Questions autour du phénomène anti-vaccin

Jusqu’au 2 mai, c’est la semaine européenne de la vaccination. Une nouvelle fois, c’est sur le vaccin contre la rougeole (auquel sont associés les vaccins contre les oreillons et la rubéole, d’où l’acronyme ROR) que l’accent sera mis car la France n’arrive pas à se dépêtrer d’une épidémie qui a commencé en 2008 et ne cesse de prendre de l’ampleur, comme le montre le graphique ci-dessous, tiré d’un bilan effectué par l’Institut de veille sanitaire (InVS) :

Ce bilan indique que 14 500 cas ont été déclarés. Le nombre réel de cas est probablement bien supérieur. La principale raison expliquant pourquoi le virus court, au point que la France est accusée de contaminer ses voisins européens, tient à une vaccination trop parcellaire, que déplore l’Organisation mondiale de la santé (OMS). Pourtant, la vaccination n’est pas du luxe car la rougeole n’est pas bénigne : comme l’explique l’OMS, “les complications les plus graves dues à la maladie sont notamment la cécité, l’encéphalite, des diarrhées graves et la déshydratation qui s’ensuit, des infections auriculaires et des infections respiratoires graves comme la pneumonie. Jusqu’à 10% des cas de rougeole s’avèrent mortels chez les populations atteintes de niveaux élevés de malnutrition et ne pouvant recevoir des soins de santé adéquats.”

En 2010, sur les quelque 5 000 personnes touchées par la maladie en France, 30% se sont retrouvées à l’hôpital. Selon L’Express, la très grande majorité d’entre elles (95%) n’étaient pas vaccinées ou n’avaient subi qu’une seule injection alors que deux sont nécessaires pour être protégé. Depuis le début de l’épidémie, on compte également quatre décès. On sait par ailleurs qu’une vaccination de 95% de la population peut à terme permettre la disparition de la maladie comme c’est le cas en Amérique du Nord et du Sud. On est, en France, bien loin de ce chiffre puisque, selon les chiffres de l’InVS de 2005-2006, seulement 44% des enfants de 6 ans avaient été soumis à la double injection.

La question qui se pose donc est la suivante : si des pays moins riches et moins bien équipés sur le plan sanitaire que la France sont parvenus à se débarrasser de la rougeole, pourquoi n’y arrivons-nous pas ? Pourquoi la couverture vaccinale est-elle mauvaise ? Il y a bien sûr toujours une part de négligence, notamment dans le fait que beaucoup de parents se contentent parfois d’une seule injection alors que le calendrier vaccinal en prévoit deux, la première entre 9 et 12 mois, la seconde entre 12 et 24 mois. Mais cela ne suffit pas à expliquer le phénomène.

Etant donné que le ROR n’est pas obligatoire, mais simplement recommandé (ce qui en réalité devrait signifier “indispensable”), chacun est libre de vacciner ou pas ses enfants. Certains ne le font pas car ils pensent, à tort, que la rougeole est une maladie bénigne. D’autres parce qu’ils craignent les effets secondaires, alors que le rapport risque-bénéfice est clairement en faveur du vacciné. Autre raison que décrit Catherine Ducruet dans Les Echos, l’individualisme bien français qui aboutit au raisonnement suivant : « Je n’ai pas besoin de faire vacciner mon enfant, les autres le sont. » Enfin, comme le dit Didier Houssin, directeur général de la santé, cité dans le même article, « à la sous-estimation des maladies s’ajoute la perméabilité du public – mais aussi d’une partie du corps médical – aux médecines alternatives, voire aux courants anti-vaccination ».

Ce mouvement anti-vaccin est une réalité et il gagne du terrain aux Etats-Unis et en Europe. Pour ce qui concerne la France, le fiasco gouvernemental dans la communication sur le vaccin contre la grippe A/H1N1 en 2009-2010 n’y est sans doute pas étranger mais les racines de ce mouvement sont plus profondes. On se souvient notamment de la controverse, à la fin des années 1990, sur un éventuel lien, jamais prouvé, entre le vaccin contre l’hépatite B et la sclérose en plaques. C’est à la même époque qu’une étude, dirigée par le chercheur britannique Andrew Wakefield, fait le rapprochement entre le ROR et des cas d’autisme. On sait aujourd’hui que ce médecin, qui touchait de l’argent de l’industrie pharmaceutique, avait délibérément falsifié ses données, raison pour laquelle personne n’était parvenu à reproduire ses résultats. Wakefield a depuis été interdit d’exercer la médecine. Mais le soupçon a mis une dizaine d’années à être lavé et, comme toujours dans ce genre de cas, le mal est fait et les médias ont été beaucoup moins bruyants lorsque le scandale s’est évaporé que lorsque l’article original est paru dans The Lancet

