, avec l’ouverture du plus grand pont maritime du monde entre la ville de Qingdao et l’île de Huangdao : 42 kilomètres. On pourrait y faire courir un marathon…
– Pour terminer : alors que le Tour de France commence aujourd’hui, le New York Times s’intéresse à une amélioration du vélo que l’on ne verra pas dans le peloton cette année, la selle sans nez. Qui n’écrase donc pas le périnée de ces messieurs-dames à bicyclette, ce qui est excellent pour leurs parties intimes.
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : Globule et télescope est de nouveau sur la deuxième marche du podium au classement Wikio des blogs de science francophones. Voici ce classement, en avant-première :
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C’est un “marronnier” journalistique qui revient régulièrement hanter certaines “unes” : l’astéroïde tueur qui nous a frôlé sans qu’on le voie ou qui, selon des calculs très savants, viendra nous heurter dans dix, vingt, trente ou deux cents ans, parce que si la fin du monde n’est pas pour 2012 comme d’aucuns le redoutent, elle sera forcément pour plus tard… Dans la grande course médiatique à l’apocalypse, les cailloux errant dans le système solaire se sont transformés en vedettes, au fur et à mesure que les instruments automatiques de surveillance installés pour les détecter, les identifier et les cataloguer aidaient les astronomes à calculer précisément les orbites de ces “géocroiseurs” (un mot savant pour désigner les corps passant à proximité de la Terre). D’où des articles récurrents sur d’hypothétiques chocs avec notre planète, aux saveurs de fin du monde et fleurant bon la disparition des dinosaures.
Ainsi nous a-t-on récemment reparlé de l’astéroïde Apophis (du nom d’un dieu égyptien personnifiant le chaos, rien que ça), un objet de 270 mètres de diamètre qui, selon les récents calculs d’astronomes russes, risquerait de se fracasser sur notre bouboule bleue le 13 avril 2036. Si l’on met de côté le fait qu’Apophis pourrait choisir une autre date parce que, si tout va bien, ce sera le 93e anniversaire de ma maman ce jour-là, l’auteur de la dépêche en question a un peu oublié de préciser ce que recouvre l’emploi du conditionnel dans la phrase précédente (“risquerait de se fracasser”). C’est souvent là que le bât blesse le journaliste en quête de sensationnalisme. En fait, la NASA a précisé quelques jours plus tard qu’il y avait une “chance” sur 250 000 pour qu’Apophis nous croise sur son chemin. Encore faut-il pour cela que, lors de son passage en 2029 (qui devait déjà donner lieu à un cataclysme si on se rappelle les prévisions établies lors de la découverte d’Apophis en 2004…), l’astéroïde pénètre dans ce que les chercheurs appellent un “trou de serrure”, une minuscule région de l’espace où l’attraction terrestre “corrigera” l’orbite d’Apophis de telle sorte que ce dernier ne pourra plus nous rater en 2036.
Une chance sur 250 000, c’est à la fois peu et beaucoup si l’on considère que le choc d’un tel corps contre notre planète serait assez destructeur puisqu’il relâcherait une énergie équivalente à 510 mégatonnes de TNT, soit 34 000 fois celle de la bombe atomique d’Hiroshima. Encore faut-il que les calculs soient exacts. Ce qu’ils ne peuvent être complètement, étant donné qu’on ignore beaucoup de choses sur les propriétés d’Apophis et que les chercheurs en calculent l’orbite dans un modèle de système solaire forcément simplifié. Ainsi, des facteurs tels que la rotation de l’astéroïde sur lui-même, sa masse, la manière dont il absorbe la lumière du Soleil et irradie la chaleur, les irrégularités du champ gravitationnel terrestre, l’influence d’autres astéroïdes inconnus et même la masse des planètes et du Soleil, tous ces paramètres ne sont pas connus avec une précision suffisante pour que l’on puisse faire des prédictions ultra-fines. Si l’on se projette dans un quart de siècle, cela peut amener une incertitude de plusieurs milliers voire de plusieurs dizaines de milliers de kilomètres dans la position d’Apophis… D’où la nécessité de surveiller toujours davantage les géocroiseurs et notamment les prochains rendez-vous d’Apophis, qui repassera en 2013, 2014, 2016, 2020, etc.
