La vidéo s’est déjà bien promenée sur le web mais elle vaut vraiment le coup d’œil : on y voit un hôtel de 15 étages se construire en un peu moins de six jours (46 heures pour la structure et 90 heures pour les façades). La scène se passait en juin, dans la ville de Changsan, capitale de la province chinoise du Hunan. On imagine la tête des voisins, partis une semaine en vacances, qui ont retrouvé à leur retour un bâtiment de plusieurs dizaines de mètres de haut devant chez eux…
Evidemment, pour que l’exploit soit possible, il a fallu réunir de nombreuses conditions. Tout d’abord, les fondations étaient prêtes avant la phase de construction proprement dite. Ensuite, tous les éléments de la structure étaient préfabriqués en usine et il ne restait plus qu’à les assembler, comme un immense Lego. Enfin, plusieurs équipes se sont relayées jour et nuit et de nombreux commentateurs, sur les blogs ou les sites sur lesquels cette vidéo a déjà été mise en ligne, ont perfidement souligné que ce dernier élément indispensable à la rapidité de la construction n’aurait pas été possible aux Etats-Unis ou en France en raison de la législation sur le droit du travail…
D’autres ont critiqué la construction elle-même, disant qu’elle leur semblait de mauvaise qualité et qu’ils ne se risqueraient pas à dormir dans cet hôtel. C’est sans doute l’expression d’une certaine jalousie. Préfabriqué ne rime plus avec précarité. Les spécifications de ce bâtiment réalisé par la société chinoise Broad sont même assez étonnantes puisqu’il est censé résister à un tremblement de terre de magnitude 9 sur l’échelle de Richter, soit l’équivalent de séismes extrêmement dévastateurs. A titre de comparaison, rappelons que la magnitude du tremblement de terre du 12 janvier à Haïti n’était “que” de 7. Celle du séisme du Sichuan, le 12 mai 2008, était montée à 7,9. Au cours des dernières années, seul le fameux séisme du 26 décembre 2004, qui a entraîné un tsunami ravageur dans l’océan Indien, a passé la barre des 9. On peut voir sur cette autre vidéo, celle de la construction du pavillon Broad à l’exposition universelle de Shanghaï 2010 (monté, lui, en une journée…), que la structure très légère (6 fois moins lourde qu’une construction normale) résiste avec une certaine souplesse au test sismique. Par ailleurs, l’accent est mis sur l’efficacité énergétique, la purification de l’air intérieur et la minimisation des déchets de construction.
Qui a traversé les banlieues de Pékin ou de Hongkong a constaté que leur démographie a imposé aux Chinois de construire vite et grand. Certes, beaucoup de choses horribles se sont bâties. Mais le BTP chinois a aussi beaucoup appris. En 2010, les deux leaders mondiaux du secteur ne sont plus les français Vinci et Bouygues. Ils ont été rétrogradés aux troisième et quatrième places. Les deux premières sont désormais occupées par des sociétés chinoises…
Pierre Barthélémy
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