Coluche a dit : “Il paraît que la crise rend les riches plus riches et les pauvres plus pauvres. Je ne vois pas en quoi c’est une crise. Depuis que je suis petit, c’est comme ça.”
En d’autres termes la question est : c’est quoi cette crise ou le pouvoir d’achat des ménages augmente et ou l’on a jamais vendu autant de voitures neuves ? L’Insee vient en effet d’annoncer que le pouvoir d’achat du revenu disponible des ménages a progressé au 3ème trimestre 2009 de 0,6% et de 2,2% sur l’ensemble de l’année. Les signes de la crise sont connus. Il y a la chute de la production intérieure brute (PIB -2,3% en 2009), des investissements (-6,6%), des exportations (-11,3%), mais il reste une question : C’est quoi une crise qui semble en place depuis 1973 et qui voit le pouvoir d’achat des ménages progresser?
La crise dans tous les dictionnaires du monde est une rupture brutale des équilibres. Peut-on parler de crise en 2008 et 2009 quand LA crise a commencé au tout début des années 70. Le premier choc pétrolier a installé le mot dans les esprits, il n’en sortira plus. Le 17 octobre 1973, les pays producteurs réduisent leurs livraisons de brut aux pays occidentaux, en premier lieu aux Etats-Unis, en représailles à la guerre du Kippour. Le prix va passer en quelques semaines de 3 à 18$ le baril.
Revenons sur la chute de la production industrielle. Un indice évident de la crise parmi d’autres. Regarder les chiffres sur une longue période inciterait plutôt à le classer dans la catégorie mutation de société plutôt que des “ruptures brutales”. L’indice de la production industrielle de biens durables (CVS) est passé de 125 dans les années 90 à 76. Cela fait 50 points perdus très régulièrement en 19 ans.
À la fin du troisième trimestre 2009, la dette publique au sens de Maastricht, qui est une dette brute, s’établit à 1 457,4 Milliards €, en hausse de 29,4 Mds€ par rapport au trimestre précédent, selon l’Insee. Exprimée en pourcentage du PIB, elle se situe approximativement à 75,8 %, en hausse de 1,9 point par rapport au trimestre précédent. La progression de la dette publique nette est plus importante sur le trimestre (hausse de 57,1 Mds€, soit +3,3 points de PIB).”
Croissance des crédits au secteur privé : +1%
“En novembre, le taux de croissance des crédits au secteur privé non financier (y compris les encours titrisés)
diminue à nouveau en rythme annuel (1,0 %, après 1,2 % en octobre) mais reste quasi-inchangé en données trimestrielles annualisées (1,6 %, après 1,7 %). La contraction des crédits aux sociétés non financières s’accentue (- 2,3 %, après – 1,6 % en rythme annuel), alors que le rythme de progression des crédits consentis aux ménages se redresse assez nettement (3,7 %, après 3,4 %), et ce pour la première fois depuis trois ans.
Le fléchissement des encours de crédits de trésorerie aux sociétés non financières prend un tour plus prononcé (- 17,5 %, après – 15,6 %) tandis que le ralentissement des crédits à l’investissement (3,4 %, après 3,6 %) se poursuit et que le rythme de progression des autres crédits demeure inchangé (4,4 %).
La baisse du taux de croissance des crédits à l’habitat consentis aux ménages s’interrompt (3,9 %, comme en
octobre). En revanche, les crédits de trésorerie rebondissent légèrement (0,4 %, après – 0,2 %) et l’accélération des autres crédits se poursuit (7,5 %, après 6,3 %).” Banque de France
3 436 701 210,30 €
Le Groupe Bruxelles Lambert (GBL), contrôlé par Albert Frère, s’est défait le 22 décembre de 3 436 701 210,30 € d’actions GDF Suez au prix unitaire de 29,35. Pas de panique, GBL cède des titres mais les titres restent dans le groupe. Ils sont en fait récupérés par une filiale à 100% de GBL, domiciliée au Luxembourg. Une filiale qui disposait de cash depuis la cession des titres Bertelsman, explique-t’on à Bruxelles, au siège de GBL. Il s’agit donc d’une “optimisation” financière.
