Felix Baumgartner a réussi son pari : franchir le mur du son en chute libre. Avec, pour seule protection, une combinaison d’astronaute. Il a même très largement dépassé son objectif en atteignant, selon Brian Utley, l’expert chargé de certifier la performance pour la Fédération Aéronautique Internationale. Il est en effet parvenu à la vitesse de 1342 km/h, alors que celle du son, à cette altitude, n’est “que” de 1087 km/h. Soit un dépassement de près de 25% de cette vitesse mythique qui faisait tant peur aux pilotes d’avion avant que Chuck Yeager ne la franchisse pour la première fois, le 14 octobre 1947.
Le 14 octobre ? C’est justement la date choisie par Félix Baumgartner pour tenter, une nouvelle fois, son exploit après plusieurs reports. Exactement 65 ans plus tard, il franchit, lui aussi, cette limite, mais grâce au seul poids de son corps et à l’attraction de la Terre.
La performance a duré 2 heures 21 pour la montée et à peine plus de 9 minutes pour la descente. La partie en chute libre, elle, n’a pas dépassé 4 minutes et 20 secondes, soit 16 secondes de moins que le record établi en 1960 par Joseph Kittinger, aujourd’hui ancien colonel de l’Air Force de 84 ans présent aux cotés de Felix Baumgartner pendant tout le projet et, bien entendu, lors de l’exploit auquel ont également assisté plus de 8 millions de personnes en direct sur Internet et certaines chaînes de télévision.
L’autrichien de 43 ans, parachutiste professionnel, ancien militaire et spécialiste des sauts acrobatiques (tours, ponts, Christ de Rio de Janeiro…), a, finalement battu trois records du monde : le saut le plus haut (39 km d’altitude), la plus longue chute libre (36,5 km) et, bien entendu, la vitesse la plus élevée atteinte par un homme sans l’aide d’une machine, 1342 km/h. Finalement, c’est sans doute à cause de sa vitesse que Felix Baumgartner a raté le quatrième record, celui de la durée de la chute libre.
Il reste que le parachutiste a atteint ses objectifs principaux. Après cinq ans d’attente. Son exploit a mobilisé une équipe de 300 personnes à Roswell, dont 70 ingénieurs, scientifiques et physiciens. Le tout financé par la marque de boisson Red Bull à coup de millions de dollars. Un ballon d’hélium coûte 200 000 dollars. La combinaison spéciale utilisée par Felix Baumgartner est revenue à 250 000 dollars. Le coût de la capsule n’est pas connu. L’ensemble était équipé de 15 appareils de capture d’images (vidéo et photo). Un documentaire produit par la BBC et National Geographic sera diffusé dans quelques semaines.
Le spectacle de Felix Baumgartner dans sa petite capsule nous a rappelé les images des années 1960, lorsque l’homme faisait ses premiers pas dans l’espace. Le minuscule vaisseau de Youri Gagarine. Les capsules Apollo… Jamais, les séjours des occupants de la Station spatiale internationale (ISS) n’ont engendré pareilles émotions. Les sondes spatiales et les robots martiens, quels que soient leurs exploits, ne provoqueront jamais, non plus, ce frisson particulier que l’on ressent lorsqu’un homme prend le risque de se lancer dans l’inconnu. Lorsqu’il saute dans le vide…
En ce 14 octobre 2012, Felix Baumgartner nous a offert un ersatz de cette émotion. Lorsqu’il a signalé, pouce levé, que tout était paré de son coté. Lorsqu’il a ouvert l’écoutille de sa nacelle et que sa cabine a été inondée de lumière. Lorsqu’il s’est péniblement levé de son siège pour, avec les gestes engourdis par sa combinaison compensant la très faible pression atmosphérique, faire les deux pas qui le séparaient de la petite marche au dessus du vide. 39 km de vide… Lorsqu’il se tenait là, agrippé à deux rampes, et qu’il tentait de dire, avec son fort accent allemand, quelques mots historiques… “Parfois, il faut monter vraiment haut pour savoir à quel point vous êtes petits”, a-t-il prononcé péniblement. Tout le monde n’est pas Neil Armstrong… Lorsqu’il s’est laissé tomber, enfin, et qu’il a aussitôt été comme aspiré par la Terre. Lorsqu’il s’est mis à tournoyer comme un corps abandonné, privé d’air pour planer. Lorsque l’on entendait son souffle pendant sa chute. Lorsqu’il s’est rétabli en atteignant les couches plus denses de l’atmosphère et a commencé une descente impeccable. Lorsque son parachute s’est ouvert et qu’il a atterri sur ses jambes, comme à l’entrainement. Une émotion, certes, mais pas vraiment de frisson.