Le problème, c’est que cette atmosphère de soupçons et de rumeurs, contre laquelle il est déjà par nature difficile de lutter, est entretenue par un petit courant d’activistes anti-vaccins. Aux Etats-Unis, on y retrouve des promoteurs de médecines dites naturelles comme Mercola.com ou le National Vaccine Information Center. Tous les deux viennent d’ailleurs de s’offrir une campagne publicitaire sur un des fameux écrans de Times Square à New York, ce qui a provoqué un tollé dans le monde médical outre-Atlantique. L’égérie de ce mouvement est l’ancienne modèle de Playboy Jenny McCarthy, qui a vu un lien de cause à effet entre la vaccination et l’autisme de son fils. En France, pas encore de “célébrité” pour brandir le même étendard, mais un groupuscule recruté, comme l’a montré une enquête de Conspiracy Watch, chez les habitués des théories du complot, pour la plupart d’extrême-droite. Certains craignent que les médecins profitent de la vaccination pour injecter des puces sous la peau qui serviront aux juifs à prendre le contrôle de l’humanité, d’autres que les vaccins eux-mêmes soient des armes bactériologiques déguisées, le tout dans le but de réduire drastiquement le nombre d’humains sur la planète. Ce genre d’argumentation prêterait plutôt à rire mais, par la magie d’Internet, ces idées diffusent. Ainsi, une de leurs vidéos sur le vaccin de la grippe A/H1N1 a-t-elle été visionnée plus de 800 000 fois.

Chacun est évidemment libre de se faire vacciner ou pas. Ce que je crains cependant, et ce que l’on constate en partie avec cette épidémie de rougeole, c’est que ce genre d’élucubrations se nourrisse du rejet des experts auquel une partie de la société française s’adonne depuis quelques années. Nous sommes passés d’une image sans doute caricaturale où le progrès scientifique et technique allait apporter joie et prospérité à tous et où la figure du chercheur était respectée, car auréolée d’objectivité, à un autre extrême dont j’ai déjà parlé, une image où le savant joue les apprentis-sorciers au service secret de firmes industrielles puissantes qui le payent pour promouvoir les vaccins, les médicaments dangereux comme le Mediator, les téléphones portables aux ondes mortifères, le wifi, les OGM et les produits phytosanitaires, le nucléaire, les nanotechnologies et, maintenant, les sacrifices à faire pour lutter contre le réchauffement climatique. Tous ces produits de la science ne sont pas forcément inoffensifs. Mais pour évaluer leurs vrais risques, il faut s’informer sans sombrer dans la paranoïa.

Pierre Barthélémy

Petite mise au point : après la publication de ce billet et ma participation, sur le même sujet, à l’émission de Mathieu Vidard, la Tête au carré, beaucoup d’auditeurs et de lecteurs s’en sont pris à moi en m’accusant d’avoir fait un gros amalgame avec le mouvement anti-vaccination et d’être vendu à l’industrie pharmaceutique (tout comme certains m’ont accusé, gratuitement, d’être vendu à Areva lorsque j’ai dit que la catastrophe nucléaire japonaise n’aurait pas de retombée significatives en France). Lisez attentivement mon texte (que j’ai repris en très grande partie dans l’émission) et vous vous apercevrez qu’il n’en est rien. J’ai bien spécifié qu’il y avait deux choses différentes : d’un côté ceux qui pour X raisons, ne faisaient pas vacciner leurs enfants contre la rougeole et, de l’autre, ceux qui faisaient la promotion active et souvent délirante de l’anti-vaccination. Et j’ai bien dit que chacun était libre de ses propres choix mais que, pour ma part, je préférais les choix qui résultaient d’une analyse objective. Voilà. Alors, oui, je pense que le vaccin contre la rougeole est une bonne chose parce qu’en seulement dix ans, il a évité le décès de millions d’enfants dans le monde. En revanche, je ne me prononcerais pas sur le vaccin contre la grippe A/H1N1 parce que 1/ il a été fait très vite 2/ on a vu aussi, très rapidement, que la dangerosité de cette grippe n’était pas celle qui nous avait été annoncée. Donc, j’aimerais bien qu’on ne me fasse pas dire ce que je n’ai pas dit, parce que c’est pire que l’amalgame dont on m’accuse.