Cette cession ne change donc rien à la position du financier belge au sein du capital de GDF Suez. Il détient 5,3% du capital et demeure le premier actionnaire, derrière l’Etat (36%), mais devant les salariés (3%), la Caisse des dépôts (2%), Areva (1%). Albert Frère est devenu un point d’équilbre entre deux groupes français lancés dans une méga-fusion. Il a d’ailleurs obtenu la vice-présidence du conseil d’administration.
+0,3 %
“Le produit intérieur brut (PIB) de la France a progressé de 0,3 % au 3e trimestre 2009 par rapport au trimestre précédent, a annoncé, mardi 29 décembre, l’Insee, confirmant sa première estimation publiée en novembre. Le gouvernement table toutefois sur un recul de 2,25 % sur l’ensemble de l’année, en raison de la profonde récession traversée fin 2008 et début 2009. L’économie française a renoué avec la croissance au 2e trimestre avec, déjà, une progression du PIB de 0,3 %, après un an de récession.” Le Monde (29/12/09)
Dans la rubrique des cadeaux de fin d’année, l’Autorité des marchés financiers (AMF) vient de publier une liste bien pleine.
Areva c’est fini. En tout cas le rêve d’Anne Lauvergeon (Normale sup, Mines) de faire de l’entreprise qu’elle dirige un acteur majeur de la filière nucléaire dans le monde s’est envolé avec la perte du contrat, estimé à 20 milliards d’euros, en Abou Dhabi, au bénéfice d’un consortium sud-coréen, Korean Electric Power Corporation (Kepco).
Bonne nouvelle, les ventes de voitures particulières atteindront en 2009 : 2,26 ou 2,27 millions d’exemplaires, selon Les Echos. L’année n’est pas finie, le chiffre n’est pas certain, mais le précédent record de 2001 (2,25 millions de voitures neuves immatriculées) sera effacé.
Mauvaise nouvelle : cela a coûté près de 500 millions d’euros à l’Etat, avec la prime à la casse. Bonne nouvelle cela a permis de sauvegarder l’emploi. Oui, mais cela surtour aura permis de sauvegarder l’emploi en Espagne, en Roumanie, en république Tchèque ou en Turquie. Pas sûr que ce soit une bonne nouvelle pour le contribuable français.
Mauvaise nouvelle, le déficit commercial français va se creuser. C’est ainsi, alors que la France exportait traditionnellement ses voitures, elle les importe aujourd’hui. Jusqu’en 2006, les douaniers comptaient 7 milliards d’excédents. C’était un point fort de l’industrie tricolore. Renault et Peugeot-Citroën, ou les rares constructeurs étrangers installés en France (Toyota à Valenciennes), vendaient des voitures à l’étranger. Ce schéma n’existe plus. Si la délocalisation industrielle a touché un secteur, c’est bien l’automobile.
La première usine de Renault se trouve en… Turquie, à Bursa. Au sud d’Istanbul, Oyak-Renault assemble 286.000 voitures. On est loin des 160.000 voitures construites à Flins (Yvelines), ou des 100.000 exemplaires qui sortent de Sandouville (Seine-Maritime). Au total, la France ne représente plus que 20% de la production de Renault. 80% des voitures frappées du losange sont donc Made in Ailleurs. En Espagne, en Roumanie, en Turquie donc ou en Russie.
Peugeot-Citroën demeure un constructeur français pour l’essentiel, mais l’essentiel tient à peu de choses. En 2000, 64% de la production de PSA était Made in France. L’année dernière ce chiffre était tombé à 54%. 2009 pourrait donc être l’année du basculement. Si la France compte encore cinq usines d’assemblage (Sochaux, Aulnay, Rennes, Poissy, Mulhouse) d’envergure, la plus grande, et de loin, est en dehors de nos frontières. Vigo, en Espagne, devance très largement Sochaux : 439.000 exemplaires en Galice, 288.000 dans le Doubs en 2008.