Il reste de Felix Baumgarnter a démontré l’absence d’impact du passage du mur du son sur un corps humain. Ce qui n’avait jamais été expérimenté. Avant son saut, on pouvait craindre des effets désagréables, voire graves, dus aux vibrations engendrées par le front d’ondes. Il semble que, sur la masse réduite d’un corps humain, cette barrière n’ait pas de conséquences néfastes. Il va de soi que la combinaison du parachutiste a joué un rôle essentiel de protection vis à vis des conditions extérieures, en particulier la faible pression atmosphérique, l’absence d’oxygène et la température très basse pendant la chute libre. C’est même la véritable justification scientifique de l’expérience. Grâce à Felix Baumgartner, l’équipement utilisé est validé pour une hauteur de chute de 39 km. Cela pourrait sauver la vie d’astronautes en perdition lors d’une rentrée en catastrophe dans l’atmosphère. Avant que leur vaisseau n’atteigne les couches les plus denses, ils pourraient être éjectés à cette altitude et retomber en parachute. Mais l’opération sera beaucoup plus délicate avec une capsule se déplaçant à grande vitesse qu’avec une nacelle de ballon presque immobile au moment du saut.
Michel Alberganti
Note: Le texte a été modifié en remplaçant “l’apesanteur” par “sa combinaison compensant la très faible pression atmosphérique extérieure” grâce aux commentaires de JeanBob et Jacques Ghémard.
Le dernier paragraphe a également été ajouté.
lire le billetSuivez la tentative de franchissement du mur du son en chute libre par Felix Baumgartner en direct:
Altitude du saut : 38,750 km
Vitesse à atteindre : 1087 km/h
Les images de la montée (captures d’écran):
“Périscope” est une nouvelle rubrique régulière que vous propose désormais Globule et télescope. Un coup d’œil rapide devant, derrière et parfois sur les cotés sur ce qui va se passer, s’est passé ou aurait dû se passer dans les domaines de la science, de l’environnement et de la technologie. Pour le plaisir des découvertes avec […]
La date est fixée : cela doit se passer le lundi 8 octobre au dessus du Nouveau Mexique, un Etat du sud-ouest des Etats-Unis. Felix Baumgartner, 43 ans, va monter à l’altitude de 36,5 km dans une nacelle soulevée par un ballon d’hélium. Là, dans la stratosphère, équipé d’une combinaison de cosmonaute, il va plonger […]
Felix Baumgartner rêve de devenir le premier homme à franchir le mur du son. Jusqu’à présent, seuls les pilotes d’avions militaires y sont parvenus, à l’exception de ceux du Concorde dont les vols se sont arrêtés en 2003 et de Andy Green qui a atteint 1227.99 km/h le 15 octobre 1977. Mais tous ces pilotes étaient […]
Michel Alberganti
lire le billetEnfin… Dans la nuit de vendredi, 12 octobre 2012, une fusée Soyouz, exploitée par Arianespace, a mis sur orbite deux nouveaux satellites de Galileo à partir de la base de Kourou en Guyane. Avec les deux précédents, lancés le 21 octobre 2011, ce sont maintenant 4 satellites qui composent la constellation européenne concurrente du GPS américain. Ce premier groupe a ainsi atteint la taille minimale nécessaire pour faire fonctionner un système de positionnement par satellites. Mais il faudra encore patienter jusqu’en 2015 pour le lancement commercial avec 18 satellites et, sans doute, 2020 pour que Galileo atteigne sa taille finale : 30 satellites dont 4 de secours.
A cette époque, le GPS européen disposera d’une meilleure couverture de la Terre (jusqu’au cap Nord et au delà) et une plus grande précision que le GPS américain, qui ne compte que 24 satellites. Cette précision atteindra le mètre contre 3 à 8 mètres pour son concurrent. Positionnés sur 3 orbites à 23 222 km de la Terre, la réseau Galileo doit fournir des services à l’ensemble des modes de transports (avions, trains, bateaux, voitures…) et sera utilisé, grâce à sa grande précision, comme instrument de guidage pour les secours. Sans compter, bien entendu, les militaires.
