La toile d’Internet bientôt en 3D

Tandis que la 3D a déjà envahi les jeux vidéo et qu’elle tente laborieusement de s’imposer sur les écrans de cinéma et de télévision, elle reste singulièrement absente de la toile d’Internet. La raison en est simple: le langage de programmation des sites du web, le html, ne contient pas de fonctions de création d’images en trois dimensions. Cela pourrait rapidement changer si l’on en juge par les présentations qui sont annoncées pour le prochain Cebit, monstrueuse exposition de l’industrie numérique qui se tient en Allemagne, à Hanovre, du 6 au 12 mars 2012.

La troisième dimension de la Toile sera présente sur le stand de l’Intel Visual Computing Institute, un organisme créé par le fabricant de microprocesseurs Intel (12 millions de dollars d’investissement), l’université de Saarland, le Centre de recherche en intelligence artificielle d’Allemagne (DFKI) et l’Institut Max Planck en mai 2009. Les chercheurs ont développé un ensemble d’outils de programmation baptisé XML3D qui pourrait transfigurer Internet au cours des prochaines années. Il s’agit en effet d’exploiter la puissance des cartes graphiques qui dorment au fond de nos ordinateurs pendant que nous naviguons sur la toile. Dimensionnés pour faire fonctionner les jeux vidéo les plus élaborés en matière de définition d’image et d’ immersion des joueurs, ces composants électroniques très puissants qui agissent comme de véritable turbo graphiques, sont en effet inutilisés sur Internet faute d’images en trois dimensions à traiter. Avec le XML3D, tout devrait changer, comme l’explique Philipp Slusallek, directeur de l’Intel VCI :

Le gros intérêt de l’intégration de la 3D dans la boite à outil des concepteurs de sites web, au delà de l’attrait visuel, est celui de la navigation interactive dans ces images. En effet, au lieu de simples photos d’un hôtel sur un site d’organisation de voyage, nous pourrons visualiser à la fois la chambre en vision panoramique mais également découvrir la vue offerte par la fenêtre ou le balcon. Tout ceci au sein d’une seule illustration. Idem pour la découverte d’un objet sur un site de vente en ligne, le choix d’une voiture ou celui d’une place de théâtre. En réalité, toutes ces fonctions existent déjà mais elles font appel à des logiciels additionnels (plugins) qui doivent être installés sur le navigateur. Ce système n’est pas sans défaut (compatibilité, mises à jour) et fonctionne moyennement (ralentissements). L’intégration dans le langage du web lui-même ainsi que dans les navigateurs des fonctions 3D va probablement donner un véritable coup d’accélérateur à l’exploitation des images interactives en trois dimensions sur Internet. A moins que cela ne donne mal au coeur aux internautes…

Michel Alberganti

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