Cahier de vacances 2013 pour étudiants en journalisme

Crédit: Flickr/CC/quinn.anya

Les étudiants de la promotion 2013 de l’Ecole de journalisme de Sciences Po sont désormais diplômés – et ils l’ont bien mérité. Ceux de la prochaine promotion viennent d’être recrutés. Que faire de l’été en attendant la rentrée? Voici, pour ceux qui s’impatientent, sept exercices en guise de cahier de vacances. Il y a aussi, pour ceux qui souhaitent, le cahier de vacances de l’été dernier, toujours d’actualité.

1. Diversifier ses sources d’informations

Connaître l’actualité et avoir plaisir à consommer des informations chaque jour, c’est bien, mais cela ne suffit pas. Il faut en plus diversifier ses sources d’informations pour ne pas se contenter du traditionnel triptyque des apprentis journalistes, à savoir France Inter/Rue89/France 2.

Exercice

Plutôt que d’écouter la même radio tous les matins sous la douche, changez de station chaque jour de l’été, et profitez-en pour tester des radios thématiques méconnues – mais offrant des bulletins d’informations. Idem en ligne: allez voir chaque jour en ligne un média (site d’informations, application, newsletter) que vous ne connaissez pas.

Résultat attendu

Elargir son spectre, aborder l’actualité sous des angles différents, mieux connaître le paysage médiatique, être ainsi en mesure de dire quelles sont les lignes éditoriales de chacun de ces médias.

2. Apprendre à lire comme des professionnels de l’info

Rien ne vaut la lecture des productions journalistiques des autres pour commencer son apprentissage, l’idée étant de décortiquer la structure d’un article comme s’il s’agissait de faire le commentaire composé d’un texte littéraire.

Exercice

Lisez un article dans un journal ou un site d’infos et essayez de répondre aux questions suivantes: quelle est l’information principale de l’article? L’avez-vous lue ailleurs? Combien de sources sont citées? Certaines d’entre elles sont-elles anonymes? Pourquoi? Y a-t-il des éléments d’ambiance? Comment le journaliste s’y prend-t-il pour donner l’impression au lecteur d’être sur les lieux – ce reportage sur le déraillement du train à Brétigny-sur-Orge commence par “il y a d’abord l’odeur entêtante…”? Quels mots reviennent souvent?

Résultat attendu

Etre capable de repérer les “tics” d’écriture de ses journalistes préférés, s’en inspirer, et savoir résumer, en une seule phrase, l’information contenue dans un article.

3. Eduquer son oeil

Qu’est-ce qu’une photo d’actualité ratée? Et une illustration réussie? Savoir les détecter évitera les faux pas lorsque viendra le moment de choisir la meilleure photo/illustration possible pour accompagner l’information que l’on s’apprête à publier.

Exercice

Regardez chaque image postée sur le délicieux Tumblr intitulé “Malaise en iconographie” et demandez-vous pourquoi elle pose problème. Exemple avec la photo de l’accordéoniste André Verchuren, mal cadrée, ou avec cette photo d’éléphanteau douché par la trompe de sa mère, servant à illustrer un article sur la fréquence des douches prises par les Français.

Résultat attendu

Comprendre que l’iconographie nécessite autant d’attention que la rédaction d’une phrase, et éviter de retrouver l’une de ses futures productions épinglée sur ce Tumblr.

4. Faire connaissance avec l’audience

Avant même de penser à produire des contenus, il faut s’attacher à comprendre à qui l’on s’adresse. C’est devenu un préalable nécessaire pour faire du bon journalisme, disait déjà Emily Bell, de l’Ecole de journalisme de Columbia, en décembre 2011. Qui sont les Français qui s’informent? Comment utilisent-ils les médias? A quel moment de la journée sont-ils sur leur téléphone ou sur leur ordinateur? Que cherchent-ils, en ligne, comme type d’informations?

Exercice

Regardez en détails ce portrait des Français consommateurs d’informations, réalisé par le Reuters Institute for the Study of Journalism en 2013, comparez les usages décrits avec les vôtres pour déterminer s’il y a des différences et, si oui, lesquelles.

Résultat attendu

Pouvoir proposer des sujets journalistiques susceptibles d’intéresser le plus grand nombre.

5. S’initier au code

Le futur du journalisme passe par la compréhension du code, on l’a déjà dit ici. Non contents de produire des contenus, les journalistes de demain devront savoir imaginer des formats éditoriaux innovants, et pour cela, parler à des développeurs, donc comprendre leur langage. Or la plupart des étudiants en journalisme ayant souvent fait des études littéraires, ils ont rarement eu l’occasion de toucher à la programmation informatique. Heureusement, rien n’est irréversible. Il existe en effet en ligne des dizaines de tutoriaux pour s’initier aux différents langages informatiques.

Exercice

Sur Code Academy, la Star Academy du code, choisissez l’onglet “Web fundamentals”, et tentez de passer, une à une, les étapes pour apprendre les rudiments de l’HTML et du CSS, jusqu’à construire votre propre site Web.

Résultat attendu

Y prendre goût et se lancer dans l’apprentissage d’autres langages (PHP ou Javascript) et pouvoir afficher, sur son CV, son niveau à Code Academy.

6. Apprendre le vocabulaire journalistique

Chaque métier a son jargon, et le journalisme, notamment en ligne, n’y échappe pas. Les journalistes parlent une novlangue faite d’un mélange de néologismes, de franglais, de termes issus des logiciels, et d’expressions potaches.

Exercice

Parcourez ce lexique et tentez de trouver, grâce à vos stages et expériences professionnelles estivales, les mots – et leurs définitions – qui y manquent et gagneraient à compléter le tout.

Résultat attendu

Comprendre que, derrière chacun de ces néologismes, figure une tâche journalistique.

7. Faire un reportage vidéo sur son mobile

Nul besoin d’attendre d’avoir une caméra sophistiquée en mains pour commencer à filmer. Un smartphone est un outil de choix pour enregistrer des séquences en moins de temps qu’il n’en faut pour le dire. Autant s’échauffer dès maintenant…

Exercice

Bardez votre smartphone d’applications pour capturer des séquences et procéder à un montage rapide (Vine, Vizibee, Tout.com, Capture, GIF Boom), observez ce qu’il se passe autour de vous, et tentez de saisir un extrait signifiant (avec un début qui ne soit pas semblable à la fin, et le plus d’informations possible dans la séquence). L’idée est de tout réaliser avec un smartphone, du tournage jusqu’à la mise en ligne en passant par l’insertion de titres, de sous-titres, de transitions, sans passer par la case ordinateur.