Avec les Etats-Unis et les Russes (système Glonass), Galileo donnera à l’Europe une indépendance qu’elle a bien failli ne jamais avoir. Tandis que le GPS américain date de 1994 pour sa mise en service commercial et le Glonass de 1996 (il est ensuite resté à l’abandon à la suite de la chute du mur de Berlin avant d’être relancé à partir de 2002), la gestation du système européen a a été longue et douloureuse. Résultat : près de 25 ans de retard sur les Américains… Ses prémisses datent de 1998. Il faudra donc plus de 20 ans pour qu’il soit totalement opérationnel.
Galileo restera un mauvais exemple de la coopération européenne, empêtrée dans les montages financiers successifs et les concurrences entre pays. En 2002, le projet était considéré comme pratiquement mort. Le coût du système, tel qu’annoncé en mai 2012 par la Commission européenne, devrait atteindre 5 milliards d’euros, supérieur aux 3,4 milliards d’euros d’argent public initialement prévus. L’exploitation devrait coûter environ 220 millions d’euros par an. Le recours aux fusées russes Soyouz, à la place d’Ariane 5 ou de Vega, contribue à réduire la facture.
Dans quelques années, nous pourrons enfin guider notre voiture grâce à nos propres satellites. Une satisfaction que nous aurons bien méritée. A force de patience…
Michel Alberganti
Mise à jour le 14 octobre 2012 avec des éléments de coût suite au commentaire de pmoulin.
lire le billetLe prix Nobel de chimie 2012 est avant tout un prix Nobel de biochimie: il récompense deux chercheurs qui ont élucidé l’un des principaux mystères de la transmission moléculaire des informations à l’intérieur de chaque cellule des mammifères. A commencer par les corps humains.
Un exemple: lorsque nous buvons une tasse de café, nous percevons et ressentons dans l’instant sa robe, ses fragrances, sa suavité exotique d’arabica. Comment ce miracle matinal peut-il se produire voire se reproduire pluri-quotidiennement? Pour une large part grâce aux précieuses clés moléculaires découvertes par Robert Lefkowitz et Brian Kobilka.
L’analyse (consciente ou non) des milliers d’informations qui nous parviennent de l’extérieur (mais aussi et surtout de l’intérieur) de notre corps réclame des myriades de molécules réceptrices situées à la surface des milliards de cellules qui constituent notre organisme. Ce sont ces récepteurs qui captent les substances moléculaires circulant dans leur environnement immédiat, des hormones ou des médicaments, par exemple.
Lire la suite…
US Researcher: Nobel Prize Win a ‘Total Shock’ par AP-Tech
Nobel chemistry winner Kobilka hopes for better… par reuters
Il devait avoir lieu le lundi 8 octobre. Il a été repoussé à mardi 9 octobre. Mais les conditions météorologiques, en particulier le vent trop fort, ont conduit à un nouveau report du saut en chute libre de l’australien Felix Baumgartner d’une altitude de près de 37 km. Le sauteur fou veut franchir le mur du son avec sa seule combinaison comme protection. Après une annonce pour jeudi 11 octobre, le saut a finalement été repoussé au dimanche 14 octobre. Si le ciel est d’accord…
Daredevil Felix Baumgartner ‘disappointed’ par andfinally
Auditionné par l’Assemblée nationale mardi 9 octobre, Gilles-Eric Séralini, auteur d’une étude controversée sur la toxicité d’un du maïs Monsanto NK603, résistant à l’herbicide Roundup, et du Roundup lui-même, a appelé les députés à instituer une “expertise contradictoire” pour mettre fin à quinze ans de “débat stérile” sur les OGM. Le professeur ne cesse de demander une telle innovation qui ne laisse d’inquiéter sur son réalisme. Pour lui, les études devraient être soumises à deux expertises, chacune étant effectuée par l’un des deux camps. La “solution” aurait surtout pour résultat de plonger le législateur dans une perplexité encore plus grande qu’aujourd’hui. Comment départager deux expertises ouvertement militantes ? En en commanditant une troisième, indépendante ? Autant aller tout de suite à cette solution, non?
