Un scientifique russe prédit un refroidissement du climat

Les climatosceptiques ne désarment pas. Tandis qu’ils féraillent toujours aux Etats-Unis, voici qu’un renfort leur parvient… de Russie. Nikolaï Dobretsov, président du Conseil unifié des sciences sur la Terre (section sibérienne de l’Académie des sciences de Russie) a ainsi déclaré le 26 mars 2012 que la prévision d’un réchauffement climatique ininterrompu ne se justifie pas. A l’appui de sa thèse, il avance l’évolution de la calotte polaire de l’Arctique. Nikolaï Dobretsov estime que, pendant le 21ème siècle, les glaces du pôle Nord subiront des phases successives de décroissance et de croissance sous l’effet de périodes de réchauffement et de refroidissement. « Vers la fin de ce siècle, un refroidissement climatique aura lieu et non pas un réchauffement, telle est la prévision actualisée », a-t-il affirmé. Pour affiner cette prévision, il estime nécessaire de développer le réseau des stations météorologiques en Arctique telle que celle qui doit être implantée en août 2012 sur l’île de Samoïlovski dans l’embouchure de la Léna.

Nikolaï Dobretsov, par ailleurs président honoraire de l’Académie des sciences en Asie et bardé de distinctions et de postes prestigieux, est géologue. Et cela nous rappelle la spécialité des deux plus médiatiques climatosceptiques français; Claude Allegre et Vincent Courtillot. Eux plaident pour des fluctuations climatiques liées à celles de l’activité du soleil.

Sa déclaration concernant la calotte polaire arctique est d’autant plus surprenante qu’il s’agit de la zone où le réchauffement progresse à une vitesse très supérieure aux prévisions des climatologues du GIEC.

Dans un contexte d’affrontement de lobbies, il est difficile de ne pas remarquer que la Russie fait partie des pays qui ont d’importants intérêts économiques liés au réchauffement climatique: l’ouverture du passage du Nord qui pourrait concurrencer le canal de Suez mais également sa production de pétrole et de gaz, parmi les deux premières du monde, et dont l’utilisation contribue à accroître les émissions de gaz à effet de serre contribuant au réchauffement planétaire.

Si un tel soupçon était fondé, cela signifierait la Russie met la réputation de certains de ses scientifiques au service de causes politiques et économiques, ce qui ne grandirait pas le régime de Vladimir Poutine. Si Nikolaï Dobretsov est sincère et s’il étaye son analyse, son avis pourrait relancer le débat sur le réchauffement climatique un temps éclipsé par la crise économique.

Michel Alberganti

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