Résultat attendu

Commencer sans attendre à expérimenter des outils, des formats, des petits sujets sans prétention, le tout en situation de mobilité et en vidéo. Attention néanmoins à ne pas publier en ligne n’importe quoi. Si la séquence est ratée, si elle risque de diffamer quelqu’un, si elle est à charge, mieux vaut passer son tour.

Si cet article vous a plu, merci de le partager sur les réseaux sociaux. Enfin, n’oubliez pas de vous reposer et de profiter de l’été !

Alice Antheaume

lire le billet

Vizibee, l’assurance vidéo des journalistes

On connaissait déjà le site intitulé “stuff journalists like” qui répertorie les des choses que les journalistes aiment, “Journalist’s toolbox“, la boîte à outils pour journalistes, et “Jol social“, le réseau social des journalistes professionnels. Voici désormais Vizibee, la plate-forme de vidéos réservée aux journalistes. Comme Tout.com, comme Vine, l’application Vizibee, créée à Londres par une équipe dont une partie travaille à la BBC, propose d’enregistrer des séquences de 75 secondes maximum sur l’actualité depuis un téléphone. Interview de Samantha Barry, journaliste et productrice à la BBC, co-fondatrice de Vizibee.

Pourquoi avoir décidé de lancer cette application?

Samantha Barry : Nous avons développé Vizibee après avoir compris qu’il y avait un vrai besoin, le besoin de trouver, au même endroit, des vidéos de multiples sources et, surtout, de qualité. La plupart des plates-formes communautaires regorgent d’une multitude de vidéos, dont certaines sont vraiment inintéressantes. Nous offrons à notre audience des vidéos formidables, déjà triées, faites par des journalistes et des professionnels de la production de contenus. En même temps nous avons constitué une communauté où l’audience se retrouve, dont beaucoup de journalistes, pour partager et commenter ces contenus. Et nous ne laissons pas les diffuseurs de côté. L’application est dotée de fonctionnalités qui permet à chaque média pour lequel le journaliste travaille de récupérer tout le matériel que celui-ci filme. Nous créons le lien entre eux.

Quels producteurs de contenus comptez-vous sur Vizibee? Quel type de vidéos fonctionne le mieux?

Samantha Barry : Nous n’avons encore que quelques mois d’existence (l’application a été mise en service en décembre 2012, ndlr), mais nous pouvons nous targuer de compter déjà, parmi nos utilisateurs, quelques grands noms du journalisme et de la BBC tels que Jon Sopel, Katty Kay à BBC America, Tim Willcox et bien d’autres. La journaliste Mishail Husain a dévoilé les coulisses de son interview avec Sheryl Sandberg, de Facebook. Lyse Doucet, l’une des rares journalistes occidentales à avoir pu pénétrer dans la ville de Qousseir, en Syrie, alors que le gouvernement syrien venait de ravir la cité aux rebelles, a filmé, en live, les événements depuis son mobile et les a partagés sur Vizibee. Ces documents témoignent de la violence de l’assaut et montrent à quel point la ville a été détruite. Parmi les séquences les plus remarquables figure l’exact moment, filmé par une équipe de la BBC à Rome, où la fumée blanche s’échappe de la chapelle Sixtine pour annoncer l’élection du nouveau pape, en mars 2013.

Au delà de la BBC, nous voulons établir des liens auprès des différentes rédactions et – pourquoi pas? – embarquer un groupe de médias ou de journalistes français à bord. Notre objectif est évidemment d’augmenter notre production, l’audience avec, et de devenir la plate-forme référente pour tout le monde lorsqu’il s’agit de regarder des vidéos courtes, de qualité, à la fois sûres et fiables.

Tout.com permet de filmer 15 secondes, Vine 6 secondes. Pourquoi 75 secondes?

Samantha Barry : Nous savons que les gens ont pris l’habitude de regarder leur téléphone lorsqu’ils attendent le train, avant d’aller à une réunion, bref, lorsqu’ils ont quelques minutes devant eux à meubler. Vizibee leur permet de regarder pendant ce temps-là des vidéos intéressantes – coulisses de l’actualité, vidéo “breaking news”, extraits d’interviews, et autres. Vous seriez étonnés de constater à quel point on peut compiler une foule d’informations en 75 secondes – on a même des vidéos pédagogiques, qui expliquent et analysent des événements, avec cette durée!

Comment pouvez-vous rivaliser avec Tout, Capture et Vine, d’autres applications de vidéos sur mobile?

Samantha Barry : Nous sommes différents, pour la simple raison que nous ne proposons que des vidéos de qualité. Ici, nul besoin de perdre du temps à chercher dans tous les sens pour tomber sur du bon contenu. Nous espérons que combiner qualité des vidéos à une durée qui fait sens, proposer une expérience de second écran pertinente et un “hub” pour les médias afin qu’ils gèrent mieux tout ce que les journalistes produisent nous aidera à rivaliser avec nos compétiteurs, qui sont plus axés sur le partage de vidéos.

Quelle est l’implication de la BBC dans ce projet?

Samantha Barry : La BBC est embarquée dans l’expérimentation avec nous. Ce sont des journalistes de la BBC, en Angleterre et à l’étranger, qui ont, les premiers, commencé à utiliser Vizibee. Sans révéler la nature exacte de notre partenariat avec la BBC, je peux vous dire que, à la fois techniquement et éditorialement, Vizibee respecte la même charte et la même politique que la BBC en ce qui concerne les standards journalistiques, et s’est dotée des mêmes droits et devoirs pour informer.

Une rédaction telle que la BBC peut-elle encore innover, en interne, sans recourir à des applications créées à l’extérieur de la maison?

Samantha Barry : Honnêtement, et à mon avis, la BBC, tout comme n’importe quelle autre rédaction, doit innover à la fois en mobilisant ses troupes en interne et en recourant à des ressources extérieures pour partager ses contenus à plus grande échelle et auprès d’une audience un peu différente de celle qui la suit habituellement. Nous vivons dans un monde connecté où on utilise tous une grande variété d’applications, de sites d’informations, et même de façons de s’informer. Les rédactions doivent recourir au plus grand nombre d’applications et de plates-formes possible pour diffuser leurs contenus, comme les vrais gens dans la vraie vie !