Et pour la croissance, l’usine Tchèque de Trnava est infiniment mieux placée que Rennes ou Vigo pour servir l’Europe centrale. En 2008, 187.000 C3 Citroën ou 207 sont sorties de ses chaînes de production. Quand on sait que l’idéal est de vendre une voiture dans un rayon de 2500 km autour de l’usine, il n’est pas nécessaire de sortir un compas pour comprendre que c’est là-bas que se trouve la réserve de croissance industrielle.
PhDx
lire le billetNoël c’est la période des cadeaux. Il faut surveiller le courrier de l’Autorité des marchés financiers (AMF) qui rend compte quotidiennement des cessions d’actions et de l’exercice de stocks options par les dirigeants des entreprises cotées. Hier, Franck Riboud, pdg de Danone, et Nicolas Bazire, son homologue de LVMH, se sont gâtés.
Le premier a réalisé six opérations. Trois exercices de stock-options qui lui ont rapporté respectivement 1,97 million d’euros, 3,4 millions d’euros et 5 millions d’euros. A peine récupéré les titres Franck Riboud les a vendu et empoche 2,9, 4,4 et 6,3 millions d’euros en trois cessions à 41,57 euros l’action. Montant du cadeau à lui même : 13,6 millions d’euros ou 3,3 millions de plus value.
Le second a été plus modeste en exerçant pour 6,9 millions d’euros de stock options LVMH et en vendant pour 1,3 million euros d’actions de la société qu’il dirige.
C’est toujours une question de savoir pourquoi des dirigeants cèdent-ils des titres des entreprises qu’ils dirigent. Faut-il les suivre? Ou s’agit-il juste d’un besoin de trésorerie?
Voilà en tout cas deux sapins bien garnis.
Rendez-vous demain pour la suite des étrennes.
PhDx
lire le billet
La confiance du consommateur italien a crû plus que prévu en décembre, au plus haut depuis juillet 2002, les Italiens étant plus optimistes pour leur situation financière personnelle présente et à venir.
L’indice CVS de l’Isae la mesurant ressort à 113,7 contre 112,8 en novembre. (Reuters/Les Echos)
Comment en faire beaucoup pour la sûreté nucléaire sans en faire trop? C’est la question que doit résoudre EDF dont la disponibilité de ses centrales est au plus bas (78% en 2009). A lire le rapport 2008 que l’Institut de radioactivité et de sûreté nucléaire (IRSN), vient de publier, c’est Ubu, professeur de pataphysique nucléaire, au travail.
Deux extraits : L’évaluation de l’IRSN a [… mis en évidence certaines vulnérabilités qui devront faire l’objet d’une attention particulière dans les années à venir.
La première de ces vulnérabilités est la complexité des règles auxquelles sont subordonnées les activités des intervenants dans les installations. La question des règles et des prescriptions techniques ou organisationnelles est apparue de manière récurrente, et souvent ressentie comme facteur de difficultés, lors des différentes observations réalisées par l’IRSN dans Afficher le blog les centrales EDF. Les règles ont été conçues pour encadrer et faciliter l’exploitation d’un système technique complexe, mais leur sens est parfois perdu et elles sont actuellement
sujettes à des interprétations ou à des dérives bureaucratiques lors de leur utilisation. Elles sont difficilement maîtrisables dans leur ensemble et consommatrices de ressources pour leur mise à jour. La multiplication des contraintes et la recherche de performance toujours accrues conduisent à préciser de plus en plus finement les limites de ce qui est autorisé et de ce qui est interdit. L’ensemble des règles applicables au sein d’une centrale
nucléaire constitue un système tentaculaire qui assure de plus en plus difficilement sa fonction première de ligne de défense.
[…] l’analyse de l’IRSN caractérise clairement des possibilités de défaillances des contrôles internes. La légitimité d’action des services sûreté/qualité associée aux orientations fixées par la direction de la centrale, la capacité collective d’auto-interrogation et de traitement des alertes, la compétence des intervenants en matière d’analyse de sûreté, apparaissent comme des points de vulnérabilité. Les actions engagées au niveau national sur ces sujets témoignent de la prise de conscience de ces fragilités.” (P. 63-64)
lire le billet