D’où la nécessité, aussi, de communiquer avec mesure sur les dangers que courent la Terre et ses habitants, afin d’échapper aux accusations de sensationnalisme et de ne pas effrayer inutilement le public. C’est pour cette raison que les astronomes ont mis au point en 1999 une sorte d’échelle de Richter du risque d’impact avec un astéroïde. Baptisée échelle de Turin, en l’honneur de la ville où cet outil a été présenté, elle est graduée de zéro à dix et change de couleur en fonction du risque, allant du blanc au rouge en passant par le vert, le jaune et l’orange (voir ci-dessous).

Le degré zéro, qui correspond à la zone blanche, signifie que l’objet n’a aucune chance de toucher notre planète ou bien que sa taille est si faible qu’il se consumerait dans l’atmosphère avant de toucher le sol, à la manière des étoiles filantes. Plus les degrés augmentent, plus la probabilité de collision est importante. On passe ainsi en zone verte (degré un), en zone jaune (de deux à quatre), en zone orange (de cinq à sept, où la probabilité est importante mais pas égale à 100 %), pour atteindre enfin la zone rouge. Lorsqu’un astéroïde parvient à se hisser au niveau huit, cela signifie qu’il frappera la planète, causant des dégâts « locaux » équivalant à ceux produits par un gros tremblement de terre. A neuf, les dégâts deviennent régionaux (au sens planétaire…) et, à dix, la collision se traduit par une « catastrophe climatique globale » analogue à celle qui marque la disparition des dinosaures. Il faudrait pour cela un astéroïde d’une dizaine de kilomètres de diamètre.
A l’heure qu’il est, Apophis est classé au degré zéro de l’échelle de Turin. Parmi les quelque 7700 objets passant dans les parages de la Terre et répertoriés aujourd’hui (dont 823 à ce jour font au moins un kilomètre de diamètre), seuls deux sont classés au niveau un (et aucun à un niveau supérieur). Il s’agit de l’astéroïde 2011 AG5 (140 m de diamètre), dont la probabilité de collision avec notre planète, le 5 février 2052 est pour le moment estimée à un sur 9 000, et de l’astéroïde 2007 VK184 (130 m de diamètre), qui a une chance sur 3 000 de nous rentrer dedans le 3 juin 2048. Pour présenter les chiffres autrement, ils ont respectivement 99,989 et 99,967 % de chances de passer à côté de notre maison bleue. Cela relativise un peu les dangers. Comme quoi, la présentation des chiffres, ça compte.
Pierre Barthélémy
Post-scriptum : pour rester dans l’actualité “astéroïde”, je signale qu’un rocher d’un mètre de diamètre a battu, vendredi 4 février, le record du “caillou” détecté le plus près de la Terre, puisque 2011 CQ1 est passé à seulement 5 480 km du plancher des vaches. S’il était entré dans l’atmosphère, il se serait très probablement disloqué et consumé en un beau météore, sans atteindre le sol.
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– 2010 a été l’année la plus chaude jamais enregistrée, à égalité avec 2005. Des chiffres convergents ont été dévoilés par la NASA et par la NOAA.
– Une équipe britannique a produit des poulets transgéniques incapables de transmettre le virus de la grippe aviaire. Une étude publiée dans Science.
– Un autre article paru dans Science nous relate la découverte en Argentine de l’arrière-arrière-arrière-grand-père du tyrannosaure, un dinosaure carnivore de… 5 kilos.
– Le tourisme spatial est un secteur appelé à se développer au cours des prochaines années sous le signe d’une concurrence acharnée, explique lefigaro.fr.
– Toujours dans le domaine spatial, 2011 devrait être un grand cru pour l’Europe puisque, pour la première fois de l’histoire du Centre spatial guyanais, trois lanceurs différents décolleront de Kourou cette année : Ariane-5, Vega et Soyouz.
– Des archéologues pensent avoir découvert l’épée du célèbre pirate Barbe Noire.
– Pour finir : agissant comme un anti-stress, le rire favorise la réussite d’une fécondation in vitro, selon une étude israélienne…
Pierre Barthélémy
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