Propos recueillis par Alice Antheaume

lire le billet

Buzzfeed au pays des merveilleux contenus sociaux

Crédit: AA

A l’entrée de Buzzfeed, au 11ème étage d’un immeuble new-yorkais à la façade non ostentatoire, trône un immense badge jaune vif sur lequel est écrit en lettres noires «LOL». C’est ce même macaron qui orne le site, ainsi qu’une ribambelle d’autres, tels que OMG (Oh My God), geeky, cute, fail, etc. Ces badges au look très années 80 sont un moyen de classer les contenus en fonction des émotions de l’audience: alors que les lecteurs peuvent «badger» une vidéo, une liste, une image ou un lien avec l’une des catégories proposées, un algorithme répartit ensuite les contenus dans telle ou telle section.

Bienvenue dans les entrailles d’un drôle de site qui se considère moins comme une rédaction que comme une société de nouvelles technologies. A sa tête, Jonah Peretti, une star de la viralité et du mobile, et Scott Lamb, le directeur de la rédaction, à l’origine du compte Twitter moquant la jambe de grenouille d’Angelina Jolie lors des Oscars, et invité de la conférence sur les nouvelles pratiques du journalisme organisée lundi 10 décembre 2012 par l’Ecole de journalisme de Sciences Po (1).

Tout est fait maison

Ni l’un ni l’autre ne prétendent faire du journalisme, mais du «contenu social», oui. Pour alimenter la machine, une cinquantaine de producteurs de contenus, les «buzzfeeders», appelés aussi des éditeurs – «même si on se déteste de ne pas avoir trouvé de meilleur qualificatif», confie Ben Smith, le rédacteur en chef – plus une trentaine de développeurs, la «plus grosse équipe de dév’ qui existe sur le marché» de l’information en ligne, et, enfin, une équipe intitulée «Growth» dédiée à la croissance de l’audience. Celle-ci, dirigée depuis un mois par Dao Nguyen, une ancienne du Monde.fr, veut travailler davantage sur des ressorts technologiques que sur du marketing ou du SEO (search engine optimization, ou référencement) pour analyser le trafic et le «booster».

Car, à Buzzfeed, tout est fait maison, rien n’échoie à des prestataires de services. Les serveurs leur appartiennent, le CMS est développé en interne, les formats et applications aussi, et même les pubs…

Crédit: AA

«Les rédactions traditionnelles sont un peu ennuyeuses», soupire Ben Smith, qui a pourtant travaillé pendant des années au New York Observer, au New York Daily News puis à Politico, et, à chaque fois, pour y couvrir la politique américaine. Depuis qu’il a rejoint Buzzfeed en janvier 2012, il semble ne pas avoir encore posé ses valises. Dans le bureau en verre qu’il occupe, attenant à la rédaction, rien n’est encore installé, à l’image du média qu’il dirige. Des cartons non déballés stagnent dans un coin, et les fauteuils ont encore leurs étiquettes.

Après son arrivée, il a monté la section politique du site, présidentielle américaine oblige. S’il n’y a pas (encore) de section économie ni finance sur Buzzfeed, la culture Web y règne en maître, avec des «verticaux» pour la cuisine, la technologie, lifestyle, la musique, les animaux, et des intitulés inédits, comme «rewind» (en gros, des agrégats de souvenirs) et LGBT, l’acronyme de « lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres».

Avec des bureaux à New York, Washington DC et Los Angeles, Buzzfeed s’attache les services de journalistes habitués à faire du terrain, dont Richard Rushfield et Kate Aurthur, venus du Los Angeles Times. De quoi étoffer les équipes centrées jusque-là sur l’agrégation de perles repérées sur le réseau, sur l’édition de listes, très prisées sur le Web, et la création de GIFS animés.

Participer aux conversations

La ligne éditoriale de Buzzfeed? S’incruster dans les conversations sur les réseaux sociaux, voire créer de quoi y susciter le débat. Pour cela, cap sur des contenus qui valent la peine d’être partagés sur le Web. «On ne vient pas sur Buzzfeed pour lire, on y vient pour partager des contenus», martèle Ben Smith. Lorsque, dans des rédactions ordinaires, on surveille l’actualité avant de définir un angle, à Buzzfeed, on regarde 200 posts sur Tumblr chaque matin avant de trouver un sujet. «Le social est notre point de départ», reprend Ben Smith, qui estime que le contenu fonctionne d’autant mieux s’il est de la toute dernière fraîcheur.

«Créer un phénomène viral, ce n’est pas seulement faire en sorte que les gens cliquent sur des contenus. On veut les emmener plus loin et faire en sorte qu’ils partagent ces contenus sur les réseaux sociaux ou par email», explique Matt Stopera, l’un des éditeurs de Buzzfeed. Quant aux utilisateurs, ils sont encouragés à signaler tout élément intéressant à la rédaction via un formulaire assez strict. «Les lecteurs sont des auteurs et nous sommes l’agence de ces auteurs», dit encore Ben Smith.

Outre les histoires de chats et d’humour potache, Buzzfeed veut publier des longs formats, comme l’histoire du jeu vidéo Pong, créé en 1972, un format dont le site PaidContent se demande s’il ne devrait pas inspirer les magazines.

Pour l’instant, tout fonctionne comme sur des roulettes: le modèle Buzzfeed, avec ses 30 millions de visiteurs uniques par mois, fait l’objet de convoitises et embauche à tour de bras.

Autre spécificité notable: Buzzfeed n’a pas de scrupule à mettre les annonceurs en majesté et à mélanger publicité et rédactionnel – ce que les Américains surnomment «advertorial». Dans des rédactions ordinaires, la publicité est vue par la rédaction comme une quasi salissure. Chez Buzzfeed, parmi les informations mises en ligne, on trouve des contenus créés par des utilisateurs, par des éditeurs de Buzzfeed, et… par des marques, signalées par la mention «proposé par (nom de l’annonceur)», mais en réalité assez proches des autres productions de Buzzfeed, dont ces listes de Virgin Mobile. Alors que, sur d’autres sites, les espaces publicitaires sont bien définis, avec, par exemple, des bannières publiées en colonne de droite, Buzzfeed ne s’embarrasse pas de tant de cérémonie. Le site est allé jusqu’à altérer son nom et son logo (Buzzfaux) pour les besoins d’une campagne de publicité de Campbell Soup.