OGM : l’étude qui dérange par LCP
Michel Alberganti
lire le billetLa date est fixée : cela doit se passer le lundi 8 octobre au dessus du Nouveau Mexique, un Etat du sud-ouest des Etats-Unis. Felix Baumgartner, 43 ans, va monter à l’altitude de 36,5 km dans une nacelle soulevée par un ballon d’hélium. Là, dans la stratosphère, équipé d’une combinaison de cosmonaute, il va plonger vers le sol pour tenter de franchir le mur du son en chute libre. Un exploit qu’aucun être humain n’a jamais réalisé. Que va-t-il se passer s’il atteint le vitesse de 1087 km/h, qui correspond à celle de la propagation du son à cette altitude ? Mystère… Certains craignent que les vaisseaux de son cerveau explosent. Que son sang se mette à bouillir. Que ses poumons se mettent à gonfler. Qu’il subisse une hémorragie des yeux… C’est dire si le suspense est à son comble…
Le 25 juillet 2012, Felix Baumgartner a déjà réalisé un saut de préparation à une altitude de 29 km. Il avait programmé le saut du mur du son pour le mois d’août mais des problèmes techniques avec la nacelle l’ont retardé. La mission Red Bull Stratos est désormais fixée pour le lundi 8 octobre… Si la météo est favorable.
Michel Alberganti
lire le billetLa taille du disque d’accrétion du trou noir situé au centre de la galaxie M87 est égale à 5,5 fois celle de son horizon… Tel est le résultat obtenu par l’équipe internationales d’astronomes formée autour de l’observatoire Haystack du Massachusetts Institute of Technology (MIT). Cela n’en a pas l’air mais il s’agit de la première prise de mensurations de l’objet le plus extraordinaire de l’Univers: le trou noir. Sorte de bonde aspirante du cosmos, le trou noir attire tout, lumière comprise, ce qui passe à sa portée et l’engloutit sans que l’on comprenne très bien ce qu’il peut bien faire d’une telle accumulation vorace. Ni ce que devient cette matière ultra comprimée. Toujours est-il que tout ce qui atteint l’horizon du trou noir, c’est à dire sa limite extérieure, disparaît. Autour de lui, tourne une sorte de salle d’attente, un couloir de la mort circulaire: le disque d’accrétion. Là, poussière, gaz ou objets célestes pris dans les rets de la gigantesque gravité du trou, attendent… Et les astronomes tentent de comprendre ce qui se passe dans cette antichambre de la désintégration. Comment la matière se comporte et si elle suit bien les lois de la physique d’Einstein. Pour cela, rien ne vaut la prise de mesure. C’est ce qui vient d’être fait grâce à des moyens impressionnants.
Tout se passe dans la galaxie M87 située à 50 millions d’années lumière de la Terre. En son centre, le trou noir est 6 milliards de fois plus massif que notre soleil. Pour l’observer et le mesurer, un réseau associe les télescopes d’Hawaii, d’Arizona et de Californie au sein de l’Event Horizon Telescope (EVT) capable de discerner des détails 2000 fois plus petits que ceux que distingue Hubble depuis l’espace. Grâce à la technologie VLBI (Very Long Baseline Interferometry) qui permet de relier les signaux provenant des différents télescopes, les astronomes ont pu prendre les mesures du trou noir. La taille du disque d’accrétion semble indiquer qu’il tourne dans le même sens que le trou noir. Cette observation directe pourrait permettre de mieux comprendre la dynamique des jets de matière expulsés du disque d’accrétion sous l’effet de changements de champs magnétiques. L’étude a été publiée dans la revue Science le 27 septembre 2012.
Michel Alberganti
lire le billetSource: Hubblesite.org
C’est difficile à croire et encore plus à imaginer. Cette photo montre une portion de notre Univers tel qu’il était il y a 13,2 milliards d’années. A cette époque, il n’existait que depuis… 500 millions d’années. Déjà, pourtant, il pullulait de galaxies. Cette image en montre environ 5500 alors qu’elle n’a capté qu’une portion infime de l’ensemble. Nous sommes dans le Fourneau, une constellation extrêmement peu lumineuse. La lumière émise par le moins brillant de ces objets célestes est dix milliards de fois plus faible que celle que peut détecter l’oeil nu humain. Pour l’enregistrer, les caméras du satellite Hubble l’ont captée pendant un million de secondes… C’est dire si cette trace de notre lointain, dans tous les sens du terme, passé est ténue. A peine palpable par le nouveau système d’imagerie couleur XDF (eXtreme Deep Field) d’Hubble qui associe lumière visible et infrarouge. Pour Garth Illingworth, de l’université de Californie à Santa Cruz et principal responsable du programme Hubble Ultra Deep Field 2009, il s’agit là de “l’image la plus profonde du ciel révélant les plus moins visibles et les plus lointaines des galaxies jamais observées”.
