Chauffeurs routiers, VRP, ou vacanciers Français du sud-ouest… Certains villages de la frontière espagnole sur les Pyrénées s’apparentent pour eux à la légendaire « île des plaisirs » de Pinocchio, où les enfants livrés à leurs fantasmes se transforment en ânes… Un no man’s land fabuleux, plein de tentations, de lumières colorées, à 20 minutes de Perpignan. Un espace entièrement dévolu à la délectation des insatiables, avec tout ce qui est ailleurs plus cher ou interdit.
Du village de la Jonquera, on dit souvent que c’est le bordel de l’Europe, tant pour sa situation géographique charnière et la variété des plaques minéralogiques que l’on y croise, que pour sa législation libérales en matière de prostitution. Un coup d’œil sur les bâtiments leur donne des airs d’un Las Vegas de pacotille (!), si on excepte le relief montagneux en arrière plan. Une quinzaine de magasins-hangars cubiques, striés de néons fluorescents, se suivent en enfilade le long de la nationale, la route de tous les commerces. C’est aussi le paradis des poids lourds, stationnés par centaines, en rangs bien serrés sur les parkings interminables.
lire le billetOn ne finira pas de s’en étonner : des membres de l’UMP, à défaut de viser juste, envoient depuis quelque mois des signaux répétés en direction des filles joies. C’est pourtant Nicolas Sarkozy lui-même qui a porté l’offensive en 2003, avec l’invention du délit de racolage passif (article L50 de la loi de sécurité intérieure). Après la surprenante sortie de Christine Boutin sur les maisons closes, c’est au tour de la députée Chantal Brunel, porte parole de l’UMP, d’avoir déposé (en vain) un amendement visant à abroger l’article en question, dans le cadre de la lutte contre les violences faites aux femmes. Alors qu’approche la journée mondiale de lutte contre l’exploitation sexuelle prévue ce jeudi, le bilan est jugé catastrophique par à peu près tout le monde, de la Brigade de répression du proxénétisme jusqu’aux abolitionnistes du Nid. Au Syndicat du travail sexuel (Strass), consulté par la députée UMP, les prostitué(e)s ne se font pas d’illusions. Mais tant pis pour la loi, un an tout juste après sa création, c’est une victoire pour l’organisation de sexworkers.
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