Alice Antheaume

(1) Je travaille à l’Ecole de journalisme de Sciences Po et, de ce fait, à l’organisation de la conférence du 10 décembre 2012.

lire le billet

L’UMP m’a cliqué

Crédit: Flickr/CC/Zimpenfish

Ras-le-bol de l’UMP? A entendre ce qui se dit dans les couloirs des rédactions françaises et à lire les réactions sur les réseaux sociaux, oui, l’usure se fait sentir – et ce n’est pas Olivier Mazerolle, fatigué de «commenter des inepties» sur le plateau de BFM-TV, qui dira le contraire. Pourtant, sur le Net, ce fiasco politique suscite des clics comme jamais. Si les journalistes, eux, se lassent, l’audience, elle, en redemande, encore et encore.

Au Plus du Nouvel Observateur, le sujet cartonne depuis le début de la crise, le dimanche 18 novembre, jour du vote pour élire le nouveau président de l’UMP. A cette date, on ne savait pas encore que ce serait le début d’une coda sans fin. «Depuis lors, dans notre top 20 des articles les plus lus figurent 9 articles sur l’UMP», me confie Aude Baron, rédactrice en chef du Plus. A Slate.fr – plate-forme sur laquelle ce blog est hébergé, l’article qui caracole en tête des statistiques depuis dix jours décrit le «feuilleton tragi-comique de l’UMP en GIFS animés».

Au même niveau que les affaires DSK et Mohamed Merah

Sur Lefigaro.fr, le live consacré aux rebondissements de la crise de l’UMP fait, en moyenne, 300.000 visites par jour. «C’est moins que le live pour l’élection présidentielle mais plus que celui pour la keynote Apple», évalue Thomas Doduik, éditeur au Figaro.fr. Le soir-même du vote, les contenus sur l’UMP ont même eu plus de succès que la rupture annoncée entre la journaliste Audrey Pulvar et du ministre Arnaud de Montebourg, ou l’agression des membres du mouvement féministe Femen en marge d’une manifestation contre le mariage homosexuel à Paris.

«Nous avons senti un réflexe “que dit Le Figaro sur l’UMP?”», poursuit Thomas Doduik. «Entre la semaine du 12 novembre et celle du 19 novembre, la rubrique politique (où sont tagués les sujets sur l’UMP, ndlr) a fait un bond de +126%». Le Figaro qui dézingue l’UMP, c’est rare, en effet, et cela suscite d’autant plus d’interêt. L’édito du directeur de la rédaction Alexis Brézet, “à rire et à pleurer”, qui crie à la “honte” et au “gâchis pour la droite”, a été mis exceptionnellement en libre accès quand, d’ordinaire, les éditoriaux du Figaro sont réservés à la zone payante.

Les ingrédients de la recette

Mais il n’y a pas que l’avis du Figaro qui explique l’appétence de l’audience pour ce sujet. Parmi les ingrédients-clés de la recette, citons:

  • le feuilleton que constitue cette histoire, avec, chaque jour, un voire plusieurs nouveaux épisodes,
  • un sujet très incarné avec des personnages connus et bien ancrés dans la vie politique française, Jean-François Copé et François Fillon, et la figure tutélaire de Nicolas Sarkozy, ancien président de la République,
  • et, bien sûr, le côté Dallas de l’histoire avec trahisons, discordes et linge sale lavé en public.

Pour la plupart des rédactions en ligne, la crise de l’UMP se situe au même niveau que les affaires DSK ou Mohamed Merah. C’est-à-dire sur le podium des sujets très “clikables”, comme on dit dans le jargon. Autres indices relevés sur Le Figaro: l’UMP réalise de très bons scores aussi sur l’application iPhone (dans le top 5 des sujets les plus vus depuis le lancement de l’application) et sur l’iPad (LE sujet le plus vu).

La difficulté éditoriale sur un tel sujet? Suivre le rythme sans être suiviste. En clair, ne pas se contenter de retranscrire l’échange de piques entre Jean-François Copé et François Fillon. Pour Aude Baron, «ce qui marche sur notre site, ce sont les avis tranchés, les vrais points de vue, ou bien les articles très pédagogiques» comme l’analyse des types de recours judiciaires auxquels peut aspirer François Fillon. Il y a ainsi une vraie prime aux articles très anglés et qui s’éloignent parfois de la politique. «Si on écrit un article juste pour dire que c’est le bazar à l’UMP, merci bien, mais pas la peine, l’audience avait compris!».

Suivez-vous toujours la crise UMP en ligne? Ou en avez-vous assez?

Alice Antheaume

lire le billet

Le futur du journalisme passe par la compréhension du code

Crédit photo: Flickr/CC/dmitry-baranovskiy

Le code, considéré comme la nouvelle langue vivante à afficher dans les CV, fait son apparition dans nombre de programmes scolaires. Aux Etats-Unis comme en France.

Dans l’hexagone, la programmation algorithmique est désormais enseignée dans les classes de Terminales S – il y a même eu une question au BAC 2012 sur le sujet. A l’Ecole de journalisme de Sciences Po, l’apprentissage des grands principes du code devient aussi un pilier de la formation des futurs journalistes.

>> Read this article in English >>

Les Terminales S et les étudiants en journalisme…

Via un enseignement intitulé «Langage et développement numérique», qui s’échelonne sur 12 semaines de cours, les étudiants vont s’attacher à comprendre – de l’intérieur – la structure des sites d’infos et des applications des éditeurs.

Car le journaliste de demain, sans lui-même créer des interfaces, doit connaître quelques rudiments de code (HTML, PHP, CSS, Javascript). Objectif: se familiariser avec le monde du développement pour imaginer des formats éditoriaux innovants. Ceci passe par un pré-requis: il doit savoir dialoguer avec les développeurs.

«”Naturellement”, les journalistes et les développeurs ne parlent pas le même langage», observe Damien Van Achter, journaliste, qui enseigne avec Pierre Romera le cours «Langage et développement numérique». «Cette distance se traduit même généralement par un éloignement physique entre la rédaction et les équipes techniques. Il y a une sorte de désamour historique entre ces deux professions, nourri par des relations hiérarchiques parfois complexes, des intérêts à court terme et des préoccupations immédiates diamétralement opposées. Or, c’est précisément par leur capacité d’itération répétée sur le code de leurs différentes plateformes, guidées par des intentions éditoriales innovantes, que des rédactions comme celle du Guardian ou du Huffington Post, par exemple, ont fait la différence ces dernières années.»

