“No milk today”, le célèbre tube des Herman’s Hermits de… 1966, outre le plaisir inusable qu’il procure encore aujourd’hui, retrouve une forme d’actualité grâce à l’étude publiée par David Reay, professeur à l’université d’Edimbourg, dans la revue Nature Climate Change du 13 mai 2012. Consacrée aux émissions de dioxyde d’azote (NO2) par l’agriculture, la publication révèle quelques chiffres édifiants.
Les rejets annuels de 20 000 automobiles
D’après David Reay, les Anglais jetteraient dans leurs éviers pas moins de 360 000 tonnes de lait par an. Soit l’équivalent de 100 000 tonnes de CO2 émis dans l’atmosphère au cours des différentes étapes de la production de ce lait gaspillé. Cela équivaut aux rejets annuels de 20 000 automobiles… Pour les auteurs de l’étude, qui comprennent également des chercheurs de l’université d’Aberdeen et des partenaires en Europe et aux Etats-Unis, notre façon de consommer, en particulier lorsqu’il s’agit de nourriture, contribue significativement aux émissions de CO2 responsables du renforcement de l’effet de serre qui fait monter la température du globe. Pour les scientifiques, les consommateurs pourraient agir sur ces émissions en réduisant la quantité de nourriture qu’ils achètent, qu’ils mangent et qu’ils jettent. L’industrie agroalimentaire, de son coté, pourrait jouer également un rôle positif en utilisant les engrais de manière plus efficace.
Diviser par deux la consommation de poulets
Après le lait, le poulet… Les chercheurs estiment que la division par deux du nombre de poulets mangés en Grande-Bretagne et dans les autres pays développés serait équivalente au retrait de la circulation de 10 millions de voitures. Et ce n’est pas inconcevable si l’on considère l’exemple des Japonais. Ces derniers consomment chacun 12 kg de poulet par an. Contre 26 kg par an pour chaque habitant des pays développés. En les mettant ce dernier au régime nippon d’ici 2020, les émissions mondiales dues à l’élevage de la volaille tomberaient en dessous de leur niveau actuel malgré la croissance économique. Au total, les émissions de NO2 chuteraient de 20%.
Manger moins de viande, gaspiller moins de nourriture
En fait, la consommation de viande devrait plutôt augmenter dans les prochaines années du fait de la progression démographique et de l’impact des pays émergents dont les habitants s’y adonnent de plus en plus. Or, l’agriculture est la principale source de NO2. Produire de la viande en émet plus que la simple culture consommée directement du fait des quantités considérables de céréales qui servent à nourrir le bétail. D’où la conclusion de David Reay: “Manger moins de viande et gaspiller moins de nourriture peut jouer un grand rôle dans la maîtrise des émissions de gaz à effet de serre face à la croissance de la population mondiale”. Commençons tout de suite: pas de lait aujourd’hui !
Michel Alberganti
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