Harry Potter, c’est magique pour éviter l’hôpital

Avec la sortie sur les écrans, ce mercredi 13 juillet, du second volet de Harry Potter et les reliques de la mort, la saga cinématographique du jeune sorcier se termine. Ceux qui n’ont pas lu tous les livres de J. K. Rowling vont enfin savoir qui sortira vainqueur de l’affrontement final entre Harry et Lord Voldemort (même si quelque chose me dit que tout le monde connaît déjà le dénouement en détail…). Quant aux enfants qui ont dévoré les sept ouvrages de Joanne Rowling, ils ignorent sans doute que le petit pensionnaire de Poudlard a sauvé quelques-uns d’entre eux de l’hôpital, voire de la mort…

Comment ? Aucun sort, aucune potion, aucun coup de baguette magique dans tout cela, juste le charme de la lecture. Dans son dernier numéro de l’année 2005, le très sérieux et très auguste British Medical Journal (BMJ pour les intimes) a publié dans ses colonnes une petite étude signée par quatre médecins travaillant pour le département de chirurgie orthopédique et traumatique de l’hôpital John Radcliffe à Oxford. A l’origine de cet article se trouve un des membres de ce quatuor médical, Keith Willett. En juillet 2005, après avoir eu un week-end de garde (les 16 et 17 juillet) particulièrement tranquille et constaté, à la maison, que trois de ses cinq enfants étaient scotchés sur le canapé à lire Harry Potter et le Prince de sang-mêlé, sorti le 16 juillet à 0 heure, ce médecin britannique a formulé une étrange hypothèse. Et si les parutions des livres de J. K. Rowling, en tenant les gamins at home, avaient un effet préventif sur les accidents divers et variés résultant des activités de plein air de ces chers bambins (vélo, skateboard, cricket trop près de la batte, etc.) ?

Pour le savoir, les médecins sont donc allés farfouiller dans les statistiques de leur hôpital pour ce fameux week-end du 16 et du 17 juillet 2005 et aussi pour celui du 21 et du 22 juin 2003, date de la sortie en librairie, au Royaume-Uni, de l’opus précédent, Harry Potter et l’Ordre du phénix. Ils ont comparé le nombre d’admissions d’enfants de 7 à 15 ans aux urgences de leur service de ces week-ends là avec celles des autres week-ends de juin et juillet 2003, 2004 et 2005. Ils ont aussi pris la peine de vérifier auprès de la météo si le temps avait ou non été particulièrement maussade, ce qui explique en général les fluctuations des admissions pour ce genre de traumatismes.

Même si l’échantillon est restreint, puisqu’il se cantonne à un seul hôpital, les résultats s’avèrent assez parlants. En moyenne, les urgences de chirurgie orthopédique accueillent 67,4 enfants de 7 à 15 ans par week-end à cette période de l’année. Lors des deux week-ends Harry Potter, respectivement 36 et 37 enfants (sans doute analphabètes ou insensibles aux aventures du petit sorcier) sont venus se faire plâtrer. Evidemment, on aimerait bien élargir ces statistiques à l’échelle du pays pour voir si Oxford, ville universitaire célèbre, fait figure d’exception culturelle ou si la magie Potter s’est répandue sur tout le royaume d’Elisabeth II.

Cela dit, cet effet bénéfique possède un revers plus obscur. Les auteurs, avec un humour tout britannique, encouragent les romanciers de talent à écrire davantage d’ouvrages pour la jeunesse, dans l’optique de prévenir les graves traumatismes (sans doute une manière tordue d’encourager J. K. Rowling à poursuivre les aventures du jeune Potter…). Mais, dans le même temps, ils se demandent si, avec la pratique plus intensive de la lecture, le risque ne serait pas plus élevé de produire davantage d’enfants obèses ou, au contraire, rachitiques par manque de sport, et d’entraîner une recrudescence des maladies cardio-vasculaires.

Pour en revenir à Harry Potter, on aimerait aussi savoir, auprès des hôpitaux proches de la gare de King’s Cross, à Londres, combien d’enfants sont arrivés aux urgences, tête en sang et bras cassés, après avoir vainement essayé de prendre le quai 9¾ (qui est réellement signalé dans la gare). Et, personnellement, j’exige les statistiques de traumatismes consécutifs aux matches de quidditch. Une panne de balai volant est si vite arrivée…

Pierre Barthélémy

5 commentaires pour “Harry Potter, c’est magique pour éviter l’hôpital”

  1. Bonne nouvelle pour les statistiques, le quidditch arrive en France! 🙂 Mais les inscriptions dans ma ville sont réservées aux 17 ans et plus.

  2. Quid des coupures suite aux baguettes taillées dans une branche avec l’Opinel de papa ?

  3. […] Avec la sortie sur les écrans, ce mercredi 13 juillet, du second volet de Harry Potter et les reliques de la mort, la saga cinématographique du jeune sorcier se termine. Ceux qui n’ont pas lu tous les livres de J. K. Rowling vont enfin savoir qui sortira vainqueur de l’affrontement final entre Harry et Lord Voldemort (même si quelque chose me dit que tout le monde connaît déjà le dénouement en détail…). Quant aux enfants qui ont dévoré les sept ouvrages de Joanne Rowling, ils ignorent sans doute que le petit pensionnaire de Poudlard a sauvé quelques-uns d’entre eux de l’hôpital, voire de la mort… via blog.slate.fr […]

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  5. Merci Pierre, je trouve ce billet fabuleux, de légereté et de sérieux… :-). ( Mais comment fait il, ce diable d’homme pour écrire ainsi ? )
    J’aurais plutot pensé au pouvoir de “guérison” de la lecture d’un bon livre ( quand on est plongé dedans à fond à fond.. ) pas à l’arret des comportements ” à risque”.

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