Si les étudiants en journalisme parviennent à comprendre le travail des développeurs, sinon plus, ils seront davantage à même, estime Damien Van Achter, de «transformer leurs intentions journalistiques en véritable produit à haute valeur ajoutée pour les utilisateurs». Ce n’est d’ailleurs pas un hasard si, au Guardian, la refonte des équipes vise plus de développeurs et moins de journalistes. Pour Alan Rusbridger, le patron du  le patron du Guardian, invité à donner la leçon inaugurale de la rentrée, le futur du journalisme passe par la compréhension du code. Et il n’est pas le seul à penser cela.

Un cours pas si imaginaire

De l’autre côté de l’Atlantique, Brian Boyer, le directeur des applications de NPR, a imaginé le cours qu’il souhaiterait donner à des étudiants en journalisme, un cours qu’il juge essentiel en 2012. C’est fictif – quoique assez réaliste, mais ça vaut le coup de l’oeil. «Le but de ce cours ne serait pas de vous enseigner toutes les compétences nécessaires pour programmer dans une rédaction, mais de vous donner de solides bases pour comprendre cette culture», écrit-il en guise d’introduction, avant de rappeler quels sont les trois ressorts des développeurs:

  1. La paresse (que pourrais-je créer pour réussir à moins travailler?)
  2. L’impatience (attendre, cela me rend fou)
  3. L’hybris (je programme mon ordinateur pour qu’il fasse ce que je veux)

Preuve s’il y en avait besoin que les motivations des développeurs n’ont rien à voir avec celles des journalistes. Ni paresse, ni impatience, ni hybris ne sauraient motiver une bonne enquête. Et c’est même tout l’inverse.

Alice Antheaume

lire le billet

Cahier de vacances 2012 pour étudiants en journalisme

Crédit: Flickr/CC/Mel B.

Les étudiants de la promotion 2012 de l’Ecole de journalisme de Sciences Po viennent d’être diplômés – et ils l’ont bien mérité. Ceux de la promotion 2014 viennent d’être recrutés.

Que faire de l’été en attendant la rentrée? Alors que, sur subtainablejournalism.org, une cellule de réflexion sur le journalisme de l’Université de Kennesaw, près d’Atlanta, il est conseillé aux étudiants de travailler dur, de suivre des tutoriaux (pour apprendre à coder, par exemple?) et de ne surtout pas s’attendre à gagner des fortunes, voici, pour ceux qui s’impatientent, huit exercices en guise de cahier de vacances… sans obligation de rendu, bien sûr!

1. Se lancer

Pourquoi attendre de travailler dans une rédaction pour commencer à prendre des photos, filmer des manifestations, publier des liens vers les informations du jour? Souvent, les étudiants craignent de ne pas se sentir “légitimes” pour ce faire. S’il s’agit d’écrire un article sur la la crise de la dette, c’est très compréhensible. Mais il est possible de s’exercer avec des sujets plus accessibles: portraits des habitants de son immeuble, blog sur une série télévisée, live-tweets de matchs de foot, carnet de voyage sur une page Facebook, comparaison du prix d’une baguette de pain dans différents endroits géolocalisés sur une Google Map, photos de tous ses déjeuners, etc.

Exercice

Ouvrir un Tumblr, monter un blog, une chaîne sur YouTube ou Dailymotion, un compte Instagram, bref, un endroit où publier. Avant d’y déposer le premier contenu, déterminer la ligne éditoriale de cette publication: de quel sujet parler? Sur quel ton? A quelle fréquence? Et avec quel format (vidéo, photo, article, brève, citation, tweet)?

Résultat attendu

Trouver un “créneau” éditorial, s’y tenir, comprendre les impératifs d’une publication régulière et la responsabilité que cela suppose.

2. Questionner

Un bon journaliste n’a pas peur de poser des questions, y compris celles que personne n’ose formuler par peur du ridicule. Pour s’entraîner, n’importe qui peut servir de cobaye: les proches, un voisin dans le train, le marchand de légumes… L’idée n’est pas de tenir une conversation, mais de réussir à s’effacer derrière ses questions pour laisser l’interlocuteur raconter un élément susceptible d’intéresser le plus grand nombre.

Exercice

En regardant/écoutant une émission télé/radio avec un invité, se demander quelle serait la première question qu’on poserait à cet invité si on était à la place du journaliste qui l’interviewe. Si l’interlocuteur répond à côté, ou ne répond pas, ou pratique la langue de bois, réfléchir à comment la question pourrait être reformulée pour obtenir une meilleure réponse.

Résultat attendu

Comprendre quelle interrogation – et quelle formulation d’interrogation – mène à des réponses bateaux ou des réponses telles que Oui/Non, sans plus de discussion.

3. Aiguiser son regard

Il est indispensable de lire/écouter/regarder tous les jours les productions journalistiques des professionnels, sur quelque média que ce soit. Connaître l’actualité, c’est nécessaire, mais il convient de, peu à peu, développer un oeil professionnel sur la production de ses futurs collègues.

Exercice

Lire un article dans un journal ou un site d’infos et essayer de répondre aux questions suivantes: quelle est l’information principale de l’article? Combien de sources sont citées? Certaines d’entre elles sont-elles anonymes? Pourquoi? Est-ce qu’il y a, sur le même sujet, un traitement différent dans un autre journal paru le même jour?

Idem pour le reportage d’un journal télévisé: quelle est l’information? Combien de séquences contient le reportage? Combien de personnes ont été interrogées? Où se trouve la caméra?

Résultat attendu

Savoir pourquoi le sujet que l’on vient de voir/lire est bon ou mauvais en étant capable d’argumenter à partir d’une grille de critères crédible.

4. Tester des services en ligne

La technique doit aider les étudiants en journalisme, et non les paralyser. Applications, logiciels, services en ligne sont amenés à devenir des quasi collègues. Autant se constituer dès à présent une besace remplie d’outils simples pour faciliter la recherche, la consommation et la production d’informations.

Exercice

Tester différents outils pour “gérer” le flux de l’actualité en temps réel: Tweetdeck , Google Reader, Netvibes, Flux d’actu, News.me, Flipboard, etc. Et essayer de personnaliser les paramètres de chacun de ces outils pour l’adapter à sa consommation d’actualité personnelle.

Résultat attendu

Se familiariser avec l’interface de ces outils et rendre plus rapide la lecture des informations provenant de multiples sources en temps réel. Bref, devenir un “early adopter”, détaille le Nieman Lab.