Pour ce qui est de ma “complicité” avec l’industrie pharmaceutique. Je dirais tout d’abord que si j’étais payé par cette industrie, je ne serais probablement pas à écrire des piges les jours et des billets de blog la nuit pour nourrir ma famille. C’est un premier point. Ensuite, l’angle de ce billet (qui n’est même pas un article, on est sur un blog), c’était d’exposer les raisons de la non-vaccination contre le virus de la rougeole et pas du tout d’enquêter sur les industries pharmaceutiques avec lesquelles je n’ai aucun conflit d’intérêt, pas plus que j’ai de conflit d’intérêt avec le nucléaire comme d’autres lecteurs l’ont soupçonné.

D’un autre côté, il est vrai qu’il me serait beaucoup, mais alors beaucoup plus facile, d’écrire des petits billets pleins de sous-entendus ironiques sur les potentielles collusions entre Big Pharma et l’Etat : pas besoin de lire des articles de recherche, pas besoin de dénicher de rapports et d’études, de les lire, des les mettre en lien. Non, juste du jus de crâne et c’est bâché en une demi-heure. Si c’est cela que vous cherchez, du café du Commerce qui ne fait pas mal à la tête et ne fait que conforter l’ère du soupçon généralisé, vous ne le trouverez pas ici. Parce que, de la même manière que je déteste qu’on m’accuse sans preuve, je déteste accuser sans preuve.

Un dernier point : c’est tellement facile et lâche, dans l’anonymat des commentaires, d’attaquer gratuitement ceux qui osent prendre la parole pour défendre publiquement la science quand elle assume correctement sa mission, que je commence à en avoir plus qu’assez de tous ces internautes soi-disant experts qui ne donnent jamais aucune référence, ne signent pas de leur nom et s’adonnent avec délices au dénigrement et à la diffamation quand ce n’est pas carrément de l’insulte. Je suis pour le débat à partir du moment où il se fait de manière équitable et cordiale. Les lecteurs ne sont pas obligés d’être d’accord avec moi, et heureusement d’ailleurs. Simplement, pour le dire, il faut qu’ils y mettent et les formes et des arguments valables parce que je déteste la mauvaise foi et les preuves bidon qu’on me balance sans arrêt.
Quant à ceux qui me disent qu’ils sont très déçus et qu’ils ne me liront plus parce que je n’ai pas lissé leurs convictions dans le sens du poil, c’est leur choix. De toute manière, il y a des années que j’ai réalisé qu’on ne prêchait que les convaincus et que ce genre de texte ne pouvait faire changer d’avis qu’à une fraction infinitésimale de la population. Il est des jours où je me demande encore pourquoi je les écris alors que je pourrais passer mon temps à flotter sur mes petits textes rigolos et sans conséquence. Mais c’est précisément parce que je m’en prends plein la tête pour pas cher que je persiste, parce que si un journaliste scientifique ne parle pas des gros problèmes auxquels la science est confrontée, personne ne le fera.


63 commentaires pour “Questions autour du phénomène anti-vaccin”

  1. Je reviens ici pour vous topol, fidèle supportrice sans doute mais qui apporte autre chose que les précédents. C’est mieux ! Continuez !

    Pour la thèse rougeole j’ai seulement rapporté des extraits qui ne signifient pas que le vaccin soit mauvais ni que des campagnes de vaccination ne peuvent pas connaitre des succès, au moins au début, mais qui montrent qu’il a des limites qui peuvent poser problèmes.

    De plus on voit mal comment une jeune virologue qui veut très certainement convertir sa thèse en travail rémunéré dans un laboratoire pourrait tirer à mort sur le vaccin contre la rougeole alors qu’elle s’est spécialisée sur les virus de la rougeole.

    Ce serait suicidaire. Mais il y a comme ça, en passant, des petites choses qui sont dites comme les petites lignes en bas des contrats d’assurance. Et ces petites choses ne sont pas d’elles mais de multiples auteurs qui ont pu écrire aussi beaucoup de bien sur le vaccin, l’un n’empêche pas l’autre. C’est cela que j’ai voulu faire ressortir.

