Les satellites, et surtout les scientifiques de la Nasa qui ont analysé leurs images, n’en sont pas revenus. En 30 ans d’observation, jamais le Groenland n’avait fondu à une telle vitesse. En 4 jours, la calotte glaciaire intacte du “pays vert” a perdu 97% de sa surface… Les mesures effectuées par trois satellites montraient, le 8 juillet 2012, que 40% de la calotte glaciaire avait déjà fondu. Mais le 12 juillet, quatre jours plus tard, c’est donc 97% de sa surface qui fondait. Cela paraît d’autant plus extraordinaire que l’épaisseur de la glace, au centre de l’île, atteint les 3 km en hivers, saison où la calotte (inlandsis) couvre 80% de la surface du Groenland. Normalement, en été, seulement 50% de l’inlandsis fond. Et, à haute altitude (le Groenland a des sommets entre 3000 et 4000 m), l’eau regèle sur place. Cette année, la fonte est si importante que les chercheurs se demandent quelle quantité d’eau va réellement s’écouler dans l’océan et quel impact cela pourra avoir sur le niveau des mers sur la planète. Il faut toutefois préciser que la glace n’a pas disparu de la surface du Groenland. Les zones rouges de la carte ci dessus montrent les zones qui fondent. La zone blanche est celle de la zone qui ne fond pas et c’est celle-là qui ne représente plus que 3% de la surface couverte en hivers.
” C’est si extraordinaire que, pour la première fois, je me suis interrogé sur le résultat des mesures en me demandant s’il ne s’agissait pas d’une erreur”, note Son Nghiem du Jet Propulsion Laboratory (JPL) de la Nasa à Pasadena. Les météorologistes indiquent que cette fonte est liée à un front d’air chaud qui forme une sorte de couvercle sur le Groenland. Cela rappelle la canicule de 2003 en France qui résultait d’un phénomène similaire. Le front d’air chaud actuel n’est pas le premier. Depuis mai 2012, plusieurs se sont formés sur le Groenland. “Chacun d’entre eux s’est révélé plus fort que le précédent”, remarque Thomas Mote, climatologue de l’université de Géorgie. Le dernier en date a commencé à arriver sur le Groenland le 8 juillet et s’est stabilisé sur le calotte glaciaire le 11 juillet avant de se dissiper à partir du 16 juillet.
Même la glace située dans la région de la station Summit, à 3000 mètres d’altitude dans le centre de l’île, a commencé à fondre. Cela ne s’était pas produit depuis 1889, selon les carottes de glace analysées au Darthmouth College de Hanovre. Ces carottes indiquent qu’une fonte comme celle de cette année ne survient que tous les 150 ans en moyenne. Ce phénomène exceptionnel pourrait donc s’inscrire dans le cycle naturel de cette région. Sauf s’il se reproduisait l’année prochaine. Dans ce cas, le mot qui est dans tous les esprits, mais que la Nasa ne cite guère, c’est à dire le réchauffement climatique, pourrait bien se révéler être la cause de cette fonte ultra rapide de l’inlandsis du Groenland. D’ici là, il faudra mesurer l’impact de toute cette eau polaire sur le niveau des mers. La rupture, la semaine dernière, d’une partie du glacier Petermann grande comme la ville de Paris avait déjà donné l’alerte au réchauffement et à la montée des eaux.
Michel Alberganti
Note : Quelques informations sur la calotte glaciaire du Groenland à la suite de certains commentaires sur cet article :
– Son épaisseur moyenne est de 2,3 km avec un maximum d’environ 3 km en son centre.
– Ses glaces les plus anciennes dateraient de 110 000 ans.
– Sa surface est d’environ 1,8 million de km2 et son volume est de 2,9 millions de km3.
– Il s’agit du plus grand réservoir d’eau douce de la planète après l’inlandsis de l’Antarctique qui rassemble 70% de l’eau douce présente sur Terre.
– Si toute la glace du Groenland fondait, le niveau des mers s’élèverait de 7,3 mètres.
– Si toute la glace de l’Antarctique fondait, le niveau des mers s’élèverait de 56,6 mètres.
Sources:
http://www.esa.int/esaEO/SEMILF638FE_planet_0.html
http://www.iceandwater.gl/
http://www.mpimet.mpg.de/en/news/press/faq-frequently-asked-questions/how-much-will-the-sea-level-rise.html
Et, bien sûr, Wikipédia…
Derniers commentaires