5. Titrer

Un bon titre, c’est donner toutes les chances à une information d’exister et d’être lue. De phrases de type sujet/verbe/complément aux jeux de mots en passant par des citations, les possibilités de titres sont presque infinies. S’exercer à en imaginer des percutants est un exercice intellectuel qui mérite d’y passer quelque temps.

Exercice

Faire sa revue de presse en postant sur Twitter ou sur Facebook une sélection des meilleures informations du jour, en rédigeant, avant chaque lien, un autre titre que celui qui est affiché, si possible encore mieux…

Résultat attendu

S’initier aux rudiments de l’édition en ligne et à l’art de la titraille.

6.  Pitcher

Non seulement il faut apprendre à regarder autour de soi, dans la rue et sur le réseau, pour y déceler d’éventuels sujets à traiter, mais il faut aussi réfléchir à comment “pitcher” le sujet devant d’autres, exercice obligé des conférences de rédaction. Objectif: obtenir que le ou les rédacteurs en chef d’une future publication valide le sujet et ait envie de le lire tout de suite.

Exercice

Trouver tous les jours un sujet potentiel et être capable de formuler en une phrase claire et concise, à l’oral ou l’écrit, quel serait ce sujet. Celui-ci doit être faisable dans des conditions normales – en vue d’un sujet sur la présidentielle américaine, pitcher “ce que Barack Obama pense vraiment de Mitt Romney” est certes vendeur mais nécessiterait une interview de l’actuel président des Etats-Unis… Peu probable. Une bonne phrase de pitch peut aussi être le titre de l’article à venir.

Résultat attendu

Eclaircir ses idées et savoir les “vendre” en vue d’une publication ultérieure.

7. Faire attention…

A ce que l’on veut dire AVANT de le publier. La faute de carre – diffamation, insulte, publication d’une fausse information – est très vite arrivée en ligne et est considérée comme une faute professionnelle grave, même pour un étudiant. En outre, elle reste gravée dans les méandres du Web, dont la mémoire est infinie, et souille l’empreinte numérique de son auteur et de celui qui le relaie.

Exercice

Lire la charte d’une rédaction comme Reuters, celle de l’Ecole de journalisme de Sciences Po, en vigueur depuis la rentrée 2010, et prendre conscience des risques soulevés par l’usage des réseaux sociaux dans les médias.

Résultat attendu

Réfléchir avant de tweeter.

8. Se déconnecter

Au moins un peu, et c’était une tendance très présente lors de la conférence DLD Women, à Munich, en juillet. Face à l’hyper connectivité, au flux incessant d’infos, le nouveau pouvoir pourrait être à ceux qui défendent le droit de se mettre “hors du réseau” le temps d’une pause. 

Pas d’exercice

Résultat attendu

Recharger les batteries.

Très bon été à tous! Et n’hésitez pas à partager ce WIP sur Facebook et Twitter.

Alice Antheaume

lire le billet

Faites le plein sur Facebook

Crédit: Flickr/CC/Goiaba

Quels contenus obtiennent, sur Facebook, le plus de likes, de commentaires, et le plus fort taux de partage?

Alors que le trafic sur les sites d’informations en provenance des réseaux sociaux augmente, la question de la visibilité des productions journalistiques sur Facebook reste prégnante.

Entre ceux qui, comme Canal+, ont créé un pôle d’éditeurs afin d’asseoir une stratégie éditoriale sur les réseaux sociaux, et ceux qui, comme Lefigaro.fr, L’Express.fr et l’Equipe.fr, ont développé des «social readers» dans l’environnement facebookien, les éditeurs s’interrogent encore: quand et comment publier sur Facebook pour obtenir le plus fort retour sur investissement?

Grâce à une nouvelle étude réalisée sur 1,3 million de posts publiés sur Facebook et signée Dan Zarrella, un expert des médias américains, c’est l’occasion de mettre à jour les critères d’un contenu facebookable, écrit en avril 2011. Edition, timing de publication, format… Rien ne doit être laissé au hasard pour que les contenus «tournent» au mieux sur Facebook, un bassin d’audience, en France, de près de 25 millions d’inscrits.

  • Le format

Les photos sont très plébiscitées sur Facebook: c’est format qui récolte à la fois le plus de likes et de partages. Mais… concernant le nombre de commentaires, le format texte fonctionne mieux.

Contre toute attente, la vidéo ne récolte pas autant de commentaires ni de likes que la photo même si elle bénéficie d’un meilleur potentiel de partage (deuxième format le plus partagé après la photo, et avant le texte et le lien). Une résultante de l’interface de Facebook qui prévoit que les photos s’affichent plein pot dans le newsfeed (flux d’actualités de Facebook) tandis que les vidéos n’apparaissent que sous la forme de vignette, comme me l’a rappelé Vy Doan, social media editor à Arte.

Le format non facebookable par excellence? Le lien. Mauvaise nouvelle pour les éditeurs.

Crédit : Dan Zarrella

Crédit : Dan Zarrella

Crédit : Dan Zarrella

  • La longueur

Les deux extrémités de l’échelle semblent profitables: un post très court (moins de 30 caractères) ou très long (800 caractères) obtiendra un bon pourcentage de likes. Pour le taux de partage le plus important, visez un post de 450 caractères.

  • Le ton

J’avais déjà écrit que, sur Facebook, les contenus contenant des verbes d’action conjugués à l’impératif sont très prisés. Dans la nouvelle étude de Dan Zarrella, on observe que l’utilisation de la première personne du singulier constitue un ressort insoupçonné. Plus le post comprend des «je», mieux c’est! Un élément facile à utiliser pour diffuser des opinions et des éditoriaux.

Mais que faire, dans ce cas, des «news», ces articles relatant des faits et écrits sur un ton qui n’engage pas son auteur?

Les «posts ayant un ton neutre ont tendance à obtenir moins de likes», confirme cette étude. A croire que l’information écrite façon agence n’est vraiment pas adaptée à Facebook.

En 2011, les contenus les plus partagés étaient ceux qui sont «positifs», rigolos et pédagogiques, tandis que les moins partagés étaient ceux qui provoquent la colère, l’anxiété ou la tristesse.

En 2012, les commentaires sur Facebook sont générés avant tout par des posts dits «très négatifs» plutôt que par des posts empreints de bons sentiments. Cela vous rappelle quelque chose? Les trolls l’ont déjà montré: indépendamment de la qualité des contributions, le volume des commentaires est moindre pour s’émerveiller que pour râler.

