LED: demain, le papier-peint lumineux

Une LED actuelle

“S’il te plait, n’oublie pas d’éteindre la tapisserie avant de dormir…” Etrange aujourd’hui, cette phrase pourrait devenir banale dans quelque années. En effet, des chercheurs travaillent sur l’intégration de diodes électroluminescentes (LED) à du papier. Mieux, cette technique permettrait d’imprimer ces diodes avec des technologies identiques à celles qui permettent aujourd’hui de déposer la couleur sur le papier-peint, par exemple. On peut alors imaginer des magazines avec des pages lumineuses… Ainsi, le papier n’aurait pas dit son dernier mot. Après sa version électronique, que l’on attend encore, voici poindre un autre avenir qui lui permettrait de prendre une certaine revanche sur l’arrogance des écrans de tous poils.

(a) Nanotubes d'oxyde de zinc (b) Nanotubes imprimés (c) LED a nanotubes imprimés sur du plastique et du papier (d) Image de la couche de nanotubes d'oxyde de zinc

Incorporer des LED dans du papier ne serait pas envisageable sans… les nanotechnologies.La technique de fabrication est issue de la thèse d’un doctorant, Gul Amin, du groupe de nanotechnologies et d’électronique physique de l’université de Norrköping, à l’est de la Suède. La méthode a fait l’objet d’une demande de brevet. Gul Amin utilise des nanotubes d’oxyde de zinc et d’oxyde de cuivre déposés sur une fine couche de polymère conducteur. Le papier, lui, est protégé par un revêtement en résine hydrophobe (Cyclotene). “C’est la première fois que que l’on peut créer des composants semi-conducteurs inorganiques directement sur du papier en utilisant des méthodes chimiques”, note le professeur Magnus Willander qui a dirigé la recherche et créé une entreprise, Ecospark, spécialisée dans le développement de produits à base de LED.

Image en 3D des nanotubes (image de 4 microns par 4 microns par microscopie AFM)

Les applications envisagées par Gul Amin vont du papier-peint aux cellules photovoltaïques. C’est dire le potentiel d’une telle invention. Toute la difficulté réside dans les techniques de croissance des nanotubes, de répartition régulière des différents composants sur la surface du papier et d’optimisation des jonctions électriques. Gul Amin reconnaît qu’il reste encore beaucoup à faire, pour réduire la tension d’amorçage nécessaire pour les nano LEDs s’allument, par exemple.

Mais, déjà, son invention fait rêver à des tapisseries qui capteraient l’énergie lumineuse dans la journée et la restitueraient la nuit, créant une douce lueur irradiant des murs…

Michel Alberganti

 

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