    Comme on dit aujourd’hui ça fait des conflits d’intérêt.

    Pour vos remarques sur la variole, un autre message à suivre et après je tire ma révérence…

  2. Voici, pour topol et la variole (et en plus ça rime !)

    Ce que vous rapportez sur la variole confirme totalement mon propos : après son éradication on assista à l’occultation de tout ce qui n’était pas de la vaccination dans ce qui avait permis de vaincre la variole. En effet, dans le lien que vous donnez on parle de la vaccination en anneau venant compléter la vaccination de masse mais en oubliant de dire qu’il y avait aussi recherche active des malades, et leur isolement, recherche active des contacts par des critères pertinents, surveillance de leur température avec isolement si elle dépassait 38° soit avant qu’ils deviennent contagieux.

    Comme je l’ai aussi écrit les contacts étaient vaccinés.
    L’existence de cette stratégie est avérée par le document fondamental daté de décembre 1979 Rapport de la Commission mondiale pour l’éradication mondiale de la variole. Ce rapport a présidé à la proclamation par l’Assemblée mondiale de la santé le 8 mai 1980 de l’éradication mondiale de la variole.

    J’en ai un exemplaire devenu précieux puisque depuis peu il est déclaré épuisé en français et en anglais. Espérons qu’il sera réédité voire mis en ligne puisque l’OMS a annoncé que les archives sur les campagnes d’éradication le seraient. Mais c’est un énorme travail.

    Dans mon texte PDF sur cette éradication je rapporte et analyse ce qui est exposé dans ce rapport de 144 pages. J’extrais ceci (page 22 du rapport) :

    « « Dès lors que les varioleux étaient isolés dans une enceinte où ils n’avaient de contacts qu’avec des personnes correctement vaccinées ou précédemment infectées, la chaîne de transmission était rompue . En identifiant et en isolant immédiatement les contacts qui tombaient malades, on dressait un obstacle à la poursuite de la transmission . »

    Ce rapport ne peut plus être modifié. Par contre j’ai pu constaté que des historiens de la médecine comme Pierre Darmon (La longue traque de la variole 1985 thèse faite au CNRS) semblent ignorer l’existence de ce rapport qui à ce moment là était disponible. Je me le suis procuré en 2000 et le lien que je donne pour l’acheter sur le site de l’OMS le proposait encore il y a 1 an environ.

    Ce que je lis à propos de Foege sur la vaccination en anneau est identique à ce que j’ai lu dans l’ouvrage de Saluzzo (le Monsieur vaccins de Sanofi) que je rapporte sur mon blog et chez Pierre Darmon : aucun ne parle de l’isolement des malades et des contacts. C’est exactement ce que j’expose. Aucune surprise donc et je vous remercie de me donner un autre texte confirmant mon constat c’est à dire la contradiction flagrante et indiscutable pour qui dispose du document entre ce qui y est écrit et ce qu’on a raconté plus tard.

    Soit dit en passant, à l’émission de Jacques Pradel sur Europe 1 à 9h où celui-ci présentait tous les jours des livres et leurs auteurs, Saluzzo avait parlé de l’isolement des malades et des contacts dans son expérience africaine…

    Une anecdote : le 31 janvier 2001 j’ai participé en tant qu’orateur à un colloque à l’Assemblée nationale sur les vaccinations. Il était organisé par les Verts qui formaient alors un groupe à l’Assemblée, ce qui leur permettait de faire cela.

    Premier orateur un député Vert européen qui dira «”la variole a été vaincue par la vaccination”. Second orateur Lucien Abenhaïm alors DGS. Même affirmation sans plus s’étendre ni l’un ni l’autre.

    Troisième orateur un immunologiste de Strasbourg qui fera tout son exposé sur la variole depuis le fil de soie des Chinois jusqu’à l’éradication par la vaccination.

    Cinquième orateur le Dr Nicole Guérin qui travaillait au ministère à temps plein pour le Comité technique des vaccinations dont elle était un membre éminent. Elle exposera aussi à l’audition BCG. Elle corrigera les 3 précédents en disant très fermement : « La variole a été vaincue par la vaccination ET un certain nombre d’autres choses ». Elle n’en dira pas plus.