  • Le jour de publication

Préférez le week-end pour poster des contenus: les samedi et les dimanche offrent davantage de retours de la communauté, sans doute parce qu’il y a moins de concurrence pendant les week-end que pendant la semaine. Les contenus sont donc plus visibles à ce moment-là.

Le pire jour pour publier sur Facebook? Le jeudi.

  • L’heure de publication

Rien de nouveau depuis l’année dernière: soirées et aurores restent les meilleurs moments de la journée pour publier sur Facebook. La fenêtre du matin peut en outre être subdivisée en deux temps, selon l’effet souhaité: avant 6 heures du matin, le contenu sera mieux partagé ; avant 8 heures, il sera plus «liké».

Merci de partager/liker/commenter ce post sur Facebook.
PS: j’ajoute un «je» pour la forme…

Alice Antheaume

lire le billet

L’union entre télévision et deuxième écran en question


«Il va y avoir de nouvelles interactions entre les écrans», prédit Cédric Mangaud, d’HTC, lors de la conférence UbiQ, organisée à Paris les 18 et 19 juin 2012. Une conséquence de l’émergence de la télévision sociale (Social TV en VO), qui consiste à voir un programme sur un premier écran (l’écran télé) et à utiliser un deuxième écran (ordinateur, tablette, mobile) pour réagir à ce même programme en allant le commenter sur les réseaux sociaux ou en cherchant, sur le Web, des informations complémentaires à l’émission visionnée.

Tandis qu’aux Etats-Unis, 52% du temps qu’un utilisateur passe sur mobile ou sur tablette se déroule pendant que cet utilisateur regarde la télévision, et qu’en France, les trois quart des internautes utilisent «au moins occasionnellement» un deuxième écran lorsqu’ils consomment des programmes télé, les questions affluent sur la connectivité de ces deux – ou plus – écrans.

Qui télécommande l’autre?

Comment relier ces écrans? Comment faire passer des contenus de la télévision au téléphone à la tablette – et vice et versa – en simultané? Qui, de la télé, du mobile ou de la tablette, télécommandera l’autre? Quelle série télévisée permettra au spectateur de faire pause pendant le visionnage sur le premier écran pour déterminer, sur le deuxième écran, la suite de l’histoire parmi plusieurs options, à la façon de ces petits «livres dont vous êtes le héros» d’antan?

Avant d’aller plus loin, observons ce que font au juste sur ce deuxième écran les utilisateurs quand ils regardent aussi un programme télé. La majorité (58%) d’entre eux se sert de ce deuxième écran (tablette ou téléphone) pour commenter, lire ou chercher des informations en rapport avec le programme devant lequel ils sont assis, selon une récente étude de l’Observatoire de la TV connectée.

Quant aux restants, ils s’adonnent à de toutes autres activités, comme lire leurs emails, en écrire, faire un tour sur Facebook et Twitter, regarder des photos ou des vidéos, ou encore faire des recherches qui n’ont rien à voir avec le sujet du programme.

Interactions entre le téléphone et la télévision

Et pourquoi l’utilisateur n’aurait pas soudain envie d’interrompre l’émission vue sur le premier écran pour y insérer une photo qu’il vient de retrouver sur son portable? Un scénario sur lequel travaillent nombre de fabricants de téléphonie, dont HTC, pour qui il suffit d’un geste de la main partant du téléphone en direction de la télévision pour y projeter un contenu issu de son mobile.

Autre option possible: le «grab magic» (l’attrapeur magique) imaginé par Aral Balkan, lauréat 2012 du TV Hack Day au Marché International des Programmes de Cannes. Avec ce système, il est possible de prendre avec sa main une capture d’écran de la télévision et la faire apparaître sur son écran de téléphone portable en une seconde.

 

Quel geste, avec les doigts ou avec la main, inventer qui ferait désormais référence? Pas si sûr, d’ailleurs, que cela soit un geste et non un clic ou encore la voix qui contrôlerait tous les contenus, option privilégiée par Apple pour sa télévision et décrite par Pete Cahsmore, de Mashable, comme étant une hypothèse «incontournable» en 2012.

Pour le reste, les hypothèses actuelles d’interaction entre les écrans prévoient que le mobile soit le centre nerveux de l’univers de contenus d’un particulier. Logique, reprend Ammar Bakkar, de MBC group, un autre intervenant présent à la conférence UbiQ. «Le taux de pénétration des smartphones dans le monde est actuellement de 30%. D’ici 2016, il sera de 60%».

La télé est morte, vive la télé!

Dans ce monde envahi d’écrans de toute sortes, la consommation de contenus audiovisuels continue d’augmenter. Ainsi, les Français regardent la télévision en moyenne 3h47 chaque jour, selon Médiamétrie. C’est plus que l’année précédente: 3h32 en 2010.

Ce qui a changé? «On consomme toujours des programmes télé, mais on les consomme quand et où on le veut, et on les consomme sciemment. En d’autres termes, on ne s’avachit plus devant sa télévision pour regarder “ce qui passe”», analyse cet article de Business Insider.

Hormis des moments d’actualité brûlante et quelques rendez-vous sportifs, le flux serait donc condamné au profit d’une consommation de programmes exponentielle sur tous les écrans (ordinateur, tablette, téléphone, téléviseur). Et Business Insider de rappeler que, d’après une étude Nielsen, le pourcentage d’Américains qui regardent des vidéos sur un ordinateur au moins une fois par mois (84%) est maintenant plus élevé que le pourcentage de ceux qui regardent la télévision.

Alice Antheaume

lire le billet

W.I.P. a deux ans…

Né le 20 janvier 2010, W.I.P. (Work In Progress) fête aujourd’hui ses… 2 ans!

L’occasion, comme l’année dernière déjà, de regarder dans le rétroviseur. Voici le top 6 des articles les plus lus sur ce blog depuis son dernier anniversaire:

1. “Plus tard je veux être correspondant international”
2. Obama ben Laden, lapsus universel
3. Que change le nouveau Facebook au journalisme?
4. Quelles tendances pour le journalisme numérique en 2012?
5. Journalisme et Tumblr, le réseau qui monte qui monte
6. Information venue du Web, check!

Merci. Beaucoup. Merci à vous tous, qui permettez à W.I.P. de (continuer à) grandir. Merci de cliquer sur les articles, de les lire parfois jusqu’au bout, en français ou (parfois) en anglais, de les commenter, de les signaler sur Twitter et de les partager sur Facebook.