Outre la distance spatiale, l’intérêt de telles images réside dans ce qu’elles nous montrent de l’état de l’Univers à ses débuts. La plupart des galaxies sont alors encore jeunes, petites et en pleine croissance. Avec des cataclysmes cosmiques lorsqu’elles se croisent, entrent en collision et fusionnent. A cette époque, il existait des étoiles bleues plus brillantes que notre Soleil. La lumière émise à cette époque par le chaos de l’Univers en formation ne touche la Terre qu’aujourd’hui. Ce phénomène spatio-temporel qu’il est toujours délicat de se représenter mentalement fonctionne comme un tunnel dans le temps qui nous permet d’accéder visuellement à notre passé… La plus jeune des galaxies de l’image XDF s’est formée 450 millions d’années après le Big Bang.
Avant Hubble, lancé en 1990, les astronomes devaient se contenter d’observer des galaxies distances de 7 milliards d’années lumière, soit environ la moitié de l’âge de l’Univers. C’est dire les progrès accomplis. Désormais nous plongeons jusqu’à moins de 5% de cet âge. Le successeur d’Hubble, le James Weeb Space Telescope qui devrait être lancé en 2018, verra encore plus loin et tôt: quelques centaines de millions d’années, l’époque de la formation des premières étoiles et galaxies. Mais encore bien loin du Big Bang dont aucun scientifique ne nous promet encore de tirer, un jour, le portrait.
Michel Alberganti
lire le billetUne vidéo en forme de conte de fée… pédagogique. C’est assez rare pour être noté. De plus, c’est une histoire vraie, rien à voir avec le train d’Harry Potter, hormis la poésie. La preuve, cette vidéo réalisée par Ron Fugelseth, directeur de création chez Oxygen Productions, spécialiste de graphisme numérique, pour son fils de 4 ans. L’idée est simple : arrimer Stanley, le jouet locomotive favori du bambin à un ballon météorologique, lâcher le tout et contempler l’ascension du petit train vers la stratosphère. Le papa épris d’expérience éducative pour son fiston a perfectionné quelque peu la manip. Il a attaché une caméra HD à l’équipage et l’a doté d’un GPS via un téléphone mobile également embarqué dans cette équipée express vers l’espace.
Ensuite, père et fils ont suivi des yeux Stanley montant vers les cieux. Une heure pour atteindre près de 30 km d’altitude. Puis l’explosion du ballon, la chute libre pendant 20 minutes et l’atterrissage dans un champ de maïs (Monsanto ?) à plus de 40 km de distance. Il ne restait plus qu’à localiser Stanley grâce au GPS avant l’aller le récupérer. Pour le plus grand bonheur de son fils. Surtout lorsque, après le montage de la vidéo captée lors du vol, il a pu découvrir les yeux écarquillés et le sourire de Stanley découvrant la Terre vue d’en haut.
Autre chose qu’un ordinaire clip familial… Ron Fugelseth devrait donner des idées aux pédagogues à la recherche d’altitude. Un peu d’imagination, un brin de bricolage, un zeste d’émotion et les petits trains se mettent à voler.
Michel Alberganti
lire le billetDans quelques millions ou milliards d’années, des martiens dénicheront peut-être un étrange tas de ferraille au fond d’une crevasse. Auront-ils alors les moyens d’investigation leur permettant de comprendre qu’il s’agit là du vaisseau porteur de leurs plus lointains ancêtres ? Nous n’en sommes pas là… Pourtant, le rover Curiosity, car c’est lui dont on il s’agit, est bien soupçonné de constituer un potentiel géniteur de la vie sur Mars. Soit tout le contraire de sa mission qui vise à détecter des traces de vie passée sur la planète rouge.
Plus sérieusement, ce risque pourrait se traduire, d’ici quelques années, par la découverte, lors d’une future mission martienne, d’une vie martienne… issue de la Terre. Outre les considérations éthiques qui prônent d’éviter de polluer l’espace et ses planètes, une contamination de Mars compliquerait la tâche de son exploration. Il faudrait en effet déterminer si les découvertes sont bien d’origine purement martiennes.
L’affaire a été soulevée par un article paru dans le Los Angeles Times du 9 septembre. Le journaliste Louis Sahagun attaque fort en priant pour que Curiosity ne trouve pas d’eau sur Mars, ce qui a peu de chance de se produire dans cette région de la planète. Mais si c’était le cas… “Les outils de forage de Curiosity sont peut-être contaminés par des microbes terrestres. Si c’est le cas et si ces forets touchent de l’eau, les organismes pourraient survivre”, écrit-il. Le journaliste explique ensuite que ces forets, destinés à percer des trous dans la roche martienne afin d’en analyser la composition chimique, devaient être stérilisés et confinés dans une boite étanche ne devant pas être ouverte avant l’arrivée sur Mars. Cette procédure a été modifiée lorsque les ingénieurs de la Nasa ont émis une crainte : un atterrissage brutal pourrait endommager le système de perçage ce qui risquerait de rendre impossible le montage des forets dans leur mandrin. Que faire ?
