Si l’on en croit l’étude réalisée par deux chercheurs espagnols de l’université de Grenade et qui doit être publiée dans la revue Anales de Psicología, l’égalité règne, presque, dans le domaine des fantasmes sexuels. Nieves Moyano Muñoz et Juan Carlos Sierra Freire ont recueilli les réponses de 2250 espagnols 18 à 73 ans (49,6% d’hommes et 50,4% de femmes) engagés dans une relation hétérosexuelle depuis plus de 6 mois, à un questionnaire de 98 questions sur les fantasmes sexuels qu’ils ont ressentis vis à vis de leur partenaire.
Le résultat montre que des fantasmes sexuels agréables ont existé au cours de la vie de… près de 100% des hommes et femmes qui ont répondu. Ce taux “tombe” à 80% pour les fantasmes sexuels négatifs ou désagréables. Ce remarquable partage ne supprime toutefois pas des différences quantitatives et qualitatives entre les deux sexes. D’abord, ils ne fantasment pas avec la même fréquence. Ainsi, les femmes ont des fantasmes agréables et romantiques plus souvent que les hommes. Ces derniers, en revanche, ont des fantasmes plus fréquents concernant des activités sexuelles exploratoires comme les relations en groupe et la recherche de nouvelles sensations dans la multiplication des partenaires, l’échangisme, la participation à des orgies. La fréquence de tels fantasmes varie fortement suivant les hommes, d’une fois dans la vie à une fois par an.
Les fantasmes sexuels les plus désagréables apparaissent liés à la soumission. Les femmes se révèlent plus sujettes que les hommes à la pensée d’être forcées à une relation sexuelle, ce qui arrive au moins une fois dans leur vie. Pour les hommes, c’est l’homosexualité qui arrive en tête des fantasmes négatifs. Rappelons que les participants sont purement hétérosexuels.
A travers cette étude, les deux chercheurs tentent de déterminer si les fantasmes sexuels négatifs ou désagréables engendrent des dysfonctionnements et favorisent le développement de certains comportements sexuels. C’est pour cette raison qu’ils se sont adressés à des adultes de plus de 18 ans engagés dans une relation depuis au moins 6 mois. Les chercheurs notent que le fait d’avoir des fantasmes sexuels favorise certains aspects du désir sexuel et de l’excitation. Coté thérapie, ils estiment que ce n’est pas seulement la présence ou l’absence de fantasmes qui doit être pris en compte mais également l’attitude du patient vis à vis d’eux.
Peu de grandes révélations, en somme. Si ce n’est que le fantasme sexuel est bien partagé par les deux sexes. Mais les importantes différences d’objets de ces fantasmes que montre l’étude confirme que les hommes et les femmes ne fantasment pas vraiment des même situations. Pas de quoi faciliter l’harmonie. A moins que ces différences ne soient la garantie d’une plus grande richesse de la vie sexuelle des couples. Mais l’étude, semble-t-il, ne va pas jusque là… Elle n’explique pas, non plus, pourquoi nous avons des fantasmes négatifs ou désagréables. S’agit-il d’une jouissance masochiste ? Dans ce domaine, les sujets d’études futures ne manquent pas.
Michel Alberganti
lire le billet
Derniers commentaires