Pour ceux qui auraient envie de proposer des contenus, n’oubliez que W.I.P. accueille des invités le temps d’un billet sur tout sujet relatif au journalisme à l’ère numérique.

A bientôt!

Alice Antheaume

 

 

 

lire le billet

Newsring, point d’interrogation inclus

Crédit: AA

«Au début, lorsque tu viens d’avoir un bébé, tu le regardes, et tu te dis qu’il n’est pas encore fini», me dit Philippe Couve, rédacteur en chef d’un nouvel entrant sur le Web. Le bébé dont il est ici question, c’est Newsring, né ce mardi 6 décembre. Un site qui, affiche son slogan, «fait avancer le débat». Car ici, point d’actualité au sens traditionnel du terme ni scoop, mais des appels à la discussion. Exemples piochés au cours de ces premiers jours de vie en ligne: «Paris est-elle la capitale européenne du Web?», «La retouche photo est-elle sexiste?» ou «Johnny Halliday: la tournée de trop?».

«Tous nos sujets sont formulés sous la forme interrogative», m’explique Philippe Couve, installé avec sa jeune rédaction dans des bureaux encore provisoires rue de Rome, à Paris. «Le point d’interrogation est même intégré par défaut dans le CMS (système de publication, ndlr)». Nul besoin de l’écrire à la main, donc, sinon, il y aura deux points d’interrogation dans le titre en ligne (un déjà écrit dans le CMS et un tapé à la main). Et lorsqu’un rédacteur oublie que le point d’interrogation est déjà inclus et en tape un second, il a un gage: 50 centimes dans la tirelire qui trône sur la table.

Des rédacteurs «orchestrateurs»

Pour ce projet lancé avec une levée de fonds de 3,5 millions d’euros par Guillaume Multrier et Cédric Siré, deux entrepreneurs du Web qui ont déjà créé Pure People, une petite dizaine de journalistes sont recrutés – à Newsring, on parle d’«orchestrateurs». Ceux-ci passent moins de temps à écrire qu’à «orchestrer», donc, des débats.

Comment? En offrant aux internautes une palette d’«outils pour discuter» (vote, contribution, réaction, commentaire) et en les «accompagnant éditorialement», reprend Philippe Couve. Au final, le travail de ces rédacteurs consiste surtout à agglomérer des briques sur une page. Ici, le résumé du débat, là, des éléments de contexte, plus loin, des repères, des chiffres, et, bien sûr, l’animation des «contributions» des internautes. C’est la partie la plus intéressante du projet: comprendre comment et pourquoi les internautes débattent en ligne.

Dans les locaux de Newsring, les téléphones fixes ne sont pas encore tous branchés. Mais sur le mur, l’écran plat est, lui, déjà connecté au tableau de bord de ChartBeat, cet outil qui permet de suivre l’activité des internautes en temps réel. Le jour de ma visite, tous les regards – des fondateurs aux orchestrateurs – sont tournés vers cet écran. Accros aux statistiques, déjà.

L’angle sur l’actu? Un débat

A Newsring, chaque matin, les conférences de rédaction ne ressemblent pas à celles d’un site d’informations habituel. Il s’agit d’y discuter de la dizaine de débats à lancer chaque jour. «Les bons débats ne se trouvent pas toujours dans l’actualité brûlante», estime Philippe Couve. «Par exemple, sur l’histoire des droits du foot rachetés par la chaîne Al-Jazeera, on a fini par renoncer à lancer un débat, on ne trouvait pas d’angle convenable». Selon lui, de bonnes discussions peuvent émerger sans actualité particulière, comme «le livre numérique va-t-il achever les libraires?».

Je ne lâche pas mon com, je contribue

Côté utilisateurs, ceux-ci ne peuvent pas juste «lâcher leur com» (déposer leur commentaire) comme on le dit dans le jargon. Ils doivent d’abord s’identifier avec leurs vraies identités, en majorité via Facebook Connect, énoncer un argument (un seul par contribution) et être capables de résumer «le point clé de leur intervention» dans le titre de leur contribution.

N’est-ce pas trop leur demander? «Mais non, moi, je crois au débat, j’y ai toujours cru», s’enthousiasme Philippe Couve. «Et les internautes avec qui l’on discute comprennent ce que l’on attend d’eux.» Optimiste? Cela n’empêche pas les dits arguments de verser dans des poncifs: «ceux qui font la grève nous prennent en otage» (à propos de la SNCF) ou «c’est encore l’argent du contribuable qui va servir à payer» (à propos de tout).

«Nous sommes dans la règle traditionnelle qui veut que 90% des gens lisent, 9% contribuent de temps en temps, et 1% sont des contributeurs très assidus», ajoute Julien Jacob, président. D’autant que, outre un modèle publicitaire basé sur le sponsoring, Julien Jacob a d’autres idées dans sa besace. Notamment un partenariat avec Lexpress.fr et, bientôt peut-être, d’autres sites de médias. Lexpress.fr implémenterait ainsi un plugin de débats issus de Newsring. «Nous fournirions à Lexpress.fr des débats qu’ils n’ont pas», détaille Julien Jacob. Un échange qui «peut créer de l’info», pense Philippe Couve, puisqu’en scannant les contributions des internautes, on peut «parfois savoir dans quel sens va le vent» des avis sur le Net.

Echange débats contre…

Une fausse bonne idée? Un site d’informations a-t-il intérêt à intégrer des débats de Newsring alors qu’il dispose déjà d’une communauté d’utilisateurs constituée, qui, souvent, s’identifie pour commenter, et dont les interactions sont constitutives de certains formats éditoriaux, comme le live?

Crédit: AA

Newsring vise les 2 millions de visiteurs uniques d’ici la fin 2012. Cause de fierté en interne? Avoir créé un algorithme spécial pour Newsring. «Après le “page rank” de Google, le “egde rank” de Facebook, voici le “ring rank” de Newsring», sourit Julien Jacob. Un algorithme qui donne un poids différent à chaque participant. Plus un utilisateur participe et plus ses collaborations sont mises en avant par la rédaction, alors plus ses avis auront de l’impact. Et cela détermine le classement qui se trouve sur la page d’accueil et dans chaque rubrique, «le top des influenceurs» (voir la capture d’écran ci-dessus). Pour Julien Jacob, «on est passé d’un algorithme sur les contenus à un algorithme sur les personnes»… à la Facebook.

Merci de tweeter cet article, ou de le poster sur Facebook!

Alice Antheaume

lire le billet