Les opérations de perçage sont vitales pour la mission de Curiosity de recherche de traces de vie… Les ingénieurs ont donc décidé de monter, sur Terre, l’un des forets dans la perceuse et de l’y laisser. En cas de choc rendant impossible l’introduction d’un foret, il y en aurait au moins un en place et il pourrait réaliser quelques trous. Oui, mais… ce foret n’est donc pas stérile. Outre les débats internes à la Nasa entre les ingénieurs et les spécialistes de la protection des planètes, le risque pris pose une question simple: des organismes terriens pourraient-ils avoir survécu au voyage dans l’espace ?
Selon le Los Angeles Times qui cite des sources officielles, pas moins de 250 000 spores de bactéries pourraient se trouver sur Curiosity après l’atterrissage. Ils devraient tous être détruits par les conditions qui règnent sur le site du cratère Gale (pression, température, rayonnement UV, atmosphère de CO2 presque pur…). Néanmoins, les biologistes ont appris que des organismes vivant sur Terre pouvaient résister à des conditions extrêmes dans l’espace. Cette année, mentionne le Los Angeles Times, Andrew Schuerger, spécialiste de la survie des micro-organismes terriens dans l’environnement martien, a découvert une espèce de bactérie, Bacillus subtilis, capable de survivre à certaines des conditions qui règnent sur la planète touge.
Pour éviter tout risque de contamination, la Nasa est donc condamnée à éviter à tout prix de trouver de l’eau avec Curiosity. Un comble après avoir si longtemps traqué la présence de cette eau sur Mars. Même si la zone d’exploration semble particulièrement sèche, le risque ne peut être totalement écarté. Pas plus que celui d’une bactérie qui aurait résisté à tout et serait toujours là, blottie au creux du foret avec lequel Curiosity s’apprête à pénétrer dans la roche de Mars…
Michel Alberganti
lire le billetCette nouvelle image prise par le télescope Hubble de la Nasa et de l’ESA fait partie de ces photos qui font rêver. Au moment où les sondes Voyager poursuivent leur voyage sans retour pour sortir du système solaire, voici Arp 116, un couple formé par deux galaxies. L’une, ellipse géante baptisée Messier 60 et l’autre, sa petite compagne, en forme de spirale, NGC 4647. La première est extrêmement brillante. La troisième plus brillante de l’amas de galaxies Virgo qui en compte plus de 1300. Elle est aussi beaucoup plus grande que sa voisine. Et elle dispose d’une masse d’étoiles nettement plus importante. Sa couleur légèrement dorée est due au nombre important d’étoiles anciennes, froides et rouges qu’elle contient. NGC 4647, elle, comporte des étoiles plus jeunes et chaudes qui lui donne sa teinte bleutée.
Pour les astronomes, la grande question est de savoir si ces deux galaxies entretiennent une quelconque relation. Leur proximité plaide pour des interactions… Bien qu’elles donnent l’impression de se superposer, vu de la Terre, l’absence de formation de nouvelles étoiles dans la zone de recouvrement plaide pour des relations platoniques. Lorsque des galaxies interagissent, leurs mutuelles forces de gravité agissent sur les nuages de gaz, un peu comme les marées que la Lune engendre sur Terre. Le désordre provoqué conduit les nuages de gaz à s’effondrer sur eux-mêmes et à créer brusquement de nouvelles étoiles.
Rien de tout cela ne s’est produit au sein du couple Arp 116. Néanmoins, l’analyse détaillée des images d’Hubble suggère l’apparition de mouvements de marée entre les deux galaxies. Premières approches… Même si elles ne sont pas encore assez près l’une de l’autre pour interagir vraiment, Messier 60 et NGC 4647 sont donc probablement de vraies voisines. Cela signifierait que nous les observons bien à la même échelle ce qui permet de les comparer et d’observer leurs différences en termes de tailles, de structures et de couleurs. Un superbe exemple, donc, de ce qui distingue une galaxie elliptique d’une galaxie spirale. Avec, comme toujours face à de telles images, cette sensation de l’immensité de l’espace qui nous entoure et des objets célestes qui y vivent leur vie.
Michel Alberganti
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