Plat du pied était au Parc samedi soir, pas Germain le Lynx. Compte rendu d’un ex abonné de retour au théâtre des non-rêves.
Il fallait le mériter ce premier match du PSG nouveau, dans un Parc des Princes redevenu “familial” où on serait tous des copains – que l’on soit un skin, une kaïra, ou une fillette de 5 ans. Depuis le dernier match de la saison – une obscure défaite contre Montpellier – aucune nouvelle du PSG. Pas une lettre, pas un texto de Robin Leproux, le président, pour m’expliquer ce qu’on allait devenir, moi et mon abonnement. J’avais simplement appris par voie de presse que cette année, je ne pourrai pas me réabonner. Comme les 13 000 autres habitués des tribune G, Auteuil et Boulogne, tous sacrifiés sur l’autel de la pacification des travées.
Pas d’abonnement donc, mais la possibilité de prendre des places dans les virages, pour un tarif raisonnable: 12 €, 6€ pour les enfants, gratuit pour les femmes. De quoi attirer du Footix. Sécurité oblige, il faut être enregistré et détenir une carte “Tous PSG” pour obtenir le précieux sésame. Mon périple commence donc en milieu de semaine au Parc des Princes où dans un élan kafkaien, l’hotesse m’établit une carte avec la même photo et le même numéro de matricule que celui inscrit sur feu mon abonnement. Seul changement, le joli dessin au dos de la carte.
-“Et là, je peux choisir ma tribune?
-Non, c’est attribué aléatoirement à Boulogne ou à Auteuil.”
Logique, remarque, le but est de mélanger tout le monde, rappelle-toi, maintenant, on est tous des copains.
-“Vous avez une préférence?”
– Auteuil.
– Raté.”
Pas grave, j’ai mes billets. Et puis, ce sera l’occasion de découvrir Boulogne Rouge, cet ancien royaume des rangers et des cranes rasés qui accueillaient jusqu’en mai les indep’, presque une zone de non droit.
C’est donc pleins de bonnes intentions que l’on se dirige vers la tribune. Il est 20h40, le match débute dans 20 minutes. Impossible d’y accéder, rapport aux barrages de police dignes d’un PSG-OM. “Faites-le tour, deuxième à droite”. On est tous des copains, on s’exécute. Sauf que l’autre entrée est bloquée. Retour à la case départ. “On cherche la solution”. Autour de nous, les bonnes habitudes reprennent: “ça va pousser!”, “et vous nous fouillez l’anus aussi?”
Finalement, la solution est trouvée à 10 minutes du coup d’envoi : ouvrir les barrages. On croise au passage un car bondé de supporters. Ils sourient et tapent sur les vitres. J’apprendrai plus tard que ce n’est là qu’un échantillon des 249 interpellations d’avant-match. Nouveau record, parait-il.
Arrivé dans les tribunes, je croise une espèce que je croyais réservée aux spectacles de Michel Leeb à L’Olympia : une ouvreuse. Dis, Robin, t’as mis les p’tits plats dans les grands.
-“Vos places sont par là!” Mouais. On est tous des copains, mais on sera encore plus des copains si je me mets où je veux, devant, là, par exemple. Soulagement. Aucun signe de vie de Germain, la nouvelle mascotte du PSG, que j’ai prise très longtemps pour une mauvaise blague – officiellement un lynx, en réalité le fils caché de Tony le Tigre des Frosties et de Pierre Palmade, le genre intimidant quoi. Je ne soupçonne pas alors le drame qui se prépare dans les travées du Parc des Princes. Et c’est le speaker qui l’annonce : “Vous avez entendu les Vuvuzelas en Afrique du Sud, et bien, nous vous avons préparé le Vous vous z’êtes là!”
S’affiche alors sur les écrans géants une sorte d’applaudimètre en forme de tour Eiffel. “Faites du bruit!”
Mi-amusés, mi-affligés, les virages s’enflamment et retrouvent leurs bons vieux réflexes. C’est avec des sifflets et des “Enculéééééés” qu’ils participeront à la nouvelle animation du club vacances made in Leproux. On est tous des copains, et on se marre bien.
Au coup d’envoi, bonne ambiance. Sans capo pour lancer et coordonner les chants, c’est un peu brouillon mais l’envie est bien là… Un peu comme sur le terrain, où Mevlut Erding ouvre le score dès la 5e minute. Un beau cadeau pour la direction : un bon résultat et les supporters seront plus dociles. L’inverse est vrai aussi. Illustration quelques minutes plus tard, quand Saint-Etienne égalise. Le ballon n’a pas eu le temps de faire trembler les filets que les chants fusent : “Colony-que ta mère”, “Leproux démission”!… Mais rapidement les chants perdent en intensité. Pour le plus grand bonheur des stéphanois, tous fiers de brandir leur banderole “Grace à Leproux, on est chez nous”. Humiliation suprême pour les ultras parisiens, ou ce qu’il en reste. Quand ils essayent de faire copain-copain, les supporters adverses sont mauvais camarades.
La mi-temps s’annonce houleuse, mais Sessegnon à la bonne idée de nous régaler d’un petit ciseau décisif, 2-1 pour le PSG, à quelques minutes du coup de sifflet. La deuxième mi-temps se déroule dans le calme, on aurait presque oublié les sifflets et les insultes du début de match. Des “Olé”, qu’on espère relever du second degré, accompagnent même certains enchainements parisiens. Ambiance bon enfant jusqu’à la fin du match, le troisième but des rouges et bleus ne fait qu’ajouter à la béatitude ambiante. Pari réussi pour la bande à Leproux?
On le croit encore quand retentissent les notes d’un air bien connu. Non? Ils ont quand même pas osé? Et si, “Allez Paris Saint-germain”, sur l’air de Go West… en version karaoké. Le summum du kitsch, vous remercierez le monteur stagiare pour le clip et la classe de 5e du Collège Prévert de Saint-Germain en Laye pour ces paroles bien senties: “Aussi beau que la Tour Eiffel/ Rouge et bleu pour le PSG”.
Mais rapidement, la consternation fait place aux applaudissements. Cette-fois Leproux, Germain le Lynx et le speaker du stade n’y sont pour rien, la bonne nouvelle vient du Vélodrome, où Marseille s’incline face à Caen, un promu.
On gardera un souvenir étrange de cette soirée. C’était sympa, c’était calme. Oui, mais c’était chiant. Pas de baston, des tribunes plus métissées, plus familliales mais peu d’ambiance, pas d’animation et un Parc à moitié vide. Vous l’avez votre stade à l’anglaise. Il faut peut-être en passer par là mais en attendant, Robin, c’est pas mon copain.
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