    Sixième orateur, moi-même. J’étais le premier des orateurs critiques sur la vaccination, ce que vous appelez les antivaccinalistes. Je vais décrire en détail ce que furent ces autres choses. Nicole Guérin ne fera aucun commentaire. Quand je vais lire, document en main, page 32 du rapport :

    « Les campagnes d’éradication reposant entièrement ou essentiellement sur la vaccination de masse furent couronnées de succès dans quelques pays mais échouèrent dans la plupart des cas. »

    un vieux professeur (76 ans) tapera sur la table en disant ”Succès!” Les échecs, même reconnus par la commission mondiale il ne veut pas savoir !!!

    A côté de moi il y avait le Professeur Marc Brodin qui présidera la réunion de consensus des 10-11 septembre 2003 et l’audition publique du 9 novembre 2004 sur le lien entre vaccination hépatite B et sclérose en plaques. Il regardera tous mes documents posés sur la table et ne fera aucun commentaire.

    Vous voyez topol il est logique que vous trouviez des différences ou contradictions avec ce que j’écris. Le problème c’est de les interpréter correctement.

    Lien variole sur mon blog http://questionvaccins.canalblog.com/archives/2007/06/21/538071.html plus mon article PDF à partir de ce lien

    Quand Kennedy est allé à Berlin en pleine guerre froide il a déclaré “je suis un berlinois !” L’argumentation des antivaccins est tellement caricaturée, déformée, dénaturée et il y a une telle mauvaise foi que, sans me prendre pour Kennedy, je proclame : “Je suis un antivaccinaliste !”

    Pour moi, ce sera le mot de la FIN

  3. Je reviens quand même mais c’est juste pour corriger une erreur dans mon dernier commentaire : en fait Jean-François Saluzzo parle bien dans son livre “La guerre contre le virus” de l’isolement des malades par Foege quand celui-ci avait très peu de vaccins :

    “Il a alors l’idée de limiter les vaccinations dans les quelques villages où des cas suspects ont été rapportés et d’isoler les malades”

    J’ajoute que chacun sachant qu’aucune vaccination n’est efficace à 100% la seule vaccination des contacts en les laissant libres de leurs mouvements ne pouvait pas arrêter à elle seule la transmission. Par contre, l’isolement des contacts pouvait être efficace à 100%.

    Je précise pour topol qu’il ne s’agissait pas de quarantaine, terme qui s’applique à l’isolement d’un groupe contenant des malades, des personnes en incubation et des personnes qui ne seront pas contaminées.

    Dans la stratégie utilisée les personnes désignées comme contacts étaient seulement astreintes à une surveillance sanitaire quotidienne. Elles étaient isolées seulement en cas de fièvre. Or, dans la variole, la fièvre (très élevée) apparaissait environ 2 jours AVANT le début de l’éruption qui signait aussi le début de la phase de contagion. Donc seuls les malades étaient isolés et avant d’être contagieux.

    Ce fut cette remarquable propriété de la maladie qui fut la véritable clé de la victoire sur la maladie. C’est quand même plus intéressant que de dire on a vacciné et la maladie a disparu.

  4. “Mais quand on voit que quelqu’un qui est président des Etats-Unis est obligé de faire une conférence de presse pour montrer son certificat de naissance et faire taire des rumeurs idiotes, il y a de quoi se poser de graves questions sur la manière dont s’informe la société.”
    D’abord, ça ne vient rien faire dans cette discussion; ensuite, si j’écrivais : “Mais quand on voit le professeur Tournesol obligé de faire la preuve de ses titres académiques avant de donner un avis sur la vaccination, il y a de quoi se poser de graves questions sur la manière dont s’informe la société.”, vous me ririez au nez, et vous auriez raison…

