Quand Dorothée sous ecstasy croise Marilyn Manson en chaleur
Paris, le soir du 31 octobre. J’ai toujours jalousé les petits américains qui parcourent leur quartier en jouant à hanter les vivants, jusqu’à l’obtention de quelques bonbons. En France halloween n’a jamais pris racine ni dépassé le stade de marronnier publicitaire. La fille ainée de l’église manque certainement d’esprit païen… Alors que j’étais sur le point de ruminer mon dégoût du consumérisme festif en célébrant halloween à l’aide d’un bon film de genre, mon téléphone sonne. Un vieil ami aux fréquentations juvéniles appelle à l’aide : il se trouve entraîné à la soirée « Tokyo Décadance ». Bondage-SM, cosplay, manga, bidoche et électro, c’est le nec plus ultra de la soirée branchée-décalée, qui attire tout le gotha post-adolescent des capitales du monde occidentalisé.
Paris, XIVème arrondissement, tard dans la nuit. Nous marchons à bonne allure. Seul le claquement de nos cuissardes sur les étraves de la voie de chemin de fer abandonnée vient troubler la quiétude qui règne sur «la petite ceinture». Une image de ruines post-apocalyptique se dégage de la friche urbaine que l’on devine entre les touffes de végétation sauvage. Elle se développent sur les vestiges d’une ancienne station. Quelques détritus insolites, jetés sur les voies rouillent en silence. Nous sommes proches de l’entrée des fameuses catacombes de Paris. La gueule béante et noire d’un tunnel s’ouvre bientôt devant nous. Loin, tout au fond, de petits points de lumière font danser des ombres tordues sur la voûte. Il n’y a qu’une voie, il faudra les croiser. L’estomac noué, la marche se poursuit. Qui sait, combien de dangereux personnages attendent dans l’obscurité pour fondre sur nous, insouciants visiteurs ?
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