  5. @Luc Secret : si, ça a énormément de rapport avec le sujet. Parce que le sujet va bien au-delà de savoir si le ROR doit être fait ou pas. Le sujet de cet article et, de plus en plus, de ce blog, c’est la manière dont les gens croient être informés parce qu’ils ont lu une info bidon sur un forum ou vu une vidéo délirante sur Youtube, sans essayer de comprendre ce qui motive les colporteurs de rumeurs. De ce point de vue, l’histoire du certificat de naissance d’Obama est des plus révélatrices. C’est le premier président de l’ère des réseaux sociaux et de l’information de niche (et à la carte) sur Internet, le premier président de l'”information” communautaire, celle que on valide parce qu’elle vient des gens que l’on connaît et qui pensent comme soi. C’est ainsi que s’informent les antivaccinalistes engagés, les climatosceptiques, ou les fanatiques du suaire de Turin, pour reprendre les exemples que j’ai vécus avec Globule et Télescope. Vous pourrez leur mettre toutes les études scientifiques que vous voudrez sous les yeux, cela ne changera rien parce qu’ils ne croient que les informations qui émanent de leur cercle. C’est pour cette raison que je ne suis pas sûr qu’Obama ait convaincu grand monde avec son certificat de naissance… Mais au moins, lui peut obliger le monde entier à l’écouter…

  6. J’ai largement préféré le débat sur l’expérimentation animale et le “droit de tuer”. Là tous ce que je lis c’est du troll (http://fr.wikipedia.org/wiki/Troll_%28Internet%29).

    Entendons nous bien, le billet de Pierre Barthélémy était tout ce qu’il y a de plus correct journalistiquement et scientifiquement, ce sont les commentaires qui ont suivis qui sont du trollage.

    J’ai beaucoup de peine pour les gens qui doivent cracher leur haine à tout pris en racontant n’importe quoi simplement parce qu’ils ne sont pas heureux et que salir bêtement le travail et l’intégrité des gens leur fait du bien.

    Continuez Pierre, et que les mal peignés se brossent eux-mêmes leurs poils dans le sens qu’ils préfèrent !

  7. @Piouaille : merci pour vos encouragements. Je dois dire que j’ai renoncé à crier au troll parce qu’à force d’en voir sur mon blog, j’avais l’impression de devenir parano !

  8. Excellent billet, et je n’ai pas pris la peine de lire les commentaires polémiques qu’il a pu susciter, car j’ai trouvé l’argumentation initiale tellement juste tout en étant sobre que je ne voit ce que l’on peut trouver à redire…
    Grâce a cet article j’ai un élément de plus sur les anti-vaccins qu’il y a dans mon entourage.

    Bravo !

  9. N’ayant pas eu de réponse, je reproduis mon commentaire précédent :

    “Faudra qu’on m’explique un truc : selon l’OMS, la couverture vaccinale a augmenté en France et pourtant il y a une augmentation des cas de rougeoles (http://apps.who.int/immunization_monitoring/en/globalsummary/countryprofileresult.cfm).
    En matière de statistique, la corrélation entre vaccination et cas de rougeoles n’est donc pas du tout établie.
    Alors pourquoi cet article???
    Je précise que ma remarque n’indique rien sur des effets secondaires, sur une opposition aux vaccins ou autre.
    Le sens de mon propos est simplement de montrer que statistiquement, la recrudescence de rougeole ne peut être imputée à une baisse de la couverture vaccinale ! Il vaudrait mieux du coup chercher les vraies raisons de cette épidémie et effectivement se poser la question de l’efficacité réelle de ces vaccins.”

    Je veux bien qu’il y ait des désinformations des anti-vaccins mais il s’agit de stats de l’OMS.
    Par ailleurs, on ne parle pas du tout d’immunité naturelle ni d’immunisation naturelle, bien plus efficace puisque pérenne alors que l’immunité vaccinale serait déclinante et peut être meilleure avec une deuxième injection (ce sont des arguments pro-vaccinaux je le rappelle).

    Pour finir, je n’apprécie pas que tout argument posant la question des vaccins soit cataloguée de désinformation, de provenance douteuse, d’intégrisme dangereux, etc… La même chose pourrait être parfaitement dite de tout argument pro-vaccinale.
    Je ne demande qu’une réflexion logique et froide, d’où mon commentaire initial : pourquoi corréler vaccin et rougeole alors que l’on constate l’augmentation de la couverture vaccinale et une épidémie de rougeole en parallèle?
    Scientifiquement, il n’y a pas besoin de diplômes, de titres ou autre pour voir qu’il y a un problème.

  10. @Thomas PETIT : retournez à votre tableau et regardez bien ce qu’il contient : certes, la couverture vaccinale pour la première dose a augmenté (mais elle n’atteint que 90% selon l’OMS, ce qui en soi est déjà insuffisant, surtout qu’une seule dose ne protège pas efficacement). En revanche, la France ne fournit plus de statistiques à l’OMS depuis des années pour ce qui est de la deuxième dose (MCV2 dans le tableau). Au sujet de cette seconde dose, les chiffres de l’InVS (en lien dans mon billet) sont éloquents : en 2006, on était à seulement 44% pour les enfants nés en 1999-2000. Même avec rattrapage, on est loin des 86% mesurés en 2003. On dirait bien que c’est une baisse, non ?
    Pour ce qui est de l’immunité naturelle, celle conférée par la mère disparaît au bout de quelques mois. Celle conférée par la maladie elle-même est bonne… à condition d’avoir survécu.
    Par conséquent, oui il y a un problème contrairement à ce que vous avez avancé un peu vite, et oui le billet se justifie parfaitement. 95 % des malades depuis le début de l’épidémie étaient soit non-vaccinés pour la plupart, soit n’avaient eu qu’une seule dose.
    Merci d’appliquer votre “réflexion logique et froide” à ces informations…

  11. Merci pour ces éléments.
    J’applique la réflexion froide et logique à ces informations :

    Je compare 2 cohortes comparables :

    GSM 2002-2003 : MCV2 : 28,1%
    GSM 2005-2006 : MCV2 : 44,3%

    CM2 2001-2002 : MCV2 : 56,8%
    CM2 2004-2005 : MCV2 : 74,2%

    Si vous constater une baisse de la vaccination (seconde dose), c’est que nous n’avons pas compris la même chose de ce qu’est l’esprit cartésien.

    Ces chiffres ne montrent pas une baisse mais une hausse. Je pourrais en déduire que ce sont les vaccins qui sont la cause de l’épidémie, ce que je ne ferais pas vu que l’épidémie est très soudaine et que je n’ai pas assez de chiffres pour le démontrer.

    Simplement, il est clair que dire que c’est la baisse de la vaccination qui est la cause de cette épidémie est clairement non scientifique. ça pourrait être le cas mais aucun élément ne semble aller dans ce sens.
    Ce n’est donc pas de la responsabilité de ces affreux donneurs d’alerte qui nous disent que les vaccins ne sont peut être pas aussi efficaces que l’on nous l’a dit pendant tant d’années.
    D’ailleurs, qu’ils aient tort ou raison, n’ont-ils pas raison de tout simplement appeler à réfléchir? La science consiste-t-elle à ne pas réfléchir dès lors que quelques sommités ont déterminé une vérité (comme le mur du son infranchissable, la Terre plate, le Soleil qui tourne autour de la Terre, etc…)?

  12. @Thomas PETIT : j’ai d’autant plus vu ces chiffres que c’est moi qui vous les ai cités. Simplement, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas dit. J’ai écrit, dans mon commentaire : pour la seconde dose de vaccin, “en 2006, on était à seulement 44% pour les enfants nés en 1999-2000. Même avec rattrapage, on est loin des 86% mesurés en 2003. On dirait bien que c’est une baisse, non ?”
    Ce que les chiffres soulignent, c’est que les campagnes de rattrapage fonctionnent puisque la couverture vaccinale s’améliore bien après que l’entrée en maternelle. On est néanmoins plus bas que les 86% cités par l’OMS et, surtout, beaucoup plus bas que les 95% nécessaires.

  13. De votre dernier commentaire, je déduis :
    – la couverture vaccinale est inférieure au taux demandé de 95%
    – la couverture vaccinale augmente, notamment sur le rappel qui reste bas par rapport à la première injection

    Or selon les chiffres de l’INVS sur l’épidémie, celle-ci s’est déclenchée vers 2008 et augmente fortement depuis.

    De ces 2 éléments, la logique indique que si l’on part de l’hypothèse qu’un taux de vaccination inférieur à 95% implique des cas nombreux de rougeole, nous n’avons jamais été à 95% ces 10 dernières années et nous devrions avoir une épidémie depuis au moins 10 ans.
    Or ce n’est pas le cas. L’évolution de la couverture vaccinale augmente et pourtant nous avons une épidémie qui commence.
    Donc, cette épidémie n’est clairement pas liée à une insuffisance de la couverture vaccinale.
    Du coup, il faudrait réfléchir aux autres raisons qui peuvent avoir amené cette épidémie.
    La crise économique peut-être (mêmes dates)?

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